Les pouvoirs de la respiration : reprendre le contrôle de son souffle pour reprendre le contrôle de sa vie
Nous vivons dans un monde qui nous pousse à vivre de plus en plus rapidement et de plus en plus superficiellement. Ce sentiment d’urgence, partout et en toute chose, cette précipitation et cette vitesse incessantes, affectent notre respiration. Voici un exercice extrait de
Respirons, de Nicole Bordeleau pour mieux gérer vos émotions, maîtriser votre corps et trouver la liberté intérieure.
Certaines personnes, sous l’effet du stress, de l’angoisse ou de la peur, respirent très vite, comme à la surface de leurs poumons.Le cas échéant, le corps n’arrive plus à conserver le bon équilibre respiratoire : il rejette trop de dioxyde de carbone et ne capte plus assez d’oxygène, ce qui peut provoquer des sensations d’hyperventilation, de vertige et d’asphyxie.
D’autres personnes respirent bruyamment, incorrectement ou insuffisamment. Il arrive parfois que chez certains, le souffle se loge dans la partie supérieure du thorax, tandis que le bas de l’abdomen semble privé d’oxygène. Cette respiration, dite thoracique, tend à être plus courte, rapide et superficielle. Chez d’autres encore, on observe le contraire : la respiration se loge dans le bas du ventre, tandis que le haut du corps reste immobile. Ces deux façons de respirer sont incomplètes et souvent responsables d’un état de nervosité et d’une sensation d’épuisement.
Reprendre le contrôle de son souffle, c’est reprendre le contrôle de sa vie. Et pour y parvenir, nous devons apprendre à nous détendre intérieurement, et tout particulièrement le ventre, pour aider le diaphragme à descendre et ainsi favoriser une respiration plus ample et plus profonde.
Pour ma part, il y a vingt-cinq ans, l’idée que je puisse travailler de concert avec mon souffle pour descendre plus profondément en mon corps m’était étrangère. Lorsque j’ai débuté le yoga, tout ce que je connaissais de ma respiration était ce petit va-et-vient de l’air que je percevais parfois dans mes narines. Qu’il puisse y avoir un lien entre ma façon de respirer et ma relation avec l’instant présent ne m’avait jamais effleuré l’esprit. Mais j’ai découvert avec étonnement que le souffle, non seulement nous révèle des aspects cachés de nous-même, mais qu’il en dit aussi long sur notre relation avec l’instant présent et le monde qui nous entoure.
Par exemple, j’ai constaté que lorsque je me sentais mal à l’aise dans une situation, ma posture s’écrasait de l’intérieur. Si je souffrais d’un excès de confiance, mes épaules pouvaient se soulever et j’avais alors l’impression que ma respiration restait cramponnée dans le haut du corps. Mais dès que j’allongeais consciemment mon expiration, je ressentais les forces vivifiantes du bas-ventre qui me supportaient de l’intérieur. Cette découverte de la puissance contenue dans la détente du bas-ventre fut pour moi des plus fascinantes. J’imaginais alors le bas de mon corps prendre la forme d’une poire, comme les chanteurs d’opéra, chez lesquels le bas- ventre s’avance un peu et la région lombaire s’amplifie. Le fait de nous « installer » ainsi dans notre bassin nous incarne en nous-même et nous ancre solidement au moment présent.
Peu de temps après, j’apprenais que le bas-ventre est un réservoir d’énergie vitale que les taoïstes appellent le dan tian inférieur, ou « centre de l’être ». Les authentiques maîtres de kung-fu, les moines Shaolin et les sumos tirent leur puissance physique et mentale de ce centre vital situé sous le nombril.
Avant un combat, les maîtres y concentrent toute leur attention pour y puiser une force énergétique appelée chi, le courant énergétique interne qui met la force de l’être en action. Le dan tian inférieur se trouve à six ou sept centimètres au-dessous du nombril. Certains maîtres en parlent comme d’un point précis, d’autres comme d’une zone d’environ dix centimètres de diamètre. Peu importe le nom qu’on lui donne, que ce soit hara ou dan tian, ce centre énergétique, nous le possédons tous. C’est le point d’entrée qui mène à la totalité de notre être. Et notre souffle connaît la voie pour y accéder.
L’exercice qui suit vous permettra d’en prendre conscience et de faire, petit à petit, l’expérience concrète et vivante de ce que signifie « être calme et centré en soi-même ».
Exercice : Trouver son centre
• Pour localiser le dan tian inférieur et ressentir le chi, asseyez-vous sur le bord d’une chaise, sur vos ischions, les pieds posés à plat sur le sol, le dos droit et vertical, les épaules basses et déposez les mains l’une dans l’autre, à la hauteur du nombril. Vous pouvez aussi vous asseoir sur un coussin de méditation, les jambes croisées ou en position de lotus. Ce faisant, assurez-vous que vos genoux sont situés plus bas que l’os iliaque.Maintenant, voici venu le temps de découvrir votre centre intérieur. Pour mieux vous y préparer, débutez par l’observation du souffle pendant quelques minutes pour libérer le mental. Après ce court moment de méditation, faites ce qui suit :
S’ils sont placés trop haut, vous éprouverez des difficultés à localiser votre centre vital.
- Une fois la position adoptée, prenez une dizaine de longues, lentes et profondes respirations abdominales pour libérer toute tension logée dans le bas-ventre.
- Tout au long de cette pratique, concentrez votre attention en cet endroit, six ou sept centimètres au-dessous du nombril, c’est là la région du dan tian.
- Pour faciliter la détente abdominale, vous pouvez visualiser un ballon d’air chaud se déplaçant dans votre bas-ventre. D’abord, vers le bas et le périnée. Ensuite, le ballon se dirige vers le nombril, puis vers les reins.
- Une fois la détente atteinte, expirez pour vider vos poumons, puis inspirez doucement en prenant votre temps. Dans la phase de l’inspiration, ne faites aucun effort. Laissez l’air « remonter » naturellement. Au cours de l’expiration, assurez- vous de libérer tout l’air stagnant de vos poumons.
Il convient de répéter cet exercice plusieurs fois d’affilée pour en ressentir les bienfaits tels que le réchauffement du corps, l’augmentation
de la vitalité, la diminution de la fatigue, la tonification du centre inférieur.
- Détendez bien l’intérieur du ventre, car les sensations dans cette région sont subtiles, mais avec un peu d’entraînement, vous arriverez à les ressentir davantage.
- La première sensation est souvent celle d’une plus grande chaleur. Cette chaleur est suivie d’une impression de plus grande force intérieure. C’est le signe que vous avez découvert votre centre vital.
Un conseil : quand on travaille au niveau énergétique avec le souffle, on ne doit pas agir à la hâte. Car si on pousse sur le souffle pour obtenir des résultats, il aura tendance à se faire fuyant. À l’inverse, si on respecte son rythme, son potentiel de transformation est infini.
Je vous recommande de pratiquer cet exercice pendant dix minutes, le matin et le soir. Que ce soit pour ressourcer un corps fatigué, pour éliminer des tensions corporelles, pour soulager une douleur, pour apaiser un esprit agité ou pour favoriser un sommeil réparateur, les raisons d’apprendre à respirer de cette manière sont nombreuses.