mardi 19 mai 2015

FONDANT AU CITRON

Photo de recette gateau.
FONDANT AU CITRON
 
FONDANT AU CITRON
150 gr de beurre mou
150gr de sucre semoule
4 œufs
200gr de farine
1 sachet de levure
1 citron
1 yaourt.


Préparation:
Dans un saladier, travailler le beurre mou avec le sucre
Ajouter les œufs, et le yaourt et mélanger
Râper le citron et l'ajouter au mélange avec le jus de citron
Ajouter la farine et la levure.Mélanger
Verser dans un moule beurré .
Mettre au four, 180°, 30mn.

lundi 18 mai 2015

L’effarant témoignage d’enseignants confrontés à la misère de leurs élèves

L’effarant témoignage d’enseignants confrontés à la misère de leurs élèves


À l’école Valmy du Havre, les professeurs observent que, pour beaucoup de parents, « la fin du mois commence le 10, les gens mettent des T-shirts dans les trous du plancher pour que les rats ne rentrent pas, certains enfants nous disent : à quoi ça sert d’apprendre, plus tard je serai chômeur ».
Dans son rapport sur la « grande pauvreté et réussite scolaire » publié ce mardi, une enquête menée dans dix académies, Jean-Paul Delahaye, l’ancien directeur général de l’enseignement scolaire formule 68 recommandations. Mais c’est d’abord la multitude de témoignages bouleversants des professeurs confrontés de plein fouet à cette misère que l’on retient. Une situation aggravée par la crise économique.
En France, sixième puissance économique mondiale, 1,2 million d’enfants, soit un enfant sur dix, sont des enfants de familles pauvres. Une famille est considérée comme pauvre quand son revenu mensuel est inférieur à 1739 euros (soit la moitié du niveau de vie médian) pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans, explique le rapport. En voici quelques extraits.
Des élèves qui ont faim, qui volent des goûters, qui font des réserves de pain
Dans des écoles de Stains (Académie de Créteil), on explique que « pour un enfant, une matinée le ventre vide jusqu’à 12h30, c’est long et cela peut compromettre l’investissement de l’élève dans son travail scolaire ; malgré le coût des repas réduits, pour certaines familles, c’est encore trop, les enfants ne mangent pas à la cantine mais ne mangent pas correctement chez eux ».
Même constat à Nancy et à Maxéville ou à Arras où « des enfants ont faim et l’expriment spontanément ou se manifestent par des vols réguliers de goûters. Certains énoncent spontanément le fait de ne pas avoir déjeuné le matin. Face à certaines situations et difficultés observées, la directrice invite les familles à inscrire l’enfant à la cantine (prix du repas 70 cts d’euros) en utilisant des moyens de contournement et promouvant le fait d’être avec ses camarades ».
Dans une cité scolaire de Metz, les impayés de cantine se montent à 15 000 euros pour plusieurs dizaines de familles et le nombre, dit un proviseur, a triplé en 10 ans. Les enseignants d’une école de la Somme en éducation prioritaire remarquent que « les régimes « mono-aliment » sont souvent révélateurs d’un grand état de pauvreté.


L'effarant témoignage d'enseignants confrontés à la misère de leurs élèves


La France compte 1,2 million d'enfants vivant dans la précarité.
Des enfants sans chaussettes l'hiver, qui dorment dans des squats, ne mangent pas à leur faim... Un rapport dévoilé ce mardi raconte la détresse à laquelle sont souvent confrontés les professeurs.
À l'école Valmy du Havre, les professeurs observent que, pour beaucoup de parents, «la fin du mois commence le 10, les gens mettent des T-shirts dans les trous du plancher pour que les rats ne rentrent pas, certains enfants nous disent: à quoi ça sert d'apprendre, plus tard je serai chômeur».
Dans son rapport sur la «grande pauvreté et réussite scolaire» publié ce mardi, une enquête menée dans dix académies, Jean-Paul Delahaye, l'ancien directeur général de l'enseignement scolaire formule 68 recommandations. Mais c'est d'abord la multitude de témoignages bouleversants des professeurs confrontés de plein fouet à cette misère que l'on retient. Une situation aggravée par la crise économique.

En France, sixième puissance économique mondiale, 1,2 million d'enfants, soit un enfant sur dix, sont des enfants de familles pauvres. Une famille est considérée comme pauvre quand son revenu mensuel est inférieur à 1739 euros (soit la moitié du niveau de vie médian) pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans, explique le rapport. En voici quelques extraits.

Des élèves qui ont faim, qui volent des goûters, qui font des réserves de pain

Dans des écoles de Stains (Académie de Créteil), on explique que «pour un enfant, une matinée le ventre vide jusqu'à 12h30, c'est long et cela peut compromettre l'investissement de l'élève dans son travail scolaire ; malgré le coût des repas réduits, pour certaines familles, c'est encore trop, les enfants ne mangent pas à la cantine mais ne mangent pas correctement chez eux».
Même constat à Nancy et à Maxéville ou à Arras où «des enfants ont faim et l'expriment spontanément ou se manifestent par des vols réguliers de goûters. Certains énoncent spontanément le fait de ne pas avoir déjeuné le matin. Face à certaines situations et difficultés observées, la directrice invite les familles à inscrire l'enfant à la cantine (prix du repas 70 cts d'euros) en utilisant des moyens de contournement et promouvant le fait d'être avec ses camarades».

Dans une cité scolaire de Metz, les impayés de cantine se montent à 15 000 euros pour plusieurs dizaines de familles et le nombre, dit un proviseur, a triplé en 10 ans. Les enseignants d'une école de la Somme en éducation prioritaire remarquent que «les régimes «mono-aliment» sont souvent révélateurs d'un grand état de pauvreté.
Des témoignages de chefs d'établissement signalent que certains élèves prennent beaucoup de pain à la cantine le vendredi, afin de faire des réserves pour le week-end. Dans cet établissement de l'Académie de Grenoble, «des repas copieux avec féculents sont servis le lundi car beaucoup d'élèves ne prennent pas de repas structuré le week-end et le jeudi car l'existence d'un forfait 4 jours fait que certains élèves n'ont pas de repas structuré du mardi midi au jeudi midi. Les rations servies ces jours sont importantes et il n'y a guère de restes».

Ces quartiers de «non blancs»

Dans une école du centre de Saumur, qui accueille une forte proportion d'élèves de familles demandeurs d'asile, d'allophones et de gens du voyage, les enseignants décrivent ainsi leur situation: «Il n'y a plus de mixité ici, on est dans un autre monde». Comme le précisent les personnels d'écoles visitées au Havre, les familles d'ouvriers «ont peu à peu quitté le quartier, laissant la place à des familles en plus grande détresse sociale: femmes seules avec un ou plusieurs enfants et immigration. Il nous semble que le quartier s'est paupérisé lors des quinze dernières années. Actuellement certains de nos élèves vivent dans des squats sans eau, sans électricité ; une autre partie de la population vit dans des logements insalubres. La destruction du foyer Sonacotra et l'arrivée massive dans des squats de familles non francophones nous a fait perdre certains élèves issus d'une immigration traditionnelle remplacée par une immigration clandestine et l'arrivée d'immigrés issus de pays européens en crise».
Les ghettos sont aussi ethniques, comme dans des écoles des quartiers nord de Marseille où les seules personnes non issues de l'immigration sont essentiellement les personnels de l'éducation nationale. Si l'on considère divers quartiers dont nous avons une connaissance directe, on observe en effet dans les rues, les écoles, les centres sociaux, les commerces, les transports qu'une large part de la population est d'origine immigrée, et/ou composée de «non-Blancs». Cette réalité, trop souvent sous-estimée par une partie des élites et des sociologues, est toutefois omniprésente dans l'expérience et le discours des habitants des cités. Un tel décalage participe ainsi au sentiment de ces derniers d'être parqués dans des «ghettos».

La précarité des conditions de logement: marchands de sommeil, locaux insalubres…

Dans une ville de Seine-Saint-Denis, les enseignants observent comme indices de pauvreté: «les adresses communes à plusieurs familles, les factures de cantine, l'absence de papiers, des difficultés à se tenir aux horaires de rentrée. On trouve des situations irrégulières (squat de marchands de sommeil, sous location, locaux insalubres…).
Dans un collège de Thionville, «plusieurs familles qui sont originaires d'un même pays résident à la même adresse,jusqu'à 22 personnes dans un F2».
Comment un enfant peut-il bien apprendre à l'école quand il est hébergé à l'hôtel avec 6 personnes de sa famille dans une pièce de 15m2? La plupart de ces hébergements collectifs peuvent être considérés comme surpeuplés et privés de confort. Par exemple, dans 21 % des cas, il n'est pas possible de cuisiner ni dans les parties privatives ni dans les parties collectives de l'hébergement. Quelque 41 % de ces enfants doivent partager le même lit qu'un de leur parent.

L'école comme refuge

Cet exemple dans une école de l'académie de Créteil est révélateur: «Pas d'absentéisme,mêmes malades les enfants viennentcar ils vivent dans de meilleures conditions d'accueil à l'école que dans leur logement: Il y a un lieu d'accueil près du bureau du directeur avec un lit pour les deux écoles». L'école est devenue un refuge. Les écoles d'Aulnay-sous-Bois le vivent quotidiennement: «L'école est devenue le seul service public dans certains quartiers. Il y a une méconnaissance des services sociaux. Les familles trouvent refuge à l'école, en premier lieu car ils «ont confiance». L'école est à leurs yeux le service de proximité en capacité de leur fournir une aide adaptée. Ils n'osent pas ou plus pousser la porte du service social car il y a trop souvent des craintes (dues à une méconnaissance de ce service): placement des enfants, expulsion…».

Des problèmes de santé

Des enfants et des adolescents de familles en situation de précarité ont des problèmes de santé non résolus et de très grandes disparités existent dans l'accès aux soins. Parmi les innombrables témoignages, celui d'une principale d'un collège de Seine-Saint-Denis: «Nous constatons que de nombreux enfants n'ont aucune hygiène de vie: pas de petit déjeuner, peu de sommeil (10 % arrivent en retard le matin), un manque d'hygiène corporelle, aucune activité physique (plus d'un quart de nos élèves sont en surcharge pondérale)».
Dans les écoles REP du Havre visitées par la mission, 40 % des caries dentaires ne sont pas soignées. Les médecins de l'Éducation nationale et les infirmières témoignent que le lundi est un jour très chargé car les jeunes viennent se faire soigner à l'école, n'ayant pu le faire le week-end. En zones urbaines comme en zones rurales, on est «souvent dans l'urgence, on oriente vers». En outre, ces familles, sans ressources, n'ont pas souscrit de mutuelle et sont souvent dans l'impossibilité de faire face à l'achat de lunettes, aux soins dentaires.

Des enfants sans chaussettes et parfois sans chaussures

Les services de la vie scolaire des établissements de l'académie de Nancy-Metz repèrent les enfants en état de grande pauvreté à plusieurs signes. «Les absences/retards, les bourses, le recours aux fonds sociaux (mais aussi de cantine), les impayés. L'aspect vestimentaire dégradé ou inadapté aux saisons, l'hygiène et la santé. Il est également question des informations liées à des déménagements fréquents et/ou à des changements récurrents de coordonnées.
Outre l'absence et le mauvais état du matériel scolaire, la difficulté voire l'impossibilité à obtenir une attestation d'assurance scolaire peut aussi être significative. Le comportement global d'un élève peut également constituer un indicateur: son isolement par rapport aux autres, mais aussi son inhibition voire sa visible tristesse.
Une équipe d'école maternelle de Seine-Saint-Denis le confirme, «les vêtements de remplacement (distribués en cas de fuite urinaire ou souci gastrique) ne sont pas restitués par les familles» mais conservés et utilisés comme vêtement principal, et «le repas pris à la cantine constitue souvent le seul apport nutritionnel de la journée. De nombreux enfants viennent à l'école sans chaussettes et parfois sans chaussures (chaussons) même en hiver».

Propositions du rapport

Pour remédier à «l'incompréhensible effondrement des crédits destinés aux fonds sociaux» observé sur le terrain, divisés par deux en dix ans, Jean-Paul Delahaye préconise d'augmenter et de sanctuariser les fonds sociaux des établissements scolaires à leur niveau de 2001 (70 M€) afin de «réduire l'impact des difficultés rencontrées par les enfants des familles pauvres et faciliter ainsi leur vie quotidienne à l'école».
L'ancien directeur général de l'enseignement scolaire, artisan de la réforme sur les rythmes scolaires menée par Vincent Peillon accuse le système scolaire: «Si, en dépit des réformes conduites , les inégalités sociales pèsent encore autant sur ledestin scolaire de la jeunesse de notre pays , c'est que l'échec scolaire des plus pauvres n'est pas un accident. Il est inhérent à un système qui a globalement conservé la structure et l'organisation adaptées à la mission qui lui a été assignée à l'origine: trier et sélectionner.»
Il examine les marges de manœuvre budgétaires à explorer pour «engager un effort supplémentaire de solidarité» et propose par exemple de «réaffecter une partie des économies réalisées» par la suppression du redoublement au financement «d'actions pédagogiques d'accompagnement des élèves les plus en difficulté».
Il suggère de concentrer les moyens disponibles en direction des écoles primaires, de mieux doter les collèges et lycées qui accueillent des élèves en difficultés sociales. Et de diminuer les effectifs des classes des écoles primaires et ses collèges en REP +, ceux qui accueillent le plus d'enfants en difficulté.

par Nolwenn Weiler 30 mars 2015

Pourquoi tous les gouvernements échouent à réduire la présence des pesticides



Réduire de moitié l’usage des pesticides : telle est l’ambition affichée par les ministres de l’Agriculture depuis une décennie. Pourtant, le recours à ces produits toxiques et cancérogènes ne cesse d’augmenter. Malgré les discours sur « l’agriculture raisonnée », malgré la progression des cultures bio, malgré l’effort des consommateurs qui achètent de plus en plus de produits sans pesticides, malgré les résultats obtenus par plusieurs agriculteurs qui réduisent drastiquement le recours à la chimie… En cause : le poids de l’agro-business qui freine tout changement d’ampleur. Et l’absence de véritables sanctions contre les fraudeurs qui continuent d’utiliser des produits pourtant interdits. Enquête sur une aberration.
En septembre 2008, le ministre de l’agriculture Michel Barnier présente au gouvernement le plan « Écophyto 2018 » [1]. Élaboré à la demande de Nicolas Sarkozy, dans la foulée du très consensuel Grenelle de l’environnement, le plan est ambitieux : outres la suppression des molécules les plus dangereuses (comme les néocotinoïdes), il prévoit de réduire de moitié l’usage des pesticides. Et Michel Barnier envisage « un nouveau modèle agricole » pour la France. Car le bilan de l’utilisation massive des pesticides commence à peser très lourd : pollutions généralisées des rivières, risque de cancers et de maladies neurologiques pour ceux qui les utilisent ou les ingurgitent, menace sur la biodiversité, les « produits phytosanitaires » sont la source de nombreux maux. Las, six ans et 361 millions d’euros plus tard – le budget du plan Ecophyto (formations d’agriculteurs, dispositif de surveillance...) –, rien n’a changé.

Ou du moins, pas grand chose. L’un des seuls points positifs est la mise en place d’un indicateur, le nodu (pour NOmbres de Doses Unités), qui permet de quantifier la consommation de pesticides. Calculé à partir des données de vente des distributeurs de produits phytopharmaceutiques, le nodu a pour mission de « vérifier la diminution effective de l’utilisation des pesticides ». Mais ce qu’il a mis en évidence c’est… une augmentation de 5% par an de la consommation de produits phytosanitaires entre 2009 et 2013, avec un pic à 9,3% en 2013 ! Aujourd’hui comme hier, la France reste le premier consommateur de pesticides en Europe et le troisième au niveau mondial.

Le poids du lobby agro-chimique

Entièrement basé sur la bonne volonté, « le plan Écophyto a péché par idéalisme, en misant trop exclusivement sur une approche d’incitation au changement de pratiques », souligne le rapport du député PS de Meurthe et Moselle Dominique Potier, « Pesticides et agro-écologie, les champs du possible » [2]. Joël Labbé, sénateur EELV du Morbihan, est plus sévère : « L’objectif était de diminuer la consommation de phytos de 50%. Très bien. Et puis, au dernier moment, les lobbies agricoles ont fait ajouter un « si possible », qui a tout mis par terre [3] ». Pour Jean-Pierre Fonbaustier, agriculteur et membre de la Confédération paysanne, la raison principale de la faillite d’Écophyto est « toute simple » : « Les organismes économiques – coopératives et négoce – n’ont aucun intérêt à ce que le niveau de consommation de produits phytosanitaires se réduise. Il y a une très grosse responsabilité de la filière agricole. »
« Je ne parlerai pas d’échec, tempère de son côté Eric Thirouin, président de la commission environnement de la fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Le fait que les produits les plus dangereux aient été retirés du marché est pour nous un vrai progrès. Nous souhaitons toujours rendre l’objectif de réduction des pesticides possible, mais nous pensons que le nodu ne doit pas être le seul indicateur. On ne peut réduire l’usage sans se soucier des impacts. Et en prenant des précautions, on peut réduire les impacts. » Quel genre de précautions ? Des bidons avec seringues standardisées pour qu’il n’y ait pas de contacts avec le produit au moment de l’application, des buses de précisions pour les pulvérisateurs, des applications électroniques pour mieux gérer les informations météo, etc. « Ces outils de précisions ne réduisent les usages qu’à la marge, et ils maintiennent notre agriculture dans un système très dépendant des pesticides », répond François Veillerette de Générations futures, une ONG engagée dans la lutte contre les pesticides.

Le blé et le colza très gourmands en pesticides

« Si le nodu ne diminue pas, c’est aussi à cause du marché, estime Dominique Potier. Le prix d’achat élevé des céréales et des oléagineux encourage le rendement à tout va. Il y a aussi une responsabilité de la PAC puisqu’on a un système d’aides publiques qui favorise davantage la production céréalière que les systèmes de polyculture et d’élevage. » Or, les grandes cultures, notamment le blé et le colza, consomment environ 70% du total des pesticides épandus en France. Arrive ensuite la viticulture, qui absorbe 20% du total. « Dans les grandes cultures, c’est la course perpétuelle aux nouveaux produits phytos », détaille Jean-Pierre Fonbaustier, lui même producteur céréalier.
« Si on est en monoculture de blé, la pression des maladies est chaque année plus forte puisque les ravageurs s’habituent aux produits et développent des résistances. » Faire tourner les cultures sur une même parcelles, faire des rotations, permet d’éviter ce cercle infernale, en ayant un système agronomique plus robuste. « Mais pour le négoce et les coops, c’est plus simple d’avoir à gérer deux ou trois cultures plutôt que cinq ou six, estime Jean-Pierre le producteur. La taille des coopératives fait partie du problème. Elles ne sont pas dans une logique agronomique et paysanne. »

Changer de modèle : une nécessité

« Écophyto a échoué parce que notre agriculture est restée dans des pratiques et des logiques productivistes et agrochimiques », martèle Joël Labbé. La réduction de l’usage de pesticides n’ira pas sans une reconfiguration des systèmes agricoles. « Il faut sortir du modèle unique d’augmentation de la productivité à l’hectare », dit Jean-Pierre Fonbastier. « On n’est pas obligé de se fier au seul rendement, voire à la seule marge, pour évaluer la réussite de sa ferme, ajoute Bertrand Omon, ingénieur agronome et membre du réseau Écophyto. On peut aussi s’intéresser à sa santé ou à l’impact sur l’environnement. »  Des indicateurs qui ne sont pas pris en compte par le marché... Faire fi du rendement maximum, est-ce la solution ? Oui, si l’on en croit Eric Odienne, agriculteur dans l’Eure. Avec son épouse, Annick Bril, ils sont engagés depuis une dizaine d’années dans la réduction d’intrants sur leurs parcelles céréalières. Ils admettent produire 8 à 10 quintaux de blé en moins, chaque année, que leurs collègues. « Mais avec les économies réalisées en engrais et en pesticides, on retombe sur nos pieds côté revenu. »
Pour arriver à de tels résultats, Eric et Annick ont progressivement modifié leur façon de travailler. Contrairement à ses collègues restés en « conventionnel raisonné », Eric arpente souvent ses champs à pieds, et sans pulvérisateur, pour observer ce qui se passe, et tâcher de comprendre. En ce début de printemps, il évalue le degré « d’invasion » des charançons. Ce petit coléoptère peut provoquer de sacrés dégâts au niveau des tiges. « On surveille les parcelles avec des cuvettes jaunes [une couleur qui attire les insectes, ndlr] placées au-dessus de la végétation à divers endroits. » Certains conseillers agricoles préconisent de traiter dès qu’on en aperçoit deux ou trois dans les cuvettes. Mais tant qu’il n’en trouve pas au moins une vingtaine, Eric Odienne n’intervient pas. « Je prends ce risque. Et la plupart du temps, il ne se passe rien. La difficulté, évidemment, c’est d’apprécier le risque. » C’est aussi tout l’intérêt du métier.

60% de pesticides en moins !

Cinq à six fois par an, Eric et Annick échangent avec un groupe d’agriculteurs engagés dans une même démarche. Il s’agit d’un groupe « Déphy ». Mis en place en 2009, dans le cadre d’Ecophyto, « Déphy » est un réseau de fermes dont la mission est de démontrer qu’il est possible de réduire sa consommation de pesticides sans que les fermes ne sombrent. Rotation des cultures, décalage des dates de semis, réduction des labours... Les 187 groupes qui se sont constitués à travers la France ont expérimenté diverses techniques et méthodes de travail, avec des résultats souvent excellents. Dans le groupe dont Eric Odienne et Annick Bril font partie, les agriculteurs utilisent entre 40 et 60 % de phytos en moins que leurs voisins !
La plupart d’entre eux en sont très contents, et continuent à chercher des solutions pour réduire encore leurs consommations d’intrants. « Ils sont par contre très déçus de constater que le changement ne se fait que chez eux, que cela n’inspire pas le modèle dominant », relève l’ingénieur agronome Bertrand Omon. « Michel Barnier en son temps avait parlé de changement de paradigme. Et bien ce changement n’a pas eu lieu. Il y a des questions qu’on ne se pose jamais. La France exportatrice, par exemple, c’est un postulat. C’est une question qui ne fait pas débat. C’est dommage. Pourquoi ne peut-on pas envisager de produire un peu moins ? »

Le bio, un gisement d’économie de chimie

« Notre obsession, ce n’est pas de produire au maximum, nous recherchons un équilibre sur nos fermes », décrit Stéphanie Pageot, agricultrice et présidente de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab). En 2008, les discours post-Grenelle promettaient 20 % de la surface agricole utile (SAU) en bio pour 2020. Soit une multiplication par dix du nombre d’hectares cultivés avec zéro pesticide. A cinq ans de l’échéance, on en est très loin. « En sept ans, la SAU bio n’a même pas doublé, soupire Stéphanie Pageot. Nous sommes passés de 2,5 à 4%. » Défauts de formation, manque de structuration des filières, difficultés d’accès au foncier pour les jeunes non issus du milieu agricole, manque de soutiens publics … : diverses raisons sont invoquées pour expliquer cet échec. Pourtant, une partie des consommateurs joue le jeu : en dix ans le chiffre d’affaires du marché des produits bio a été multiplié par trois, dépassant les 4,5 milliards d’euros.
« Il faut absolument que des surfaces de grandes cultures se convertissent au bio, insiste-t-elle. La multitude de petits projets qui émergent, bien que nécessaire, ne suffira pas ! » Avec seulement 1,7% des surfaces engagées dans la bio, il est vrai que le potentiel de progression est important. « Nous avons aussi besoin que les crédits alloués à la recherche augmentent. » Plutôt que d’étudier le génome, l’Inra (Institut national de recherche agronomique) pourrait se mettre à l’agronomie, suggère-t-on dans les campagnes... Selon Stéphanie Pageot, la solution au financement de cette politique est toute trouvée : « Il suffit de taxer les phytos ! »

Taxer davantage les pesticides ?

Il existe actuellement une taxation spécifique sur les phytosanitaires : la redevance pour pollutions diffuses. Prélevée sur l’achat de certains produits, elle rapporte environ 100 millions d’euros par an. Son poids dans l’équilibre économique des exploitations est faible. Elle pèse pour environ 3, 5% des dépenses de phytosanitaires et représente environ 0,18% du chiffre d’affaire [4]. Pour 2015, la taxe a été légèrement augmentée. Elle fera rentrer 30 millions d’euros de plus dans les caisses de l’État.
« Il faut arrêter d’ajouter des taxes », proteste Eric Thirouin, de la FNSEA. Côté distribution, on s’indigne aussi de la proposition de l’actuel ministre de l’Agriculture Stéphane le Foll d’imposer des sanctions financières en cas de non atteinte des objectifs de réduction. « Les distributeurs n’acceptent pas d’être seuls à supporter la responsabilité financière de l’atteinte d’un objectif disproportionné dont ils sont loin de détenir toutes les clés », proteste un communiqué commun de Coop de France et de la fédération nationale du négoce agricole (FNA).

Pesticides interdits : les fraudeurs impunis

Taper aux portefeuilles serait la solution selon l’écologiste François Veillerette : « Si on veut que les comportements changent enfin, il faut soumettre ceux qui ne jouent pas le jeu à des redevances importantes. » Il préconise de fixer auparavant « des objectifs de réduction par culture ». Qu’en pense le ministère ? Difficile de savoir. Malgré diverses sollicitations, Basta ! n’a pu avoir personne en ligne. Et le discours officiel manque un peu de clarté. Quel est le lien logique entre la promotion de l’agro-écologie et les facilitations administratives offertes sur un plateau aux éleveurs de cochons souhaitant agrandir leurs exploitations ? Sans parler des menaces de diminution des aides publiques à la bio, annulées in extrémis à la mi-mars.
Ceux qui enfreignent la loi en matière de vente et de consommation de pesticides, sont-ils sanctionnés ? Les contrôles effectués en 2012 et 2013 chez les distributeurs ont révélé un taux de non conformité de 60%. La première cause de non conformité est la détention ou la vente de produits interdits. D’autres tests sont effectués sur des produits agricoles en post-récolte pour vérifier le respect des limites maximale de résidus (LMR) et d’éventuelles substances bannies par la loi. 80% des anomalies repérées lors de ces contrôles concernent des substances interdites. Mais seulement 20% de ces « anomalies » sont sanctionnées par un PV, comptabilise le rapport parlementaire. « Les Procureurs considèrent souvent que d’autres priorités s’imposent à eux et ils classent de nombreux dossiers ou utilisent souvent un simple rappel à la loi », remarque la récente mission parlementaire. Bref : les coupables ne sont quasiment jamais sanctionnés, voire à peine inquiétés, même quand ils sont pris en flagrant délit.

Poisons en liberté

« N’oublions pas, termine François Veillerette, que les produits dont nous parlons sont mis en cause pour leurs graves effets sanitaires par de nombreuses études scientifiques. Plusieurs d’entre eux sont des perturbateurs endocriniens [5] » Un bilan de ces études réalisé en 2013 par le très officiel Inserm, à la demande du ministère de la Santé, a reconnu les conséquences désastreuses pour la santé de la chimie agricole : cancers, maladies neurologiques et troubles de la reproduction. Les agriculteurs et leurs familles en sont les premières victimes. Une association des agriculteurs victimes de pesticides, Phyto-victimes, s’est constituée il y a quelques années. Mais ils ont de grandes difficultés à être entendus.
Il y a quelques jours, plusieurs pesticides ont été classés cancérogènes « probables » ou « possibles » par le Centre international de recherches sur le cancer (Circ). Parmi eux, le célèbre round up, désherbant le plus utilisé en France (lire notre article). Ce classement est « un signal qui doit nous alerter », assure la ministre de la Santé, Marisol Touraine. A propos du round up, elle évoque la « vigilance » du gouvernement avant de renvoyer vers « une évaluation européenne chargée d’évaluer la toxicité du produit ». Précisons qu’une équipe de scientifiques français avait mis en évidence le caractère cancérigène du produit dès 2002 ! La « vigilance » des politiques prend son temps. En attendant, les ventes de pesticides prospèrent. En 2013, le chiffre d’affaire du secteur s’élève à 2,1 milliards d’euros [6].

Changement de saison: Mission détoxination

Changement de saison: Mission détoxination

La-cure-de-détoxination 

La cure de détoxication, permet de nettoyer tout le corps et ses organes ( foie, poumons, reins, vessie et la peau) en éliminant les toxines accumulées et puisées dans l’alimentation et l’environnement.  En effet, entre la pollution, les mauvaises habitudes de vie et l’alimentation qui; pour beaucoup de personnes; est trop industrielle, trop riche en graisses et en protéines, le corps se retrouve surchargé et il a alors du mal à fonctionner de manière optimale. Peuvent ainsi apparaître de la fatigue, des douleurs, mais aussi des problèmes de santé. Une cure de détoxination, est donc un bon moyen pour retrouver un corps sain. Elle peut se faire plusieurs fois dans l’année. Elle est particulièrement intéressante, aux changements de saison et après les fêtes, car c’est à ce moment là, que notre corps emmagasine le plus de toxines. Elle se fait sur une période de 2 jours à une semaine en général, mais peut parfois se prolonger.

Pourquoi une cure de détoxination?

Outre l’élimination des toxines et le fait de nettoyer notre corps et nos organes, une cure de détoxination va avoir de nombreux bienfaits sur le bien-être et la santé:
  • Améliorer le système immunitaire et retrouver de la vitalité.
  • Rééquilibrer la flore intestinale.
  • Retrouver un teint plus joli et une ligne harmonieuse plus facilement.
  • Diminuer le stress, favoriser un meilleur sommeil etc.
Tant de raisons d’essayer la cure de détoxination. Il est préférable de la faire dans une période tranquille, où vous serez plus détendu et serein (weekend, vacances…).
On va alors: adopter une alimentation plus équilibrée, éliminer certains aliments, en favoriser d’autres et si possible en y ajoutant une activité physique. Une sensation de faim, de la fatigue,  maux de têtes etc… peuvent se faire ressentir les premiers jours, mais cela rentre en général dans l’ordre.

Détoxination: Que dois je éliminer?

  • Certains aliments comme: les sucreries, les pâtisseries,  la charcuterie, les viandes grasses, les fritures, les sauces, le café, le thé noir, les laitages, les sodas, les plats et autres produits préparés du commerce.
  • Les mauvaises habitudes: L’alcool et le tabac.

Détoxination: Que dois je faire?

Après avoir éliminé les mauvais aliments, on va pouvoir favoriser certains aliments, boissons et habitudes:
  1. Les bonnes boissons:
    Pendant une cure de détoxination, il est d’autant plus important de boire beaucoup d’eau ( au moins 1,5 l/jour) afin d’hydrater votre corps et de l’aider à éliminer les toxines. Vous pouvez aussi boire du thé vert, des jus de fruits et de légumes maison ( pour faire le plein de vitamines), des bouillons et des tisanes. Boire des infusions de thym, romarin et pissenlit, va aider votre corps à se drainer. Le jus de citron est aussi très bon. Vous pouvez le mélanger avec un peu d’eau si vous le souhaitez. Commencer la journée avec un grand verre d’eau, est un bon départ.
  2. Des aliments détox:
  • Le citron: Riche en vitamines, c’est l’allié idéal. Il va permettre d’éliminer les toxines, de façon naturelle et efficace, grâce à ses propriétés diurétiques.
  • La pomme: Riche en vitamines, minéraux et fibres, elle sera votre alliée détox. En particulier, grâce à une fibre; la peptine; qui va permettre de capter et d’éliminer les toxines. Elle est aussi excellente pour le cholestérol et la digestion! 
  • Les fruits rouges: Ils sont de très bons aliments détox.
  • La banane: Riche en potassium, elle va éviter la rétention d’eau et donc l’accumulation des toxines. Elle facilite également la digestion.
  • L’ail: Grâce à ses vertus antibactériennes, il va purifier votre intestin. L’ail contient beaucoup de composants excellents pour la santé et qui font de lui l’un des meilleurs aliments détox!
  • L’artichaut: Excellent diurétique, il va permettre d’éliminer.
  • La betterave: Elle contient de la méthionine, qui participe à l’élimination des déchets, et de la bétanine, qui accélère la dégradation des acides gras dans le foie.
  • Les choux ( en particulier le brocolis ): Ils sont de très bons aliments détox.
  • Le pissenlit et le fenouil: Ils vont nettoyer et favoriser l’élimination des toxines.
  • Le cresson et la roquette: Il vont aider votre flore intestinale.
Tous ces aliments, vont permettre à votre corps d’éliminer les toxines, pendant votre cure. En les choisissant bio, ceux-ci seront d’autant plus efficaces. La liste peut ne pas être totalement complète.
    1. Les bons réflexes détox:
  • Un peu de sport: Le sport va permettre à votre corps d’éliminer les toxines, plus facilement par la transpiration. Vous pouvez aussi faire du sauna par exemple.
  • Ne pas se coucher trop tard: Le sommeil joue lui aussi un rôle important.
  • Des vitamines: Les vitamines vont vous aider pendant votre cure et limiter ainsi la fatigue.
  • Les massages: Ils vont stimuler votre circulation et donc l’élimination des toxines et permettre de vous détendre.
  • La respiration: Le fait de bien respirer est très important.
  • Beaucoup boire: Comme dit plus haut, c’est indispensable pendant la cure!
Vous avez maintenant les clefs pour une bonne cure de détoxination. Attention cependant à ne pas en abuser, pour ne pas trop fatiguer votre organisme.

L’ail: des gousses aux multiples vertus

L’ail: des gousses aux multiples vertus

L'ail-des-gousses-aux-multiples-vertusL’Ail est un condiment souvent utilisé cru ou cuit, pour donner du goût aux plats. Mais cet aliment a aussi de multiples vertus pour la santé… C’est pour cela, qu’en consommer régulièrement, peut être vraiment intéressant et avoir des effets bénéfiques pour notre corps. Ses bienfaits ont d’ailleurs été confirmés par différentes recherches…

Savez-vous tout ce que l’ail contient?

L’ail contient beaucoup plus d’éléments importants pour notre corps, que l’on pourrait le penser. En effet, il contient de nombreuses vitamines : B1, B2, B3, B5, B6, C, E, A… Des Minéraux: Potassium, Souffre, Phosphore, Calcium, Magnésium, Sodium Chlore… Des Oligoélements: Fer, Zinc, Manganèse, Cuivre, Sélénium… Il contient aussi des composés antioxydants et bien d’autres…

L’ail: Un alicament naturel

L’ail a de multiples avantages, d’être consommé régulièrement. En voici les principaux:
- Il est  l’ennemi  des microbes: Puissant antibactérien, antifongique et antiviral, il améliore les défenses immunitaires et tue les microbes, de façon naturelle. Il doit son pouvoir antibiotique à une substance, l’Alliine, qui se transforme en Allicine dés qu’on coupe, écrase ou pile l’ail. L’Allicine va s’attaquer à un grand nombre de germe et de parasites comme: les bactéries, le bacille de Koch, le virus de la grippe, etc.

- Il baisse le taux de cholestérol, la tension artérielle et protège des maladies cardio-vasculaires: Ressemblant à l’aspirine, l’ail empêche la coagulation du sang et donc apporte une meilleure fluidité et protège le corps contre les risques cardiovasculaires.

- De l’ail contre les douleurs: Avec son action à la fois anti-inflammatoire et légèrement analgésique, il peu diminuer l’intensité de la douleur, dans le cas de douleurs chroniques par exemple et calmer l’inflammation.

Il agit aussi très bien sur les infections digestives, les vers intestinaux et les infections vaginales.

- Des effets sur le cancer: Des études ont mis en évidence, que l‘ail augmente le taux de combativité du système immunitaire pour le protéger contre certains types de cancer, comme celui du sein, de l’estomac, du côlon et de la peau.

Comme vous pouvez le constater, l’ail est bien plus qu’un condiment et il a de nombreuses vertus pour la santé, en particulier, lorsqu’on le consomme cru. N‘hésitez donc pas à en manger! L’idéal serait d’en consommer de deux à cinq gousses chaque jour, afin de profiter au maximum de ses bienfaits pour notre corps. Pour ceux qui ont du mal avec son goût, son odeur ou qui le digèrent mal, il est bon de savoir qu’il existe des gélules d’ail.


vendredi 15 mai 2015

http://www.medisite.fr/a-la-une-la-technique-efficace-qui-va-remplacer-vos-antidepresseurs.841911.2035.html?xtor=EPR-26-838231[Medisite-A-la-Une]-20150423

http://www.medisite.fr/a-la-une-la-technique-efficace-qui-va-remplacer-vos-antidepresseurs.841911.2035.html?xtor=EPR-26-838231[Medisite-A-la-Une]-20150423

depuis août 2013 : crohn et rectocolite


Un traitement prometteur contre la maladie de Crohn et la rectocolite

Une chambre de malade
Un nouveau traitement s'est avéré très prometteur contre la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, des inflammations intestinales chroniques invalidantes, selon deux essais cliniques internationaux publiés mercredi aux Etats-Unis.
 
Cette nouvelle molécule, le vedolizumab du laboratoire japonais Takeda, offre un nouvel espoir aux quatre millions de personnes atteintes de l'une ou l'autre de ces pathologies auto-immunes, estiment les chercheurs qui ont mené ces études cliniques parues dans le New England Journal of Medicine.
Ces essais cliniques de phase 3, conduits dans 39 pays, auxquels ont participé quelque 3000 personnes, "ont montré des résultats très encourageants pour des malades souffrant de la maladie de Crohn et de rectocolite hémorragique pour qui les traitements conventionnels, comme les stéroïdes ou des suppresseurs du système immunitaire, sont inefficaces", explique le Dr William Sandborn, directeur du centre des maladies inflammatoires intestinales à l'Université de Californie à San Diego, qui a mené l'étude sur la maladie de Crohn.

"Ce traitement modifie l'approche thérapeutique de ces maladies car, chez de nombreux malades atteints de rectocolite notamment, on a observé une guérison de l'intestin qui a été maintenue en continuant à prendre du vedolizumab", précise-t-il.
Cet anticorps, administré par intraveineuse, cible des cellules immunitaires dans l'intestin qui libèrent des protéines (cytokines) responsables de l'inflammation qui endommage les tissus du gros et petit intestins et provoque des diarrhées.

Ce traitement est très ciblé, ce qui limite le risque d'effets secondaires alors que les traitements traditionnels s'accompagnent d'effets secondaires comme la perte de poids, les nausées et les maux de tête, soulignent les chercheurs.
De plus, les médicaments conventionnels contre la maladie de Crohn et la rectocolite affaiblissent le système immunitaire, accroissant le risque d'infection.
Ces maladies peuvent entraîner des complications graves comme une occlusion intestinale, de la malnutrition ou un cancer du colon, nécessitant parfois une ablation chirurgicale de parties des intestins.

Sur les 3000 participants à ces essais cliniques, âgés de 18 à 80 ans, 1900 étaient atteints de la maladie de Crohn et 1100 de rectocolite hémorragique.
Les malades, dont un groupe témoin a pris un placebo, ont été traités pendant un an et les effets ont été constatés après six semaines.
Takeda, qui a financé ces essais cliniques, a demandé le feu vert des agences américaine et européenne des médicaments, la FDA et l'EMA, pour la mise sur le marché du vedolizumab.

Mon combat contre la maladie de Crohn

de grands progrés "la neurostimulation vagale"

je vais suivre ça de près, peut-être un jour, si c'est concluant je pourrais en bénéficier. croisons les doigts, il faut y croire

Le CHU de Grenoble expérimente un traitement contre la maladie de Crohn et les maladies inflammatoires de l'intestin

Publié le 06 janvier 2015 à 16h33, mis à jour le 07 janvier 2015 à 21h03
neurostimulation
Le nerf vagal a un rôle moteur dans la digestion
France Alpes

C'est la première fois au monde, que la "neurostimulation vagale" est appliquée aux maladies inflammatoires chroniques de l'intestin. L'expérimentation en est encore au pur stade clinique et il lui faudra parcourir bien des étapes encore d'avant d'être validée. Le traitement s'annonce prometteur.

Reportage. Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin sont douloureuses et handicapantes, avec diarrhées, maux de ventre, fatigue. Une personne sur 1000 en France est touchée. Ces symptômes traduisent des lésions dans le tube digestif avec différentes pathologies: colite, rectolite et maladie de Crohn.

Manuel souffre de la maladie de Crohn depuis l'âge de 21 ans. C'est le tout premier patient à tester la neurostimulation vagale. Depuis bientôt trois ans, il ne prend plus de médicaments et la pathologie est en rémission.

La technique qui semble l'avoir soigné est bien rodée: une électrode, reliée à un stimulateur électrique, est implantée au niveau du cou, sur le nerf vagal qui joue un grand rôle pour la régulation du coeur, mais aussi, de la digestion.

Cette neurostimulation est déjà utilisée depuis des années pour traiter la maladie de Parkinson ou l'épilepsie. En ce qui concerne les maladies inflammatoires de l'intestin, elle n'en est encore qu'à la phase des essais cliniques dans une étude pilotée par une dizaine de médecins et chercheurs du CHU de Grenoble. L'espoir: éviter les médicaments pour éviter leurs effets secondaires. L'action anti-inflammatoire s'accompagne souvent d'une baisse des défenses immunitaires.

Comme Manuel, huit patients expérimentent le traitement, accompagné d'une batterie d'examens, à commencer par des électrocardiogrammes. Ils confirment l'importance du nerf vagal et du stress dans ces maladies.

La neurostimulation vagale pourrait révolutionner la prise en charge des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin. Mais il faudra encore plusieurs années avant que soit validée, ou non, le traitement de routine.

Reportage de Xavier Schmitt, Antoine Marnas & François Hubaud

jeudi 14 mai 2015

magnésium

Un petit rappel

Les signes d’un manque de magnésium et comment y remédier

Saviez-vous que la carence en magnésium est liée à plusieurs problèmes de santé chroniques? Le magnésium est impliqué dans plus de 300 processus biochimiques dans le corps et est important pour de nombreuses fonctions vitales telles que la régulation de la température corporelle, la solidité des os, la production d'énergie et la dilatation des vaisseaux sanguins. Voilà pourquoi il est important de manger beaucoup d'aliments riches en magnésium et de compléter,
si nécessaire, avec du magnésium en comprimé. C'est sans surprise que le magnésium est devenu un complément très populaire chez les gens souffrant de maux de tête, de migraines, d'asthme et de diabète. Les taux de cholestérol élevés, les crampes musculaires et les troubles digestifs peuvent également être éliminés avec un apport régulier en magnésium. Pas un seul mécanisme dans le corps n'est capable de fonctionner correctement sans magnésium.
Les signes d'une carence en magnésium et comment y remédier
  • La dépression
  • Les jambes lourdes
  • Les rythmes cardiaques anormaux
  • Les spasmes musculaires
  • Les migraines
  • Troubles alimentaires
  • Les calculs rénaux
  • Les problèmes de thyroïde
  • Les allergies
  • Le manque d'appétit
  • Le mal de dos
  • L'odeur corporelle
  • La courte mémoire
  • La mauvaise coordination
  • La résistance à l'insuline
  • Les envies de glucides
  • La constipation

Si vous rencontrez un de ces symptômes, vous devrez consommer beaucoup d'aliments riches en magnésium ou peut-être envisager de prendre des compléments.

Top 10 des aliments riches en magnésium
(400 mg de magnésium par jour pour les hommes et 310 pour les femmes)
#1. Épinards 1 c: 157 mg (40% VQ)
2. bettes 1 c: 154 mg (38% VQ)
3. graines de citrouille 1/8 c: 92 mg (23% VQ)
4. yaourt ou du kéfir 1 c: 50 mg (13% VQ)
5. Amandes : 80 mg (20% VQ)
6. haricots noirs ½ c: 60 mg (15% VQ)
7. Avocat: 58 mg (15% VQ)
8. figues ½ c: 50 mg (13% VQ)
9. Chocolat noir, 1 carré: 95 mg (24% VQ)
10. Banane: 32 mg (8% VQ)
D'autres aliments qui sont également riches en magnésium : le saumon, la coriandre, la noix de cajou, le fromage de chèvre et les artichauts.

lundi 4 mai 2015

écrire un journal intime

Ecrire pour guérir

Write hard and clear about what hurts.
Hemingway
Depuis les années soixantes, une poignée de chercheurs ont clamé haut et fort les vertus thérapeutiques du journal. Thérapeutes et médecins le recommandent souvent à leurs patients et instinctivement, ceux qui souffrent ressentent le besoin de l'écrire.
Pourquoi? Comment le journal guérit-il?
Maintenant, attention... Je ne suis ni psychologue, ni thérapeute. Je ne prétendrai pas faire la preuve scientifique de quoi que ce soit. Je parle seulement par expérience, et je me base également sur mes lectures personnelles pour ouvrir des pistes de réflexion sur un sujet qui me passionne mais sur lequel je ne suis pas spécialiste. Si des psychologues, médecins et thérapeutes de toute obédience viennent à prendre connaissance avec cette page et y notent des faiblesses, je suis plus qu'ouverte au dialogue et vous invite à me faire signe.
D'ailleurs, je n'ai trouvé que très peu de sources sur la poésie-thérapie et la journal-thérapie au Québec et dans la francophonie en général; leur intervention me fera donc d'autant plus plaisir!

Qu'est-ce que la journal-thérapie?

Kathleen Adams, psychothérapeute et fondatrice du Center for Journal Therapy, au Colorado, définit la journal-thérapie comme l'écriture des pensées et des sentiments dans le but de régler ses problèmes personnels et d'en venir à une meilleure compréhension de soi et des événements de sa vie. Toujours d'après Kathleen Adams, l'écriture de nos réactions, expériences et émotions permet de libérer une certaine tension et de percevoir plus clairement notre cheminement. Tout un programme! La journal-thérapie va donc beaucoup plus loin que l'écriture du journal traditionnel, où l'on se contente d'écrire sa vie et les événements qui la composent, sans travail éclairé et conscient sur soi.
Que l'on me comprenne; je ne cherche pas ici à impliquer que la journal-thérapie vaut plus intrinsèquement que le journal traditionnel. Aucun jugement de valeur ne sera établi ici. Je tiens simplement à souligner que du point de vue de la croissance personnelle, la journal-thérapie, l'écriture axée sur l'introspection et le questionnement intérieur, va beaucoup plus loin.
Ceci étant dit, poursuivons.

La recherche en journal-thérapie

On attribue le développement de la journal-thérapie, du moins ses origines, au docteur Ira Progoff, un psychologue new-yorkais. Dans les années soixante, celui-ci mit au point une technique qu'il baptisa le Journal Intensif. Non seulement le docteur Progoff proposait-il cette méthode à ses propres patients, mais il publia plusieurs ouvrages sur la question (dont At a Journal Workshop, paru en 1978) et des ateliers furent proposés au grand public. Cette méthode connut beaucoup de popularité et plus de deux cent mille personnes ont participé à des ateliers de journal intime intensif.
La méthode du docteur Progoff implique, entre autres, un cartable séparé en plusieurs sections, toutes de couleurs différentes, permettant au diariste de sectionner son écriture par grands thèmes. Les rêves, le travail, la famille, les relations amoureuses, la vie intérieure et spirituelle faisaient tous l'objet de sections distinctes du journal. Selon la prémisse de la méthode Progoff, diviser la vie intérieure et extérieure du diariste en sections lui permet d'atteindre des niveaux de conscience plus profonds et d'aller plus loin dans sa compréhension de soi. Le nombre de sections utilisées dans cette méthode permet de renforcer le processus d'exploration intérieure. On utilise entre autres beaucoup le dialogue, la méditation et l'écriture libre dans la méthode Progoff afin d'explorer les diverses dimensions de la vie. D'autres sections incluent également l'imagerie et le travail avec les rêves.
A peu près à la même époque, l'ouvrage de Tristine Rainer, The New Diary, vint également révolutionner la perception qu'avait le grand public du journal intime. En donnant des pistes afin d'aller plus loin dans la compréhension et l'exploration de soi, Rainer ouvrait de nouvelles portes à la journal-thérapie. Le journal n'était plus qu'un sous-genre littéraire, que l'on abandonnait une fois l'adolescence terminée; il n'était plus l'apanage exclusif d'écrivains et de grands penseurs. Désormais, il était accessible à tous et recelait des possibilités qu'on avait autrefois ignorées. Rainer donna entre autres des moyens de faire de son journal un outil de découverte personnelle mais également de création et de guérison. Il s'agissait là d'un nouveau point de vue sur le journal et l'écriture personnelle.
Dans les écoles, les professeurs entreprirent également d'intégrer le journal à leurs cours. Non seulement le journal aidait-il les étudiants à mettre en mots leurs pensées, mais il leur permettait également de mieux les comprendre et d'aller plus loin dans ces découvertes. Encore aujourd'hui, le journal est largement utilisé dans les salles de cours.
D'autres chercheurs allèrent encore plus loin. L'étude du docteur James Pennebaker permit de donner au journal intime des dimensions encore insoupçonnées en apportant la preuve scientifique du pouvoir de guérison non seulement mentale et émotionnelle, mais également physique, du journal. Les recherches de Pennebaker ont démontré qu'écrire environ vingt minutes, durant trois ou quatre jours, sur des événements et des émotions intenses ou difficiles renforçait le système immunitaire. Le journal n'est pas uniquement utilisé par les psychologues et les psychothérapeutes, mais également par les médecins et on admet de plus en plus qu'il peut aider à accéler la guérison des malades.

La journal-thérapie en pratique

Mettre en mots ses pensées, ses rêves et ses peurs permet non seulement de mieux les comprendre et de les clarifier, mais, avant tout, d'en prendre conscience! E. M. Forster a dit «Comment saurai-je ce que je pense avant de lire ce que j'ai écrit?», illustrant ainsi de belle façon ce que plusieurs diaristes ressentent en écrivant. Ecrire nous révèle bien souvent à nous-même, permettant à des parties de nous que nous ignorions de s'exprimer.
C'est pourquoi il est important de s'écouter lorsque l'on écrit. Il est aisé de laisser au papier le soin de se charger de nos problèmes; on écrit comme on sort les poubelles, pour oublier nos problèmes et s'en libérer l'esprit. Il s'agit certes là d'un avantage non négligeable du journal, qui nous permet d'apaiser nos tensions, de nous soulager de notre stress et d'exorciser certains démons. La relecture est alors pénible et parfois souffrante, nous faisant faire face à certains reflets de nous qui ne nous plaisent guère.
Mais le journal devient alors un outil puissant de découverte de soi et de prise d'action; il nous permet non seulement de prendre conscience des épines qui nous font mal aux pied, mais également d'agir et de retirer ces épines, une à une. Le journal permet de ne pas demeurer inactif face à son existence; il est une source de pouvoir insoupçonnée.
C'est pourquoi certains thérapeutes intègrent le journal à leur pratique et recommandent à leurs patients de consigner par écrits leurs rêves, luttes et découvertes. Dans la plupart des cas, la guérison est plus rapide et les sessions avec le thérapeute plus profitables, étant donné qu'une partie du travail est déjà faite par le patient lui-même. Il prend ainsi le temps de se questionner lui-même, de mettre en ordre ses idées et de les clarifier avant la séance. L'écriture durant le processus thérapeutique permet également de faire le point de façon régulière sur le cheminement de guérison, d'en noter les obstacles et les adjuvants afin de pouvoir les éviter ou en tirer profit. Le patient peut ainsi prendre conscience d'un modèle de comportement qui, autrement, lui échappait. En ce sens, le thérapeute peut parfois suggérer des exercices ou des thèmes d'écriture, afin de dirigier le patient de façon plus efficace.
Ce type d'écriture peut également être pratiqué lors d'ateliers du groupe, hors de toute thérapie. Et, surtout, il peut être pratiqué en solitaire! En revenant sur nos écrits et en se relisant, on remarque souvent des cycles, des pensées récurrentes, des images qui reviennent souvent et qui nous échappent dans la vie de tous les jours. Les problèmes les plus courants nous apparaissent de façon plus claire, plus consciente lorsque écrits dans notre journal, noir sur blanc. Il est alors plus facile de changer certaines croyances ou d'éliminer certaines habitudes de pensées qui nous gâchent la vie! On peut écrire en conséquence, utiliser des thèmes qui nous aideront à faire le point sur ces problèmes, adopter des techniques qui varieront les points de vue et nous permetteront d'y voir plus clair.

La catharsis

Cette approche s'apparente un peu à l'écriture libre mais c'est une approche beaucoup plus émotive. L'écriture cathartique permet le déversement libre des sentiments et des émotions -vous savez, ces moments où l'on a l'impression que notre crayon à une vie bien à lui, où l'on écrit en étant à peine conscient des mots qui se dessinent sur la page et où la relecture est plus une surprise et découverte qu'un retour sur soi... C'est là où on laisse toutes les émotions s'enfuir et s'exprimer, sans censure, sans scrupules.
Dans mon cas, j'utilise cette technique sans même m'en rendre compte. D'une phrase à l'autre, je sens que j'écris tout à coup différemment, que la conscience s'est tue et que c'est un autre aspect de moi qui parle. Cet aspect trouvera son chemin, s'il a quelque chose à dire, mais il est parfois bon de le forcer à se manifester. Respirez un grand coup et puis laissez tout derrière. Ensuite, écrivez et ne pensez plus à rien.

Les lettres non-envoyées

Pensez à quelqu'un à qui vous n'avez jamais réellement été capable de parler. Qu'avez-vous besoin de lui dire? Il n'y a aucune limite, et personne ne vous en tiendra rigueur. Juré, votre journal ne parlera pas!
Il peut être intéressant d'utiliser le journal pour exprimer à certaines personnes des choses difficiles à exprimer en face à face. Certains utiliseront également les lettres non-envoyées pour exprimer leurs pensées à des gens disparus. Ce peut être une bonne façon de dire au revoir, de fermer une porte qui refuse d'être tout à fait fermée... Les lettres sont une bonne façon d'agir, même lorsque la situation nous rend impuissant; l'écriture est une forme d'action, même si elle ne se concrétise pas toujours. Les lettres non-envoyées permettent de tout dire, quite à faire du ménage dans ses pensées par la suite. C'est une écriture qui permet de se défouler, de tout balancer sans s'inquiéter des réactions. Elles peuvent également permettre de se clarifier les idées avant de dire ce qu'on a sur le coeur une bonne fois pour toutes -un peu comme une répétition générale!
Les lettres non-envoyées sont écrites pour quelqu'un, mais elles sont à vous. Elles peuvent être détruites par la suite -c'est même parfois préférable!

La réflexion et l'écriture méditative

Difficile à décrire, cette écriture toute paisible et si apaisante. C'est en fait plus un état d'esprit qu'une technique -comme c'est souvent le cas! Il s'agit tout simplement de s'isoler, de se donner du calme et, surtout, de libérer son esprit. On associe souvent l'écriture à l'érudition, à la pensée; essayez de faire taire cette partie de vous. Ne soyez plus rien, videz votre esprit. Et puis écrivez, question de voir ce qui se passe lorsque la petite voix de la raison se tait.
Puis, souvent, après avoir tenu un journal pendant une certaine période, on a parfois envie de le relire, ou simplement de revenir par écrit sur ce qui s'est passé. La méditation fait alors place à une forme de réflexion qui tend à faire le point, qui pose des questions, qui cherche à comprendre. La réflexion rassure, donne un sentiment de sagesse. C'est un questionnement, une exploration constante. J'écris souvent de cette façon, personnellement.
L'équilibre, donc; la réflexion cherche à savoir, la méditation admet qu'elle ne sait pas. Mais ce sont deux états d'esprit qui servent l'écriture du journal de façon presque magique.

Le jeu des points de vue et le dialogue

Le dialogue vous permet de voir le monde avec les yeux de quelqu'un (ou de quelque chose!) d'autre. Il s'agit d'écrire une conversation dans laquelle vous répondez pour l'autre -ou vous permettez à l'autre de répondre à travers vous. Tous les points de vue sont alors représentés et ont voix au chapitre. C'est une technique qui peut paraître très inconfortable; on tend à n'écrire que ce qui est vrai, ce qui fut réellement. Mais pourquoi s'astreindre au réel, qui n'est pas toujours ce que nos yeux prétendent voir? Jouer le rôle de quelqu'un d'autre peut parfois s'avérer très éclairant! C'est se forcer à penser autrement, à se mettre dans la peau d'un autre et c'est également se permettre d'être tout ce que nous sommes. Laisser les autres parler à travers vous, permettez-vous d'explorer des perspectives étrangères.
George Sand écrivait un journal dans lequel elle tenait des conversations avec sa personnalité masculine, par exemple. Il n'y a vraiment pas de limites aux dialogues que vous pouvez avoir. On peut retourner dans le passé, discuter avec l'enfant que nous étions, avec un ami perdu, un parent décédé. De tels retours en arrière peuvent permettre d'exorciser des événements passés, ou d'éclairer des situations laissées ambigues. On peut également se permettre de régler des comptes, tout en laissant les autres répondre, ne serait-ce que virtuellement. Et pourquoi ne pas se projeter dans l'avenir et questionner ce que l'on deviendra? On peut dialoguer avec des objets, même! Que rien ne vous arrête.

Liens d'intérêt en journal-thérapie

The Center for Journal Therapy
Il s'agit ici d'un organisme mis sur pied par Kathleen Adams, "the diary queen". Si vous ne croyez toujours pas aux vertus du journal comme guérisseur, ce site s'emploiera à vous convaincre de ses bienfaits. Les Américains semblent raffoler des ateliers de journaux intimes de ce genre. Un site intéressant, sur une vague qui n'a pas encore déferlé au Québec.
National Association for Poetry Therapy
Poetry therapy

Et vous? De quelle manière votre journal vous fait-il du bien?


Pensées préliminaires

Un journal est une longue lettre
que l'auteur s'écrit à lui-même, et le plus étonnant
est qu'il se donne à lui-même de ses propres nouvelles.

Julien Green

Comment définir le journal? Ca semble pourtant facile... Les raisons et les contenus varient tellement que c'est presque désespérant de vous donner une idée complète de ce qui se peut s'y retrouver. Et c'est sans compter les différents visages que le journal a porté au fil du temps!

Pour savoir de quoi on parle

D'abord, un journal, ça s'écrit au fil du temps; c'est très différent de toutes les autobiographies, mémoires, et autres proches parents du genre. Le mot le dit; le journal est tenu au jour le jour, plus ou moins scrupuleusement, mais il est toujours une espèce de représentation «en direct» de la vie. Pour ceux que ça intéresse, on appelle quelqu'un qui écrit son journal un «diariste» (oui, je sais, ça ressemble à... Mais bon...) Certains, peut-être pour éluder cette ressemblance, utilisent plutôt le terme «intimistes». À vous de choisir...
Ces derniers temps, avec l'apparition des journaux en-ligne, entre autres, on revient sur les mots. Le terme «journal» gagne généralement l'accord de tous mais il en va tout autrement pour le vocable «intime» qui est loin de faire l'unanimité. On lui reproche d'isoler, de contraindre, de limiter l'écriture. Certains lui préfèrent personnel, d'autres choisissent le terme «chronique» ou «billet» personnel. Quelques-uns manifestent bien certains préjugés à l'égard du, qu'on l'appelle diary, chronique personnelle ou journal intime. Je suis une diariste convaincue mais quand même objective: je vous laisse en juger!
Ces débats terminologiques ne sont pas que l'apanage du monde francophone, peu s'en faut. Les anglophones ont aussi leurs querelles de mots. Plusieurs diaristes écrivant dans la langue de Shakespeare se défendent bien de tenir un «diary»; le terme a quelque chose d'enfantin, de puéril. On lui préfère souvent le terme plus neutre de «journal». Et ne vous faites pas d'illusions! Il y a bel et bien une différence. «Diary» renverrait au simple enregistrement des jours, à la consignation pure d'événements et d'anecdotes. Le «journal», lui, va plus loin et englobe une dimension d'analyse et d'introspection que le «diary» n'a pas. Etymologiquement, on aurait pu croire le contraire, mais bon...

Le contenu

Les termes peuvent également varier avec le contenu. On parlera de journal de voyage, de journal spirituel, de journal de gratitude. Certains diaristes tiennent jusqu'à quatre ou cinq journaux intimes à la fois parce que chaque journal a sa thématique propre. L'un d'eux peut être entièrement consacré à leur vie amoureuse, un autre aux rêves qu'ils font durant la nuit, un autre leur sert à raconter leur petit quotidien... Le style employé peut être très différent d'une personne à l'autre, être littéraire chez l'un, très prosaïque chez l'autre. Encore une fois -le répéterai-je jamais assez?- les possibilités sont infinies...
Il est évident que le contenu de certains journaux intimes est banal à faire peur; le journal demeure toujours le reflet de celui qui l'entretient et le quotidien a lui aussi sa place dans le journal, malgré l'intérêt limité qu'il suscite. Je considère quant à moi que la banalité de mon journal a l'avantage de ne pas me gêner en plus d'ennuyer profondément les éventuels curieux qui pourraient être tentés de jeter un coup d'oeil sur mes pages privées... Enfin, certains auront besoin d'un petit coup de pouce pour déjouer les terribles pannes d'inspiration qui gettent chacun d'entre nous. Des ateliers d'écriture sur le journal intime peuvent proposer quelques remèdes, mais vous pouvez aussi quelques trucs éprouvés par ceux qui vous ont précédé.

Un peu d'histoire

On raconte que les premiers journaux intimes, du moins ceux qui ressemblent le plus au journal tel qu'on le connaît aujourd'hui, remontent au dixième siècle et nous viennent du Japon. A l'époque, les courtisanes japonaises consignaient dans des petits carnets qu'elles conservaient sous leurs oreilles, d'où le terme «pillow books» -oui, oui, comme dans le film! Ces carnets allaient déjà plus loin que le simple enregistrement d'événements; les premières diaristes ajoutaient parfois des bribes de fiction au journal, des rêveries, des émotions...
Les débuts du journal en Occident furent beaucoup moins marqués de fantaisie. Les premiers journaux européens tiennent davantage du livre de bord, à la fois registre de naissances, de mariages et de de décès et livre de comptes. Les propriétaires de domaines y enregistraient les ventes et les achats, les informations reliées à la gestion de leurs terres et à la vie de leur famille. Ces premiers journaux, qu'on appelle également «livres de raison», étaient bien éloignés des «pillow books» japonais et n'avait pas grand'chose d'intime...
Rapidement, le journal a été récupéré par les congrégrations religieuses. Plusieurs traditions protestantes ont intégré le journal à la vie spirituelle de leurs fidèles, qui y inscrivaient leurs prières, actes de dévotion et, bien sûr, péchés! On dit que le journal a été amené en Amérique par les puritains du Mayflower. Les pasteurs enseignaient l'usage du journal aux jeunes enfants, entre autres, en faisant à la fois un outil d'éducation religieuse et d'apprentissage de la langue.
On raconte également que parmi les premiers journaux intimes figurent les journaux de sorcières, dans lesquels ces dernières consignaient recettes et potions en plus d'y inscrire les sorts qu'elles jetaient aux passants et aux villageois. La chose est plus crédible étant donné qu'au Moyen-âge, la plupart de celles qui passaient pour des sorcières étaient des paysannes qui ne savaient probablement pas écrire mais, tout de même, l'idée a quelque charme...
Si on ajoute à l'histoire du journal ce petit épisode de sorcellerie, c'est peut-être qu'il a longtemps été le seul genre littéraire auquel pouvaient se prêter les femmes. Mise à part la correspondance, le journal était bien souvent le seul acte d'écriture auquel pouvait prétendre la femme puisque la haute littérature était réservé, en priorité aux hommes. Plusieurs journaux intimes d'époque nous permettent de jeter un regard inédit sur la vie des femmes des temps passés.
Il fut également, et demeure, amplement utilisé par les écrivains, artistes, philosophes et penseurs de tout acabit comme tremplin à la créativité, réservoir d'idées et source d'inspiration. On lit encore aujourd'hui les journaux de Kafka, Anaïs Nin, Carl Jung, Julien Green, Hubert Aquin...
En somme, le journal a bien changé au fil des ans. Il est maintenant publié, lu et relu, tenu par une variété grandissante de diaristes d'un peu partout. On lui reconnaît des vertus thérapeutiques, on l'étudie dans les cours de littérature, les professeurs l'utilisent comme outil pédagogique et les internautes s'en donnent à coeur joie dans leur journaux en-ligne. Les genres littéraires qui peuvent prétendre à des telles modifications au cours des âges et à une telle versatilité sont rares!


Peu importe votre but, peu importent vos plans, ça aide toujours de savoir ce que l'on attend de notre journal. Il peut revêtir tellement de formes... À vous de savoir lesquelles seront les vôtres!
Quelques pensées sur ses multiples visages...

Pourquoi un journal?

Pour se rappeler
Personnellement, ce qui m'anime est une mentalité que je qualifierais d'«archiviste» et de collectionneuse. Depuis que je suis enfant, je ne peux me résoudre à jeter quoi que ce soit. Je garde tout! Tenir un journal, c'est une façon de collectionner les jours... Bien sûr, les ambitions du journal sont en quelque sorte une cause perdue d'avance. Même si la plupart des diaristes ont le désir de tout conserver, il est bien évident que c'est impossible. De là à aller jusqu'à dire que le journal est d'avance un échec, il n'y a qu'un pas... que certains ont d'ailleurs franchi. Bien sûr, le journal intime a des limites. Ceux qui tiennent leur journal en sont conscients... et tristes, souvent.
Pour se comprendre
Se mettre sur le papier quotidiennement, c'est aussi une façon de se mettre à nu et de se déchiffrer l'intérieur, sans avoir à se payer une thérapie. Notons au passage que plusieurs l'utilisent à des fins thérapeutiques, d'ailleurs, pour accompagner une psychothérapie par exemple ou lors d'une convalescence. On passe sa vie à se chercher, à se découvrir. Le journal agit ainsi comme le témoin de cette quête de soi, et même comme partenaire, car étant seuls face à nous-mêmes dans notre journal, nous ne pouvons souvent pas faire autrement que de voir et de comprendre ce que nous sommes en relisant ce que nous avons écrit. Certains relisent même leur journal et se surprennent eux-mêmes de ce qu'ils y lisent. Certains ne comprennent pas davantage... En tenant le journal de nos jours, c'est soi, c'est la vie que l'on interroge. Sans obtenir de réponses, souvent...
Pour se construire
Un journal, c'est une mise en scène de soi. Nous sommes le personnage principal de notre journal. Nous avons parfois tendance à écrire les choses non telles qu'elles sont, mais telles qu'elles devraient l'être. On écrit pour embellir ou dramatiser sa vie, pour lui donner une saveur nouvelle. Le journal est bien souvent l'un des derniers refuges du rêve. Comme la vie, «c'est une foule de choses, et pas toutes en même temps», certains ont en plus l'ambition de se re-construire par le biais de leur journal, de se reconstituer en une unité, et non l'identité fragmentée qu'ils ont conscience d'être dans leur vie de tous les jours. Par l'écriture de leur vie, ils luttent contre l'éparpillement de cette existence qu'ils sentent souvent.
Pour se raconter
Parce que certains trouvent un ami et un confident en leur journal intime. Pratique pour des confessions qui doivent rester secrètes et pour se vider le coeur de nos péchés pas racontables... Certains ont un journal à défaut d'un ami et vont même jusqu'à l'abandonner une fois le besoin d'un confident humain comblé.
Pour se découvrir
A travers le journal se constitue un espèce de phénomène d'incubation, dont la citation de Julien Green au haut de la page exprime bien la nature. On ne sait pas toujours ce qui se passe, ce que nous sommes, ce que nous vivons, avant même de l'écrire sur le papier. On se relit et on s'étonne; a-t-on vraiment écrit ça? C'est vraiment ce que nous pensons...? L'écriture permet parfois à certaines pensées de surgir au grand jour, presque par surprise. On permet certains écarts à notre plume et certaines choses apparaissent tout simplement avec plus de clarté si l'on se laisse le temps d'y réfléchir et de les mettre en mots. Mentionnons au passage que, lorsqu'on les questionne sur l'origine de leur journal intime, certains diaristes citent des raisons beaucoup plus pragmatiques et invoquent comme justification au début de leur journal le fait d'avoir reçu en cadeau un beau cahier... Comme moi, quoi! D'autres le font pour des raisons tout à fait ponctuelles, comme par exemple, pour accompagner une thérapie, ou par besoin de se confier suite à une situation difficile, comme un décès par exemple. D'autres, enfin, le font pour le simple plaisir d'écrire, de produire, car le journal intime demeure avant tout un acte de création. Il est une oeuvre universelle, voire intemporelle, qui échappe à toutes les modes et à toutes les tendances. De tous temps, les gens ont consigné par écrit les moments de leur vie. C'est en quelque sorte un réflexe naturel, celui de la lutte contre l'oubli, contre le vide, contre le temps qui passe et qui risque de nous voir réduits à néant, détruits par ce qui viendra après nous.

Un journal, c'est...

...un endroit pour rêver
Facile d'oublier le quotidien et ce qui n'y va pas en rêvant et en créant, par l'imagination des vies choisies. Allez-y, personne ne saura jamais ce que vous aurez écrit! Tout ça, ce n'est que pour vous.
...un lien avec la nature
On y enregistre nos impressions et nos observations de la forêt, de la mer, des saisons, des étoiles... Bien des enfants commencent de cette façon, et prennent la liberté de coller des feuilles d'automne, des dessins de cristaux de neige...
...un endroit pour se défouler
Toutes les insultes que vous ne pouvez balancer à votre entourage, écrivez-les ici! Votre journal ne s'en formalisera pas. On dira ce qu'on voudra, mais c'est si vrai que ça soulage... L'exercice des lettres non envoyées est toujours libérateur.
...un récit de voyage
On peut y ajouter des cartes postales, des tickets de train... On y décrit notre itinéraire, nos impressions, tout ce dont on veut se rappeler et ce que l'on vit sur le moment. Pour éterniser le voyage, qui ne dure jamais assez longtemps!
...une expression de gratitude
Plusieurs se servent du journal pour tenter de voir les aspects privilégiés, positifs et souvent négligés, de leur vie. Prenez le temps, chaque jour, de noter une chose que vous appréciez de votre vie. Les petits détails ont souvent leur importance. C'est une forme de journal qui est très fréquemment utilisé et un exercice toujours revigorant.
...une halte
Le journal peut être un lieu de repos, un sanctuaire de calme, une petite chambre privée dans un hôtel très tranquille... Dès qu'on y écrit la première ligne, on se sent chez soi, on se sent soi. On peut voir le journal comme un lieu privilégié, un hâvre de paix. Prenez le temps d'écrire le moment, décrivez ce que vous voyez autour de vous, attardez-vous au rythme de votre souffle, aux sons familiers de la maison, au glissement du crayon sur le papier. Parfois, quelques minutes suffisent. Les choses deviennent souvent plus claires, lorsqu'on leur donne le temps d'être sans les brusquer.
...un catalyseur
Un journal clarifie nos buts. Voir les choses par écrit aide à mieux les comprendre, à les situer dans leur perspective. Il aide à se concentrer sur l'essentiel et à oublier les petits tracas et les contingences du quotidien. En exprimant nos sentiments par rapport aux autres, par exemple, on comprend bien mieux vos relations avec notre entourage, ce qui aidera à mieux les vivre. En nous forçant à mettre nos émotions et nos pensées en mots, il donne prise sur les choses et aide à se sentir en contrôle.
...une machine à explorer le temps
On y enregistre les jours comme un film que l'on peut voir et revoir. Ajoutez-y de vieilles photos, des bouts de tissu de votre robe favorite alors que vous étiez enfant... Il est parfois aussi plaisant de relire ce que nous avions écrit sur le moment que d'y revenir avec le temps et de raconter les événements avec dix, vingt, trente ans d'éloignement. Et parfois, raconter un événement douloureux et se permettre de le revivre dans le journal permet de se faire du bien. On corrige, par l'imagination, une erreur de jeunesse, on réécrit le passé. On peut aussi se projeter dans le temps, imaginer ce qui se passerait si seulement... Ce qui se serait passé si...
...un lien avec la réalité
Écrire un journal affirme la réalité de votre vie. Écrire parvient à donner du sens à des choses qui semblent insignifiantes dans la vie de tous les jours. Se relire soi-même amène parfois à des découvertes surprenantes, voire douloureuses.
...une détente
C'est au fond une forme de méditation, un dialogue intérieur qui nous remet en contact avec notre rythme personnel. C'est encore plus vrai lorsqu'on écrit à la main; le rythme de notre propre écriture finit par nous bercer...
...un plaisir
C'est un plaisir d'entendre sa propre voix, de se sentir vivant sur le papier et de sentir ses mots et ses idées prendre forme. C'est un plaisir de sentir sa plume glisser doucement sur le papier, au rythme de ses pensées. C'est même un plaisir de voir, de toucher les pages remplies de notre écriture, qui s'empilent au fil des ans.
Vous l'aurez compris, l'essentiel n'est pas ici d'écrire mais bien de réflechir sur ce que l'on a à écrire. Écrire pour le simple plaisir d'écrire, et non pour celui d'avoir écrit, c'est ce qui fait toute la différence. Attardez-vous donc à ce processus, à votre main qui court sur le papier, aux mots qui vous viennent à l'esprit, à toutes les idées que vous ressentez le besoin d'écrire. Et pour ces soirées où décidément, rien ne va, prenez le temps de comprendre pourquoi. Cela vous fera éventuellement un joli sujet de réflexion pour votre journal le lendemain soir...
Et puis, avec le temps, le journal semble se passer de raisons. Il semble exister pour et par lui-même, et on oublie ce qui le fait naître et renaître sans cesse. On ne peut pas toujours tout justifier...


Les diaristes délinquants

A man who keeps a diary pays,
Due toll to many tedious days;
But life becomes eventful—then,
His busy hand forgets the pen.
Most books, indeed, are records less
Of fulness than of emptiness.
William Allingham
On le voudrait sincère, complet, noble et passionant à lire. Pourtant, les jours passent, on se relit et on n'est pas très fier de soi... Les diaristes ont de grands projets pour leurs journaux et souffrent vite de complexes: on n'écrit pas assez souvent, on tait ses erreurs de parcours, on embellit la vérité. Quand ce n'est pas la censure, ce sont nos longs silences qui nous embêtent... Que d'embûches sur le chemin du journal parfait!
Portrait de nos petites délinquences, question de faire sauter les complexes de culpabilité...

La censure

C'est tricher! Mais bon, comme je ne cesse de vous répéter que le journal intime ne connaît pas de règles... Si ça vous chante de raturer des passages particulièrement torrides ou d'arracher des pages un peu trop assassines, allez-y sans gêne. Certains diaristes utilisent des langages codés afin d'être certains de ne pas se faire comprendre... au risque de ne plus se comprendre eux-mêmes quelques années plus tard. D'autres détruisent carrément leur journal au grand complet, comme si le fait de le brûler ou de le déchirer anéantissait non seulement son contenu mais également les tourments qui l'ont fait naître.
Bien souvent, l'essentiel est l'acte d'écrire; une fois que c'est fait, ce qui arrive à leurs oeuvres importe peu à certains. Et puis, l'auto-censure, même inconsciente, est présente dans chaque geste que l'on pose. On s'interdira toujours de parler de quelque souvenir désagréable, ou d'un sujet difficile à aborder. D'après certains, c'est là que le journal commence vraiment à être profitable; chaque fois que l'on se dit "Non, je refuse de parler de ça" ou "Je ne peux pas croire que j'ai vraiment écrit cela!", c'est à ce moment que nous avançons vraiment. C'est une théorie. Et peut-être que nos tabous finiront un jour par ne plus l'être. Mais il y aura toujours des sujets difficiles à aborder et sur ces sujets, nos silences en disent autant que nos paroles. Ce qui m'amène à...

Silences

Certains abandonnent leur journal durant des périodes plus ou moins prolongées, y revenant lorsque l'envie leur en prend. Des périodes moins intenses, ou au contraire trop difficiles, les découragent parfois de consigner leur existence par écrit. D'autres tiennent leur journal scrupuleusement, se sentant même coupables de ne pas être aussi rigoureux qu'ils le souhaiteraient. Il est important en tous les cas de se rappeller que le journal est un moyen et non une fin en soi. Négligez-le, s'il le faut. Il est bon d'écrire, mais uniquement si le besoin s'en fait sentir. Votre journal ne doit pas être une corvée.
Et puis, comme l'a souligné Allingham dans la citation en exergue, les silences eux-mêmes parlent... Les jours manqués, dans le journal, pèsent parfois bien lourd au diariste consciencieux qui voudrait tout noter, tout écrire, tout garder. Les journaux intimes de notre enfance, ceux qui avaient une page par date, nous ont bien donné l'impression qu'il fallait écrire chaque jour. Et pourtant, les journées les plus occupées, celles qui nous laissent moins de temps pour écrire, sont souvent celles dont nous voudrions garder le souvenir.
Qu'à cela ne tienne? A ces jours manqués, collez une photo, un billet de spectacle, un pétale de rose? Les souvenirs ne se gardent pas toujours avec des mots!
Bien sûr, il faut aussi souligner que négliger son journal par manque de temps... ou par paresse, c'est bien normal. Tenir un journal est une activité qui demande beaucoup d'engagement et d'implication personnelle. Néanmoins, il faut parfois savoir se donner des priorités. Si vous voulez vraiment vous y mettre, je ne m'en fais pas pour vous; vous saurez bien trouver le temps. Alors, votre principal problème ne sera plus de vous décider à écrire, mais plutôt de vous résigner à arrêter! Car le journal peut demander beaucoup, et même rendre certains conjoints «jaloux». Les autres s'étonneront toujours de vous voir penché avec cette belle ferveur sur votre journal. Ne vous en faites pas. Ceux qui, comme vous, ont le stylo facile, comprennent... Question d'être précis, soulignons que ceux-là constituent environ 6% de la population québécoise. Les diaristes sont toujours une denrée rare, mais leur nombre va croissant.

Le journal parfait

Disons-le tout de suite, ça n'existe pas. Quand on ouvre un cahier vierge, on le voit déjà rempli de doux secrets, de sages révélations, de vérités existentielles. Pourtant, un journal n'est pas un roman -il n'est pas une oeuvre qui doit satisfaire à un quelconque standard. Et puis, tout romancier vous dira que peu importe à quel point le roman est réussi, il n'arrive pas à la cheville de celui qu'il avait en tête au départ.
Pour le journal, c'est pareil. Il y aura peut-être (sûrement) des jours où vous vous relirez et ne pourrez en croire vos yeux. Certaines entrées seront peut-être ennuyeuses, bourrées de fautes d'orthographe, maladroites. On voudrait écrire quelque chose et pourtant les mots ne viennent pas. On a cette idée géniale, de souvenir merveilleux et pourtant nous voilà incapable de l'exprimer. Pire: on n'a peut-être rien à dire. Notre journée se résume peut-être à une liste d'épicerie et un aller-retour au boulot! Horreur! C'est la faute au journal. Ou alors c'est ma faute à moi; je suis un diariste raté et puis qu'est-ce qui m'a pris de vouloir raconter ma vie?
Patience. Indulgence. Rappelez-vous ce qui vous a donné l'envie d'écrire au départ. Aviez-vous en tête ce journal parfait? Ou bien ne souhaitiez-vous qu'écrire, seulement écrire? Certes, il faut savoir à quoi vous vous attendez de votre journal mais également garder en tête qu'il n'est pas une fin en soi. Le résultat importe peu, c'est ce que vous retirez de votre journal pendant que vous écrivez qui compte.
Le journal parfait, c'est celui qui vous donne du plaisir et de l'abandon pendant que vous y êtes plongés, peu importe les ratures, les trous de mémoire, les hésitations et les quelques pages ennuyeuses à relire. Ce journal c'est vous, avec toutes vos imperfections et vos petits défauts.

Le journal aux yeux des autres

I do not keep a diary. Never have.
To write a diary every day is like returning to one's own vomit.

J. Enoch Powell
Je n'ai pas pu résister à l'envie d'insérer ici cette citation (un peu dégoûtante, il faut l'avouer) car je la trouve représentative d'un certain type de préjugés face au journal. On pense que les diaristes sont nombrilistes, névrosés, passéistes. On leur attribue toutes sortes de petites manies un peu inquiétantes... Moi, je ne peux pas m'empêcher de faire sortir les diaristes de leur petit monde...
Ecrire est un acte bien solitaire, qui confine au secret, certes. Mais croire que le journal isole nécessairement le diariste de tout son monde est un non-sens; on écrit aux yeux des autres et si on cache le journal c'est là un geste volontaire et réflechi qui dépend d'une foule de facteurs. Le journal est soumis au regard des autres au même titre que le diariste lui-même.
Or donc, comment le journal est-il perçu? Le diariste est-il un ermite en puissance? Quelques mots sur des préjugés qui ont la vie dure.

Fausses croyances et autres préjugés

Plusieurs ont tendance à croire que les diaristes sont des gens profondément asociaux, entièrement tournés vers eux-mêmes et coupés de la réalité. Ils leur prêtent volontiers une personnalité contemplative, un peu rêveuse, narcissique et profondément passive. Selon ses détracteurs, le journal intime pousse à une vie solitaire et peu productive; ils vont même jusqu'à dire que tenir un journal intime est un moyen de compenser une existence peu satisfaisante et parsemée d'échecs. Enfin, les «anti-journal» prétendent que les diaristes perdent leur vie à l'écrire, plutôt qu'à la vivre.
À cela, que répondre? Je voulais simplement vous faire réfléchir à ces arguments car ils sont intéressants en soi, et plusieurs diaristes se sont même trouvés d'accord avec certains d'entre eux. En ce qui me concerne, je crois que revenir sur soi, sur les événements qui nous font, donne une grandeur toute nouvelle aux choses. J'irais même jusqu'à dire qu'une journée dont on a perdu la trace et le souvenir est une journée perdue... Mais cela est une opinion toute personnelle. Pensez-en ce que vous voudrez.

Regards

J'ai tendance à traîner mon journal avec moi partout, tout le temps. J'écris dans les salles de classe, les cafés, j'écris dans le salon familial au su et au vu de tous, j'écris en plein air, dans les parcs, près des piscines, partout. Mon journal n'est pas un secret; même si je voulais en cacher l'existence, je ne le pourrais pas, car il fait trop partie de moi. Aussi, j'ai eu droit à toutes sortes de regards sur mon journal.
Plusieurs sont surpris. On me dit: «Tu écris quoi, ton journal?» et lorsque je réponds, soudainement, on se tait. Comme si on s'était attendu à ce que je m'exclame que non, bien sûr, je le faisais adolescente mais plus maintenant. Le journal n'est apparemment pas un genre «adulte». On est pas sûr de comprendre, on préfère hausser les épaules et changer de sujet.
Les habitués me regardent souvent écrire pendant un moment, sans rien dire. Au bout de quelque temps, ils s'impatientent: «Mais de quoi tu parles, à la fin?» Le diariste, pour écrire tellement, doit forcément avoir un problème. On n'écrit pas tout ça si tout va bien, le bonheur n'a pas besoin de mots! Et puis si ça va si mal, alors pourquoi il n'en parle pas? C'est tellement mieux de s'exprimer à haute voix, et moins ennuyant de parler aux autres qu'à soi-même. Décidément, ça les intrigue. Ils jettent un oeil vers le cahier jalousement caché, demandent «Lis-moi un bout, rien qu'un petit bout...» Devant le refus du diariste, ils sont convaincus que quelque secret pas racontable est dévoilé dans ces pages; le diariste est décidément une bien curieuse créature.
De temps en temps, on me demande comment je fais. Plusieurs me disent vouloir écrire de la sorte mais ne pas trouver le moyen; on manque de temps, d'inspiration. Opportuniste, je les renvoie à mon site!

Le secret

Si certains diaristes font face aux réactions les plus diverses de la part de leur entourage, d'autres ne révèlent même pas l'existence de leur journal. C'est une façon de se protéger, parce que certains diaristes se sentent vulnérables. Tous ces mots peuvent devenir autant de petits crimes commis à l'endroit des autres; il est si facile d'interpréter tout de travers ou de s'emporter devant une phrase qu'on ne pensait pas, qu'on a écrite pour se défouler. Le journal est écrit pour soi, pas pour les autres; un oeil étranger et non invité risque bien d'y trouver quelque chose qui lui déplaît et qu'il n'était pas sensé lire. Respecter l'intimité du diariste, c'est également se respecter soi-même et s'éviter des blessures inutiles. C'est donc pourquoi plusieurs taisent son existence.


Les journaux que l'on conserve

What is a diary as a rule? A document useful to the person who keeps it,
dull to the contempory who reads it, invaluable to the student,
centuries afterwards, who treasures it!

Ellen Terry

Mais après?
La grande question... Que deviendra mon journal? Le relira-t-on vraiment?
Je peux personellement vous dire que je le relis rarement, car il m'est nécessaire d'avoir du recul afin d'apprécier mon vécu. Lorsque mes journaux auront amassé suffisament de poussière, que les pages en auront jauni et que je ne me souviendrai plus de ce qui y est consigné, j'y reviendrai probablement avec plaisir. Mais pour l'instant il est relativement peu intéressant de me rapeler ce que j'ai fait l'année dernière.
Je me demande évidemment ce qu'ils deviendront lorsque je n'y serai plus. À ce jour, les bibliothèques ne se proposent pas encore de conserver les journaux de tous et chacun pour des raisons pratiques évidentes. En attendant, certains envisagent de détruire leur journal, d'autres de le léguer à un ami, un parent. Certains espèrent même le léguer aux archives nationales... Pourquoi pas? Si ce n'est pas tous les journaux intimes qui méritent d'être publiés, je crois fermement que tous méritent néanmoins d'être précieusement conservés. En Europe, on retrouve déjà quelques centres d'archives autobiographiques qui permettent aux diaristes de tout acabit de déposer le précieux résultat de leurs longues années d'écriture.
L'idée de voir tous mes cahiers amassés amoureusement au fil des années, compagnons de route extraordinaires, perdus à jamais sans que personne, à son tour, ne les entretienne comme je l'ai fait, me brise le coeur. On peut toujours les laisser à sa descendance, si on en a une, mais bien souvent les journaux intimes des aïeux ne lui apparaissent pas très inspirants et lui parlent peu.
Fait intéressant, je me rends compte que bien des diaristes ne pensent pas vraiment à la question, ou ne s'en soucient carrément pas. Peut-être que je questionne des diaristes trop jeunes; à vingt ans, on ne pense pas à ce genre de choses. Et puis, le léguer semble être une solution valable et tout à fait raisonnable. Moi, je me pose probablement trop de questions. Et si les légataires s'en fichaient bien de mon journal? S'ils le lisent et s'en moquent, le laissent dans le grenier à la merci des souris et de la moisissure? S'ils l'oublient et le laissent dormir sans que jamais, jamais personne ne l'ouvre à nouveau?
Non, décidément, je ne voudrais pas de ce sort pour mon pauvre journal.
Et puis, une fois légué, la question du journal n'est pas tout à fait réglée. Qu'arrivera-t-il lorsque mes légataires mourront à leur tour? A qui le laisseront-ils? En supposant qu'ils trouvent quelqu'un susceptible d'être intéressé par mon journal, ce sera selon toute vraisemblance quelqu'un que je ne connaîtrai pas. Je lui serai probablement indifférente, une grande tante dont il a vu des photos sans s'émouvoir outre mesure. Comment croire qu'il tiendra suffisamment à mon journal pour lui assurer l'avenir qu'il mérite?
Parce qu'un journal a de toute évidence un avenir. Le dernier souffle de son auteur, s'il signifie la fin d'une vie, ne signifie pas que le journal est mort. Le journal, selon moi, continue de vivre parce qu'il est toujours porteur de cette vie. C'est là que réside toute sa beauté et toute sa noblesse. Il deviendra peut-être le trésor d'une famille attristée, ou même celui qui ne connaissait pas son auteur, mais qui se reconnaît dans ses lignes, ses mots et ses pages. Il trouvera peut-être asile sur les tablettes d'une bibliothèque ou d'un centre d'archives, là où les gens feront de lui un témoin, une fenêtre ouverte sur une époque révolue...
Mais après? La question continue donc de m'angoisser...


Le journal et ses formes

In Hollywood now when people die they don’t say, «Did he leave a will?»
but «Did he leave a diary?»

Liza Minnelli
Traditionnellement, le journal prend deux formes ; il est écrit, et il est écrit sur du papier. A quel point ces limites ne tiennent plus aujourd'hui! Non seulement les journaux ordinolingues, et plus spécialiement web, ont remis en question ces définitions dépassées, mais de plus en plus de diaristes se sentent aussi devenir artistes et s'évadent du petit monde du papier. Que ce soit par le biais des arts visuels ou des multiples objets qui peuvent devenir journal, un regard sur les multiples possibles formes du journal intime.

Le journal intime réinventé

En 1987, la Memorial University Art Gallery organisait une exposition baptisée The Diary Exhibition. On y présentait seize oeuvres en forme de journaux intimes, créées par seize artistes contemporains canadiens. Les formes que le journal à cette occasion! Que de nouvelles explorations!
On a, par exemple, exploré le thème du journal photo ; une artiste, Sandra Semchuk, a pris des photos d'elle chaque jour, sans exception, sans tricherie, sans maquillage. Question de se faire face, de regarder dans les yeux cette identité qui est sensée être la sienne et qui doit sans cesse être redécouverte. Une myriade de portraits qui livrent à eux seuls toute un éventail de réalités aussi différentes les unes des autres - non seulement par le mouvement du quotidien, mais également dans les mouvements de l'âme. Une rencontre avec soi.
Un autre artiste, Michael Mitchell, a également exploré le thème du quotidien à l'aide de photographies ; rentrant chez lui tard le soir, il découvrait les vestiges du jour laissés à eux-mêmes par ses enfants et par sa femme. Autant de rencontres improbables entre des objets hétéroclites, comme des installations imprévues qui demandent à leur spectateur de recréer leur sens. La journée de sa famille se livrait à lui et comme un espion, à l'aide de ses photos, il se chargeait de reconstruire sa propre absence à l'aide des indices ainsi amassés, comme son propre quotidien exploré à travers celui des autres.
Marcel Gosselin s'est également penché sur le quotidien de sa famille... à travers les coeurs de pommes! Pour chaque pomme mangée, il se faisait ainsi un devoir de noter sa petite histoire et le contexte qui l'accompagnait ; qui a mangé cette pomme? à quel moment? quelle histoire l'entoure? Chaque coeur de pomme s'est ainsi retrouvé comme une pièce d'une mosaïque, reconstruisant le quotidien par le biais d'objets qu'on aurait autrement écartés ; le journal est ce qui reste de la vie une fois qu'on a vécue. Nos mots sont autant de résidus de l'expérience et du vécu.
C'est également ce que Sandra Tivy a compris dans son oeuvre Four months of consuming. Voulant vérifier par exemple l'impact de ce qu'on appelle la société de consommation, l'artiste a conservé chaque étiquette de chaque produit consommé durant quatre mois, construisant ainsi chaque jour un immense collage de tout ce qui lui passait entre les doigts. Un portrait captivant, mais aussi un peu effrayant, d'un quotidien qui nous échappe souvent...
Mais le projet le plus captivant est probablement celui de Geoffrey Wannacott, qui a non seulement poussé les limites de l'enregistrement des faits quotidiens, mais également les siennes. Pendant un mois, il s'est volontairement confiné dans une minuscule pièce, n'ayant à portée de la main que sa nourriture, les objets nécessaires à son hygiène la plus élémentaire et ce qui lui fallait pour écrire un journal, celui-ci se retrouvant souvent immortalisé sous la forme de photographies, de textes écrits sur le murs ou tout simplement de pages manuscrites. Le journal est alors présenté non seulement comme le compte-rendu du quotidien, mais comme le résidu du processus créateur, et comme un prétexte à l'exploration de ses limites. Et quelle exploration...

Les objets-journaux

Plus simplement, vous êtes probablement entourés d'objets-journaux sans le savoir. Tout ce qui contient ne serait-ce que la marque d'une émotion, d'une pensée, d'une impression consignée de votre main constitue une expérience intimiste importante. Toute reconstruction du quotidien, tout écrit personnel peut également devenir journal sans même qu'on s'en rende compte. J'ai chez moi des années de correspondance conservée sans jamais être communiquée aux principaux intéressés, une pile d'albums-photos, dont certaines ont été annotés à l'arrière, des citations favorites écrites au fil des jours dans des agendas, des mots, par-ci par là sur un calendrier, des bouteilles, des billets, des rubans qui me rappellent des journées chéries. Un journal intime? J'aime à le croire.
Une diariste a un jour remarqué que derrière les fiches sur lesquelles elle inscrivait ses recettes, elle avait également pris l'habitude, sans même que le geste n'ait été réfléchi, de noter ses souvenirs, impressions et commentaires par rapport à chaque plat. Dans quelles circonstances elle l'avait goûté la première fois, quelles avaient été ses impressions... Un journal intime? Pourquoi pas?
Le journal intime peut prendre tant de formes, à l'image de notre propre personnalité, pourquoi ne pas le laisser se métamorphoser et donner place à l'imagination?

Lu sur le web

Man has to be willing to show himself.
Sidney Jourard
Le nombre des journaux disponibles en ligne croît à un rythme exponentiel chaque mois, les listes et les webrings se succèdent, les listes de discussions reliées au sujet sont plus nombreuses et plus vivantes que jamais. Les diaristes web forment maintenant une petite communauté très dynamique dont le nombre d'initiatives va croissant.
Sacrilège? Exhibitionnisme? La mode du vécu, descendante des reality shows américains, des biographies à scandales...? Peut-être s'agit-il là de la même envie, d'un côté de devenir une célébrité à peu de frais, de l'autre, d'un peu de sensationnalisme réaliste. Peut-être s'agit-il également d'une envie de partager. Les diaristes sont pour la plupart des gens solitaires, mais leur écriture témoigne d'une envie commune; cette envie de se dire, de se raconter, de communiquer son être. Au départ, cette communication est sans issue. Devrait-elle le rester?

Pourquoi?

Les types rationnels, dont je suis, ont besoin de comprendre. J'avoue que jusqu'à présent, je n'ai guère trouvé de réponse qui me satisfasse. Dans bien des cas, le genre même du journal ne subit pas de modification majeure, du moins dans la forme, lors de son passage au web: on a beau ajouter de l'hypertexte, des cadres ou du multimédia, un journal reste un journal. Le journal papier est encore plus versatile au fond; il permet le dessin, le collage, la page peut être divisée comme bon nous semble...
L'hypertexte permet peut-être une naviguation particulière, mais rien n'empêche le diariste de jouer avec les couleurs, de renvoyer à certaines entrées ou d'ajouter des pages en les collant ou en les brochant. Il s'agit au fond toujours d'un média écrit (un fichier HTML restera toujours un fichier texte) qui n'appelle pas de modification directe sur les modalités de l'écriture.
De leur propre aveu d'ailleurs, plusieurs diaristes web disent ne pas ressentir de modification majeure de leur écriture dûe à l'hypertexte. Ils disent écrire de la même manière, web ou pas, du moins pour la forme.
Alors pourquoi choisir le web? Les même raisons reviennent souvent: le défi de se livrer au regard de tous, d'en faire une sorte d'expérience afin de voir si on le supportera, si ça changera quelque chose au processus d'écriture, le plaisir de partager, de partager sa création, sa personne, l'interaction avec les lecteurs, la discipline que cela apporte... Les raisons varient avec les diaristes mais elles demeurent à la base toutes les mêmes.
On m'a dit un jour qu'il ne fallait pas chercher de raison. Un peu comme toute oeuvre d'art, le journal est de trop, il ne s'explique pas, du moins pas avec des critères rationnels et justifiables. En y réfléchissant bien, on trouve au fond plus d'arguments contre le journal en-ligne que pour; c'est risqué de s'offrir en pâture à la face du monde, certains diaristes l'ont d'ailleurs découvert. Cela demande certes une grande discipline et un certain travail. Un journal personnel peut être aussi bâclé qu'on le souhaite et personne ne trouvera rien à redire. Mais un journal web?
Certains diaristes, il faut l'avouer, ne semblent pas se poser la question. A l'instar des pages personnelles qui sont de plus en plus faciles à créer et à installer sur le réseau, les journaux web pullulent parce qu'ils sont possibles. L'écriture n'est pas toujours soignée, pas plus que la mise en page, et le contenu fait cruellement défaut. Certains journaux ne semblent pas avoir une motivation très poussée; on était curieux, tout le monde le fait, on aimerait avoir un site mais on ne sait pas de quoi parler, on a envie de parler de soi à la face du monde... La plupart des journaux de ce genre n'atteindront jamais l'âge respectable -pour un journal en-ligne du moins- d'un an. Diane Patterson a d'ailleurs écrit un article au titre éloquent sur ce type de journaux, Why web journals suck.
Il y a certes d'autres diaristes qui sont là pour rester; déjà, certains journaux ont plus de deux ans, d'autres entament même leur quatrième année d'existence. Certains journaux web sont très pensés et leurs raisons très poussées. La chose demeure subjective et livrée au jugement du lecteur et du diariste, mais il demeure que ces derniers journaux sont bien souvent les plus intéressants -et les plus rares, malheureusement.

Ecrire pour être lu

C'est probablement l'aspect que l'on note en tout premier lieu: le journal web est public.
La plupart des diaristes web avouent leur plaisir d'être lu. Le journal est une forme intime, d'accord, mais constitue néanmoins une forme de création et donc, d'une certaine manière, un spectacle. Certains diaristes se font presque humanistes et expliquent ce besoin d'être lu par une envie de partager leur expérience. «Les vies universelles» ainsi exprimées sur le web visent davantage à faire évoluer le lecteur vers de nouvelles connaissances de la vie qu'à exhiber son intimité au vu et au su du réseau -c'est du moins ce que certains semblent prétendre...
Le public du journal intime tel qu'on le connaît est son auteur lui-même. Ce public en est un de tolérance et de compréhension du sujet. Or le public du web risque d'en aller tout autrement. Et la critique, surtout dans le cas de récits de vie, est parfois difficile à accepter. Le diariste a donc tout intérêt à modifier son écriture, à censurer certaines parties, à en travailler d'autres. Certains le font; d'autres pas.
Certains diaristes sont si enthousiastes à l'idée d'avoir enfin un public qu'ils vont même jusqu'à proposer à leurs éventuels lecteurs de les aviser par courrier électronique, via une liste d'envoi, de la publication de nouvelles entrées. D'autres diaristes tiennent leur journal pour garder le contact avec des amis éloignés et écrivent expressément pour ce public bien connu.
Paradoxalement, certains diaristes répugnent à penser que le journal pourrait devenir célèbre ou s'attirer un grand nombre de visiteurs. Je crois que cela s'explique par une certaine peur de perdre le contrôle; une dizaine de lecteurs, ça n'a rien de menaçant... Le courrier électronique aidant, ils finiront par se faire connaître, par devenir des amis et le diariste sait presque quotidiennement à qui il écrit. Lorsque le journal gagne en popularité, le nombre de visiteurs augmente et du coup ce que le diariste espérait au départ finit par l'effrayer. Souvent, quelques critiques négatives s'ajoutent à ce traffic; le diariste se sent menacé, sur la défensive. Parfois, c'est suffisant pour le convaincre d'arrêter la rédaction du journal.
Des questions de discrétion sont soulevées par une telle écriture. Un journal ne parle pas que de celui qui l'écrit, mais de tous ceux qui l'entourent. A-t-on vraiment envie que ses connaissances sachent ce que l'on pense d'Un-Tel? Et si Un-Tel lui-même venait à lire nos montées de lait à son égard?
Certains diaristes ont prévu le coup et demandent, sur leur page d'accueil, que ceux qui les connaissent personnellement passent leur chemin. C'est faire preuve d'une grande confiance à l'égard de la nature humaine! D'autres diaristes n'ont pas su survivre à la critique; certains commentaires virulents à l'égard des opinions de l'auteur, que ce soit de la part de connaissances ou de visiteurs inconnus, ont convaincu certains diaristes web de s'arrêter de publier.
Pourtant un journal web est aussi une façon d'être anonyme -en procédant par pseudonyme, ce que la majorité font. Qu'importe si votre tendre moitié lit vos secrets le plus intimes sur Internet, si elle ignore qu'il s'agit bien de vous? Toutefois, qu'on ne se leurre pas; l'anonymat total, complet, est un leurre. On finira bien par faire le lien si vous mentionnez ce que vous avez fait dans votre journée, si les états d'âme racontés ressemblent un tant soit peu aux vôtres. Il deviendra difficile de ne parler ni travail, ni copains, ni amours. Nul n'est une île et vous finirez bien un jour par parler de ce qui vous est extérieur...
Et ce jour-là, vous risquez fort d'être démasqué...

Personnellement...

J'avais l'habitude de publier certains extraits de mon journal sur ce site -j'ajoutais même quelques extraits rédigés expressément pour mon mini journal web, de temps en temps. J'ai abandonné cette idée récemment; l'idée des journaux web a quelque chose de séduisant, mais elle est en même temps trop chargée d'un sens qui me fait hésiter. J'avais envie au départ, d'être lue; c'est bien souvent la raison première du journal web. «Partage», «interaction», «expression»; tous de jolis mots qui cachent une même idée, ce besoin d'être lu, connu, apprécié.
Je me disais également que ce serait intéressant pour une fois de tenter de ne pas penser à ce que les autres diraient; me forcer à publier intégralement mes états d'âme m'aiderait peut-être à ne plus me soucier autant du regard des autres. Pourtant, chaque fois, le contraire se produisait. Chaque fois, les doutes et les hésitations l'emportaient sur ce désir, ce besoin de franchise. Chaque fois, je finissais par regretter mes envolées intimistes, au point parfois de me censurer et d'effacer carrément l'entrée trop personnelle.
À quoi bon, donc? À quoi bon écrire si ce n'est pour être franc? Mais la franchise totale, sans limites, n'a probablement pas sa place sur le web. Elle est tout à fait dans son élément sur le papier mais ici, au vu et au su de tous...? Je ne suis pas sûre que ce soit pour moi. D'autres le font, et avec brio, et je les admire. Mais je préfère encore tout dire en secret qu'en dire la moitié à la face du monde.
Ce n'est au fond qu'une question de priorités. Les diaristes web ont moins besoin de se comprendre que de partager. Ils veulent être, mais pas dans cette chambre à soi . Ils ont besoin que d'autres sachent qu'ils existent, que d'autres comprennent ce qu'ils vivent. Et ils ont le courage de leurs mots, et je les admire. Mon journal est intime dans tout ce que le terme a de secret et de pas racontable. Il est ennuyeux et il se répète. Il est parfois confus, dense et complexe. Il est parfois plus anecdotique que ma liste d'épicerie. Je ne peux pas le donner à tous. J'ai essayé. Mais mon but n'est pas de raconter et de partager; je vise plus l'introspection que le partage, plus le dialogue intérieur que l'expression à la face du monde. Comme je le disais, c'est une question de priorités...
Et puis soyons francs, les journaux en-ligne sont à la mode. Tout le monde veut son journal, mais j'ai parfois l'impression qu'on ne saisit pas exactement l'importance que cela peut avoir. Le web n'a rien d'intime. Le web, c'est une publication pure et simple, au même titre que n'importe quelle publication papier. Est-ce son statut virtuel, si facile à atteindre, qui le rend si attirant? Je l'ignore. Mais le seul fait que c'est possible de le faire semble convaincre bien des gens de s'y adonner. Plusieurs le font très bien, avec un effort et un travail qu'on ne peut qu'admirer. Ce n'est malheureusement pas le cas de tous et les journaux bâclés sont de plus en plus nombreux... Les mises à jour trop rares, les graphiques vite faits, l'orthographe négligée et surtout un contenu très, trop, mince... Appellez-moi la puriste; je le suis. Mais je crois que ce mérite d'être publié mérite au moins un minimum d'efforts, et je n'en démords pas. Ecrivez ce que vous voulez dans l'intimité de vos papiers; si vous tenez à le publier, faites un effort.
Oui, c'est vrai, de temps en temps, les web journals suck. C'est pourquoi cette page est la seule sur mon site à traiter de cet aspect de l'écriture intime. Je ne veux pas insister sur cet aspect de l'écriture qui n'interroge pas l'écriture elle-même, qui se prend pour acquis et a quelque chose d'un peu paresseux.

Lectures indiscrètes

La quantité de journaux web -et de sites qui portent sur les journaux web- rétrécit comme une peau de chagrin. Il faut croire que c'était simplement une mode... Voici néamoins quelques survivants.
Apologies inutiles et petites lubies sans façons
Un journal intelligent, bien écrit, et mis à jour régulièrement. Un plaisir à lire.
Dreaming among the jade clouds
La présentation graphique séduit, et les propos tenus dans le journal ne nous séduisent pas moins. À noter, un projet autobiographique intéressant, où l'image est judicieusement mise à profit. Un très beau journal.
Tangerine
J'aime bien ce journal, qu'on sent réfléchi et travaillé. En prime, une présentation graphique soignée et sobre. Apaisant.
Yahoo! - Communications - Writing -Journals and Diaries
Liste de journaux web du répertoire Yahoo! -534, selon le dernier compte.
It's so damn hard being me!
Parodie de journal web s'acharnant sur le côté un peu misérabiliste du genre. Amer, mais amusant.
Diarist.net
Ce site contient un petit guide démographique des diaristes web, des "échantillons" de journaux web, et en prime, des liens vers les motivations exprimées par plusieurs diaristes. 
 
L'écriture est la seule forme parfaite du temps.
Jean-Marie Le Clézio
Ecrire, ça semble si facile... Un crayon et un peu de papier, et tout est réglé ! Mais les passionnés du journal tiennent souvent à aller plus loin. Les exercices d'écriture, lectures et trucs peuvent aider à tirer davantage de l'écriture d'un journal. Pourquoi ne pas en profiter ? Cette section vous aidera à vous y retrouver dans un domaine où tout se bouscule souvent, tant le journal est tentaculaire. Ne vous laissez pas impressioner : plongez joyeusement !

De la plume au cahier
Tous les diaristes vous le diront: inutile d'y songer si vous n'avez pas le cahier, la plume, l'encre parfaite! (Les diaristes sont des gens biens capricieux...) Découvrez également les logiciels du journal intime, pour les diaristes qui ont la plume technologique. Confidentialité assurée!
D'accord, mais par où je commence?
Ca semble si facile, au départ.... Mais c'est facile de se laisser paralyser par ces petits obstacles agaçants! Quelques idées pour ne pas se laisser intimider par la page blanche.
Idées du jour
Journée ennuyeuse? Pas de potins pour alimenter votre journal? Ces idées d'écriture de diaristes d'un peu partout vous aideront sûrement. Pas question de s'arrêter d'écrire, même quand l'inspiration fait défaut!
Du temps pour écrire
Evidemment, on n'en sort pas! On voudrait bien avoir le temps d'écrire notre vie... Mais voilà, il faut aussi la vivre! Quelques idées pour arrêter de remettre notre journal au lendemain...
Les journaux de rêves
Ou comment le journal peut ouvrir la voie royale de l'inconscient. Ecrire peut nous aider à se rappeler, et surtout comprendre, nos songes.
Partagé ou caché?
Qui dit journal intime ne dit pas forcément journal secret. Tous les diaristes ont, un jour ou l'autre, eu peur que leurs écrits soient surpris. Et si...
Attention : fragile!
Vos précieux écrits méritent des soins attentifs et éclairés; encres et papiers ne sont pas éternels...
 
 

Les lectures du diariste

The pen is the tongue of the mind.
Cervantes
Des livres pour aller plus loin. Vous noterez que les ouvrages ne font pas tous l'objet d'une description. C'est que je n'ai pas lu tous ces ouvrages, mais je ne croyais pas que cela était une raison de vous priver de l'annonce de leur existence. La plupart d'entre eux sont également en anglais; ne m'en voulez pas, je ne suis pas responsable de ce que les éditeurs francophones décident ou non de traduire...

Écriture personnelle

Kathleen Adams, Journal to the Self, Twenty-Two Paths to Personal Growth, Warner Books, 1990.
Kay Adams est une figure bien connue des diaristes américains, étant l'âme derrière le Center for Journal Therapy, listé dans le carnet d'adresses. Elle a déjà publié plusieurs ouvrages sur le sujet, mais Journal to the Self est le plus connu. On y retrouve entre autres «la boîte à outils du diariste», une foule de petites idées pour tenir un journal en moins de quinze minutes par jour, lutter contre les pannes d'inspirations ou les bloquages...
Christina Baldwin, One to One: Self-Understanding Through Journal Writing, M. Evans & Co., 1977.
Deena Metzger, Writing for Your Life, A Guide and Companion to the Inner Worlds, Harper, San Francisco, 1992.
Marion Milner, A life of one's own
Cet ouvrage a fait l'objet d'une traduction française sous le titre Une vie à soi (Gallimard, 1988).
Ira Progoff, At a Journal Workshop, Writing to Access the Power of the Unconsclous and Evoke Creative Ability, Jeremy P. Tarcher, 1975, revisé en 1992.
Cet ouvrage a fait l'objet d'une traduction française sous le titre Le journal intime intensif (Centre interdisciplinaire de Montréal, Editions de l'Homme, 1984). Ira Progoff, décédé récemment, fait figure de pionnier dans le domaine. Psychologue américain, son livre «At a Journal Workshop» a pavé la voie à tous les autres guides sur le sujet. Il préconise une méthode fragmentaire, où chaque thème abordé par le diariste fait l'objet d'une section spécifique du cartable qui sert de journal. Si certains ne jurent pas par cette méthode, tous admettent que Progoff a ouvert la voie à une nouvelle réflexion de thérapeutes et de chercheurs sur le journal.
Tristine Rainer, The New Diary, How to Use a Journal for Self Guidance and Expanded Creativity, Jeremy P. Tarcher, Inc., 1978.
Incontournable. Rainer dirige aujourd'hui le Center for Autobiographic Studies à Pasadena, en Californie, listé dans le carnet d'adresses. L'ouvrage, publié en 1978, surprend par sa contemporanéité. Alors que le grand public voyait encore dans le journal un genre de jeune fille, tout en fleurs et en bonbons, Rainer a révolutionné cette façon de voir en lui donnant une dimension nouvelle. Un titre majeur, à souligner en gras sur votre bibliographie.
Marlene Schiwy, A Voice of Her Own, Fireside, 1996.

Autobiographie

Car et Marshall David, The Book of Myself: A Do-It-Yourself Autobiography in 201 Questions, Hyperion, 1997.
Cet ouvrage a fait l'objet d'une traduction française.
Sylvie Liechtele. Ecrivez vos mémoires : laissez l'histoire de votre vie en héritage. Editions de l'Homme, 1996.
Tristine Rainer, Your Life As Story: Writing the New Autobiography, Putnam Publishing Group, 1997.
La reine de l'autobiographique est de retour avec cet ouvrage publié en 1997. Après avoir fait le tour de votre journal (peut-on jamais faire le tour de son journal?), vous aurez peut-être envie de vous mettre en scène... Voici l'outil parfait pour y arriver.

Journal et créativité

Julia Cameron, The Artist's Way, A Spiritual Path to Higher Creatlvity, J. P. Tarcher, 1992.
Cameron est une des reines américaines de la créativité. Elle est aussi l'instigatrice des populaires "morning pages"; elle recommande d'écrire trois pages de votre journal, au minimum, dès le réveil. Plusieurs diaristes ont sauté sur l'exercice; certains aiment, d'autre pas, mais tous ont quelque impression à partager à leur sujet.
Joanna Field, An experiment in leisure, J. P. Tarcher, 1987.
Un petit livre tout à fait intéressant malgré un petit côté psychanalytique à l'excès. Si ce point vous déplaît, sachez que le livre a originellement été publié en 1937, ce qui le rend tout de même assez avant-gardiste pour l'époque... L'auteure (c'est également elle qui a publié "A life of one's own", sous le nom de Marion Milner) s'attarde à non seulement explorer mais aussi à comprendre son paysage intérieur par le biais de, entre autres, son journal. Une expérience rafraîchissante sur la portée et la signification des émotions et des sentiments.
Natalie Goldberg, Writing Down the Bones, Shambala, 1986.
Natalie Goldberg est une favorite chez les diaristes en ce qui concerne l'écriture créative (je sais, il s'agit là d'une mauvaise traduction de "creative writing", mais j'aime le son de ces mots, laissez-les moi...). En plus de donner plusieurs ateliers, elle écrits des masses d'ouvrages sur la question, et ses exercices d'écriture libre (voir plus haut) plaisent toujours. Il paraît cependant que lorsqu'elle s'adonne à la fiction, ses conseils semblent plus ou moins porter fruit. On ne lui en demande pas tant.

Réflexions

Philippe Lejeune, Pour l'autobiographie, Paris, Editions du Seuil, 1998.
Lejeune est la figure de proue de l'autobiographie en France. Co-fondateur de l'Association pour l'autobiographie, la liste de ses publications sur le sujet est trop abondante pour que je la reproduise en entier ici. Mais je vous suggère quand même ce passionnant recueil de chroniques sur l'autobiographie et le journal intime, écrites au fil des années et toutes fascinantes.

Lire des journaux intimes

Sheila Bender, The Writer's Journal : 40 Contemporary Authors and Their Journals, Delta, 1997.
Une anthologie tout à fait intéressante, qui a récolté bien des louanges... Vous trouverez dans cette brique des journaux de tous les genres, du carnet de notes au journal de rêves. Pour faire un tour dans l'intimité des écrivains.
Maurice Berne, Les plus beaux manuscrits et journaux intimes de la langue française, Robert Laffont, 1995.
Une anthologie magnifiquement illustrée, produite par la Bibliothèque Nationale de France. Découvrez des pages des journaux intimes de Baudelaire, Giono, Alfred de Vigny, Sade... Une grandiose plongée dans l'intime.

Certains de ces titres proviennent d'outils de recherche américains; vous aurez donc peut-être de la difficulté à les trouver en territoire francophone. Mais le net travaille pour vous; vous pourrez probablement trouver ce que vous cherchez sur Amazon.com, la Bible des bibliophiles internautes. Et puis, faites travailler votre libraire, que diable! Il est là pour ça!

Tous les liens mènent au journal

I keep on writing in the diary, subterraneously, secretly,
a writing which is not writing, but breathing.

Anais Nin
Pour l'instant, la plupart des écrits sur le journal intime sont rédigés dans la langue de Shakespeare. Je suis toujours à la recherche de sites sur le sujet en français, mais pour l'instant, ma recherche n'est pas très fructueuse...
J'ai tenté de vous donner une petite idée du contenu des sites à l'aide de brèves descriptions mais il s'agit là d'une tâche assez longue, et je suis sûre que vous me pardonnerez si certains vides demeurent à combler.
Bonne visite!

Études autobiographiques

a/b: Auto/Biography Studies
Périodique électronique sur l'écriture autobiographique. Les articles portent surtout sur l'aspect littéraire de l'autobiographie.
Brave new self: hypertextual autobiographies
Ou comment l'écriture autobiographique est-elle influencée par les nouvelles technologies, plus particulièrement l'hypertexte?
Center for autobiographic studies
Le site de Tristine Rainer, auteure de deux ouvrages sur le journal intime et l'autobiographie. Un site intéressant, surtout pour son centre de recherches sur l'autobiographie. On y cite les différents types d'écriture autobiographique, exemples à l'appui, mais on ne parle malheureusement pas beaucoup du journal. J'ai personnellement un faible pour ce petit cousin de l'autobiographie; écrivains qui ne jurez que par les mémoires, voici un site pour vous.

Articles

Salon 21st: Baring your soul to the Web
The Netly News: Journal-ism
Suite 101: Exploring ourselves through journal writing
The awesome power of the written word

Communautés virtuelles

Journals mailing list FAQ
Quelques informations sur une nouvelle liste de discussion portant sur les journaux en-ligne. Très active, très intéressante et pleine d'idées intéressantes. Il faut dire qu'elle est animée de main de maître par Al Schroeder.
DIARY-L
Une autre liste de discussion, celle-là plus axée vers les journaux web. Une foule de diaristes en-ligne y discutent éditeurs HTML, graphisme, intimité, nouvelles idées... Si le phénomène vous intéresse, vous y trouverez certainement votre compte.
The ScribeTribe
Il s'agit ici d'une liste de discussion un peu particulière. Tous se connaissent et forment une petite communauté virtuelle très sympathique et très chaleureuse. Les abonnés s'écrivent couramment, et pas seulement sur les journaux mais sur une foule de sujets. C'est donc une liste qui prendra beaucoup de place au sein de votre courrier électronique! Si vous vous abonnez, vous aurez tout d'un coup l'impression d'avoir plein d'amis...

Idées saugrenues

The 1000 journals project
Un millier de journaux intimes vierges seront dispersés à travers le monde. Un seul journal a été retourné pour l'instant. Les 999 autres circulent toujours, depuis 2000, dans 35 pays. Les gens sont invités à y écrire quelques lignes et à le faire circuler de nouveau. Une idée trop originale pour être manquée. Ne manquez pas d'y aller faire un tour, question d'en savoir plus.

Exercices

Oral history questions
Pas tout à fait relié au journal intime, mais vous pouvez quand même y trouver une belle source d'inspiration. Ce site est surtout destiné aux gens qui veulent enregistrer leur histoire familiale. Pourquoi ne pas commencer votre journal en écrivant la vôtre?
National Journal Network
Quinze dollars US paieront votre abonnement au bulletin de nouvelles de ce réseau. Si vous n'y tenez pas, vous pouvez toujours faire le tour de ce joli site, tout rose et tout petit. Quelques idées, des thèmes saisonniers sympathiques, des liens intéressants. Non seulement on vous propose des exercices, mais les résultats de plusieurs diaristes y sont présentés dans ce qu'on appelle le "journal communautaire". Une belle idée, non? Pour les coordonnées de cet organisme, consultez le carnet d'adresses.
Journal Magic
Déjà rêvé d'avoir un coach pour vous aider dans votre écriture? Sue Meyn est là pour vous aider. Sinon, vous pouvez quand même explorer ce site qui offre exercices et réflexions intéressants.

Achats

Journal Depot
Non, je ne plaisante pas. Il existe bel et bien un Journal Depot sur le web. Vous pouvez y magasiner pour le journal parfait, dans une foule de catégories: journaux de jardinage, de bébé, religieux, artistiques... Et souvenez-vous que nous vivons une époque formidable.

Organismes

Association pour l'autobiographie et le patrimoine autobiographique
Association française qui vise non seulement à réunir les diaristes francophones du monde entier mais également à conserver pour la postérité leurs écrits.
The Center for Journal Therapy
Ce centre, basé à Denver, offre des ateliers de journal-thérapie ainsi qu'une formation pour devenir animateur de ces sessions.
The Progoff Intensive Journal program
Ira Progoff est considéré comme un visionnaire dans le domaine du journal intime. Il est l'un des premiers à avoir considéré le journal intime comme outil thérapeutique. Encore aujourd'hui, sa méthode fait le bonheur de plusieurs adeptes.

Répertoires

Yahoo! - Social Science - Communications - Writing - Journals and Diaries
Et merci à Yahoo! de ne plus répertorier les journaux en-ligne sous "Entertainment - Jokes and Fun"...
Women, Entreprise & Society
Liste des journaux féminins détenus par la bibliothèque de l'Université Harvard.

Ateliers

Conversations Within : Journal Writing and Inner Dialog
Ce site se décrit comme un atelier en-ligne. Il aborde la question des cahiers, des journaux photographiques, des ateliers d'écriture et offre une série d'exercices à pratiquer. On y retrouve aussi une bibliographie ainsi que quelques liens. Le site manque un peu de substance, et ce n'est pas exactement ce que j'appellerais un "atelier". Mais il offre quelques idées intéressantes.
Writing the journey
Un autre atelier d'écriture en-ligne. On y parle de techniques d'écriture, d'exercices, de conseils pratiques et de thèmes à explorer. La base, quoi. Un bulletin mensuel (gratuit) est également offert aux visiteurs. On y retrouve aussi une liste très amusante de journaux célèbres.

Ressources et réflexions

About.com: Journals
Un site mis à jour chaque semaine par Catherine de Cuir, qui suit l'actualité du journal et propose une foule de petites idées très intéressantes sur le journal intime. Si vous êtes du genre à être fasciné par les petits détails, cette page est pour vous. On vous donne des idées sur les cahiers et crayons à utiliser, des exercices d'écriture, des thèmes saisonniers, avec en prime des extraits de journaux historiques, de temps en temps... Un peu de tout, et plusieurs choses que vous ne trouveriez pas ailleurs -comme c'est souvent le cas sur le Web. Un excellent site, très complet et varié.
Journal Writing Resources: Approaches To Journaling
Site web faisant le portrait de diverses écoles de pensées en ce qui a trait au journal intime. On y rencontre Rainer et Progoff, entre autres. Plusieurs liens sont également répertoriés.
The secret diary
Une page très complète et très intéressante, mais un peu plus personnelle. Contient quelques idées et conseils, des suggestions de lecture et des liens vers des journaux intimes sur le Web. On y trouve aussi une toute petite section, très intéressante, sur le statut légal du journal intime.
The Veech journal pages
Pensées et conseils sur les façons de tenir son journal personnel. Il se distingue surtout par le fait qu'il vise les gens d'affaires et cherche à leur montrer comment tenir un journal peut les aider dans leur développement professionnel. Un des sites qui m'ont le plus impressionnée personnellement. Il est très complet et les informations qu'on y trouve sont extrêmement pertinentes. L'auteur a, entre autres brillantes idées, pensé à effleurer le sujet de l'indexation des journaux intimes, enjeu ô combien passionnant quand notre pile de cahiers brochés commence à ressembler à la Tour de Pise et que l'on y cherche un passage particulier!