Je suis devenu salafi grâce à l’école de la République
Faouzi,
la quarantaine, est musulman wahhabite. Il porte la djellaba et la
barbe, n’écoute plus de musique, mais il lit Flaubert, mange du
camembert, réclame un « droit à l’indifférence » et, évidemment,
condamne les attentats.
J’écris
cet article, et je ne cesse de m’interroger sur le bien-fondé de ma
démarche. Est-il possible pour un athée, un agnostique ou même un
chrétien, de comprendre ce que je suis et à quoi j’aspire ? Est-il
possible encore, face à mon rapport à Dieu, aux hommes, qu’il se dise
« Je n’approuve pas mais je comprends » ?
Baudelaire disait que la plus belle des ruses du
Diable est de vous persuader qu’il n’existe pas. J’ai l’impression pour
ma part que son chef-d’œuvre est d’avoir persuadé le monde que l’islam
est une religion de barbares.
Le Prophète Muhammad a dit :
« L’islam est apparu au début comme quelque chose d’étrange, et il redeviendra une chose étrange. »
Making of
Ce texte nous est arrivé par e-mail dans la
soirée du 26 novembre. Après discussion avec son auteur, nous avons
choisi de le publier parce que de telles paroles sont trop rares dans
l'espace public et nous semblent devoir être entendues, particulièrement
aujourd'hui. Les intertitres sont de la rédaction.
Xavier de La Porte
Eh bien 1500 ans plus tard, cette parole prophétique se confirme.
Ainsi, lorsque je marche dans les rues de Paris et
que l’on murmure à la vue de ma barbe, je me sens comme ces bourreaux de
jadis, l’utilité en moins, qu’on ne pouvait croiser sans ressentir un
frisson d’horreur. Ces regards noirs, ces commentaires hostiles que
j’entends ici et là, m’accompagnent quotidiennement comme un ulcère
qu’on n’a plus la force de soigner.
Voici donc un témoignage, une bouteille jetée à la
mer, une main tendue à qui voudra, puisque désormais, les chiens ne se
contentent plus d’aboyer, mais mordent lorsque la caravane passe, et
qu’en tant que musulman pratiquant, Arabe de sexe masculin, j’incarne le
mal absolu en France et dans le reste du monde.
Ce qu’être salafi veut dire
Je m’appelle Faouzi, mais je pourrais aussi
m’appeler Nadia, Claire ou Nicolas, tous musulmans à tendance salafi ou
wahhabite, et tous ayant suivi leurs études dans le système scolaire
français.
Tout d’abord, que signifie être salafi ? Le terme
musulman devrait suffire, me direz-vous, mais les sectes en islam
pullulant, il était devenu vital pour ceux qui désiraient suivre le
Coran et la tradition prophétique de manière véridique, de se distinguer
d’autres courants aux allégations malhonnêtes – nous y reviendrons plus
loin.
Ainsi, être wahhabite ou salafi, c’est être
musulman, comme au temps du Prophète. Celui-ci nous ayant prévenu que
seuls ceux qui suivraient ses pas seraient sauvés, nous n’accordons
d’importance qu’au Coran, aux paroles du Messager d’Allah et à celles de
ses Compagnons et ceux qui suivirent, sur deux générations : les Salaf
(prédécesseurs). Il s’agit d’être au plus près de la source, pour ne pas
dévier.
En France, le religieux crispe
A l’instar des ultra-orthodoxes de la communauté
juive, nous pourrions aussi, au lieu du terme salafi, prendre
l’appellation de musulmans orthodoxes, dans le sens où nous souhaitons
vivre pleinement notre religiosité, dans nos cœurs, nos paroles et nos
actes, notre alimentation, notre vêture, bref, dans notre rapport au
monde. Chez nous, point de schizophrénie entre sphère privée et
publique : là où il n’y a pas Dieu, il y a le Diable.
Je le sais : en France, pour des raisons historiques
remontant à la déchristianisation après la Révolution, le religieux,
lorsqu’il s’extériorise, fait une tribune, crispe. Le catholicisme a été
en grande partie vidé de sa substance, le coup de grâce ayant été donné
par Vatican II. Il ne reste plus que la crèche à Noël, le sapin, les boules quoi !
Le peu de fois où j’ai croisé des bonnes sœurs, j’ai
ressenti comme un élan de sympathie, elles qui dans leur habillement,
leur rapport à Dieu et le renoncement à ce monde, ressemblent aux
musulmanes d’ici et d’ailleurs.
Malheureusement, les seules personnes non musulmanes
pouvant nous comprendre se trouvent dans des couvents et sont peu
audibles dans les médias, le catholicisme, dans l’Hexagone du moins,
n’étant plus qu’une coquille vide. Dans d’autres démocraties cependant,
et pas la moindre, la plus grande, je remarque qu’amish et mormons
vivent leur foi sans être sans cesse stigmatisés.
Je condamne ces fous furieux
Vous me répondrez : ceux-ci ne tuent pas des innocents dans des salles de concert.
C’est vrai, mais j’ai dit que j’étais salafi, un
musulman orthodoxe, et pas un kharijite takfiriste. Je l’écrivais au
début de cet article, il est important de se distinguer, surtout de ces
meurtriers. Le problème voyez-vous, c’est qu’eux aussi se considèrent
comme salafi, d’où la nécessité, à mon sens, de changer de nom pour
qu’il n’y ait pas confusion. Assurément, je condamne ces fous furieux
qui appartiennent à une secte déviante, et que le Prophète a nommé
« chiens de l’Enfer ».
Ce mal n’est pas nouveau dans l’histoire des
musulmans. Le quatrième calife, Ali, les a combattus, eux qui bien
souvent sont plus habités par une soif de carnage que par la foi et qui,
face à une argumentation solide, n’ont d’autre réponse que l’anathème.
Toutefois, mes avis étant plus nuancés qu’un
« j’aime » sur Facebook, je n’oublie pas aussi, afin d’être juste sans
justifier l’injustifiable, que les populations arabes et sunnites sont
abandonnées en Irak et en Syrie, aux mains de milices chiites qui
pillent, violent et tuent, et qu’aucune coalition ne les protège, à part
ces individus.
Je trouvais ces combattants courageux quand ils
s’attaquaient à Bachar el-Assad et ses sbires, du moins au début de la
révolte syrienne, lorsqu’on ne savait pas trop à qui on avait affaire.
Puis l’horreur éclata au visage du monde, des images sales, écœurantes.
La fin en islam, mes frères, ne justifie pas les moyens. C’était à vomir
de rire, une sorte d’extension de la banlieue dans le domaine syrien.
Je les voyais parader sur des vidéos, comme des rappeurs de gangsta rap
avec leurs flingues sur fond de chants religieux, décapitant et brûlant
des innocents.
Nous sommes les Jedi, eux les Sith
Devinez quoi ? Pour ces égarés, moi qui crois au
Dieu unique, qui prie, qui jeûne, qui porte barbe et djellaba, je suis
aussi bon à abattre qu’un alcoolique adorateur du Diable, parce que je
crois que tout musulman doit obéissance au gouverneur, fut-il pervers,
et qu’eux considèrent qu’il n’y a aucun dirigeant musulman sur terre, à
l’exception de leur calife.
M’est avis que s’ils avaient connu mon opinion et
que je m’étais trouvé au Bataclan, tous les tires se seraient concentrés
sur ma personne, car nous sommes ceux qui les combattons le mieux sur
le terrain idéologique, et qu’ils nous détestent.
Pour ceux qui n’auraient pas trop compris, histoire
de mettre une touche d’humour dans ce sujet grave, nous sommes les Jedi,
eux les guerriers Sith, des frères ennemis, notre Force est une foi
saine, la leur, une pulsion déviante et meurtrière qui ne se nourrit que
d’émotion, et surtout pas de lecture et de méditation.
Je ne suis cependant pas naïf, le fait de condamner
clairement le terrorisme takfiriste ne me rend pas plus aimable
malheureusement aux yeux de mes concitoyens. Le mal est plus profond en
France : on casse du niqab comme on a cassé du curé, Dieu peut être
présent mais pas trop. Le prosélytisme agace, qu’il vienne d’un musulman
ou d’un témoin de Jéhovah.
L’islam folklorique importé du bled
Ce salafi donc, ce musulman orthodoxe que je suis, a
reçu ses bases à l’école française. La France, pays de Descartes, m’a
permis de faire la différence entre un islam farci de légendes et
l’islam authentique, celui du Prophète et de ses Compagnons, et dont la
finalité n’est autre que le paradis.
Car oui, je crois qu’après la mort, il n’y a que
deux destinations. J’y crois dur comme fer, une croyance absolue, qui
conditionne ma manière de vivre. Croyez-moi, lorsqu’on lit les
descriptions de l’enfer et du paradis, l’on devient très motivé à éviter
l’un et à rejoindre l’autre. Prier cinq fois par jour, jeûner un mois,
payer l’aumône légale vous semblent peu cher payé.
Dans un premier temps, il a été facile de constater
que l’islam pratiqué par les papas et les mamans du bled était très
suspect. M’étant tourné vers ma religion à l’âge de 20 ans, j’avais
grandi dans une famille où l’on buvait de l’alcool, mais où on se
refusait de manger du non-halal, où l’on ne priait pas, mais où on
respectait strictement le mois de jeûne du ramadan, où l’on invoquait
des saints tout en proclamant qu’Allah était le plus grand. Un islam
folklorique et sympathique en somme, débordant de pâtisseries au miel
durant le mois de ramadan, où légendes, polythéisme et paroles
prophétiques se mélangeaient.
Cet islam donc, importé du bled par des parents peu
scolarisés, fut rapidement contredit à la lumière des premiers ouvrages
que je me procurais, et dont le premier, l’essentiel, le Coran, fut un
choc pour moi. Le nom de Moïse y était plus présent que Muhammad, les
menaces et les promesses ne laissaient aucune alternative.
Musique et folles soirées d’ivresse
J’avais à cette époque mon joint en bouche, la
musique rythmait mes jours et mes nuits, mes études en faculté étaient
ponctuées par de folles soirées d’ivresse et l’athéisme était ma
religion. Je n’avais jamais jeûné, même pour faire plaisir à ma mère,
l’instruction que j’avais reçue au lycée puis à la Sorbonne m’avaient
donné une assurance et une arrogance teintées de condescendance
vis-à-vis des religions.
Lorsque je me suis intéressé aux croyances de mes
aïeux à travers des ouvrages bien documentés, je compris vite que les
mains de Fatma, ces noms de soi-disant saints que l’on invoquait à tout
va, n’étaient que des pratiques plus proches du polythéisme que de
l’islam. Sans barbe et sans djellaba, je me mis à accomplir mes cinq
prières par jour, tournant mon visage vers la Mecque, le dos à mes
petites copines, et à la drogue douce. On me considérait alors, comme un
musulman pondéré, moderne, loin des extrêmes.
Cependant, mes parents, comble de l’ironie, voyaient
certaines de mes pratiques comme des innovations religieuses, alors
qu’elles apparaissaient clairement dans le Coran et la tradition
prophétique. Eux qui ne connaissaient de l’islam que quelques sourates
courtes et qui, du fait, de leur connaissance relative de l’arabe
littéraire, pensaient bien maîtriser leur religion, tombaient des nus
lorsqu’on leur disait qu’égorger un mouton sur la tombe de Sidi Abd
As-Salâm pour favoriser la fécondité était un acte polythéiste, très
éloigné de la religion de Muhammad.
Mon père me disait alors :
« C’est l’islam qu’on vous a appris en France, ça ! C’est pas le vrai islam ! »
Un jour, à Argenteuil...
Les années passèrent, ma pratique était toujours
aussi sérieuse, j’écoutais de la musique car légiférée selon moi, et
fumais une clope de temps à autre, tout en discutant sans chaperon, dans
le cadre du mariage, avec des musulmanes dans des restos parisiens.
Je croisais parfois des barbus dont je me méfiais
instinctivement. Il me semblait que leur pratique rabaissait la mienne,
sachant au fond de moi toutefois, sans vouloir me l’avouer, que leur
direction était la bonne, mais qu’elle serait trop difficile à assumer
pour le moment.
Un jour cependant, j’assistai à Argenteuil à une
conférence tenue par deux savants venus du Moyen-Orient. C’était au
début des années 2000, et c’était la première fois que j’entendais
parler de la salafyia. Leur discours, en clair, était qu’on ne devait
accorder de l’importance qu’au Coran, qu’aux paroles du Prophète et de
ses Compagnons qu’à travers des preuves authentiques tirées de ce
corpus.
Quoi de plus normal pour un musulman, me
direz-vous ? C’était bien là le problème : cette évidence, qu’aucun
universitaire formé à l’école cartésienne n’aurait pu rejeter, que
dis-je, qu’aucun musulman honnête n’aurait pu mettre en doute, était
sournoisement combattue et rejetée par certains de mes coreligionnaires.
Ainsi, j’appris durant cette conférence qu’écouter
de la musique était interdit, et cela me brisa le cœur. Cet avis ne
pouvait venir que d’une secte déviante, que d’extrémistes ! Cependant,
ma recherche faite, moi qui avais une formation d’historien, me prouva
rapidement que cet avis était très majoritairement reconnu par les
savants musulmans, et que les preuves tirées de la tradition prophétique
étaient nombreuses.
Combat entre mes passions et ma foi
Pareil sur le fait de porter la barbe sans la
tailler à l’exception des moustaches. Les preuves étaient si claires
qu’il me semblait que seule une personne très malhonnête pouvait ne pas
être d’accord.
Arriva alors ce moment critique, ce combat entre mes
passions et ma bonne foi. J’avais déjà gagné le premier round, le plus
important, qui avait consisté à reconnaître qu’Allah seul était digne
d’être adoré, et que Muhammad était son Prophète, mais aussi à prier, à
jeûner, partir en pèlerinage à la Mecque, et payer l’aumône légale.
Le second round tendait vers la perfection
religieuse et, d’un autre côté, allait me couper d’avantage de la
société française. Je ne badinerai plus avec plus aucune femme, ne les
saluerai plus que de la tête, je porterai, quitte à paraître ridicule
aux yeux d’ignorants, des pantalons larges qui remonteraient au-dessus
des chevilles, ne fumerai plus... « Mais ce sont des broutilles ! Des
épluchures ! », s’écrièrent certaines de mes connaissances. « Ces
épluchures, mes frères, le Prophète ne les a pas négligées. Que serait
ce fruit qu’est la foi sans ces épluchures ? », me fatiguais-je à
répéter.
De plus, le paradis ayant plusieurs degrés, je
désirais multiplier mes actes de piété pour baigner avant tout dans ce
bien-être que seule une adoration sincère et abondante pouvait vous
procurer, et comptais atteindre, avec l’aide d’Allah, les plus hauts
sommets de l’eden. Je m’étais fait à l’idée que parfois, pour plaire à
Dieu, il fallait déplaire aux hommes. Du reste, que sont quelques années
de bagne face à une éternité de bonheur ?
Des ouvrages de Rimbaud et Verlaine mis aux enchères à Sotheby’s à Paris, le 14 décembre 2010 - BERTRAND GUAY/AFP
Le Prophète et Rimbaud
Cela ne s’arrêta pas à la barbe, la musique, ou la
manière de s’habiller. C’était un retour au monothéisme pur, aux actes
et paroles du Prophète, sans saint, ni gourou pour déformer ce message
originel, quelque chose de très raisonnable en somme, pour un musulman
du moins. Je voyais bien que des savants comme Ibn Taymiyya, ou Muhammad
Ibn Abd Al-Wahhab, loin d’avoir inventé une prétendue nouvelle doctrine
rigoriste, ne disaient rien d’autre que de suivre le Coran et la
tradition prophétique de Muhammad telle que la comprenaient ses
Compagnons. Qui, mieux que Rimbaud, pour expliquer son œuvre ? Et qui de
plus compétant après lui que Verlaine ?
Je comprenais enfin que ce rigorisme prétendu, que
tout le monde avait en bouche lorsque l’on parlait du wahhabisme, était
sans fondement. C’était l’islam tel qui nous avait été enseigné par
notre Prophète qui était rigoureux, du moins pour ceux dont la foi était
faible. Dans un monde où les âmes, noyées de loisirs, n’avaient plus le
temps de se recueillir, même aux toilettes, je comprenais que des
individus priant cinq fois par jour, et jeûnant tout un mois, ne
pouvaient apparaître que comme des fanatiques. Ajoutez à cela un grand
voile noir ou une barbe...
Je n’avais pas cependant l’impression d’être un
extrémiste, j’étais bien loin de l’ascétisme pratiqué par les anciens.
Je me disais, afin de m’expliquer ces regards hostiles, que pour une
limace, l’escargot avec sa carapace doit apparaître comme un être
incroyablement solide.
On ne hait pas ce qui nous a bercés
Du reste, je ne devins pas un musulman orthodoxe du
jour au lendemain. La barbe, à mon goût, ne faisait pas partie de la
perfection au masculin, et la musique me semblait trop envoûtante pour
l’abandonner tout de go. Je reconnaissais cependant bien volontiers le
caractère obligatoire de l’un, et le caractère illicite de l’autre. Je
comprenais que la salafiya appartenait à la logique, au bon sens, et que
les autres tendances comme le soufisme entre autres, où l’on doit être
affilié à un maître, et où des transes mystiques avaient pris le pas sur
des piliers de l’islam, était loin de la religion originelle pratiquée
par les premiers Compagnons.
Cela, grâce à la rigueur scientifique que m’ont
enseignée mes professeurs, grâce à l’école de la République, et je la
remercie, sans ironie, du fond du cœur.
Cette autre légende aussi, dont abusent certains
politiciens pour masquer leur incurie, qui voudrait que nous haïssions
l’Occident et sa culture, alors que nous y avons baigné, me fait
doucement rire. Il faudrait un cœur vierge et sain pour détester les
dérives, et non pas les valeurs de l’Occident. Comme si la liberté chère
aux Bédouins, l’égalité que l’on retrouve entre les rangs des fidèles
dans les mosquées et la fraternité de la oumma étaient des étrangetés
pour les musulmans.
Nous donc, wahhabites de France et de Navarre, qui
fredonnons de temps à autre des airs de funk sous la douche, et dont la
culture cinématographique et musicale est, à notre plus grande honte,
plus grande souvent que notre culture islamique, nous n’avons pas la
force d’haïr ce qui nous a bercés. Nous évitons ces péchés que sont pour
nous l’alcool, le tabac, la drogue douce ou la musique, comme on évite
dans la rue une ex qui vous a trompé et causé un chagrin d’amour, voilà
tout.
La haine est exigeante, elle a besoin pour se
nourrir d’un tout autre carburant que la pornographie, l’alcool, ou
l’andouillette ; produits, du reste, que l’on se procure facilement de
nos jours en terre d’islam, et qui suscitent dans ces contrées au mieux
le dégoût, au pire l’indifférence, mais certainement pas la haine.
Croit qui veut, mécroit qui veut
Pareillement, cet autre délire : les conversions de force.
Même si je souhaite le bonheur pour tout le monde,
c’est-à-dire l’islam, je ne parle qu’à ceux qui veulent m’écouter,
j’évite d’être lourd quand on discute religion, ne m’emporte pas quand
j’ai affaire à des contradicteurs honnêtes. Je considère que l’islam se
mérite, on ne le présente pas comme un mendiant présente sa main.
Bref, croit qui veut, mécroit qui veut, même si
parfois, l’enfer étant une réalité, j’ai de la peine pour certains
athées endurcis, pétris de générosité, de douceur et de bienveillance,
mais à qui il manque l’essentiel : la foi au Dieu unique.
J’ai le même comportement avec certains Maghrébins
qui observent les règles de l’islam comme ils observent les étoiles : de
loin. D’autant plus que cela concerne souvent une mère, un père, une
sœur ou un cousin. Si tu pratiques, tant mieux pour toi, si tu ne
pratiques pas, tant pis pour toi, voilà tout.
Je ne te cracherai pas à la gueule
Je serai toujours présent et disponible si tu
souhaites un éclaircissement, une réponse. Je le disais plus haut, la
haine est exigeante, et je n’ai plus assez d’énergie pour l’alimenter,
moi qui suis tant blasé. Je ne te cracherai pas à la gueule, ne
t’insulterai pas, toi le faux frère qui, après avoir tourné le dos à
l’islam, le piétine avec plus de hargne qu’un identitaire, souhaite sa
disparition, et qui, parfois, malgré ses efforts, se fait traiter de
sale Arabe.
Enfin, concernant les musulmans suivant d’autres tendances, je leurs dis :
« Si vous pensez que j’ai tort, apportez-moi vos preuves religieuses, pas vos ressentis, et s’il s’avère que vous avez raison, je le reconnaitrai et vous suivrai, car je suis toujours humble face à la vérité, même si là où vous voyez de la lumière, je ne vois que des ombres. »
Enfin, puisqu’il faut conclure, et même si j’aurais
pu écrire encore des centaines de pages à ce sujet, je le répète, le
clame, le chante, moi qui, quoi que je dise, ne peux avoir aux yeux de
certains qu’une nationalité et un discours double, que toute personne
tuant des innocents doit être jugée et condamnée, qu’elle soit athée ou
musulmane.
Le pire, c’est que j’aime ce pays
Par contre, je souhaite vivre comme je l’entends, à
ma manière orthodoxe. Il existe des solutions pour ne pas outrepasser le
cadre légal, mon vrai but étant cependant de quitter la France pour une
terre d’islam. Dans l’Hexagone, des écoles privées existent pour les
enfants musulmans.
Vous ne me verrez dans aucune entreprise publique ou
privée, je suis mon propre patron, je prie aux heures légales, sans que
personne ne m’en empêche, car prier au boulot en France passe plus mal
que fumer une clope entre deux dossiers.
Le pire, voyez-vous, c’est que j’aime ce pays. Ma
banlieue, aussi grise et sale qu’elle soit, m’est plus précieuse que le
quartier latin pour un Parisien. Je ne serai intégré qu’économiquement –
à vrai dire, pour le grand capital, c’est le plus important, non ?
Je mange du camembert et lis Flaubert
Et pourtant, je ne suis pas non plus une sorte de
Bédouin dans la ville, je parle français, je rêve en français, je
connais les codes, les gauloiseries les plus grasses. M’est avis qu’avec
un dirigeant comme Napoléon – le grand, pas le petit –, j’aurais...
Imaginez donc : je salue ma boulangère, supporte
l’équipe de France et le PSG, aide les grands-mères à porter leur cabas,
lis Gustave Flaubert, mange du camembert et, surtout, ne souhaite tuer
personne. Rien qu’avec ça, j’ai l’impression de plus participer à la
cohésion de ce pays que certains qui, bien que prônant la mixité
sociale, refusent de voir s’installer dans leurs beaux immeubles
parisiens des voisins aux origines africaines.
Mais ne craignez rien, je resterai, avant de voler
vers d’autres cieux, dans ma banlieue chérie, avec ceux qui me
ressemblent et ne frissonnent pas à ma vue. Après tout, certains juifs
orthodoxes vivent de cette manière en France, sans que cela ne gêne
personne.
Un droit à l’indifférence
Croyez-moi, je ne recherche ni sympathie, ni pitié,
je ne veux, à travers cet article, que vous ouvrir quelques minutes les
portes de mon cœur saignant, histoire de voir que chez moi aussi, on
arrose des fleurs, on pleure, on rit. C’est un droit à l’indifférence
que je réclame, voilà tout.
Merci à toi, ô école de la République, de m’avoir
fait découvrir Emile Zola, mais merci surtout, de m’avoir offert ces
précieux dons que sont la logique et le sens de l’analyse, qui m’ont
permis de démasquer cet obscurantisme qu’est l’islam des légendes, et
m’ont mené vers cette lumière qu’est l’islam des origines : le
wahhabisme.
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