AVC : la génération X plus à risque que les baby-boomers
Vincent Bargoin
New Brunswick, Etats-Unis – L’augmentation de la
fréquence des AVC chez les sujets de moins de 50 ans semble se confirmer. De
nouveaux résultats en ce sens viennent d’être publiés dans le Journal
de l’American Heart Association. Pour fixer les idées, l’incidence dans la
tranche d’âge des 35-39 ans ayant fait un AVC a été multipliée par un facteur
2,5 entre les périodes 1995-1999 et 2010-2014 [1].
En France aussi
Un certain nombre d’études, y compris françaises, avaient déjà attiré l’attention sur ce phénomène. Le papier du JAHA cite ainsi l’étude de Khellaf et coll, qui, à partir des données collectées à Dijon entre 1985 et 2005, a montré une augmentation du risque d’AVC chez les hommes de moins de 60 ans entre 1992-1998 et 1999-2005 [2]. |
L’augmentation constatée chez les sujets jeunes laisse
craindre une prochaine augmentation globale.
Cette évolution récente s’inscrit dans une perspective plus
large. En fait, pour la génération née après-guerre, une diminution du nombre
des AVC avait été observée. Jusqu’au tournant des années 2000, la maladie
serait donc passée par un minimum. Mais si le taux d’AVC, entre 35 et 84 ans
reste en diminution entre 1995 et 2014, l’augmentation constatée chez les
sujets jeunes laisse craindre une prochaine augmentation globale.
On note que l’étude du JAHA s’intéresse
aussi aux infarctus du myocarde (IDM-ST+), et que la tendance à la baisse, elle
aussi rapportée dans un certain nombre de pays (notamment FAST-MI en France),
se poursuit, mais de manière beaucoup plus marquée et dans toutes les tranches
d’âge, contrairement à ce qui est observé pour les AVC.
Hypothèses diagnostiques
On s’interroge naturellement sur des causes du phénomène
Et à dire vrai, on n’en trouve guère, hormis un effet de cisaillement entre
les progrès des années 60 à aujourd’hui dans le domaine cardiovasculaire, et
l’épidémie de diabète et de maladies métaboliques qui explose depuis les
années 80.
Dans la diminution de l’âge de survenue des AVC, il reste donc difficile d’exclure complètement l’effet du progrès diagnostique. |
Depuis 20 ans, les AVC augmentent chez les moins de 55
ans
L’étude publiée dans le JAHA a été menée
dans les bases de données hospitalières du New Jersey. Les AVC ischémiques et
les IDM-ST+ recensés entre 1995-2014 ont été stratifiés par tranches d’âge pour
les périodes 1995-1999, 2000-2004, 2005-2009 et 2010-2014.
L’ensemble des AVC survenus dans une population de 35 à 84
ans est en diminution durant la période d’étude : 314 pour 100.000 personne/années
(PA) en 1995-1999, et 271 pour 100.000 PA en 2010-2014. Les minimums sont
toutefois rencontrés durant les périodes intermédiaires 2000-2004 et 2005-2009
(252,6 et 255,5 pour 100.000 PA), et ce profil est suggestif d’un rebond
d’incidence
S’agissant des IDM-ST+, le recul est d’une part beaucoup
plus important (de 206,4 en 1995-1999 à 84,7 pour 100.000 PA en 2010-2014).
Mais surtout, les valeurs intermédiaires sont suggestives de la poursuite de la
décroissance (134,4 et 88,6 pour 100.000 PA).
Si l’on s’intéresse maintenant aux incidences par tranche
d’âge en fonction de la période, le résultat le plus spectaculaire est
certainement le risque relatif d’AVC chez les 35-39 ans en 2010-2014 par
rapport à la période 1995-1999 : 2,47 (IC95%[2,07-2,96] ; p<0,0001). Durant
les 20 ans considérés, le taux d’AVC passe de 9,5 à 23,6 pour 100.000 PA. Et
surtout, il progresse de manière continue, avec des valeurs intermédiaires de
10,5 et 17,2 pour 100.000 PA.
S’agissant des IDM-ST+ dans cette même tranche des 35-39
ans, l’évolution est également régulière, mais progresse en sens inverse : 21 ;
16,7 ; 14,6 ; 13,6 pour 100.000 PA.
Les mêmes évolutions sont retrouvées pour la tranche d’âge
40-44 ans (AVC : 22,9 ; 22,8 ; 31,1 ; 46 pour 100.000 PA – IDM-ST+ : 50,8 ;
35,8 ; 27,4 ; 29,2 pour 100.000 PA), ainsi que les tranches 45-49 et 50-54 ans.
Ce n’est qu’à partir de 55 ans que le taux d’AVC diminue de
période en période.
« Les personnes nées entre 1945 et 1954 présentent un taux
d’AVC ajusté sur l’âge plus faible que les personnes nées dans les 20 années
qui précèdent ou dans les 20 années qui suivent », résument les auteurs. « Les
taux d’IDM-ST+, au contraire, diminuent dans toutes les tranches d’âge, sur
toute la période considérée ».
Les personnes nées entre 1945 et 1954 présentent un taux
d’AVC ajusté sur l’âge plus faible que les personnes nées dans les 20 années
qui précèdent ou dans les 20 années qui suivent—Les auteurs
Une augmentation des AVC, pourquoi ?
Tout se passe comme si, en une petite vingtaine d’années, la
fréquence des AVC avait « remonté » une tranche d’âge. Les incidences de 23,6
et 46 pour 100.000 PA, observées en 2010-2014 dans les tranches 35-39 ans et
40-44 ans respectivement, étaient observées, en 1995-1999 dans les tranches
d’âge 40-44 et 45-49 ans (22,9 et 45,5 pour 100.000 PA).
Commentant la courbe en U, et son minimum dans les classes
d’âge nées entre 1945 et 1954, les auteurs indiquent que « par rapport aux
cohortes de personnes nées antérieurement, la cohorte 1945-1954 fume moins et
présente moins d’obésité ». Par ailleurs cette cohorte « a bénéficié des
hypolipémiants, comme les statines, et des antihypertenseurs comme les IEC,
plus tôt dans son existence que les cohortes précédentes. Malgré une prévalence
du diabète déjà en augmentation, on restait loin des proportions épidémiques
observées dans les cohortes plus tardives ».
La classe 1945-1954 a « probablement bénéficié des
améliorations de la prévention et de la prise en charge des maladies
cardiovasculaires », résument-ils.
Dans ces conditions, pourquoi l’inversion de courbe ?
« Pour les cohortes tardives, la tendance à la réduction de
l’obésité se renverse, et l’augmentation de prévalence du diabète s’accélère
beaucoup », constatent les auteurs. « Il a également été montré qu’en dépit des
développements thérapeutiques, le contrôle de l’HTA et des lipides sanguins est
plus faible parmi les sujets jeunes ». Par ailleurs, « l’observance est plus
faible en l’absence de couverture sociale, situation qui est davantage celle
des personnes nées après 1955 ».
Enfin, « la fibrillation atriale, un facteur de risque
majeur d’AVC, a augmenté de manière continue chez les adultes jeunes, peut-être
à cause de l’augmentation de l’obésité ».
« Ces facteurs peuvent aider à expliquer l’augmentation des
taux d’AVC parmi les cohortes de personnes nées récemment », estiment les
auteurs.
La fibrillation atriale, un facteur de risque majeur d’AVC,
a augmenté de manière continue chez les adultes jeunes, peut-être à cause de
l’augmentation de l’obésité –Les auteurs
Une évolution des AVC seulement ?
La formulation est prudente, et surtout, ces évolutions
épidémiologiques n’expliquent pas le hiatus entre évolution des AVC ischémiques
et évolution des infarctus coronaires.
Le découplage entre les deux pathologies ischémiques n’est
d’ailleurs pas certain. Certes, les IDM-ST+ continuent de diminuer là où les
AVC recommencent à augmenter, mais en fin de période d’étude, on constate un
tassement de l’évolution des IDM. Peut-être la pathologie coronaire suit-elle
simplement les AVC avec un certain retard à l’allumage.
On ne le saura pas avant quelques années, mais les auteurs
ont un commentaire un peu sibyllin à ce propos. « Bien qu’il soit important de
comprendre la différence entre l’évolution des taux d’AVC et d’IDM-ST+ chez les
jeunes, il est également intéressant de constater la tendance au ralentissement
du déclin des IDM-ST+ dans les tranches d’âge les plus jeunes. Cette tendance
précoce pourrait avoir des implications significatives pour l’avenir ».
La vérité est qu’on ne sait pas précisément ce qui explique
aujourd’hui l’avance de l’âge des AVC, ni si cette évolution est véritablement
spécifique par rapport aux IDM. Ce qu’on sait en revanche, c’est que le
phénomène se confirme, et des deux côtés de l’Atlantique.
Pr Marie-France Hivert, Pr Ronan Roussel
Les déterminants génétiques permettraient-il de mieux prédire le
développement de complications ou d’un futur diabète de type 2 chez les
femmes enceintes? Ronan Roussel interroge Marie-France
Hivert sur ses travaux présentés lors du dernier congrès de l’ American
Diabetes Association (ADA) 2016.
Enregistré le 13 juin 2016, à la Nouvelle-Orléans, LA, É.-U.
Enregistré le 13 juin 2016, à la Nouvelle-Orléans, LA, É.-U.
TRANSCRIPTION
Ronan Roussel (RR): Bonjour, je suis le professeur Ronan
Roussel, de l’Hôpital Bichat à Paris. Je suis heureux d’accueillir aujourd’hui
sur le plateau de Medscape, au congrès de l’ADA à la Nouvelle Orléans,
Marie-France Hivert, assistant professor à l’école de médecine
de Harvard.
Objectifs de l’étude et population
RR: Vous avez présenté des résultats sur les
déterminants génétiques du risque de diabète partagés en dehors et pendant la
grossesse. [1] Alors
qu’est-ce que cela signifie puisque la génétique est la même en dehors et
pendant la grossesse?
Marie-France Hivert (MFH): Oui, il y a eu
beaucoup d’investigations pour découvrir les déterminants génétiques, autant
ceux du diabète de type 2 que ceux qui contrôlent le glucose et l’insuline,
dans la population générale. Mais il y a eu très peu d’études qui ont été
faites chez les femmes enceintes en particulier. Pendant la grossesse, il y a
un changement majeur de la régulation du glucose et de l’insuline. De plus, une
des choses qu’on voit chez toutes les femmes enceintes, c’est une diminution de
la sensibilité à l’insuline; cela fait partie de la physiologie normale de la
grossesse. Donc on était intéressé à comprendre si les déterminants génétiques
qui sont connus hors grossesse sont aussi actifs pendant la grossesse, étant
donné ces changements majeurs.
RR: Donc la population de cette étude était des femmes non diabétiques avant la grossesse et qui avaient développé, ou non pour les contrôles, un diabète gestationnel.
RR: Donc la population de cette étude était des femmes non diabétiques avant la grossesse et qui avaient développé, ou non pour les contrôles, un diabète gestationnel.
MFH: En effet, la population qu’on a étudiée est une cohorte
de femmes enceintes au Canada qui étaient toutes en santé au début de leur
grossesse, et une certaine proportion de ces femmes ont développé un diabète
gestationnel.
Les variants déterminés dans le diabète de type 2 ont-ils une
pertinence dans le diabète gestationnel?
RR: Comme vous l’avez mentionné, on connait déjà beaucoup de choses sur la propension génétique à développer du diabète, le diabète de type 2 commun. On sait qu’il y a une multitude de variants, certains plutôt associés avec une défaillance de l’insulinosécrétion, certains favorisant le développement de l’insulinorésistance. Est-ce que ces variants déterminés dans le diabète de type 2 ont une pertinence pour le diabète gestationnel?
RR: Comme vous l’avez mentionné, on connait déjà beaucoup de choses sur la propension génétique à développer du diabète, le diabète de type 2 commun. On sait qu’il y a une multitude de variants, certains plutôt associés avec une défaillance de l’insulinosécrétion, certains favorisant le développement de l’insulinorésistance. Est-ce que ces variants déterminés dans le diabète de type 2 ont une pertinence pour le diabète gestationnel?
MFH: Ce qu’on a trouvé, c’est qu’en groupe, ces variants
[prédictifs de développer un] diabète de type 2 sont aussi prédictifs de
développer un diabète gestationnel -- diabète gestationnel de type commun qu’on
détecte par la mesure du glucose lors d’un test de tolérance orale. Mais on a
été plus loin pour mieux comprendre les phénomènes d’insulinorésistance et de
sécrétion d’insuline. On a sous-divisé les femmes selon que leur diabète de
grossesse était causé par un défaut de sensibilité à l’insuline ou un défaut de
sécrétion. Ce qu’on a trouvé c’est que les déterminants génétiques du diabète
de type 2 sont surtout présents chez les femmes qui ont un défaut de sécrétion
d’insuline. Et donc ces femmes seraient probablement plus à risque de
développer un diabète de type 2 après leur grossesse, même si elles étaient
tout à fait normales avant leur grossesse
RR: Comment vous y êtes pris pour séparer cette population de
femmes avec diabète de la grossesse, plutôt sur le versant «
insulinosécrétion-défaillante » ou plutôt « insulino-résistance majorées », au
cours de leur grossesse? Et quelle est la proportion plutôt de l’un ou plutôt
de l’autre, même si j’imagine qu’il y a un mixe des deux?
MFH: On a basé nos sous-catégories en utilisant des mesures
répétées de glucose et d’insuline pendant le test oral de glucose, puis on a
dérivé des indices qui sont validés. On a trouvé qu’environ 50% des femmes avec
un diabète gestationnel avait surtout un défaut de résistance ou un défaut de
sensibilité à l’insuline, et donc il y avait une résistance augmentée. Environ
30% avaient un défaut isolé de sécrétion d’insuline, puis 20% avaient les deux
défauts qui semblaient contribuer à la pathologie du diabète gestationnel.
RR: Et avant d’évoquer les effets des déterminants
génétiques, est-ce que les facteurs classiques de diabète, en particulier
l’indice de masse corporelle, permettaient avant la grossesse ou précocement
dans la grossesse, de classer les femmes en fonction de ces défauts?
MFH: En effet, les femmes qui avaient un défaut de
sensibilité à l’insuline avaient un indice de masse corporelle plus élevé que
les autres catégories. La chose qu’il faut aussi souligner, et qui est dans
l’article que nous avons publié cette année dans Diabetes Care [2], c’est que
ces femmes qui ont un défaut de sensibilité à l’insuline sont aussi celles qui
sont plus à risque de complications du diabète gestationnel -- donc d’avoir des
bébés plus gros à la naissance, d’avoir plus de risque de nécessiter une
césarienne -- même si on corrige leur indice de masse corporelle. Donc la
prochaine étape serait d’essayer de comprendre quels sont les facteurs qui
contribuent à cette résistance à l’insuline ou défaut de sensibilité à
l’insuline pendant la grossesse, et de savoir si quand on les comprend mieux,
est-ce qu’on pourrait les traiter. Parce que toutes les femmes avec un diabète
gestationnel qui étaient inclues dans l’étude ont été traitées, et traitées de
la même façon. Les femmes avec un défaut de sécrétion n’avaient pas ce niveau
de complication, le traitement du glucose a réduit leurs complications; mais le
traitement du glucose chez les femmes avec un défaut de sensibilité ne semble
pas complètement normaliser leur risque de complications.
Quel intérêt en pratique clinique ?
RR: On comprend bien que c’est pour mieux comprendre ce qui
se passe et éventuellement les complications pour le bébé à naitre. Est-ce que
d’un côté pratique on peut imaginer que la détermination génétique peut
précocement, et même avant la grossesse puisque les gènes sont déjà là, avoir
un impact clinique pour mieux classer les femmes? Aujourd’hui, on fait une HGPO
de façon quasiment universelle lors de la grossesse. À quoi bon prédire les
choses? Ou est-ce que vous pensez que la pertinence sera un jour que, oui, il
faudra aller dans cette direction-là?
MFH: Je pense que pour ce qui concerne les femmes qui
développent un diabète gestationnel, ce serait bien de catégoriser, et les
gènes pourraient être une façon d’aider à catégoriser. Il semble que ces femmes
qui ont un défaut de sécrétion et qui portent aussi une augmentation des gènes
qui prédisposent au diabète de type 2, si on les traite de façon normale, elles
ne développeront pas de complications. On pourrait dont peut-être relâcher un
peu leur suivi tout en contrôlant très bien leur glucose. Mais ce qui va être
important ce sera de les suivre après la grossesse pour détecter si elles
développent un diabète de type 2. Concernant les autres femmes qui ont un IMC
élevé et une sensibilité à l’insuline diminuée, il faudrait peut-être les
contrôler plus agressivement ou découvrir quels autres facteurs contribuent aux
complications.
RR: D’accord. Donc la perspective clinique n’est peut-être
pas tant d’identifier très tôt mais plutôt d’orienter la prise en charge
thérapeutique et de faire porter les efforts là où ils sont le plus efficaces.
MFH: On a vu aussi que les gènes de diabète de type 2
prédisent qui va développer le diabète gestationnel dans toute la population,
mais la plupart du temps les facteurs cliniques sont aussi une bonne façon de
prédire. Dans une prochaine étude il faudrait comparer les deux approches,
seulement par génétique versus génétique en plus des facteurs cliniques.
RR: Oui, il n’y a pas de raison effectivement de renoncer aux
facteurs cliniques, auxquels de toute façon on aura accès comme initialement.
Je vous remercie beaucoup pour cette présentation et à très bientôt.
LIENS
- Évaluation
des recommandations françaises pour le dépistage du diabète gestationnel
- Diabète gestationnel non
contrôlé : un risque épigénétique chez l'enfant
Diabète : une association de Lantus et de Lyxumia approuvée
par la FDA
Vincent Bargoin
Paris, France – Un communiqué
de Sanofi annonce que la FDA vient
d’approuver Soliqua® 100/33, une association d’insuline glargine (Lantus®,
Sanofi) et d’un agoniste GLP-1, le lixisénatide (Lyxumia®, Sanofi), destinée au
traitement des diabétiques de type 2 insuffisamment contrôlés par l’insuline
seule ou lixisénatide.
Cette approbation repose sur un programme de phase 3 portant sur
plus de 1900 patients. Le communiqué de Sanofi cite notamment une étude
d’intensification de la dose d’insuline, dans laquelle Soliqua® a permis
d’abaisser l’HbA1c en dessous du seuil de 7% chez 55% des patients après 30
semaines de traitement, contre 30% avec la seule insuline glargine. L’incidence
des hypoglycémies est par ailleurs comparable sous Lantus® et sous Soliqua®.
Outre les hypoglycémies, des nausées (10 %), des rhinopharyngites (7 %), des
diarrhées (7 %) et des infections des voies respiratoires supérieures (5 %),
sont rapportées sous Soliqua® [1].
Le traitement, sera disponible aux Etats-Unis en janvier 2017, et
présenté dans un stylo prérempli, délivrant une dose quotidienne comprise entre
15 et 60 unités d’insuline glargine 100 unités/ml et entre 5 et 20 microgrammes
de lixisénatide.
Sanofi indique que le dossier d’enregistrement de Soliqua® a
également été déposé auprès de l’European Medicine Agency. Le Comité des
médicaments à usage humain de l’Agence a émis le 11 novembre un avis favorable.
REFERENCE :
1. Aroda VR, et al. Diabetes Care. 2016, DOI:
10.2337/dc16-1495.
LIENS
- Diabète de type 2 : les
patients sont-ils mieux soignés avec les nouveaux traitements ?
- DT2 : mieux vaut une pompe
que des injections répétées en cas de résistance à l’insuline
- Diabète 2 : la combinaison
GLP1 injectable hebdomadaire et gliflozine est prometteuse dans DURATION-8
Diabète gestationnel:
des variants génétiques pour prédire les complications?
Pr Marie-France Hivert, Pr Ronan Roussel
Les déterminants génétiques permettraient-il de mieux
prédire le développement de complications ou d’un futur diabète de type 2
chez les femmes enceintes? Ronan Roussel interroge Marie-France
Hivert sur ses travaux présentés lors du dernier congrès de l’ American
Diabetes Association (ADA) 2016.
Enregistré le 13 juin 2016, à la Nouvelle-Orléans, LA, É.-U.
Enregistré le 13 juin 2016, à la Nouvelle-Orléans, LA, É.-U.
TRANSCRIPTION
Ronan Roussel (RR): Bonjour, je suis le professeur
Ronan Roussel, de l’Hôpital Bichat à Paris. Je suis heureux d’accueillir
aujourd’hui sur le plateau de Medscape, au congrès de l’ADA à la Nouvelle
Orléans, Marie-France Hivert, assistant professor à l’école de
médecine de Harvard.
Objectifs de l’étude et population
RR: Vous avez présenté des résultats sur les
déterminants génétiques du risque de diabète partagés en dehors et pendant la
grossesse. [1] Alors
qu’est-ce que cela signifie puisque la génétique est la même en dehors et
pendant la grossesse?
Marie-France Hivert (MFH): Oui, il y a eu
beaucoup d’investigations pour découvrir les déterminants génétiques, autant
ceux du diabète de type 2 que ceux qui contrôlent le glucose et l’insuline,
dans la population générale. Mais il y a eu très peu d’études qui ont été
faites chez les femmes enceintes en particulier. Pendant la grossesse, il y a
un changement majeur de la régulation du glucose et de l’insuline. De plus, une
des choses qu’on voit chez toutes les femmes enceintes, c’est une diminution de
la sensibilité à l’insuline; cela fait partie de la physiologie normale de la
grossesse. Donc on était intéressé à comprendre si les déterminants génétiques
qui sont connus hors grossesse sont aussi actifs pendant la grossesse, étant
donné ces changements majeurs.
RR: Donc la population de cette étude était des femmes non diabétiques avant la grossesse et qui avaient développé, ou non pour les contrôles, un diabète gestationnel.
RR: Donc la population de cette étude était des femmes non diabétiques avant la grossesse et qui avaient développé, ou non pour les contrôles, un diabète gestationnel.
MFH: En effet, la population qu’on a étudiée est une
cohorte de femmes enceintes au Canada qui étaient toutes en santé au début de
leur grossesse, et une certaine proportion de ces femmes ont développé un
diabète gestationnel.
Les variants déterminés dans le diabète de type 2 ont-ils
une pertinence dans le diabète gestationnel?
RR: Comme vous l’avez mentionné, on connait déjà beaucoup de choses sur la propension génétique à développer du diabète, le diabète de type 2 commun. On sait qu’il y a une multitude de variants, certains plutôt associés avec une défaillance de l’insulinosécrétion, certains favorisant le développement de l’insulinorésistance. Est-ce que ces variants déterminés dans le diabète de type 2 ont une pertinence pour le diabète gestationnel?
RR: Comme vous l’avez mentionné, on connait déjà beaucoup de choses sur la propension génétique à développer du diabète, le diabète de type 2 commun. On sait qu’il y a une multitude de variants, certains plutôt associés avec une défaillance de l’insulinosécrétion, certains favorisant le développement de l’insulinorésistance. Est-ce que ces variants déterminés dans le diabète de type 2 ont une pertinence pour le diabète gestationnel?
MFH: Ce qu’on a trouvé, c’est qu’en groupe, ces
variants [prédictifs de développer un] diabète de type 2 sont aussi prédictifs
de développer un diabète gestationnel -- diabète gestationnel de type commun
qu’on détecte par la mesure du glucose lors d’un test de tolérance orale. Mais
on a été plus loin pour mieux comprendre les phénomènes d’insulinorésistance et
de sécrétion d’insuline. On a sous-divisé les femmes selon que leur diabète de
grossesse était causé par un défaut de sensibilité à l’insuline ou un défaut de
sécrétion. Ce qu’on a trouvé c’est que les déterminants génétiques du diabète
de type 2 sont surtout présents chez les femmes qui ont un défaut de sécrétion
d’insuline. Et donc ces femmes seraient probablement plus à risque de
développer un diabète de type 2 après leur grossesse, même si elles étaient
tout à fait normales avant leur grossesse
RR: Comment vous y êtes pris pour séparer cette
population de femmes avec diabète de la grossesse, plutôt sur le versant «
insulinosécrétion-défaillante » ou plutôt « insulino-résistance majorées », au
cours de leur grossesse? Et quelle est la proportion plutôt de l’un ou plutôt
de l’autre, même si j’imagine qu’il y a un mixe des deux?
MFH: On a basé nos sous-catégories en utilisant des
mesures répétées de glucose et d’insuline pendant le test oral de glucose, puis
on a dérivé des indices qui sont validés. On a trouvé qu’environ 50% des femmes
avec un diabète gestationnel avait surtout un défaut de résistance ou un défaut
de sensibilité à l’insuline, et donc il y avait une résistance augmentée.
Environ 30% avaient un défaut isolé de sécrétion d’insuline, puis 20% avaient
les deux défauts qui semblaient contribuer à la pathologie du diabète
gestationnel.
RR: Et avant d’évoquer les effets des déterminants
génétiques, est-ce que les facteurs classiques de diabète, en particulier
l’indice de masse corporelle, permettaient avant la grossesse ou précocement
dans la grossesse, de classer les femmes en fonction de ces défauts?
MFH: En effet, les femmes qui avaient un défaut de
sensibilité à l’insuline avaient un indice de masse corporelle plus élevé que
les autres catégories. La chose qu’il faut aussi souligner, et qui est dans
l’article que nous avons publié cette année dans Diabetes Care [2], c’est
que ces femmes qui ont un défaut de sensibilité à l’insuline sont aussi celles
qui sont plus à risque de complications du diabète gestationnel -- donc d’avoir
des bébés plus gros à la naissance, d’avoir plus de risque de nécessiter une
césarienne -- même si on corrige leur indice de masse corporelle. Donc la
prochaine étape serait d’essayer de comprendre quels sont les facteurs qui
contribuent à cette résistance à l’insuline ou défaut de sensibilité à
l’insuline pendant la grossesse, et de savoir si quand on les comprend mieux,
est-ce qu’on pourrait les traiter. Parce que toutes les femmes avec un diabète
gestationnel qui étaient inclues dans l’étude ont été traitées, et traitées de
la même façon. Les femmes avec un défaut de sécrétion n’avaient pas ce niveau
de complication, le traitement du glucose a réduit leurs complications; mais le
traitement du glucose chez les femmes avec un défaut de sensibilité ne semble
pas complètement normaliser leur risque de complications.
Quel intérêt en pratique clinique ?
RR: On comprend bien que c’est pour mieux comprendre
ce qui se passe et éventuellement les complications pour le bébé à naitre.
Est-ce que d’un côté pratique on peut imaginer que la détermination génétique
peut précocement, et même avant la grossesse puisque les gènes sont déjà là,
avoir un impact clinique pour mieux classer les femmes? Aujourd’hui, on fait
une HGPO de façon quasiment universelle lors de la grossesse. À quoi bon
prédire les choses? Ou est-ce que vous pensez que la pertinence sera un jour
que, oui, il faudra aller dans cette direction-là?
MFH: Je pense que pour ce qui concerne les femmes qui
développent un diabète gestationnel, ce serait bien de catégoriser, et les
gènes pourraient être une façon d’aider à catégoriser. Il semble que ces femmes
qui ont un défaut de sécrétion et qui portent aussi une augmentation des gènes
qui prédisposent au diabète de type 2, si on les traite de façon normale, elles
ne développeront pas de complications. On pourrait dont peut-être relâcher un
peu leur suivi tout en contrôlant très bien leur glucose. Mais ce qui va être
important ce sera de les suivre après la grossesse pour détecter si elles
développent un diabète de type 2. Concernant les autres femmes qui ont un IMC
élevé et une sensibilité à l’insuline diminuée, il faudrait peut-être les
contrôler plus agressivement ou découvrir quels autres facteurs contribuent aux
complications.
RR: D’accord. Donc la perspective clinique n’est
peut-être pas tant d’identifier très tôt mais plutôt d’orienter la prise en
charge thérapeutique et de faire porter les efforts là où ils sont le plus
efficaces.
MFH: On a vu aussi que les gènes de diabète de type 2
prédisent qui va développer le diabète gestationnel dans toute la population,
mais la plupart du temps les facteurs cliniques sont aussi une bonne façon de
prédire. Dans une prochaine étude il faudrait comparer les deux approches,
seulement par génétique versus génétique en plus des facteurs cliniques.
RR: Oui, il n’y a pas de raison effectivement de
renoncer aux facteurs cliniques, auxquels de toute façon on aura accès comme
initialement. Je vous remercie beaucoup pour cette présentation et à très
bientôt.
LIENS
- Évaluation
des recommandations françaises pour le dépistage du diabète gestationnel
- Diabète gestationnel non
contrôlé : un risque épigénétique chez l'enfant
Diabète : une
association de Lantus et de Lyxumia approuvée par la FDA
Vincent Bargoin
Paris, France – Un communiqué
de Sanofi annonce que la FDA vient d’approuver
Soliqua® 100/33, une association d’insuline glargine (Lantus®, Sanofi) et d’un
agoniste GLP-1, le lixisénatide (Lyxumia®, Sanofi), destinée au traitement des
diabétiques de type 2 insuffisamment contrôlés par l’insuline seule ou lixisénatide.
Cette approbation repose sur un programme de phase 3 portant
sur plus de 1900 patients. Le communiqué de Sanofi cite notamment une étude
d’intensification de la dose d’insuline, dans laquelle Soliqua® a permis
d’abaisser l’HbA1c en dessous du seuil de 7% chez 55% des patients après 30
semaines de traitement, contre 30% avec la seule insuline glargine. L’incidence
des hypoglycémies est par ailleurs comparable sous Lantus® et sous Soliqua®.
Outre les hypoglycémies, des nausées (10 %), des rhinopharyngites (7 %), des
diarrhées (7 %) et des infections des voies respiratoires supérieures (5 %),
sont rapportées sous Soliqua® [1].
Le traitement, sera disponible aux Etats-Unis en janvier
2017, et présenté dans un stylo prérempli, délivrant une dose quotidienne comprise
entre 15 et 60 unités d’insuline glargine 100 unités/ml et entre 5 et 20
microgrammes de lixisénatide.
Sanofi indique que le dossier d’enregistrement de Soliqua® a
également été déposé auprès de l’European Medicine Agency. Le Comité des
médicaments à usage humain de l’Agence a émis le 11 novembre un avis favorable.
REFERENCE :
1. Aroda VR, et al. Diabetes Care. 2016, DOI:
10.2337/dc16-1495.
LIENS
- Diabète de type 2 : les
patients sont-ils mieux soignés avec les nouveaux traitements ?
- DT2 : mieux vaut une
pompe que des injections répétées en cas de résistance à l’insuline
- Diabète 2 : la
combinaison GLP1 injectable hebdomadaire et gliflozine est prometteuse
dans DURATION-8
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