COMPRENDRE LE CERVEAU ET SON FONCTIONNEMENT
Par le Pr. Yves Agid
Professeur de neurologie et de neurosciences, Membre Fondateur
Philosophique. Le cerveau est l’organe qui perçoit, qui pense, et qui agit. C’est donc lui qui permet de donner un sens à l’existence. Du reste, la suppression de son fonctionnement signifie la mort véritable.
Sociologique. Le cerveau est le chef d’orchestre de l’organisme qu’il gère tout en se gérant lui-même. C’est donc lui qui est responsable de nos comportements, et donc de nos interactions avec les individus qui composent la société.
Scientifique. Le cerveau commence à être compris dans son fonctionnement. Nous vivons donc une époque enthousiasmante pour comprendre la genèse de nos facultés intellectuelles et de nos émotions, et donc les comportements moteurs qui en sont l’expression.
Médical. Le cerveau malade commence aussi à être compris, qu’il s’agisse des maladies neurologiques (Alzheimer, Parkinson, sclérose latérale amyotrophique, sclérose en plaques, épilepsie, séquelles de traumatisme de la moelle épinière, etc.) ou psychiatriques (dépression, attaques de panique, schizophrénie, autisme, troubles obsessionnels compulsifs, etc.).
C’est la raison de l’existence de l’ICM qui a sélectionné une élite scientifique et médicale sur un même lieu, au sein de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris connu pour la qualité des soins prodigués et de l’Université Pierre et Marie Curie renommée pour la qualité de la formation scientifique ainsi qu’avec l’appui du CNRS et de l’INSERM, opérateurs de recherche réputés.
L’accueil de nouvelles start-ups au sein d’un incubateur, la présence de plus de 500 chercheurs dans les laboratoires, l’application de cette recherche chez les malades au sein du Centre d’Investigation Clinique sont les moyens mis en œuvre à l’ICM pour trouver rapidement de nouvelles voies thérapeutiques.
Le sommeil et la conscience
Le sommeil est une fonction complexe qui dépend de nombreuses structures cérébrales. Le passage de l’état d’éveil à l’état d’endormissement est déclenché par un système appelé « flip-flop », situé au centre du cerveau dans l’hypothalamus antérieur. Chimiquement, une substance appelée « adénosine » présente dans le milieu extracellulaire du cerveau semble être responsable de la sensation d’endormissement. Les cliniciens et les chercheurs étudient certaines pathologies du sommeil comme le syndrome des jambes sans repos et le syndrome de Kleine-Levin, maladie neurologique rare d’origine inconnue, caractérisée par des épisodes d’hypersomnie associés à des troubles cognitivo-comportementaux. Très récemment, le Pr Marie Vidailhet a identifié certains troubles du sommeil comme des marqueurs précoces de la maladie de Parkinson.La conscience primaire désigne les différents niveaux de vigilance allant du coma profond à l’éveil complet. Le circuit impliqué part du tronc cérébral, passe par le thalamus. Il active alors les neurones du cortex somato-sensoriel. Les neuromédiateurs comme l’acétylcholine, la noradrénaline, la dopamine, la sérotonine ainsi que des hormones sont les supports chimiques impliqués dans les phénomènes de conscience primaire.
Les Prs Laurent Cohen et Lionel Naccache, cliniciens chercheurs ont récemment participé à la mise au point d’un dispositif de mesure du partage d’information dans le cerveau de patients qui ne sont pas en mesure de communiquer. Leurs premiers résultats montrent que cette mesure augmente systématique- ment en fonction de l’état de conscience du patient. Ces outils permettent maintenant de mieux prédire la sortie éventuelle d’un coma.
La compréhension de la conscience d’ordre supérieur a fortement progressé ces dernières années grâce aux approches combinées de l’électrophysiologie et de la neuro-imagerie fonctionnelle, technologies de pointe implantées à l’ICM.
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