NOTRE PROBLÈME ARABE
Gustin Sintaudle modifié le 16/12/2015 à 16:43h
En France, plus que partout ailleurs en Europe, on agite une
épineux problème arabe. Celui-ci se nourrit d'une pluri-désinformation
dont des idéologies apparemment contradictoires, antinomiques partagent
la responsabilité. L'une, universaliste est, en même temps, prisonnière
d'un masochisme judéo-chrétien où le « mea culpa, maxima culpa » explose
en un grotesque sentiment de culpabilité post-colonisation, et d'un
cosmopolitisme mal digéré, quand on doit prendre parti dès lors qu'il y a
des juifs. L'autre, pour une pseudo-raison éthno-culturelle, s'alimente
d'énormités puisées dans une histoire européenne bien mal comprise,
dans une histoire coloniale mal vécue, dans un faux sens de
l'européanité, dans le non sens de l'occidentalisme.
Se
rejoignent donc, pour obscurcir notre problème arabe, l'universalisme
utopique et le nationalisme étriqué, tous deux imprégnés tout autant de
morale biblique. Et ceci ne permet pas d'appréhender ni le véritable
problème arabe, avec ce qu'il peut avoir d'intéressant géopolitiquement
pour l'Europe, ni le problème musulman dans le milieu de l'immigration
islamique de l'Europe.
Depuis l'installation des émirs
Omeyyades en Andalousie, au VIIIe siècle, et les succès du califat de
Cordoue jusqu'en 1031, avec les Croisades en Palestine et les déboires
du royaume franc de Jérusalem,et, plus tard, la chute de Byzance ouvrant
sur les appétits ottomans, l'islam terrorise la chrétienté. Longtemps
encore,les menées barbaresques en Méditerranée transcriront cette peur
européenne.
Comme l'Arabie avait secrété cette troisième
expression du monothéisme d'exclusive essence sémitique, que la langue
cultuelle de cette religion concurrente en expansionnisme, était l'arabe
du Coran, l'Europe, qui se voulait aveuglément chrétienne, a
définitivement associé jusqu'à confondre, dans la terreur, arabe et
musulman, « mahométant » comme on a pu dire, après avoir utilisé : «
sarrasin » et « maure ».
Pour stigmatiser le non-Européen,
le non civilisé, le non chrétien, on a pensé à l'arabe, on dit encore : «
arabe », au plus grand mépris de réalités ethniques, linguistes,
culturelles. L'Arabe figurant le musulman devint, pour l'Européen, le
dangereux, le diabolique, le païen même. Cela est attesté en France
depuis le XIIe siècle, aux laisses LXXXIII à LXXXVI de la Chanson de Roland
où des bergers basques païens, rétifs à la christianisation du futur
Charlemagne, seulement vassalisés au Califat de Cordoue, étaient déjà
confondus à ces Arabes : « cette race étrangère », ces « sarrasins
d'Espagne » à la fin de l'expédition contre Saragosse.
Le
Numide, l'Andalou, plus où moins islamisés, le Maure, puis le Turc,
étaient tous, et restent encore aujourd'hui dans l'inconscient
collectif français, des « Arabes » puisque musulmans. Ainsi encore, les
pirates barbaresques, quoique surtout Turcs en rupture avec Istamboul et
la Porte, furent des Arabes, de même que, depuis la colonisation
française de l'Afrique du Nord, tous les autochtones maghrébins sont
des Arabes, dans l'indétermination de ces Numides islamisés qui,
eux-mêmes, se croient des Arabes malgré leur islam plein de marabouts
très africain, et des Kabyles, des Chaouïas, des Berbères, des Mozabites
….. dont la langue n'est toujours pas le sabir arabe maghrébin.
On
englobe couramment dans l'appellation : « Arabes » , les Touareg du
Sahara et du nord Sahel, les Iraniens chiites, les Afghans. Et ainsi,
les Pakistanais, pourtant bien plus proches de leurs semblables voisins
indiens …. .Selon cette absurde logique, combien fréquemment n'a- t-on
nommé : « Arabes » les Européens Bosniaques où Kosovars, Albanais, pour
n'être pas chrétiens mais musulmans !
Si la courte vue des
Français permettait de saisir tout le monde musulman et son milliard de
croyants, Ouzbeks et Malais, Indonésiens, …, seraient aussi des « Arabes
».
Les Arabes de France
Longtemps, au
moins depuis 1830, pour les Français, les Arabes se réduisirent
quasiment aux indigènes musulmans d'Algérie, du Maroc et de Tunisie, ex
colonie et protectorats de la République Française.
C'est
toujours essentiellement vrai, car, malgré des élargissements
temporaires, pour le Français moyen, les Arabes sont, avant tout, les
musulmans que l'on connaît le mieux du fait de la proximité physique et
des aléas de l'histoire : ceux-là, on les a colonisés pour les civiliser
; ceux-là, depuis, ont conquis leur indépendance ! Désormais ceux-là
affluent dans nos villes et villages et deviennent trop facilement
Français, en conservant leur dialecte, leur religion, leur mœurs et
beaucoup d'exigences !
Du temps de la colonisation, même la
très intégrationniste et permissive République Française ne s'est
résolue totalement à intégrer pleinement ces pseudo-Arabes du Maghreb :
cette fille laïque de la morale chrétienne continuait de se méfier de
ces musulmans qu'elle voulait pourtant assimiler. Elle intégra par
contre sans grande retenue, comme Français à part entière, tous les
résidents juifs de ces territoires, des séfarades qui avaient longtemps
vécu en symbiose avec ces « Arabes », dont ils parlaient le dialecte.
Ceux-là n'étaient pas, il est vrai musulmans... et savaient, par
millénaire expérience, jouer adroitement le dominant pour sauvegarder
intérêt et maximiser leurs profits.
Dès 1945, avec une
amplification par la décolonisation du Maghreb, et surtout la longue
ridicule guerre d'Algérie, l' « Arabe », en France, se décline de deux
manières diamétralement opposées : pour les rêveurs, les moralistes, les
masochistes, c'est, en plus d'être un homme, un citoyen du monde, sans
couleur, sans race, sans culture particulière, seulement un exploité
historique, à jamais à charge de son odieux exploitant plein de
contrition, un ayant tous les droits ; pour les occidentalistes,les
nostalgiques, les xénophobes, il reste l'épouvantail, celui qui,
appartenant à l'Oummah*, la communauté des croyants musulmans,
représente l'ennemi absolu selon la vieille répulsion chrétienne.
* L'Oummah
Pour
le roumi militant, l'Européen anti-musulman convaincu ou profond
occidental chrétien, ou encore le démocrate universaliste, l'oummah
reste une fixation, un thème d'agitation privilégié. Pour lui, c'est une
forte réalité multi-séculaire d'un universalisme acharné concurrent et
donc un réel danger, alors que dans l'histoire de l'islam, ce ne fut que
vœu pieux, un rêve d'universelle harmonie.
L'Oummah s'est,
de fait, toujours trouvée limitée, voire engendrant la fitna (scission
de l'oummah),d'abord par la force réelle des groupes de solidarité
naturelle, nombreux et divers dans le vaste ensemble musulman : (races,
ethnies, tribus, clans...). Ces groupes de solidarité limitant la
réalité de l'oummah s'appellent : « açàbiyya ».
Pour
illustrer l'évocation de ces temporisation de l'oummah, il n'est qu'à
signaler les problèmes dans le Maghreb entre pseudo-arabes et Kabyles,
Berbères,ou Rifains, ou après les schismes entre sunnisme et chiisme,
entre chiismes orthodoxe et ismaélisme.
De même les effets
des langues vernaculaires différentes ou ceux des langues de
différenciations musulmanes comme l'ourdi dans le sous-continent indien
et désormais dans l'immigration musulmane en Grande Bretagne .
L'oummah
unitaire subit tout autant les multiples volontés ou nécessités
étatiques, la volonté historique de l'hégémonie mongole puis ottomane,
l'établissement de l'Iran moderne, le conflit post colonisation entre
Irak et Syrie malgré leurs similaires parti Ba'as ….L'oummah,
essentiellement universelle donc supra étatique s'est toujours
confrontée aux volontés étatiques et aux açabiyya infra-étatiques.
Dans
tous les sens modernes proposés, l'oummah n'est qu'une vision, une
recherche, un thème de mobilisation, une espérance, une utopie, ou aussi
un thème de combat, agité par des intellectuels minoritaires ; et si
leurs discours trouvent parfois quelques échos, ils ne sont qu'éphémères
et de peu d'audience en général, si ce n'est dans les milieux de
délocalisés, de déculturés. Il ne faut pas confondre l'oummah vue par un
oulemah fondamentaliste traditionnel, celle utilisée par un islamiste
engagé ou encore celle proclamée par un néo-fondamentaliste
universaliste.
L'Islam, deuxième religion de France
Aujourd'hui,
avec environ cinq millions de musulmans , officiellement reconnus sur
l’hexagone, l'islam est la deuxième religion en France par le nombre de
croyants ; peut-être même,il arriverait en tête quand on parlerait de
religion pratiquée. Des mosquées sont revendiquées, exigées, un peu
partout sur des territoires où l'église domina longtemps le
village...Dira-t-on cinq million d'Arabes alors que certains de ces
musulmans sont des noirs africains, des Turcs, des asiatiques, des
Comoriens ?
Néanmoins l' « Arabe », ce maghrébin, n'est
plus une évocation exotique lointaine, un vague sujet de dissertation
morale, pour vulgum pécus qui subit, au jour le jour, les effets d'une
sorte de marée allogène, de la promiscuité subie avec des comportements,
des mœurs non adaptés parfois souvent non adaptables.
Même
les laïcistes forcenés de la moraliste école républicaine, parmi les
utopistes universalistes, s'insurgeant contre le port du foulard des
femmes musulmanes, révèlent une totale incompréhension de ceux qu'ils
veulent accueillir, pour qui ils militent, parce qu'ils ne les
reconnaissent que travestis extérieurement.
D'un côté comme
de l'autre, on s'alarme de risques de dénaturation irréversible, tant
pour le droit à la différence de tous que pour les métissages génétiques
après les détournements culturels.
Plus le discours
devient alarmiste, plus tout est bon pour diaboliser l' « Arabe ».
Passons sur les clichés, les slogans comme ceux d'une invasion
programmée, méthodique, à visée colonisatrice, les références à une
histoire tronquée pour utilisations spécieuses ! On aimerait tant qu'il
n'y ait point d'esprit de conquête chez ces immigrés. Sinon aurions nous
besoin d'un nouveau Charles Martel pour arrêter ce déferlement !
Ces
perversions marketing noient le vrai et épineux problème qui est, osons
le formuler, ethnique et non point religieux : le noir africain,
l'asiatique, qu'ils soient immigrants économiques, réfugiés politiques,
en situation régulière, ou sans papiers, de nationalité française ou
non, au même titre que le vrai Arabe ou assimilé par ignorance,
renvoient au même délicat problème, quand il est accepté pour faire
souche. Se faire plaisir ne mène à rien : désigner une tête de Turc ou
d' « Arabe » détourne de l'essentiel. Ce n'est pas mieux de s'en prendre
à l'islam et inconsciemment dédouaner le christianisme, le reconnaître
comme acceptable, et l'affirmer parfaitement adapté... Islam et
Christianisme ont pratiquement le même message non européen ; tous deux
sont pareillement religions globales, sans différencier public et privé,
temporel et spirituel ; ce sont deux religions de la morale autant que
des religions morales.
Il faut résolument se garder du
contresens d'Europe chrétienne , on doit tout autant vomir la notion
d'occident chrétien ; surtout qu'à se leurrer, à se fourvoyer ainsi, on
ne cible pas la responsabilité de ce grave problème chez nous, on ouvre
sur des erreurs et des fautes lourdes de conséquences.
L'immigré
sait profiter, certes ! Mais pourquoi refuserait-il ce qui lui est si
complaisamment offert ? Par la suite, comment n'exigerait-il point ce
qui lui fut abusivement promis ! Non ! L'immigré allogène que l'on veut
indifférencié dans une immigration générale afin de camoufler son fait
spécifiquement problématique, ne peut-être le coupable ! Son
comportement parfois désagréable, bien contestable souvent, n'est que
conséquence regrettable ; la responsabilité ne lui incombe pas
totalement. La cause de l' « Arabe » chez nous, la responsabilité grave
de tous les lourds problèmes générés par l'immigration déferlante
d'allogènes en Europe, est à l'Europe malade de folles idéologies
pernicieuses, aux objectifs pervers que l'on doit à des gouvernants
européens, pour leurs lois irresponsables, à des Européens
moralisateurs, véritable cinquième colonne en notre bastion.
L'universalisme se traduit par une délétère action qui sape le moral du
peuple européen en lui faisant perdre ses référents, en le privant de
son identité. L'ennemi n'est pas l'autre, Arabe ou musulman , mais
l'ennemi est en nous ; il joue à l'apprenti sorcier ; et comme
l'alchimiste voulait changer le plomb en or, il rêve de produire un être
sans race, hybride d'hybride, de la même couleur-mixture, qui n'aurait
plus aucune origine claire ni d'appartenance déterminante, sans culture
particulière, sans tradition, sans histoire.
Le rêve
égalitariste est ainsi poursuivi à outrance, sans vergogne ; et le mot «
Arabe » pour tout allogène musulman, comme le mot « immigré » pour tout
autre d'ailleurs, par leur in-distinction recherchée, en sont
révélateurs d'étape vers l'avènement de l'indescriptible, sans retour en
arrière possible, selon le postulat aberrant que pour que tous les
hommes soient égaux, il faut qu'ils soient identiques.
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