Intersexe : combien y a-t-il de sexes dans l'espèce
humaine ?
À l’occasion des Jeux olympiques de Rio, l’apparence
physique de certaines sportives arborant une musculature développée et de
larges épaules peut susciter des interrogations. L’occasion de faire le point
sur la définition du sexe biologique, qui n’est pas seulement une affaire de
chromosomes… ni de gros bras.
Les femmes d’un côté, les hommes
de l’autre ? Pas si simple car c'est sans compter sur l'intersexe. ©
BestPhotoStudio, Shuttertock
Comment définir le sexe ?
Génétiquement parlant, il est habituellement fixé par la présence deschromosomes XX
chez la femme et XY chez l’homme. Cependant, la situation est plus compliquée
pour certaines personnes dites « intersexuées », qui possèdent à la fois des
caractères masculins et féminins. 1 à 2 % des naissances dans l’espèce humaine
sont concernées.
Dans un article du Journal du CNRS, Francis
Poulat, de l’institut de Génétique humaine
à Montpellier, souligne la diversité des situations rencontrées : « Les
manifestations les plus "extrêmes" de désordre du développement
sexuel sont ce que l’on appelle "les inversions de sexe" : femmes XY
dont les testicules ne
se sont pas développés, avec un vagin et
un clitoris,
et hommes XX avec des testicules et un pénis.
[…] Outre ces exemples, il existe nombre d’autresphénotypes intermédiaires
où certains des caractères sexuels masculins et féminins cohabitent chez le même
sujet. »
Le sexe
biologique se base sur différents critères : les chromosomes certes,
mais aussi les caractères sexuels (comme les organes génitaux externes et
internes), la production de cellules reproductrices (ovules ou spermatozoïdes) et d’hormones sexuelles
(comme la testostérone,
hormone mâle). Toutefois, si l’on prend en compte tous ces critères, il est
difficile de classer 100 % des individus en deux catégories bien distinctes,
avec d’un côté des hommes XY ayant des organes génitaux masculins et des
niveaux élevés de testostérone, et de l’autre des femmes XX avec des organes
génitaux féminins et de faibles niveaux de testostérone.
En fait, le sexe biologique se construit en plusieurs étapes
au cours de la vie, comme le décrit Thierry Hoquet,
professeur à l’université Jean-Moulin Lyon 3, : « Les différents
niveaux du sexe biologique […] se déploient autour de quatre temps forts que
sont la fécondation (où
se détermine le sexe chromosomique), la vie intra-utérine (où se met en place
le sexe gonophorique), la naissance (où est examiné le sexe périnéal qui va
décider du sexe d’état
civil) et la puberté (où
s’épanouit le sexe hormonal), autant d’étapes au cours desquelles peuvent
survenir des processus conduisant à une "condition intersexe".»
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