« La stérilisation du langage c’est la stérilisation de votre esprit critique ! »
Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Avis à nos lecteurs
Avis à tous nos lecteurs ayant une adresse e-mail Wanadoo ou Orange.
Vous êtes de plus en plus nombreux à me signaler que vous ne recevez
plus le Contrarien Matin tous les matins !! N’étant pas en mesure
d’avoir un procès de la part d’Orange (qui a beaucoup plus d’avocats que
moi à sa disposition et puis un peu plus de sous aussi), je ne vous
dirai pas qu’Orange censure actuellement et depuis le 23 juin notre
journal. Orange est une entreprise qui respecte la démocratie, les
drôats de l’homme et la lîîîberté de parôôle ainsi que la lîîberté
d’expression. Je tenais donc à remercier la société Orange (afin qu’elle
ne nous fasse pas de procès). Comme vous le savez, on ne peut plus
appeler au « boycott » d’une entreprise ou d’un pays sans tomber sous le
coup de la loi. Étant légaliste, je respecte la loi. Je note juste que
ceux qui disposent d’e-mail autre qu’Orange reçoivent le Contrarien
Matin.
D’après notre informaticien maison (qui a dû changer le serveur du
Contrarien cette semaine également mais ce n’est qu’un « hasard »), les
détenteurs d’une adresse e-mail Wanadoo ou Orange (auxquels la DGSI et
la NSA ont accès en temps presque réel) peuvent évidemment tenter de
mettre l’adresse e-mail du Contrarien dans leur « carnet d’adresses »
car cela pourrait aider à contourner la « difficulté » forcément
momentanée et liée évidemment à un simple contretemps technique et
malencontreux de la société Orange (dont je n’ai pas les moyens de
lutter contre le pléthorique service juridique payé à grands frais grâce
à nos factures plantureuses).
Je tenais donc à m’associer à tous nos camarades lecteurs qui ne
reçoivent plus le Contrarien Matin (ni les e-mails de certains groupes
comme pour ceux abonnés à la liste de diffusion des intermittents du
spectacle) pour remercier très sincèrement et du fond du cœur la société
Orange des efforts déployés par leur service afin d’assurer votre
tranquillité d’esprit dans la réception de votre courrier informatique
quotidien. Grâce au travail des opérateurs, vous ne recevrez bientôt que
des bonnes nouvelles et de la publicité d’intérêt général, dûment
validées par les services de propagande (pardon d’information) du
gouvernement.
Sachez donc pour tous ceux qui ne recevraient pas le Contrarien tous
les matins qu’hélas, nous ne pouvons pas faire grand-chose au sujet de
ce problème qui n’est pas de notre ressort. N’hésitez pas à venir
consulter directement notre site Internet qui, lui, est toujours
accessible (pour le moment…) et en état de marche grâce à notre nouveau
serveur (heureusement que les prix des serveurs ont un peu baissé). Vous
pouvez aussi écrire à votre fournisseur d’accès pour lui faire part de
vos plus vifs encouragements dans sa politique de gestion du tri de
votre correspondance.
Passons maintenant aux choses sérieuses.
La blague du Sapin !
Aujourd’hui, je ne vous parlerai pas ou presque d’économie sinon pour
évoquer la dernière blague de notre ministre des Finances qui nous a
fait une petite blague sur l’épaisseur du Code du travail accusé de
ralentir par ses lourdeurs les embauches. Réponse du ministre : si le
Code du travail est trop lourd nous n’avons qu’à l’écrire en plus petit…
et puis en utilisant du papier « bible », on pourrait encore l’alléger
et si en plus on fournit une loupe au lecteur, alors là, le Code du
travail pourrait presque être « léger » !!
La stérilisation du langage c’est l’euthanasie de votre esprit critique.
Non, aujourd’hui, je voulais vous parler de la stérilisation du
langage. C’est très important la stérilisation du langage, surtout
lorsque l’on parle de censure. Si j’ai choisis ces deux mots
« stérilisation » et « euthanasie » ce n’est pas par hasard, et c’est un
choix délibéré sur lequel je vais revenir.
Vous connaissez sans doute le grand débat philosophique « Qu’est-ce qui est le premier ? La pensée ou le langage ? ».
Non, rassurez-vous, je ne vais pas me lancer dans un débat de philo,
c’est juste pour vous montrer l’importance du langage et des mots dans
la pensée. Comment exprimer une pensée structurée et efficace sans les
mots adéquats pour le faire ? C’est tout le sens de ce débat
philosophique qui existe depuis Platon (peut-être même avant
d’ailleurs).
Le langage et les mots sont donc la matière première de l’expression
de votre pensée. Réduire le nombre de mots à votre disposition c’est
avant tout réduire notre façon de penser ou de pouvoir exprimer notre
pensée.
De même « adoucir » les mots est évidemment essentiel afin d’adoucir
vos réactions. Les mots contrôlent notre attitude ou en tout cas peuvent
conditionner nos réponses. Prenons un exemple (c’est de l’humour), si
je dis « libéralisation du rail » à un cheminot de la CGT je sais que ce
mot « libéralisation » va immédiatement provoquer chez lui une réaction
de rejet et qu’il va me dire « grève » !
Si je dis chaque jour à des milliers de concitoyens qu’ils vont se
faire virer comme de vieilles chaussettes dans le cadre d’un plan de
licenciement (j’adore cet exemple), ils ne vont pas bien le prendre.
Non, il faut adoucir les mots pour adoucir les réactions. D’où l’idée
vraiment très drôle du concept de « plan de sauvegarde de l’emploi » qui
est la terminologie actuellement en vigueur pour dire que l’on se fait
licencier.
Nos élites cherchent donc à modifier notre langage pour modifier
notre mécanisme de pensée, modifier nos réactions évidemment dans le
sens qui les arrange, à savoir celui du « calme ». Nous pouvons
multiplier ces exemples à l’infini. Par exemple, on ne dit plus «
mouroirs » mais « service d’accompagnement à la fin de vie » ou encore «
unité de soins palliatifs »… Comme si on pouvait « pallier » la mort…
Lorsque je raconte cela à ma femme, elle me dit « arrête mon chéri,
tu flirtes avec la théorie du complot voyons »… Ha, la théorie du
complot, voilà un terme euthanasiant tout débat. Le gouvernement ment au
peuple sur … Bouh, le vilain complotiste… (Comme si les États disaient
toujours la vérité.)
Pourtant, aujourd’hui j’ai pu montrer une preuve indiscutable à ma
femme. Elle était là, et dans ses yeux j’ai vu qu’elle avait vu et bien
compris exactement ce que je lui explique depuis des années mais sans
réussir à apporter un élément de preuve irréfutable et convaincant
(lorsque je n’arrive pas à convaincre ma tendre épouse c’est qu’en
général je ne suis pas très clair dans mes explications).
C’est Bernard Kouchner, notre « french doctor » porteur de sacs de
riz, qui a gaffé involontairement alors qu’il était interrogé ce matin
sur France Inter, c’est à 3 minutes et 10 secondes dans la vidéo
ci-dessous. Il a dit :
« Tout d’abord, n’employons plus le mot «euthanasie». D’abord il y a « nazi » dedans, ce qui n’est pas gentil, et puis on a tout de suite l’impression qu’il y a une agression vous voyez, et que l’on va forcer les gens. Oui… il faut employer des mots qui sont doux. La fin de vie doit être quelque chose que l’on partage avec les siens et qui est un témoignage d’amour plus que de brutalité… »
« Tout d’abord, n’employons plus le mot «euthanasie». D’abord il y a « nazi » dedans, ce qui n’est pas gentil, et puis on a tout de suite l’impression qu’il y a une agression vous voyez, et que l’on va forcer les gens. Oui… il faut employer des mots qui sont doux. La fin de vie doit être quelque chose que l’on partage avec les siens et qui est un témoignage d’amour plus que de brutalité… »
Merci mon brave Bernard. Merci. Tout d’abord, expliqué comme ça, j’ai
hâte de partager ce moment d’amour avec les miens. On va se faire une
belle fête lors de mon accompagnement vers la fin de vie…
Plus sérieusement, je trouve que l’allusion de Kouchner à
l’euthanasie contenant le mot « nazi » est très éclairante sur ce
qu’elle suggère.
Évidemment, nous savons tous qu’il n’y a strictement aucun rapport
entre un état nazi et l’euthanasie si ce n’est – ce qui est important
finalement car là est le problème – que justement l’état nazi aimait
bien accompagner (sans forcément beaucoup de douceur) certaines
catégories de personnes, dont les malades et les handicapés (non
productifs et « racialement » impurs), vers une fin de vie accélérée. Or
en euthanasiant nos malades, sommes-nous forcément très différents ? La
fin de vie est un débat très complexe, chaque situation est différente,
chaque cas particulier, chaque souffrance différente. En Belgique, où
la loi est plus « avancée » que chez nous, des enfants mineurs sont
euthanasiés. Voilà la réalité. Où sont les limites, où sont les abus,
quels sont les garde-fous ?
Certains parmi vous seront pour, d’autres contre. Telle n’est pas la
question, et je ne prétends pas ici donner une vérité sur ce débat. En
fait, si. Je vais me permettre de donner une vérité mais pas de trancher
ce débat plus exactement.
La vérité est la suivante. Si nous voulons pouvoir débattre avec
intelligence collectivement, nous ne devons pas réduire le langage et
euthanasier notre langage.
Si l’on change les mots que l’on utilise, il n’y a plus de débat car
ce changement de mots vise uniquement à troubler votre appréciation des
choses et de la réalité pour vous faire accepter d’aller dans une
direction qu’autrement vous refuseriez peut-être de prendre.
Ce qui est valable pour ce débat l’est pour tous les domaines, qu’il s’agisse de science, d’histoire ou d’économie. Peu importe.
Limiter votre pensée c’est vous obliger à penser quelque chose que
vous ne pensiez pas auparavant, et c’est exactement les méthodes de
manipulations des masses et des foules que des gouvernements, qui n’ont
plus que de démocratique que le nom, utilisent à notre détriment chaque
jour.
Lorsque l’on vous explique qu’une banque est trop grosse pour faire
faillite, cela vous empêche d’envisager la solution de la faillite comme
étant sans doute la bonne solution (et c’était la bonne solution). Là
encore nous pourrions multiplier les exemples à l’infini.
Rentrer en résistance c’est aussi résister aux changements de langage et aux artifices verbaux. La mort n’est pas quelque chose de beau et de doux. Lorsque l’on meurt, on est seul et cela fait terriblement peur.
Rentrer en résistance c’est aussi résister aux changements de langage et aux artifices verbaux. La mort n’est pas quelque chose de beau et de doux. Lorsque l’on meurt, on est seul et cela fait terriblement peur.
Le véritable problème que cache ce débat sur la mort (et pas sur la
fin de vie ce qui est trop doux pour décrire la triste réalité), c’est à
partir de quel âge allons-nous aider les gens à mourir et qui décidera
d’arrêter de payer les médicaments de telle ou telle personne et sur la
base de quels critères ? N’oubliez pas qu’aux USA plusieurs dizaines de
députés voulaient passer une loi interdisant le remboursement des frais
médicaux à partir de 76 ans ce qui revenait à dire que seul les riches
de plus de 76 ans auraient le droit de vivre, les autres étant
accompagné dans ce grand moment de joie et de partage par la douceur de
la société dans son ensemble vers un passage momentanée vers une fin de
vie digne.
Le véritable problème de ce débat n’est pas que dans tel ou tel cas
l’on puisse abréger des souffrances insupportables (cette expression non
plus n’est pas douce), mais que nous ne pourrons sans doute pas payer à
tout le monde une médecine de plus en plus coûteuse surtout avec le
vieillissement global de la population.
Alors l’euthanasie deviendra une quasi-nécessité « économique ».
Voilà le véritable sujet des années à venir et voilà pourquoi il va
falloir pousser la population dans son ensemble à être favorable à
l’euthanasie massive en changeant les mots, les concepts et le langage
utilisé pour dédiaboliser le fait de mettre fin à la vie des autres.
Ne soyons donc pas naïfs dans notre appréciation des mots et des
concepts que l’on nous sert car bien souvent, s’ils servent les intérêts
de ceux qui nous gouvernent, ils desservent les intérêts des peuples.
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