mercredi 27 janvier 2016

Dessiner un visage réaliste sans « copier »


Dessiner un visage réaliste sans « copier », en construisant le portrait étape par étape.

Dessiner un portrait n’est pas ce qu’il y a de plus simple, loin de là. Il existe des techniques adaptées aux débutants, comme la technique de la grille (dessiner des carreaux sur sa référence-photo et reporter les proportions sur son dessin final), technique qui, à mon avis, semble destinée à encourager le débutant plus qu’autre chose.

Je ne recommande donc pas ce genre de méthode aux dessinateurs qui souhaitent réellement apprendre à dessiner sur le long terme, et qui désirent avant tout se détacher peu à peu des références- photos, ou en tous cas les utiliser à bon escient.

Je vois de plus en plus de jeunes dessinateurs sur internet, montrer des portraits photo-réalistes sans pour autant avoir pris le temps de comprendre, ni même de construire leur dessin en partant de formes simples en 3D. Je ne dis pas que « la copie c’est mal », car en un sens, la copie éduque l’œil à la reconnaissance des formes en deux dimensions, à l’appréciation des proportions et à la hiérarchisation des tonalités. Mais sans une compréhension de l’objet en trois dimensions, il est impossible de sublimer et de donner du style à un portrait comme le font les meilleurs portraitistes.
Bien sûr, la justesse d’un portrait dépend avant tout de l’œil photographique que l’on a développé au fil des années, et c’est en cela que l’exercice de copie peut aider. Ceci dit, copier n’est pas suffisant pour dessiner des portraits qui tirent leur épingle du jeu. Sans compréhension de la perspective et de l’espace, on laisse bien plus de place aux maladresses et aux défauts de proportions. En effet, se décider à sortir de ces petites routines de « recopiage » n’est pas simple, et le meilleur moyen [spoil: attention, je vais radoter] est de commencer à apprendre à construire des formes simples en perspective.

Oui je sais, je sais, pas très appétissant comme menu… mais je suis bien au fait de ce que la fierté peut nous faire faire parfois (et les artistes sont connus pour être de vraies têtes de mule, suivez mon regard>>>>> bibi ^^). Persister à recopier sans réfléchir n’est une solution que pour les personnes qui cherchent la facilité. Mais à long terme, ce genre de comportement empêche l’artiste de trouver son propre style, ou pire : l’enfermera dans la névrose «du dessinateur qui a peur de dessiner d’imagination pour ne pas montrer qu’il ne sait faire que de la reproduction ».

Je ne compte plus le nombre de dessinateurs qui arrivent vers moi en disant : « j’ai arrêté de dessiner il y a quelques années, et aujourd’hui j’ai l’impression de ne plus savoir rien faire ». Pour moi, ce discours en masque un autre: « j’ai toujours copié sans prendre le temps de réfléchir à la perspective et à la troisième dimension qu’est la profondeur, et aujourd’hui j’aimerais vraiment apprendre les bases car j’ai le sentiment que la copie conforme ne me fait pas évoluer comme je le voudrais. »

Toujours pas convaincus par l’idée que la compréhension de la perspective permet à l’artiste de dessiner correctement un visage, en évitant les maladresses les plus courantes? Si oui, alors il est impératif de se demander pourquoi le dessinateur débutant préfère dessiner les visages de face et de profil. La raison en est que la perspective du crâne est simplifiée sous ces angles de vue. Tandis que pour une vue de trois-quarts, la difficulté est de dessiner deux hémifaces théoriquement symétriques, alors qu’elles ne le sont plus en perspective. Le dessinateur qui ne comprend par la perspective sur une vue de trois-quarts sera systématiquement en difficulté, alors que sur une vue de face ou de profil, il pourrait faire illusion.

Vous l’aurez compris, un visage, comme tout objet complexe qui se respecte, mérite que l’on accorde de l’importance à la profondeur, pas seulement à la perception photographique. Je conseille donc, avant d’aller plus loin dans cet article, de relire les articles suivants avant de vous essayer au « portrait construit » de A à Z:
Comment dessiner une tête
10 règles d’or pour dessiner un visage
Critique de portrait
Je vais maintenant vous montrer les étapes que j’utilise pour dessiner un portrait au fusain d’après photo (à défaut de modèle vivant). Il s’agit d’une méthode parmi d’autres, donc, ne vous attachez pas trop aux outils que j’utilise et à l’aspect purement technique, mais plutôt à l’état d’esprit et la logique avec lesquels j’aborde ce portrait. L’outil et la technique ne sont rien si l’artiste n’a pas compris ce qu’il fait exactement en amont, et ça, je ne le répèterai jamais assez. 😉

Référence photo ou modèle vivant ?

Dessiner d’après modèle vivant est toujours une expérience unique que je recommande évidemment à tous les dessinateurs, car l’œil humain voit bien plus que le capteur d’un appareil photo ou d’une caméra (autant au niveau des valeurs, des détails, que des couleurs). Cependant, quand on est débutant ou amateur, il est souvent bien difficile de trouver une personne assez patiente pour tenir plus d’une heure immobile, sans la promesse de lui offrir en échange un portrait digne de ce nom. Heureusement, internet nous donne aujourd’hui la possibilité de trouver des références à portée de souris, afin de nous exercer tranquillement, sans aucune pression sociale. Encore faut-il être capable de bien savoir choisir sa référence, ce qui n’est pas forcément aussi simple qu’il n’y paraît…

La référence photo

Pour cet article, ma référence sera une photo de l’actrice britannique Vivien Leigh. En général, je préfère les images de grande taille (avec des dimensions supérieures à 1000 pixels de longueur ou de largeur). Vous remarquerez que cette image présente un excellent équilibre au niveau de la hiérarchie de valeurs. La qualité de la lumière et la gamme des tonalités paraissent idéales pour retranscrire le tout sur papier, tout en restant naturel. Si la photo manque de détails dans les hautes lumières (photos surexposées, comme pour le cas de la plupart des portraits féminins que l’on trouve très couramment sur le net), ou dans les ombres (photo sous-exposée), vous prenez le risque d’en représenter tout autant sur votre feuille (c’est à dire peu). Le résultat final sera tout sauf naturel, et ne ressemblera pas à un portrait pris sur le vif (même si ce n’est pas le cas), mais à une simple photocopie. C’est aussi pour cette raison que j’apprécie les photos argentiques des anciens photographes de célébrités. En général, ce sont des clichés en noir et blanc aux jeux de lumière très étudiés, au grain très particulier, et qui montrent un niveau de détail avantageux pour nous, dessinateurs.

reference portrait

Vivien Leigh, une charmante actrice de l’époque d’Audrey Hepburn. Connaissant assez mal son visage, j’ai cherché d’autres références pour me faire une idée plus concrète. Cette dernière photo a vraiment retenu mon attention et me servira de modèle. Il s’agit d’une vue légèrement de trois-quarts, à ne pas confondre avec une vue strictement de face.


Le matériel et la technique

Voici le matériel que j’utilise 90% du temps:
  • Un papier mi-teinte de chez Canson (que j’ai découpé en format A3), qui me permet de partir avec des valeurs moyennes d’entrée de jeu: cela signifie que je pourrais aussi bien travailler les ombres que les hautes lumières, tout en conservant des tonalités moyennes consistantes.
  • Un crayon pastel de couleur pour la base du dessin. Les avantages: on peut facilement repasser au fusain dessus (contrairement au graphite), et la couleur nous permet de voir notre construction à tout moment.
  • Un large pinceau à bord arrondi (un sopalin ou la main peuvent faire l’affaire).
  • De la poudre de fusain (obtenue au frottement d’un carré de fusain sur du papier de verre): facile à étaler avec un pinceau large lorsque les valeurs sombres sont prédominantes. J’aime particulièrement l’effet vaporeux que le pinceau à bout arrondi peut apporter. Grâce à cet effet, on peut jouer entre parties floues et partie nettes.
  • Un porte-mine, pour une prise solide sans pour autant se salir les mains.
  • Une mine Nero Soft Cretacolor, pour les valeurs moyennes (pas utilisée dans ce tutoriel, mais c’est une de mes mines de prédilection pour des portraits détaillés et texturés).
  • Une mine fusain Cretacolor, pour les noirs intenses (utilisée tout au long de ce tutoriel).
  • Une carré fusain PITT (avec deux T hein 😉 ) pour les grosses zones sombres, lorsque je veux renforcer la texture et la matité des noirs.
  • Une mine blanche Cretacolor pour les rehauts.
  • Une gomme mie de pain pour les effacements « légers » et diffus.
  • Une gomme électrique pour les effacements « durs » et précis, généralement utilisée pour les reflets sur les lèvres, la peau et les cheveux (voir ma section matériel pour plus de renseignements).
  • Un buvard pour ne pas faire de bavures et pour ne pas se salir la tranche de la main et du poignet.
  • Un estompe (ou à défaut mes doigts ou un sopalin).
  • Un support tendre en dessous pour ne pas risquer de dessiner sur les impuretés du support, ce qui peut entraîner de petites marques inesthétiques (en général un bloc de feuilles assez fines fera l’affaire). La tendresse du support peut également augmenter considérablement le plaisir et le contrôle de la pression de la mine sur le papier.
  • Un max de patience (en tout cas chez moi, c’est tout sauf naturel, héhé ^^). Dans le cas présent, le tout n’a pas pris plus de 3 heures, pour la simple et bonne raison que le fusain se travaille plus rapidement que le crayon. Ce qui m’a pris le plus de temps était de gommer certaines parties sombres, car j’ai tendance à trop amplifier les valeurs (c’est un de mes défauts, je suis un maniaque du contraste, parfois au détriment du résultat final).
  •  
    materiel-dessin
    Tout ce matériel n’est pas nécessaire pour réaliser un bon portrait. La technique ne représente que le sommet de l’iceberg.

Etape 1 : Conception de Miniature(s)

L’étape de la vignette est facultative pour ce qui est du dessin de portrait, pourtant, elle garde tout son intérêt.
En effet, il est toujours bon de se créer une petite maquette de ce qu’on va accomplir en plus grand. Cela permet de prendre du recul avant de se mettre au travail : comprendre un peu mieux les particularités du visage, apprécier les proportions, et mieux appréhender les jeux de lumière et la hiérarchie de valeurs.
En général, je n’utilise pas plus de trois ou quatre valeurs pour cette étape, l’intérêt étant de résumer l’image comme un tout, plutôt que de faire du « détail par détail ».
En plus, si l’on veut ajouter certains effets c’est pendant cette étape qu’il faut expérimenter, car on ne risque ni de perdre son temps, ni de gâcher du papier vu la taille des dessins.

vignette-portrait

Une vignette réalisée en une dizaine de minutes pour m’échauffer.
Je me concentre essentiellement sur les valeurs, pas sur l’expression ni sur les proportions.
J’ai pour principe de travailler avec les mêmes outils que pour mon dessin final.
Désormais j’ai une maquette de mon dessin. Une vignette est généralement plus petite que la paume de la main.
En jetant un coup d’œil dans les yeux du modèle sur notre référence, on peut apercevoir deux reflets (« catch light » en anglais), qui indiquent que deux sources de lumières ponctuelles éclairent de face : c’est notre éclairage principal.
Une autre lumière arrive d’en haut à gauche et par derrière, et met en évidence le contour des cheveux (« hair light » en anglais).
Il est fort possible que sur la droite du modèle, le photographe ait ajouté un réflecteur pour déboucher certaines ombres et pour mettre en évidence le contour de la pommette droite.
Enfin, un spot éclaire le fond, dans le but de démarquer la partie droite des cheveux noirs.
Rien n’a donc été laissé au hasard (et tonton Pit n’a pas ses yeux dans sa poche car il est passionné de photo également :D).

Etape 2 : Construction et préparation des repères principaux

Cette étape est la plus importante. Partez d’une sphère un peu ovale pour le crâne. Creusez-y les tempes sur les côtés.
Les repères essentiels d’un visage sont :
  • La ligne verticale qui sépare le visage en deux.
  • La ligne verticale qui coupe les ellipses que forment les tempes en deux parties égales, et qui passe par le sommet du crâne.
  • La ligne de la racine des cheveux.
  • La ligne des arcades sourcilières qui coupe horizontalement les ellipses des tempes en deux parties égales.
  • La ligne de la base des narines.
  • La ligne de l’interstice de la bouche.
  • La ligne de la pointe du menton.
  • La base du nez et le placement des orbites (qui reste la partie la plus délicate à placer en général).
Considérez que la ligne des cheveux, des sourcils, du nez et du menton sont à distances égales. Lorsque je ne suis pas sûr de mes proportions, je vérifie en tendant le bras devant moi, en gardant mon crayon bien à la verticale, c’est-à-dire parallèle à ma référence photo (qui est affichée sur l’écran d’ordinateur dans mon cas). Je fais glisser mon pouce de bas en haut, non pas pour mesurer la distance réelle entre mon pouce et le bout de mon crayon, mais plutôt pour comparer les proportions.

Par exemple, j’essaie d’évaluer la largeur entre les extrémités des yeux quand le visage est de trois- quarts en comparant cette distance avec d’autres (ex : la distance entre les yeux et la bouche équivaut à une fois et demie la distance entre les extrémités externes des yeux.)
Je mesure tout ce qu’il est possible de mesurer, et je prends mon temps, car je sais qu’à ce stade la plupart des erreurs peuvent encore être corrigées.
Si vous échouez à cette étape, c’est que vous n’avez pas assez pris votre temps. Acceptez le fait que vous ne pouvez pas dessiner aussi vite qu’un dessinateur chevronné si vous n’êtes pas habitué à l’exercice. Ne vous comparez donc pas aux portraitistes professionnels qui ont passé leur vie à faire ça.

portrait-etape-0
Mine de rien, cette étape prend bien plus de temps que ça n’ en a l’air. Lorsqu’un trait ne me convient pas, j’efface et je recommence.
portrait-1
J’efface au fur et à mesure chaque étape de la construction précédente, mais pas complètement pour ne pas perdre de vue les proportions.

Etape 3 : Construction des repères secondaires

Il s’agit maintenant de se donner des repères pour les formes secondaires, comme le front, les globes oculaires, les pommettes, le menton, la face inférieure du nez, les contours de la bouche, les lèvres, les tempes, la lisière des cheveux et tous les éléments qui représentent des reliefs plus locaux que les formes globales du crâne. Ces repères doivent rester simples et légers car ils me serviront de base pour non seulement dessiner les éléments du visage, mais aussi pour déterminer la délimitation des valeurs principales.

portrait-2

Sur ce dernier, j’esquisse quelques formes circulaires qui représentent le front, les yeux et la bouche.
Pour dessiner ces délimitations de reliefs, il suffit d’observer son modèle et de se demander quelle est la direction des surfaces par rapport à la lumière.
Si vous avez des lacunes sur la connaissance de la lumière, je vous conseille de (re)lire les articles suivants :
dessiner les ombres, partie 1
dessiner les ombres, partie 2
dessiner les ombres, partie 3

Etape 4 : dessiner les éléments du visage

Autant le remarquer tout de suite, le visage n’est pas plat : ni les yeux, ni le nez, ni la bouche.
Sur une vue de trois-quarts, le phénomène est évident. Ce que je veux dire par là, c’est que le visage n’est pas une image collée à une surface plane.
En général, les erreurs graves que l’on commet sur un visage de trois-quarts sont les suivantes :
  • Ne pas dessiner le relief des globes oculaires.
  • Croire que l’iris est en surface du globe oculaire, et que la pupille est en surface de l’iris.
  • Ne pas prendre en compte l’épaisseur des paupières (aussi bien inférieure que supérieure).
  • Ne pas considérer que la paupière est une enveloppe du globe oculaire, et donc s’adapte à une forme sphérique.
  • Ne représenter aucun raccourci au niveau de la bouche, alors que si on compte le nombre de « T », on se rend vite compte que certaines masses se superposent (et le rouge à lèvre n’y change rien).
  • Ne pas représenter le bout du nez bien en face de la base du nez, et dévier maladroitement la cloison nasale (n’hésitez pas à prendre des repères verticaux, comme la moitié de la paupière du même côté que la pointe du nez).
  • Faire partir la gorge à la naissance de la boîte crânienne et non pas à partir de la mâchoire inférieure.
  • Ne pas chercher la ligne de vision et ne pas attacher d’importance à la perspective globale de la boite crânienne et du visage.
  • Ignorer le fait que plus un objet s’éloigne de l’observateur, et plus il paraîtra petit (ça paraît bête dit comme ça, mais ça l’est moins au moment de dessiner). 

portrait étape 4

Encore une fois, les premières étapes doivent être dessinées lentement: quand on débute, il est nécessaire de mesurer, mesurer et encore mesurer afin d’obtenir des proportions correctes.

Etape 5 : représenter les blocs de valeurs

C’est là que notre maquette commence un peu plus à nous servir, surtout si l’on a prévu de ne pas reproduire les valeurs exactement comme sur la photo.
Souvent j’aime « aplatir » les valeurs les plus sombres, c’est-à-dire que j’aime regrouper au maximum les tonalités les plus intenses, dans le but de mettre en valeur les parties claires.
A ce stade, j’essaie de dégrossir le travail uniformément sur la feuille. Je pars d’une valeur moyenne entre 6 et 7 avec la mine fusain (entre 4 et 5 si je travaille avec la mine nero soft). Si ces nombres ne vous parlent pas, je vous conseille de relire cet article. Le papier mi-teinte m’aide à instaurer mes principaux volumes.
J’ai réalisé une cartographie de la hiérarchie de valeurs:

Une carte de la hiérarchie des valeurs.

Une carte de la hiérarchie des valeurs.
Travailler en noir et blanc présente l’avantage de ne pas être distrait pas les couleurs. Pour un œil non entraîné, c’est déjà assez difficile comme ça, donc mieux vaut ne pas trop en rajouter. Sur cette carte des valeurs, vous remarquerez que les motifs sont circulaires et que le cliché original présente une gamme très large de valeurs.
J’apprécie spécialement comment la lumière réagit avec les pommettes et les joues : je me régale à l’avance de dessiner ces parties-là et je n’hésiterai pas une seconde à amplifier le volume. 😉
Je me concentre spécifiquement sur le regard et l’expression de la bouche, qui représentent LES grosses difficultés. Mieux vaut être patient et prendre son temps, encore une fois.

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j’étale rapidement au pinceau certains aplats.
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Je représente ensuite les valeurs moyennes. Pas facile avec le fusain, surtout sur un visage clair. Je travaille par bloc et travaille l’harmonie de l’ensemble. Je n’estompe pas pour l’instant. S’il y a des petites erreurs, je gommerai plus tard, c’est-à-dire après estompage.

Etape 6 : détail des valeurs

Maintenant que le plus dur est fait, j’élargis la gamme de valeurs, j’affine certaines formes plus locales. Je fais de constants va-et-vient entre ma référence, ma maquette et mon dessin.
Je plisse (très) souvent les yeux pour comparer les valeurs de mon dessin et de ma référence, même si j’ai un peu l’air d’un abruti avec cette mimique faciale :D, au moins je suis sûr de ne pas me planter à mesure que j’avance.
Plisser les yeux (=regarder à travers le filtre que sont nos cils) permet d’aplatir les valeurs et les contrastes : on peut voir au premier coup d’œil si les valeurs sont décentes ou non.
Pour que vous vous rendiez compte des formes imbriquées qui constituent ce visage particulier, j’ai représenté des lignes de niveau qui permettent de mieux apercevoir les reliefs et les changements de direction des surfaces du visage.

courbes-de-niveaux

Voici ce que j’appelle les « courbes de niveaux » du visage. Cela peut faire penser au filet qu’utilisent les infographistes 3D (sauf que ce n’est pas destiné à de l’animation dans ce cas précis, juste à du rendu, donc à tous les puristes: la topologie ne nous intéresse pas ici ^^).
C’est toujours une bonne idée de faire ce genre de petit exercice quand on est novice ou que l’on a des difficultés à comprendre les formes dans l’espace.

portrait-6

Un peu de détail pour bien définir les volumes spécifiques à ce visage. J’estompe au dernier moment (j’insiste) pour augmenter la gamme de valeurs et mieux définir les volumes.


Etape 7 : Finalisation

C’est là que je prends le plus de plaisir à dessiner.
A ce stade je pose mes noirs et mes blancs (ombres de cavités, rehauts, reflets…), que j’ai soigneusement gardés pour la fin.
C’est là que l’effet « wow !» se produit en général. Les volumes « claquent » d’un seul coup. Le dessin « sort » de la feuille, un vrai bonheur pour les yeux.
Attention cependant, car c’est une erreur très courante, de croire qu’un papier saturé de graphite acceptera le fusain ou le crayon blanc. Je me fais souvent avoir (car je suis une tête en l’air), mais le graphite est une vraie plaie pour ça. C’est aussi pour cette raison que j’apprécie le papier semi-teinte, car je n’ai pas besoin de trop appuyer mes valeurs moyennes.
Il est vrai que la mine nero me permet d’être plus précis que le fusain, même si ce dernier s’efface mieux. Pour un portrait vraiment propre, il est préférable de réduire le plus possible toutes les opérations faites à la gomme. La qualité du papier s’en trouverait modifiée à force.

portrait-7

Je travaille certains reflets avec ma gomme électrique qui s’avère toujours d’une précision chirurgicale et vraiment adaptée pour retravailler le fusain.

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Le crayon blanc me permet de mettre en valeur les formes. Je peux aussi l’estomper si besoin, mais la texture du papier me permet de suggérer les aspérités de la peau.

portrait-vivien-leigh-final

Le portrait finalisé. Bon ok, on ne reconnaît plus l’actrice, mais je me suis fait plaisir et c’est bien l’essentiel. Le fusain est loin d’être le plus facile des outils pour commencer cela dit: je vous conseille vivement un crayon tout simple si vous débutez :)
J’ai pris le temps de scanner le dessin, car les photos déforment toujours la perspective et appauvrissent les contrastes (vous avez déjà dû le remarquer). N’oubliez pas de signer votre dessin (et le dater si vous voulez analyser vos progrès dans le temps).

Mes « p’tits conseils qui payent pas d’mine »

Voici mes petits trucs et astuces qui peuvent faciliter grandement la tâche à tout apprenti portraitiste:
  • Prenez le temps de bien observer les particularités de votre sujet : qu’avez-vous remarqué au premier regard ? il faudra que sur votre dessin final vous retranscriviez au mieux cette première impression. Ici, les pommettes bien arrondies par le sourire m’ont tout de suite séduit (et d’ailleurs j’en ai peut être un peu trop fait).
  • Soignez le regard avant tout, l’expression de la bouche ensuite, et vous aurez déjà bien dégrossi le travail.
  • Placez les lignes des cils, puis dessinez la forme de l’iris, avant de dessiner le reste de l’œil.
  • Dessinez l’interstice de la bouche, avant de représenter le contour des lèvres.
  • Si à chaque étape le dessin reste agréable à l’œil, vous augmentez considérablement vos chances de succès.
  • Ne dessinez pas cheveu par cheveu, mais groupe de mèches par groupe de mèches (bon, ici les cheveux sont noirs, ce qui est plus facile que pour des cheveux clairs). Ce principe vaut pour tout : dessinez les plus gros contours d’abord, les détails ensuite.
  • Pensez aux volumes des grosses formes en trois dimensions, plutôt que des aplats de tonalités en deux dimensions.
  • Considérez toujours le visage comme un tout, et essayez de monter en contraste sur l’ensemble du dessin plutôt que de travailler les tonalités locales, pour au final vous perdre dans les valeurs.
  • Plissez les yeux très très souvent, autant sur votre référence que sur votre dessin. Comparez-les constamment encore et encore en observant à travers vos cils, jusqu’à ce que les valeurs soient convenables et que les volumes ressortent bien.
  • Contrairement à ce que l’on pourrait croire au premier abord, ni le blanc des yeux, ni les dents ne sont de valeur 0 (=blanc). Ce n’est pas parce qu’un matériel est naturellement blanc qu’il est de valeur 0, car l’éclairage aura toujours le dernier mot.
  • Entraînez-vous à observer les visages dans la rue, ne soyez pas timides. Dès que la personne ciblée vous regarde, fixez autre chose sans bouger la tête pour ne pas lui donner l’impression que vous la scrutiez, et dès qu’elle ne s’occupe plus de vous, continuez à l’observer : C’est une technique de vieux renard qui fonctionne bien 😀 . Aiguiser son sens de l’observation doit devenir une tâche continue qui permet de progresser sans même dessiner.

Comment dessiner d’imagination?

Comment dessiner d’imagination?

Ca y est, vous avez décidé de passer aux choses sérieuses depuis peu. Après avoir copié des tonnes et des tonnes de dessins, de photos, et même des modèles d’après nature, vous vous sentez prêt à dessiner d’imagination et à montrer au monde le fruit de votre dur labeur.
  Vous attrapez avec fierté votre plus beau crayon HB et une jolie feuille A4 avec une légère granulation. Vous êtes confortablement assis sur votre chaise, dorénavant en position de combat, vous vous mettez à crayonner erratiquement de gauche et de droite. Cependant, plus vous avancez dans votre création, et plus vous sentez un malaise vous envahir. Vous prenez alors un peu plus de recul au dessus de votre croquis et vous vous apercevez avec terreur que vous dessinez comme…. un enfant !
Vous qui recopiez pourtant à la perfection vos héros préférés, ou qui avez passé un temps impensable à reproduire les modèles les plus difficiles en un temps qui en ferait rougir plus d’un…
Comment est-ce possible ? Ne seriez-vous pas au final qu’une machine à copier?
Rassurez-vous, je pense sincèrement que 99% des artistes sont passés par là, si ce n’est pas 100%.
La raison de cette différence est simple, le dessin d’observation et le dessin d’imagination ne font pas intervenir les mêmes parties du cerveau. Il s’agit de deux activités cérébrales totalement différentes. (Attention je ne parle pas du geste en lui même, mais des processus d’intégration et des processus mentaux qui interviennent juste avant de tracer un trait.)


Pourquoi une telle différence?

« Le dessin reste du dessin » pourraient dire certains, comme d’autres pourraient répliquer d’une façon toute aussi irréfléchie: « c’est la main qui dessine, pas la tête ». Pourtant, tous vos schémas moteurs sont bien originaires de certains réseaux synaptiques de votre cerveau, et les gestes du dessin en font partie. La main n’est qu’une actrice, un simple outil au bout de la chaîne motrice. Le cerveau est le chef de projet : c’est lui qui planifie chaque geste. Sans vous faire un cours de neuroanatomie qui vous barberait certainement autant que moi (on est ici pour dessiner par pour philosopher, nom d’un chien! 😉 ), je tiens à vous faire comprendre ceci : le cerveau va piocher dans différents réseaux de neurones selon que vous dessinez d’imagination ou d’observation ; les informations ne transitent pas de la même façon selon l’un ou l’autre.
Pour vous expliquer le plus simplement possible, j’aurais tendance à mettre en avant quatre grandes notions qui viennent différencier le dessin d’imagination du dessin d’après modèle :
  • La compréhension
  • La visualisation en trois dimensions
  • La mémoire visuelle
  • L’imagination

La compréhension du monde réel

Il faut être assez curieux pour comprendre ce qui nous entoure. Certains individus, selon leurs capacités intellectuelles, leur éducation et leur expérience pourront traverser la vie sans trop réfléchir sur le pourquoi et le comment. La curiosité n’est pas un vilain défaut lorsqu’on veut comprendre les rouages et les mécanismes de l’environnement qui anime notre quotidien. Un artiste curieux aura bien plus de chances d’étonner le public qu’un artiste passif qui reste dans sa zone de confort et qui ne fait pas l’effort d’apprendre de nouvelles choses.
Pour vous aider, voici les questions qu’on peut se poser lorsqu’on est observateur et curieux:
  • la nature: en quelle matière est fait l’objet ? de quoi est-il constitué ? Ressemble-t-il à quelque chose que je connais déjà ? Puis-je le comparer à quelque chose que j’ai déjà observé ? quelle est sa structure interne et externe ? Quelle est son histoire ? S’il s’agit d’un objet vivant : comment est-il animé ? Que me rappelle-t-il lorsqu’il est en mouvement? Est-il constitué d’un squelette ou est-il simplement animé par des tissus contractiles ? Quel genre de comportement a-t-il ? Etc…
  • La fonction: quel utilité a cet objet ? Fait-il partie d’un système complexe? Quel rôle a-t-il dans ce système ? Quels sont les autres objets du système qui ne pourraient pas fonctionner sans lui ? Etc…
  • La perspective: s’agit-il d’une perspective à un, deux ou trois points de fuite ? Quelle est la hauteur de la ligne de vision ? A quelle distance se tient-on de l’objet ? L’objet a-t-il une perspective similaire à un autre objet de la scène Etc…
  • La lumière : s’agit-il d’une lumière directionnelle ? Ponctuelle ? Colorée ? Artificielle ? Naturelle ? Quelle est sa taille par rapport à l’objet? Est-elle dure ou diffuse? Dans le cas où elle serait naturelle, à quelle heure intervient-elle ? Etc…
  • La géométrie : l’objet ressemble-t-il à un design que j’ai déjà pu observer par le passé ? Ou bien à d’autres objets de la même catégorie ? Ou alors à d’autres objets inertes ou vivants qui n’ont à priori rien à voir ? Quelles sont les formes géométriques primaires qui résument le mieux l’objet ? L’objet a t-il un design plutôt organique ou cubique ? Etc…
 


La visualisation en trois dimensions

En d’autres termes, c’est la projection mentale de ce que l’on veut dessiner dans un monde en trois dimensions. C’est une activité très difficile et qui s’acquiert avec pas mal d’efforts et d’expérience.
Projeter mentalement un dessin, c’est un peu comme jouer aux échecs, plus on est compétent dans cette activité, et plus on est capable d’anticiper un maximum de coups à l’avance. Ce qui signifie que l’on sait où on va avant de poser chaque trait. Rappelez-vous de ce point. Les activités et compétences qui peuvent grandement aider la visualisation en 3D sont :
  • l’acquis des bases de la perspective: si vous êtes abonnés au blog, vous allez recevoir mon mini-guide sous peu 😉
  • la modélisation 3D : installer par exemple google sketchup (logiciel gratuit) sur votre ordinateur et amusez-vous à construire des formes simples et à faire bouger la caméra à votre guise. A force de voir bouger des objets en trois dimensions, vous pourrez de mieux en mieux reproduire les perspectives que vous voulez utiliser dans votre dessin.
  • La sculpture : cette activité développe fortement la visualisation en trois dimensions. Construire étape par étape une création en volume entraîne le cerveau à représenter et à manipuler les formes à sa guise. Le gros avantage de la sculpture, est que vous aurez une meilleure compréhension des volumes, étant donné que c’est vous qui aurez construit votre œuvre du début à la fin. Si vous n’avez pas la place pour faire de la vraie sculpture, voici un exemple de bonne pâte à sculpter utilisée dans certaines grandes écoles d’arts. Si vous n’avez pas la place, il existe de très bons logiciel comme Sculptris (gratuit). Essayez, vous risquez de vous amuser. Pour info, j’utilise la version 4R3 du logiciel Zbrush (payant). J’utilise Zbrush depuis longtemps, mais j’avoue qu’il est un peu complexe au départ.
Voici un exercice qui vous fera travailler la projection mentale :
  1. Sculptez ce que vous voulez, une tête, un personnage, avec des formes assez marquées et reconnaissables, mais relativement simples.
  2. Faites le tourner devant vous sous tous les angles pendant environ 5 minutes. Efforcez-vous d’aller doucement et observez-le sous toutes les coutures. Prenez le temps de distinguer les proportions, la géométrie, le design (aussi simple soit-il).
  3.  Maintenant, essayez de le dessiner sous un angle précis sans le regarder (ne trichez pas, ça ne sert à rien). Dessinez ce qui vous vient, n’ayez pas peur de l’échec, car vous échouerez sur les premiers essais, croyez-moi. Cet exercice allie mémoire visuelle et projection mentale. En réalité, tout ce dont vous ne vous souvenez plus, votre cerveau tentera de le reconstruire par lui-même, avec plus ou moins de précision. N’abandonnez pas. Si l’objet est trop difficile à visualiser, changez-le. Vous n’êtes pas obligé de prendre une de vos sculptures pour notre exercice, mais il est toujours difficile de trouver des objets intéressants et peu complexes. Tandis que si vous sculptez un petit personnage ou un visage simple, vous prendrez plus de plaisir à le dessiner que s’il s’agit d’un objet aléatoire et sans intérêt.
Cet exercice nécessite énormément de concentration, prenez votre temps encore une fois! Éloignez les activités parasites comme votre téléphone portable, votre petit frère ou votre petite sœur (huhu 😉 ) et j’en passe…
 


La mémoire visuelle

Il s’agit de votre bibliothèque d’images internes engrangées avec le temps. Il est indispensable d’être observateur, ou de se forcer à l’être, et ceci quotidiennement. On peut se discipliner pour devenir curieux et observateur. N’observez pas que ce qui vous intéresse. Sortez de vos domaines de prédilection, et de façon générale soyez attentif aux formes globales plutôt qu’aux détails.
L’exercice précédent est très bon pour la mémoire visuelle.
Vous pouvez également utiliser l’exercice décrit dans cet article sur la mémoire visuelle.
Pour retenir une image ou une scène visuelle à moyen et long terme, rien de tel que :
  • de la comprendre (tous les points cités précédemment)
  • de l’observer au moins 5 à 10 minutes par jour pendant plusieurs semaines
Moi qui suis un grand fan du « Seigneur des Anneaux », j’ai pu remarquer qu’à force de revisionner la saga encore et encore, je prends connaissance de toujours plus de petits détails que je ne voyais pas les premières fois où je passais les films. Tout ça pour dire que lorsqu’on connaît vraiment une image, on est capable de la décortiquer dans les moindres détails sans trop d’effort. Lorsqu’on apprend des choses sur une image, c’est qu’on ne la connaît pas suffisamment pour la dessiner dans les détails, ni plus ni moins. Ce qui fait que je ne sais toujours pas dessiner Gollum d’imagination (encore trop approximatif… mais un jour viendra où je pourrais le dessiner sous tous les angles: il faudrait que je fasse des arrêts sur image pour marquer un peu plus ma rétine 😉 ).
Encore un exercice qui peut vous servir :
  1. Observez un objet 5 minutes
  2. Fermez les yeux
  3. imaginez-vous en train de dessiner cet objet sur une feuille trait par trait, étape par étape : plus vous parvenez à imaginer vos traits et à les conserver dans votre esprit au fur et à mesure que vous dessinez intérieurement, plus votre mémoire à court terme est améliorée, ce qui est toujours mieux qu’une mémoire de poisson rouge qui ne permet pas de visualiser un trait plus d’une seconde 😉 .
  4. Dessinez à présent sur votre feuille ce que vous avez visualisé dans votre tête.
Cet exercice est utilisé également par les sportifs de haut niveau, et notamment par les gymnastes avant d’effectuer des figures acrobatiques complexes : ils visualisent et anticipent du mieux possible les sensations physiques qu’ils devraient ressentir pendant l’effort, afin de réaliser au mieux leurs gestes techniques. C’est exactement pareil pour nous avant de dessiner, mieux vaut projeter ce que l’on va faire avant de se lancer à l’aveuglette.
 



L’imagination

L’imagination est étroitement liée à l’inspiration. C’est en fait la façon dont on mixe notre bibliothèque visuelle interne avec les éléments du réel. On ne peut jamais vraiment créer quelque chose de parfaitement original. C’est mère nature qui guide notre imagination du début à la fin. Nous ne faisons que mélanger les éléments du réel à l’intérieur de notre esprit. Plus l’on est capable de mixer des concepts complexes, plus notre imagination est puissante. Si notre bibliothèque interne d’images (issue de notre mémoire visuelle à moyen et long terme) est bien fournie, il sera d’autant plus facile de les fusionner avec des références photos existantes ou un modèle d’après nature.
Demandez à un architecte de construire un building solide. Ce sera bien plus facile pour lui de construire le bâtiment de ses propres mains (même si en soi, c’est la compétence de l’ouvrier), que pour un individu lambda qui n’y connaît rien dans le domaine.

Pour conclure

Gardez bien en tête que le dessin d’imagination peut être le stade final d’aboutissement d’un artiste. Bien sûr, on peut toujours s’aider de références photos lorsqu’on crée une illustration (d’ailleurs je le recommande fortement). Cependant, il est toujours bien d’essayer d’observer, de comprendre le fonctionnement des objets et des êtres vivants qui nous entourent. On peut améliorer son dessin rien qu’en étant observateur, sans dessiner un seul trait, simplement en entraînant son cerveau à analyser un visuel.
Donc ce n’est pas parce que vous n’avez pas de carnet de croquis sur vous, qu’il n’est pas utile d’observer, bien au contraire. Habituez-vous à observer et à comprendre ce qui vous entoure. Intéressez-vous à tout. Aucune petite pilule miracle ne réfléchira, ne sera attentive et ne prendra du temps pour observer à votre place 😉 .
  Si vous préférez vous en tenir au dessin d’observation (dessin « passif », comme je l’appelle), c’est tant mieux pour vous, l’essentiel est de se faire plaisir en dessinant. A l’inverse, réaliser ses propres illustrations, avec ses propres idées, son propre style est une tâche difficile, qui prend des années; il faudra s’armer de patience car apprendre à dessiner c’est aussi apprendre à imaginer.
Je suis actuellement en train d’écrire un guide sur la créativité artistique. Ce livre me prend beaucoup de mon temps libre, et ne verra certainement pas le jour avant l’été 2013. Il sera dédié à faciliter la tâche à l’artiste, dans la recherche de ses propres idées de dessin. Avec ce livre en votre possession vous ne pourrez plus être à cours d’idée. Patience donc! 😉

La guerre civile inconcevable

La guerre civile inconcevable

Guerre Civile

La guerre civile inconcevable

Pendant que l’on amuse le peuple de débats oiseux, l’État recule. De renoncement en renoncement, la libanisation de notre pays semble inexorable.

Le psychodrame national actuel au sujet de la déchéance de nationalité constitue une synthèse pratiquement parfaite des faiblesses de nos institutions et de notre vie politique. Confronté à l’imprévu, le président réagit précipitamment par une combinaison d’astuce tacticienne, d’effets de communication et de récupération politique. Ses frondeurs en profitent pour le mettre dans l’embarras en affichant leurs « valeurs » et leur « conscience de gauche », devant des médias friands de scandales artificiels. Les Français cèdent à leur penchant habituel pour les débats idéologiques, tandis que l’opposition cherche à utiliser la dernière polémique pour faciliter son retour au pouvoir.
Rien donc de nouveau dans l’affaire, et le second élément ne l’est pas davantage ; c’est la peur, celle-là même qui est responsable de la confusion actuelle : peur d’appliquer les lois, peur de nommer les choses, peur d’être accusé de racisme ou d’islamophobie, peur de sanctionner, peur de perdre les élections, peur de la condamnation des instances supranationales, et surtout peur de s’attaquer aux véritables problèmes qui minent le pays.

L’engrenage

C’est précisément cette crainte de sévir, de trancher et d’affirmer l’autorité de l’État qui explique la pérennité et la multiplication des zones de non-droit, le développement des trafics d’armes, de drogues et d’êtres humains, le délitement du système scolaire, l’envolée des « incivilités » et de la délinquance, l’anarchie du système carcéral, l’immigration incontrôlée, la naturalisation bradée, le communautarisme rampant, les prêches de haine dans les mosquées intégristes et la quasi-absence d’expulsions de déboutés du droit d’asile – ou même de terroristes.
Il suffit de suivre l’enchaînement et l’imbrication de tous ces facteurs pour comprendre l’impasse actuelle : l’immigration incontrôlée a provoqué entassement, chômage, déracinement, déscolarisation, haine de la France, phénomènes de bandes et petite délinquance. D’abord non sanctionnée, celle-ci a prospéré dans les zones de non-droit, puis elle a abouti à une criminalité plus dure, débouchant souvent sur la case prison ; que ce soit durant une incarcération mal contrôlée, dans les mosquées ou sur Internet, les délinquants sont tombés sous l’influence des intégristes prêcheurs de haine, qui leur ont donné une raison de vivre – et même de mourir. Ce n’est là que le schéma “standard”, auquel s’ajoutent les “copy cat killings”, crimes d’imitation commis par des esprits faibles ou perturbés. Les autorités étant incapables d’intervenir efficacement à l’une quelconque des étapes de ce processus infernal, il ne pourra que s’amplifier à l’avenir – d’autant que les enfants de ces intégristes, élevés dans une ambiance de haine, risquent d’être encore plus féroces et meurtriers que leurs parents…

Peur de la peur

Ce sombre tableau sera rejeté par bien des lecteurs, non parce qu’il ne correspond pas à la réalité, mais parce que l’admettre obligerait à avoir peur. Or, non seulement nous craignons la peur, mais encore nous craignons d’admettre que nous avons peur. Dès lors, la suite prévisible des événements se verra opposer un déni encore plus catégorique ; cette suite, c’est la conséquence logique de la faiblesse des autorités et de l’expansion du communautarisme dans les zones de non-droit. « La charia s’applique là où nous sommes majoritaires ! » a-t-on entendu en Allemagne et aux Pays-Bas. « Les agents de l’État français ne peuvent pas entrer chez nous ! » entend-on de plus en plus fréquemment dans certaines banlieues françaises. Quel que soit l’avenir de Daech – qui finira par disparaître, victime à la fois de ses ennemis et de ses dissensions internes –, la France connaîtra inévitablement l’accentuation d’un processus de communautarisme et de libanisation.

Des scénarios « inconcevables »

Bien entendu, ce processus ne mènera pas à la guerre civile, car ce serait inacceptable, et dans la pensée magique, l’inacceptable ne saurait se produire. D’autant que la perspective d’une telle guerre alarmerait le peuple, et rien n’est plus dangereux qu’un peuple alarmé – sinon un terroriste fanatisé. C’est d’ailleurs dans l’espoir de « rassurer les populations » que les autorités envoient des militaires en uniforme patrouiller et servir de gardes statiques – tout en sachant parfaitement qu’ils ne peuvent rien prévenir et constituent des cibles idéales pour un tueur bénéficiant de l’effet de surprise.
Bref, cette guerre civile impossible, impensable et inacceptable peut se déclencher de l’une des quatre manières suivantes : le premier scénario, un affrontement entre l’extrême droite et les salafistes, est aussi le moins vraisemblable ; en France, comme partout en Europe, les extrémistes s’en prennent rarement aux extrémistes, préférant les affrontements à moindre risque contre les modérés et l’État désarmé – même si l’on peut craindre des actions de représailles pour remédier à une démission trop ostensible des autorités.
Dans le deuxième cas, certaines banlieues, villes ou conurbations du pays entreront en dissidence, hissant le drapeau noir de Daech, le drapeau blanc et noir d’Al-Qaïda, le drapeau jaune du Hezbollah ou le drapeau vert des nouveaux islamistes qui auront émergé dans l’intervalle ; même un gouvernement faible ne pourra le tolérer, et les opérations de reconquête par l’armée, la gendarmerie et les groupes d’intervention seront longues et sanglantes.
Le troisième scénario est celui d’un effondrement de l’économie française, consécutif aux multiples errements que nous connaissons déjà ; dans un tel cas, les innombrables allocations assurant la paix sociale devront être réduites ou supprimées, ce qui provoquera des émeutes difficilement contrôlables, eu égard à la masse des bénéficiaires de l’assistanat, à l’échauffement des esprits, à l’effervescence religieuse et à la libre circulation des armes de guerre…

Les conflits importés

Le dernier cas est celui d’une dérive fatale des affrontements intercommunautaires, précipitée ou non par des événements extérieurs ; les hostilités déjà familières – et minimisées – entre Roms et Beurs, musulmans et juifs, Corses et Marocains, Kurdes et Turcs, Tamouls et Sri-Lankais, mafias italiennes et tchétchènes peuvent se doubler à l’avenir de conflits ouverts entre chiites et sunnites, Serbes et Kosovars, Érythréens et Somaliens, Indiens et Pakistanais, ajoutés à de possibles règlements de comptes d’ampleur entre Nigérians partisans ou non de Boko Haram, Syriens alaouites et opposants à Assad, Iraniens proches des ayatollahs et activistes des Moujaheddines du Peuple, Libyens affidés à Tripoli ou à Tobrouk, Afghans pro et anti-talibans, Pakistanais de diverses confessions, voire Hutus et Tutsis rwandais si les guerres tribales devaient reprendre en Afrique de l’Est.
À tout cela s’ajoute que les nouvelles vagues d’immigration massives vont sans doute charrier quelques courants de haines mortelles encore inconnues sous nos latitudes. Bien sûr, beaucoup de ces affrontements importés ne se produiront pas, mais qui osera affirmer qu’aucun n’éclatera ? Et que pourra faire dans cette éventualité une armée française épuisée par les gardes statiques, peu sûre de ses effectifs et moins encore de ses matériels ? (Ce qui ne signifie pas qu’elle ignore le danger : dès 2006, elle a ouvert dans l’Aisne le CENZUB, Centre d’Entraînement aux Actions en Zone Urbaine).
Les naïfs diront que ces déchaînements de violence se produisent certes en Afrique, au Proche et au Moyen-Orient, mais qu’ils ne peuvent s’exporter en France, pays du vivre ensemble et des droits de l’Homme ; les craintifs trembleront et se réfugieront dans un silence assourdissant ; les attardés et les indignés hurleront au contraire que le seul fait d’évoquer de telles possibilités pourrait les amener à se produire – tout comme au Moyen-Âge, on s’interdisait de prononcer le mot de peste par crainte de la convoquer… Et comme nous sommes en France, tout cela se terminera par des procès futiles et des joutes verbales stériles à visées électoralistes.

Le salut dans l’improbable

Pourtant, il faut bien ménager une place au hasard, car dans les destinées humaines, c’est souvent le plus imprévu qui est le plus certain. Dans ce cas, les scénarios probables nous seront épargnés, et la France trouvera finalement son salut dans la survenue de l’improbable…
François Kersaudy


lundi 25 janvier 2016

Comment placer et dessiner les ombres?

Comment placer et dessiner les ombres?

 (partie 3)

Avec plus d’un mois d’attente,  voici la partie 3 de notre merveilleuse trilogie de l’hiver: comment placer les ombres ?
Cette fois-ci, on va s’attaquer à des formes complexes, et surtout, je vais vous montrer les étapes logiques pour parvenir à rendre vos volumes. Ne vous inquiétez pas si vous vous sentez dépassé par les évènements. C’est qu’il vous faut revenir un peu en arrière et relire les deux premières parties de l’article:

1ère étape : dessiner le croquis au trait.

Choisissez un sujet avec des formes complexes, observez-le, et dessinez-le. Ne dessinez pour l’instant que les contours et les formes générales. Pour ma part, j’ai dessiné rapidement un père-noël d’imagination pour illustrer mon propos (c’est bien la période, non?):
dessiner le père noël
si si, je suis bien le père-noël! comment ça, je ressemble à un nain de Blanche-Neige? pas du tout…

 

2ème étape : dessiner la direction de la lumière.

Dessinez la direction de la lumière dans un coin de la feuille. Celle-ci devrait dans l’idéal être représentée par une flèche en trois dimensions. Voici les étapes pour dessiner votre flèche :
  • Dessinez une ellipse plus ou moins tournée vers le sujet. Je rappelle que l’ellipse est en fait un cercle, mais en perspective. (si vous n’avez pas de notion de perspective, je vous conseille de vous abonner au blog, vous recevrez le mini-guide sur la perspective gratuitement.)
  • Dessinez le centre approximatif de l’ellipse.
  • Faites passer par ce centre, un trait qui coupe l’ellipse en deux parties égales. Cette droite représente la direction en deux dimensions de votre éclairage.
  • Finissez votre flèche en trois dimensions.
De cette façon, votre travail sera facilité par la possibilité de vérifier à chaque moment la direction de la lumière, comme sur cette image:
non non ce n'est pas un champignon à l'envers, c'est une flèche en trois dimensions...
non non, ce n’est pas un champignon à l’envers, c’est une flèche en trois dimensions…

 

3ème étape : réfléchir sur les formes primaires.

Sur une feuille à part, dessinez en plus petit les formes primaires qui constituent l’objet que vous dessinez. Pour rappel, voici les formes primaires que vous pouvez utiliser pour simplifier une forme complexe : sphère, cube, cylindre, cône, pyramide.
dessin simplifié
Humpf, qu’est-ce que c’est que cette tête d’ahuri? hihi ^^

 

4ème étape : placez les ombres sur les formes primaires.

Si vous placez les ombres sur le dessin simplifié (=vignette) de votre croquis, vous aurez une meilleure idée des placements des ombres et des volumes. Pour ceci je vous conseille de :
  1. Dessiner en premier vos terminators (=zones de délimitation entre ombre de forme et lumière).
  2. Dessiner vos ombres en utilisant la tranche de la mine, avec une valeur de 4/10 (0 étant le blanc, et 10 étant le noir). Ce qui veut dire qu’il ne faut pas trop appuyer.
  3. Dessiner les ombres de formes avec tout le panel de valeurs. Vous pouvez vous aider des images de la partie 2 de l’article. Vous devez donc renforcer les contrastes à certains endroits, et rester progressif dans le rendu.  Un conseil précieux: Prenez votre temps. Un deuxième conseil encore plus précieux : PRENEZ VOTRE TEMPS ! et ne copiez pas mon dessin, réfléchissez par vous- même. 😉 (je sais, je sais, mon père noël à une bonne bouille mais ce n’est pas une raison pour copier nan mais! ^^ )
    dessin pere noel
    humpf! notre père-noël ne ressemble plus à rien…pas grave, c’est pour la bonne cause.

  

5ème étape : Dessinez les ombres sur la grande version de votre croquis.

En suivant les mêmes étapes que pour votre version simplifiée, placez le terminator, dessinez légèrement les ombres, puis renforcez les contrastes. Rappelez-vous, il n’y a pas que les ombres de formes, on se doit aussi de dessiner les ombres projetées (comme par exemple sous le bonnet, le nez et la moustache).dessin père noël
Pour les formes complexes, pas besoin d’avoir une précision chirurgicale. Les meilleurs dessinateurs écoutent souvent leur instinct, et préfèrent arranger certaines ombres et certaines formes à leur sauce, même si elles ne sont pas tout à fait exactes. Ne cherchez donc pas la perfection à tout prix et faites-vous plaisir 😉
apprendre-a-dessiner-le-pere-noel
Bon, O.K, mon père-Noël peut paraître vraiment simplissime. Cela dit, je vous ai concocté deux vidéos avec des dessins nettement plus finalisés en suivant la même technique (dans ces vidéos, je saute parfois d’une étape à l’autre, mais je ne le conseille pas si vous n’en avez pas l’habitude):

 

Exercice:

Si vous avez trouvé cet exercice très dur, voire impossible, exercez-vous à dessiner un assemblage de formes simples (sphère, cylindre, cube, pyramide, cône, donut…) et à y rendre les volumes avec les étapes que je vous ai montré précédemment et en vous aidant des images de la partie 2. Ne prenez pas de raccourci, ça se ressentirait rapidement dans vos dessins.


Pit nous donne tous ces exercices pour améliorer et surtout aimer et comprendre le dessin. Un grand merci à toi.

Comment placer et dessiner les ombres? (partie 2)

Comment placer et dessiner les ombres?

 (partie 2)

Voici la partie 2 de notre épisode « comment placer les ombres ».
Vous trouverez la partie 1 ici.
Dans cet article, nous allons voir:
  • comment se comportent les valeurs des ombres de forme créées par une source lumineuse sur une surface plane.
  • comment se comportent les valeurs des ombres sur des objets éclairés par plusieurs sources de lumière.
  • le cas d’un objet éclairé par le soleil et le ciel: les deux sources de lumière les plus courantes de notre vie quotidienne.
  • comment dessiner les ombres sur les formes géométriques simples.
Dans la partie 3, je vous montrerai comment appliquer toutes les règles que l’on a vues précédemment au dessin de portrait, et le procédé étape par étape que j’utilise pour dessiner une tête et un visage humain.
Allez, c’est parti 😉



Comportement de l’intensité des ombres sur une surface plate

Une loi physique appelée « inverse square law » par nos amis anglo-saxons, dit que la lumière en tant qu’onde électro-magnétique s’atténue rapidement en se propageant.
En pratique, il est très facile de montrer l’existence de cette loi: en projetant la lumière d’un spot sur un mur, on peut se rendre compte que la lumière s’atténue d’autant plus rapidement que la distance à parcourir est grande.
Par exemple, si la lumière parcourt 2 fois une certaine distance, son intensité sera divisée par 4.
Si elle parcourt 3 fois cette distance, son intensité sera divisée par 9.
Si elle parcourt 4 fois cette distance, son intensité sera divisée par 16….
Si la lumière parcourt la distance d, son intensité sera divisée par (d multiplié par d).
Comme vous le voyez sur l’image suivante, ce phénomène se vérifie bien avec une lumière artificielle :

inverse square law

Malheureusement, à l’échelle de la terre, cette loi ne peut se vérifier pour la lumière du soleil : l’intensité de la lumière du soleil ne varie pas avec la distance qu’elle parcourt sur terre. Ce qui veut dire en d’autres termes, qu’avec la lumière du soleil, on ne pourra jamais rendre des effets de dégradé de lumière comme  sur ce portrait :

portrait lumiere artificielle

Un visage éclairé par une source de lumière artificielle unique. Remarquez le dégradé de lumière sur le visage, ce qui prouve qu’il s’agit bien d’une lumière autre que la lumière du soleil.

dessin portrait valeur

Observez les valeurs de ce portrait. On voit nettement le dégradé de lumière. Les valeurs les plus claires se trouvent sur le nez et la bouche.


Le comportement des ombres créées par plusieurs sources de lumière

L’autre jour j’ai pu apercevoir cette église éclairée de nuit par deux sources de lumière de même intensité. J’en ai fait rapidement une photo avec mon téléphone mobile, car je trouvais  l’exemple parfait pour illustrer cet article.

deux sources de lumière projetées sur un mur
cliquez sur l’image pour l’agrandir

Notez comment les lumières se mélangent lorsque leurs rayons se croisent.
Notez aussi comme les ombres sont noires à l’endroit où aucune lumière ne parvient, juste au-dessus du porche de l’entrée : la nuit, il n’y a que la lumière de la lune et des sources secondaires qui peut éclairer les surfaces ombrées.

Le cas de la lumière du ciel et du soleil

Comme on l’a déjà vu dans la première partie de l’article, la lumière du ciel vient de toutes parts, et les ombres ont du mal à se former dans de telles conditions.
Ce n’est pas le cas de la lumière du soleil, qui elle, est bien directionnelle.
Pour dessiner une scène d’extérieur, il faut penser à la lumière du soleil combinée à celle du ciel, ce qui est le cas le plus courant.
Voici le visage d’une petite fille que j’avais pu prendre en photo l’année dernière: son visage était d’une part éclairé par le soleil, et la partie gauche de son visage (à droite sur l’image), était éclairée par le ciel et les sources secondaires environnantes. On peut voir comment l’ombre portée d’un immeuble (provoquée par le soleil) sur son visage, a rendu possible l’apparition non seulement d’une lumière plus douce et moins contrastée, mais aussi plus froide en température.

visage de fille éclairé

S’il n’y avait ni ciel, ni source secondaire, la petite fille aurait la moitié ombrée de son visage dans le noir total.


Ombres et valeurs formées par une source artificielle sur des figures géométriques simples

J’ai préparé spécialement pour vous, des images de formes géométriques en trois dimensions, éclairées par une seule source de lumière artificielle sous différents angles, afin que vous vous rendiez compte de l’impact sur les ombres et les valeurs.
Dans l’ordre, voici les différents éclairages artificiels : face, bas, haut, côté, diagonal-côté, arrière diagonal-côté.
J’ai aussi représenté par bandes les différentes valeurs des ombres de forme pour que vous puissiez vous rendre compte de l’intensité des valeurs dans les dégradés de lumière sans cligner et forcer sur vos yeux.;)

sphère renude en 3D
cliquez pour agrandir
cube 3D
cliquez pour agrandir
cylindre 3D
 
cliquez pour agrandir
Souvenez-vous toujours qu’ il est préférable d’utiliser le « test sphère » si vous voulez anticiper les valeurs d’autres formes, ou d’objets. Je rappelle que le « test sphère » fonctionne pour tous les objets lorsqu’il s’agit de rendre les volumes : c’est d’une précision quasi-mathématique ; cela dit, n’y passez pas 10 ans non plus, reportez-vous rapidement sur une sphère dont vous avez choisi l’éclairage au préalable. Avec l’habitude, vous pourrez imaginer une sphère dans votre tête et y aller un peu plus à l’instinct.
Lorsque vous rendez les ombres sur un dessin, et les transitions entre les clairs-obscurs, demandez-vous quelle est l’orientation de la « facette » que vous êtes en train de rendre par rapport à la lumière.
Voici un exemple qui illustre la manière dont vous pouvez vous reporter au test sphère au fur et à mesure que vous dessinez les volumes :

les valeurs d'un cube
il suffit d’imaginer l’orientation de chaque facette microscopique de votre forme, de la reporter sur le test-sphère pour connaître la valeur de chaque gris, puis  de reporter les volumes sur votre dessin.


Un peu de pratique

Voici un exemple d’objet un peu plus complexe pour vous entraîner un peu. J’ai volontairement donné un dessin vierge et un test-sphère avec des grosses facettes pour vous faciliter la tâche.

voici un donut, vous savez, les beignets des policiers américains qu’on peut apercevoir dans les séries TV. Si vous n’êtes pas sûr de quoi il s’agit allez voir sur google image.

prenez le test-sphère suivant pour cet exercice
Les étapes de l’exercice sont :
  1. comprendre d’où vient la lumière du test-sphère (repérer la facette la plus claire, c’est à dire la plus en face des rayons lumineux).
  2. dessiner les contours de la forme du donut au crayon comme sur l’image (ou imprimer l’image).
  3. rendre les ombres en comprenant ce que vous faites et en vous reportant au test-sphère correspondant.
  4. Comparer votre dessin aux résultats de l’exercice (ne trichez pas, sinon l’exercice ne servirait à rien! 😉 )

 



Solution de l’exercice

Si votre dessin ressemble à ça, bravo. Je voulais faire une vidéo au début, mais ces articles me prennent beaucoup de temps, ce sera pour la partie 3 où je vous ferai une petite démo en appliquant la théorie du test-sphère sur un dessin plus complexe.