mardi 3 juillet 2012

Centenaire d’Alan Turing, pionnier de l’intelligence artificielle

Créé le 25-06-2012 à 09h52 - Mis à jour à 13h08

Le savant britannique Alan Turing aurait eu 100 ans le 23 juin. Ce génie des mathématiques, qui connut un destin tragique, a enfin droit à l'hommage de la communauté scientifique internationale.

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 Crédit de la photo : CBE/ZOB/WENN.COM/SIPA
Crédit de la photo : CBE/ZOB/WENN.COM/SIPA
Génie et martyr, le britannique Alan Turing aurait eu 100 ans le 23 juin. L’anniversaire a été virtuellement célébré par Google avec un des « doodles » interactifs qui sont sa marque de fabrique.

Plus concrètement, le centenaire a donné lieu à diverses commémorations en Inde, en Corée du Sud, aux Etats-Unis, en Angleterre – comme par exemple à Bletchley Park. Dans cet ancien QG de l’armée britannique du nord de Londres, aujourd’hui converti en musée, le souvenir de Turing y perdure sous la forme d’une étonnante statue de l’artiste Stephen Kettle. Cet assemblage de petits bouts d'ardoises pèse la bagatelle de 1,5 tonne !

Codes secrets des nazis

Mais pourquoi Bletchley Park ? Parce qu’Alan Turing y a contribué à l’une des pages les plus marquantes de la seconde guerre mondiale. Après avoir été repéré à l’université de Cambridge par les services de renseignements britanniques, le jeune prodige des mathématiques fut envoyé à Bletchley Park pour mener à bien, avec d’autres experts scientifiques, une mission cruciale : casser le code de la machine Enigma. Ce dispositif électromécanique, contenu dans une simple mallette, permettait aux nazis de crypter les communications entre leurs sous-marins de l’Atlantique Nord. Une fois les secrets d'Enigma révélés, les Alliés purent bénéficier d'un temps d'avance sur l'armée d'Hitler.
Après la guerre, les travaux de Turing permettent de poser les bases de l’informatique et font de lui l’un des pionniers de l’intelligence artificielle. Le savant prédit l’avènement d’une machine programmable, capable de résoudre n’importe quel calcul mathématique – la «machine de Turing», sorte d’ancêtre de l’ordinateur. En 1950, dans un article à la revue Mind, il propose un test qu’il faudrait soumettre à un interlocuteur secret pour savoir s’il s’agit… d’un homme ou d’une machine ! Ce «test de Turing» reste plus que jamais d’actualité, à l’heure où un super-calculateur, comme le Watson d’IBM, est capable de battre des adversaires humains dans un quiz télévisé.

Génie sacrifié

Mais Turing n’aura pas le temps de voir l’ère des ordinateurs. En 1952, le savant est condamné pour «outrage aux bonnes mœurs» en raison de son homosexualité, alors considérée comme illégale en Grande-Bretagne. Il doit subir une castration chimique et se suicide deux ans plus tard. Turing n’a que 41 ans… Aujourd'hui, il est plus que temps de rendre hommage au pionnier de l'informatique. Et trois ans après que l’ancien premier ministre britannique Gordon Brown a présenté des excuses au nom du gouvernement britannique pour le traitement infligé à Turing, la célébration mondiale du centenaire sonne comme une nouvelle demande de pardon au génie sacrifié.

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