dimanche 22 novembre 2015

Fatwas et caricatures, la stratégie de l’islamisme. «Un affrontement est imminent à l’échelle mondiale»

Fatwas et caricatures, la stratégie de l’islamisme. «Un affrontement est imminent à l’échelle mondiale»



Dans son ouvrage Fatwas et caricatures, la stratégie de l’islamisme, Lina Murr Nehmé se base sur des documents pointus pour tenter de répondre à toutes les questions suscitées par la montée de l’islamisme. Un document référence à découvrir… avec stupéfaction.
En revenant dans votre livre à tous les ouvrages, les fatwas, les sermons, les livres qui ont déclenché la montée des mouvances extrémistes, à quelles conclusions êtes-vous arrivée?
A ceci: les événements dont nous sommes témoins sont la conséquence prévisible de décennies de propagande, d’une part, et de laxisme, de l’autre. Un affrontement est imminent à l’échelle mondiale. L’avancée rapide des mouvements terroristes, qui tuent dans des buts à la fois politiques et religieux, est en train de provoquer des vocations chez un nombre effarant de jeunes. Chaque attentat procure aux islamistes une publicité effrénée qui fait rêver beaucoup d’adolescents, partout dans le monde. Qui peut leur faire comprendre qu’ils sont exploités quand ils acceptent de se transformer en bombes humaines?

Qui finance al-Qaïda et Daech?
En 2005, un ancien directeur de la CIA évaluait les sommes dépensées par l’Arabie saoudite en prosélytisme wahhabite dans le monde, à 90 milliards de dollars. Ceci, sans compter l’argent versé à des organisations terroristes, comme celle de Ben Laden (Oussama, ndlr) à ses débuts, ou celui utilisé pour tenter de déstabiliser d’autres pays, influer sur leurs élections et acheter leurs politiciens. Ce n’est pas grand-chose pour la dynastie saoudienne, qui exporte, chaque jour, 10 millions de barils de pétrole brut. Cela lui procurait 1,5 milliard de dollars par jour quand le baril était à 150 dollars (en 2014). Maintenant que le baril est à 50 dollars, elle encaisse 500 millions par jour. Et elle laisse le peuple saoudien dans la pauvreté. Depuis les années 2000, d’autres pays financent l’islamisme dans le monde, notamment le Qatar qui tire d’énormes revenus de l’exportation de son gaz naturel.

Tous les islamistes, dites-vous, même ceux qu’on qualifie de «polis», sont à mettre dans le même sac. Quel est l’enseignement essentiel qu’ils dispensent notamment en Occident?
Les islamistes, comme Ben Laden et Baghdadi, sont francs et vous montrent le couteau. Les islamistes «polis» enveloppent des lames de rasoir dans des gâteaux à la crème. Mais leurs résultats les trahissent. Regardez la haine que les admirateurs de Tarik Ramadan ont pour les Européens. Pourtant, Tarik Ramadan parle beaucoup d’amour. Comparez-le au cheikh Maher Hammoud qui, lui, a l’amour pour résultat. Et, comme par hasard, les islamistes font la promotion de Tarik Ramadan et cherchent à tuer Maher Hammoud.

Quel est le but ultime des islamistes? Islamiser ces terres ou protéger leurs fidèles des «mécréants» en terre d’Occident?
Daech a promis de faire du Vatican une mosquée, de prendre la Maison-Blanche et de remplir de sang les rues de Paris et de Londres. Pour atteindre ce but, tous les moyens sont bons. L’immigration illégale en masse est, peut-être, l’un de ces moyens. Les islamistes «polis» disent aussi qu’ils prendront l’Europe, par la conquête démographique et les conversions. Mais dans quelle mesure ces conversions sont-elles volontaires, quand on sait la pression morale et financière qui s’exerce dans certains quartiers? Des dons appelés «aumônes» sont offerts aux convertis, aux prédicateurs et aux femmes qui acceptent de se voiler. Il n’y a pas de liberté quand il y a de l’argent. Il n’y en a pas non plus quand il y a une propagande phénoménale, surtout sur les réseaux sociaux.
Propos recueillis par Danièle Gergès
 
Lina Murr Nehmé
C’est la fille de May et Alfred Murr, écrivains libanais célèbres. C’est une historienne et politologue franco-libanaise, spécialiste de l’islam et du monde arabe contemporain. Elle est professeur à l’Université libanaise. Durant 35 ans, elle a fait des recherches intensives au sujet des guerres contemporaines du Moyen-Orient, des mouvements terroristes. Lina Murr Nehmé a pris aussi  l’initiative de défendre des sites archéologiques voués à la destruction à Beyrouth dans le but de préserver l’héritage culturel du pays. Elle a plusieurs ouvrages à son actif dont Les Otages libanais dans les prisons syriennes,Le Liban assassiné, lettre ouverte à monsieur Sarkozy, 1453, Mahomet II impose le schisme orthodoxe, Baalbeck, monument phénicien,Si Beyrouth parlait…

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