mercredi 29 février 2012

biographie


  • Audiard
    Michel Audiard, sa vie, ses oeuvres.... j'adore !

    Il avait presque toujours une casquette vissée sur son crâne. Et question casquette il était imbattable. Il en avait si souvent changé au cours de sa carrière...
    Successivement soudeur à l'arc, opticien, livreur, cycliste puis journaliste, il entre dans le cinéma en 1949, presque par hasard, comme on pousse la porte d'un bistrot. Il n'en sortira que trente cinq ans et cent films plus tard. Par la grande porte cette fois-ci, et les pieds devant. Scénariste, dialoguiste, réalisateur et écrivain, il aura promené sa barque dans tous les méandres du septième art en lui donnant celui de la parole.
    Il nous laisse aujourd'hui, quinze ans après avoir appareillé vers de contrées plus célestes, ivre de bons mots, saoul de sa gouaille populaire et poétique, qui fait dire à certains de ses inconditionnels "Putain, ça c'est du Audiard".
    Famille

    Délaissé par ses parents dès son plus jeune age, le mot de famille ne prendra son véritable sens pour Michel Audiard, qu'avec son mariage, peu après la fin de la guerre. Le 3 Mai 1947, il épouse Marie-Christine Guibert en l'église Saint Dominique dans le 14ème arrondissement de Paris. Un mariage qu'il évoquera plus tard avec humour. "Je préfère le mariage à l'union libre. Si on se met en ménage avec une dame, on se prive d'un truc tout à fait charmant: la cérémonie, cet apparat un peu désuet, attendrissant, joyeux. Je parle bien sûr du mariage religieux. Parce que la mariage civil c'est de la dérision. On a flambé toutes nos économies dans la messe, la chanteuse, l'harmonium et les bougies". Cri-cri, c'est le surnom de sa femme, lui donnera deux enfants, deux garçon: françois et Jacques.
    Pour Audiard, le mot famille va prendre un tournant tragique, en même temps que la voiture de son fils François, le 19 janvier 1975. "J'étais chez moi, je l'attendais pour déjeuner. Un coup de fil. Je suis parti. Quand je suis arrivé à quinze kilomètres de la maison, j'ai vu sa voiture écrasé contre un pilier de l'autoroute du sud. Lui, on l'avais transporté à l'hôpital...". François Audiard avait vingt-six ans. Au risque de choquer, il racontait ce qu'il avait fait après l'accident. "Je suis rentré chez moi et, l'heure qui a suivi, sans réflechir, j'ai replongé dans le dialogue que j'étais en train d'écrire. Par une sorte de reflèxe animal". Philippe de Broca, présent ce jour là, se souvient de cet après-midi où ils inventèrent les gags et les déguisements de L'incorrigible.
    Sa détresse, Audiard l'exprimera trois ans plus tard dans son livre La nuit, le jour et toutes les autres nuits. "Je n'ai plus l'esprit à jouer. Un certain temps que je ne joue plus...à rien...depuis qu'une auto jaune a percuté une pile de pont sur l'autoroute du sud et qu'un petit garçon est mort". Il y mettra également en exergue cette citation tirée d'Une saison en enfer: "Tu verras. Je hurlerais dans les rues. Je veux bien devenir fou de rage". Un livre où ressortent tous les fantômes du dialoguiste, enfouis depuis son enfance sous l'Occupation. Audiard avouera que sans sa famille, son fils et son petit-fils Stéphane (fils de François), il aurait tout laissé tombé.
    Jacques Audiard suivra les traces de son père. Il débute une carrière de scénariste en 1983 avec Vive la sociale. Viendront ensuite Mortelle randonnée (co-signé avec son père), Baxter et Les confessions d'un barjo. A quarante deux ans il signe son premier film, Regarde les hommes tomber. Interprété par Jean yanne et Jean-Louis trintignant, ce film fait l'événement lors de la semaine de la critique au Festival de Cannes 1994. Un nouvel audiard pour le cinéma français? Certainement. Mais la filiation cinématographique s'arrête là. Jacques Audiard a su développer un style très personnel, plus proche du cinéma d'auteur. "Ce qu'il ma légué en tant que cinéaste, je ne le sais pas exactement. Il faisait partie de ces gens qui ne considérait pas le cinéma comme un art esentiel. c'était pour lui un travail. Il se voyait davantage comme un écrivain."
    Journalisme

    A la Libération Audiard retourne dans la presse, mais comme journaliste cette fois-ci, sur les conseils de son ami Gaston Servant, qui lui dit un jour: "Tes conneries, au lieu de les raconter, tu ferais mieux de les écrire". Ainsi il va rapidement délaisser le coup de pédale pour le coup de plume, espérant y rencontrer la gloire qu'il recherche. En 1946, il est rédacteur à L'Etoile du soir. André pousse se souvient:" Il était correspondant particulier à Pekin. Il a jamais foutu les pieds à Pekin, ni même à la frontière de la Chine. Il habitait Faubourg Saint-Jacques à l'époque, et il faisait ses papiers de là". Cela donnera sept articles, dont une interview exclusive de Mme Tchang Kaï Tchek, charmante personnne qu'il n'a jamais rencontré, bien entendu...
    Mais le départ est pris. Un destin qui va s'accélérer avec le coup de pousse de France Roche alors rédactrice en chef de Cinévie. Il la rencontre sur le premier festival de Cannes qu'il couvre en tant que simple pigiste. Collaborateur à Cinémonde et Cinévie, le cinéma n'est déjà pour lui qu'un moyen de gagner sa croûte: "J'étais journaliste et les journaux pour lesquels je travaillais avaient tous fait faillite, les uns après les autres, à la libération. Je m'étais glissé dans la presse de cinéma qui, à ce moment là, était très solide, de gros journaux idiots, mais costauds. Je cherchais surtout à travailler quelque part où on ne risquait pas de fermer le lendemain. Je rentre donc à Cinévie. Trois mois plus tard, le journal sombrait...". Cette expérience de courte durée lui permet néanmoins de découvrir Quai des Brumes et les dialogues de Prévert. Il est d'emblée séduit par ce language particulier, propre au cinéma. Mais le déclic, il le devra à Drôle de drame, q'uil considérera toujours comme une référence, un film d'avant-garde dans le domaine du burlesque et qu'il placera au sommet de ses goûts cinématographiques au même titre que les Marx Brothers, W.C Fields ou Orson Welles.
    Copains

    "L'enclos", la maison de Dourdan, une retraite où la table de travail est plus généralement recouverte de bouteilles de bon vin que de scenarii manuscrits. Comme il ne supporte pas la solitude, les amis d'Audiard tiennent une grande place dans la propriété de campagne. Durant le week-end, les chambres sont bien souvent toutes occupés par les membres de la "garnison Audiard": René Fallet, Jean Carmet, Maurice Biraud, Francis Blanche, Georges Brassens, Jean Gabin, Bernard Blier, Lino Ventura ou André Pousse en forment les premières lignes. Comme champ de bataille, la table offre un matériel propice aux confrontations. Gourmand, Audiard y siègeait de manière quasi-féodale. "Il avait le goût de la soupe chaude" disait de lui Jean Carmet, et il trépignait comme un bébé au moment des repas. Face à lui la résistance s'organisait avec des premières fourchettes come Gabin et des "quadrilles de machoîres" comme Ventura, prêt à buter le premier qui s'approchait trop près du civet.
    Les discussion d'après repas, réchauffées par les 12,5° des bouteilles vides, donnaient lieu à de véritables exécutions en place de Grève. Frédéric Dard se souvient du plaisir qu'ils avaient à jeter leur confrères en patûre à Audiard, dans le rôle du bourreau au vocable aussi acéré q'une lame de guillotine. Certains week-ends furent dignes de Stalingrad ou de Verdun. Henri Verneuil se refusait d'ailleurs toujours à quitter la table de peur de faire partie de ses victimes. A des heures avancées de la nuit, et visités par les muses, il leur arrivait de s'échapper vers les étoiles, comme ce soit de juillet 1969 où, éprouvant l'ivresse de l'altitude, ils rejoignirent Armstrong quelque part dans l'espace.
    Pourtant Audiard arrêtera de boire en 1973, et de fumer ses Gauloises en 1982. "Avant, je n'étais pas un alcoolique, j'étais un ivrogne. Je suis devenu complètement sobre au lendemain d'une cuite mémorable. En compagnie de Jean Carmet, j'avais bu sans désemparer pendant neuf heures. Quand j'ai vu toutes les bouteilles vides dans la cuisine, j'ai décider de décrocher. Chez nous, en France, toutes les occasions sont propices à la biture. On boit quand ça va, On boit quand ça ne va pas. Or, en fait, l'alcool ne procure pas la gaieté, mais la cirrhose".
    Carmet n'oubliera jamais Audiard et l'amitié qu'il savait dispenser. Il lui rendit hommage durant la nuit des Cesars en 1991. "C'est une bien bonne chose d'avoir un ami véritable, et je te remercie, Michel, de m'avoir fait connaître ce sentiment".
    Cycliste

    A 16 ans Michel Audiard décide de démarrer une carrière de coureur cycliste. une passion pour la petite reine qui lui est venue de ses échappées solitaires effectuées avec son premier vélo, cadeau de son parrain. Il s'inscrit au Vélo Club du XIVème arrondissement et durant sept ans, il participera à plusieurs courses autour de Paris, avant de choisir la piste. La piste qui possède une particularité de taille pour Michel: l'absence de côtes. "Si Audiard avait pu monter la côte d'Evreux à la même vitesse qu'un Bernard Hinault, on aurait jamais eu de dialoguiste," dira Gilles Grangier. Ecureuil sur la piste du Vel d'HIv, où il n'obtiendra là encore aucun trophée, il finit par abandonner le vélo qui, à défaut de le faire vivre, le fera rêver toute sa vie. Jean Gabin le surnommera même 'le p'tit cycliste' en référence à cette époque.
    C'est en fréquentant le milieu du braquet qu'il rencontrera ses amis de toujours dont André Pousse, alors amateur première catégorie (Audiard fut amateur quatrième catégorie), et qui deviendra professionnel par la suite. Séparés par la guerre, leurs chemins se croiseront quelques années plus tard. Audiard proposera alors à André Pousse un petit rôle de gangster dans Ne nous fâchons pas (1966). C'est ainsi que le champion cycliste passera du braquet au braquage. Avec sa gueule de mandat d'arrêt, Pousse interprétera en effet souvent le rôle de truand. Face à Gabin dans Le Pacha en 1968, il sera un magistral Quinquin, déssoudant sans le moindre sentiment la moitié du mitan.
    Bien qu'éloigné des pistes, Audiard n'en continue pas moins à chérir la p'tite reine. Avec Anquetil, Gabin et Belmondo, il partage une passion qui atteint des sommets au mois de juillet, en même temps que les coureurs du Tour de France. Collectionnant les maillots de champions, il demandait à Robert Chapatte d'en faire la collecte pour lui sur la Grande Boucle. Il envisagera même de tourner un film sur son sport favori avec Serge Leroy. Mais devant l'échec des films de ce genre, il renoncera. "Pendant le Tour de France, les gens sont massés au bord des routes, mais vous n'allez jamais les amener dans un cinéma voir passer le peloton."
    Nouvelle Vague

    Au début des années cinquante, naît un courant, un mouvement de révolte contre les films à papa. Leur bastion, Les Cahiers du Cinéma, où Godard, Chabrol et Truffaut tirent à boulets rouges sur le cinéma populaire, dont la valeur cinématographique est, selon leur propos, inversement proportionnelle au nombre de spectateurs. C'est mathématique.
    L'éternelle querelle entre le cinéma d'art et d'essai et le cinéma populaire est engagée. Les jeunes réalisateurs, en développant un cinéma plus personnel, voir élitiste, n'expriment que la révolte d'une jeunesse en mal d'idéaux et qui connaîtra son heure de gloire sur les pavés parisiens, un mois de mai 1968.
    Audiard, issu de l'ancienne école, est l'une des têtes de turc de la Nouvelle Vague, qui voit en lui les restes d'un cinéma rance et réactionnaire. Relayé par des critiques comme Henry Chapier dans Combat, chaque film d'Audiard essuie un tir de barrage systèmatique. Jean-Louis Bory le traitant de "Marivaux de bistrot", ce dont Audiard s'amusait: "D'abord, c'est moi qui ait commencé en le traitant de Goncourt F.F.I.. Ensuite j'adore Marivaux. Quand à l'association au bistrot, alors là, ça frise la flateerie". Il monta néanmoins en première ligne avec l'aide de Jacques Lanzmann, dans les colonnes de Lui ainsi que dans son ouvrage Mon petit livre rouge paru en 1969.
    Puis, le monde changea, les jeunes révoltés s'embourgeoisèrent. Les banderoles furent mises au placard et les critiques rebelles sur le petit écran. Le contraire eu peut-être été préférable... Bref, la terre tourna, la roue aussi. Elle tourna tellement que, lorsque les revues spécialisées se penchèrent sur le problème du scénario, tout le monde redécouvrit qu'Audiard disait des choses plus libres, plus lucides et plus interessantes qu'il n'y paraissait. Et le pestiféré de se retrouver interviewé par Les Cahiers du Cinéma et Cinématographe. Une reconnaissance tardive.
    Audiard faisait partie des gens qui, pour parler littérature, n'ont pas besoin de s'allonger sur un divan. Un zinc de bistrot lui suffisait. De plus Audiard ne considéra jamais le cinéma comme un art essentiel, et c'est peut-être là qu'il se différenciait du sérieux de la Nouvelle Vague, mais comme un divertissement, voir un gagne-pain. Seul la littérature avait de prix à ses yeux. Et quand il dévoilait, durant deux cents pages, ses qualités d'écrivain, ces deux cents pages suffisaient à recevoir un prix.
    Oseille

    Michel Audiard n'était pas seulement un amoureux du bon mot, mais du bon vivre en général. Devenu célèbre, ses dialogues deviennent un label, une garantie. Garantie qu'Audiard fait payer le prix fort. Au faîte de sa gloire, il touchera des cachets de quatre cent mille francs par film. Dans les contrats qu'il signe, il est stipulé que son nom figurera dans les mêmes caractères que la vedette du film. Pourtant, malgré une production parfois frénétique, il semblera toujours fauché. Car, s'il ne prétait guère d'intérêt à l'argent, il en dépensait beaucoup. Avec le train de vie qu'il mène, Audiard n'eprouve pas le besoins de satisfaire en plus aux exigences du fisc. Une passion qu'il partageait avec Henri Jeanson. Celui-ci demanda un jour à sa femme d'aller voir son percepteur pour lui dire qu'il ne payerait plus d'impôt. Ce qu'elle fit si bien qu'Henry Jeanson est mort en croyant ne plus payer d'impôts, dont sa femme s'acquittait dans son dos. Croyance à laquelle le fisc ne laissera pas Audiard s'abandonner. Poursuivi par des créanciers qu'il pensait moins tenaces, il sera contraint d'ecrire toujours plus vite comme en 1983. Pour la première fois depuis le début de sa carrière, Michel avait alors passé cinq mois sans écrire quand les impôts lui tombèrent dessus comme "des sauterelles sur un champ de maïs".
    "Si j'ai plus d'argent demain, je vivrai sans argent. Faudra bien que je bouffe, mais on trouve toujours un moyen honnête ou malhônnete de bouffer" disait il. L'argent ne servait qu'à mener la vie qu'il avait envie de mener. Et Michel Audiard était un grand seigneur. Devenu riche, il achètera une maison bourgeoise dans les Yvelines, à Dourdan, "L'enclos". Maison qui lui servira de retraite, mais surtout de lieu de rencontre avc ses principaux amis. La maison leur est ouverte et les week-ends prennent souvent des allures gargantuesques, car Michel sait recevoir en grandes pompes.
    Outre la bonne bouffe et les réunions entre potes, l'argent va permettre à Audiard d'assouvir sa passion pour les voitures, avec trois Porsche et trois Ferrari. D'autre part, malgré son style populo, il ne lésinera jamais sur les costumes et les casquettes, tant en quantité qu'en qualité. C'est bien lui qui disait "le prix s'oublie, la qualité reste".
    Trémoille

    Devenu celèbre, le pied-à-terre de Michel Audiard est un palace du quartier des Champs-Elysées, avec chasseur en livrée, lustres à pendeloques de cristal et mobilier d'époque assorti.
    Hôtel de la Trémoille, chambre 102. Cette chambre au ton beige et bleu ciel, avec un mini-bar toujours bien garni, il la louera régulièrement pour une semaine ou quinze jours. Un cadre propice à son inspiration. "Travailler à l'hôtel, c'est très pratique. Le barrage est absolu. Les standardistes ne font pas de sentiments. Chez moi, à la campagne, j'ai beau vivement conseiller à ma femme de dire aux copains que je ne suis pas là, si c'est Carmet qui m'appelle, elle craque. Ici, quand j'ai envie d'un café, j'appuie sur un bouton. Un hôtel à la campagne c'est encore mieux. [..] A Paris, dès qu'il y a une tentation d'amusement, j'y vais tout de suite. Des copains qui passent : tout ce qui m'arrache au travail est bon en soit. Et puis, ça me donne un alibi: je suis allé me documenter".
    Mais si Michel Audiard se laisse facilement distraire et aller riper sur un zinc, cela ne l'empêche pas d'écrire très vite. En général, un mois de travail, quatres heures par jour, pour les dialogues. Il écrit à la main, pas à la machine; il enregistre sur son magnetophone et il réécoute. Il lui arrive de bloquer sur le ton durant deux ou trois jours. "Parfois, je commence sur n'importe quoi : Bonjour, comment ça va? va te faire foutre. Je sais que ça va se décanter, il ne faut pas se demander comment démarrer, il faut le faire. Même mal : aucune importance puisque vous mettrez tout cela à la corbeille". A certaines périodes, Michel travaillera sur trois films en même temps : démarrant l'un, finissant l'autre et modifiant le troisième. Un rythme qui ne lui était permis que grâce à sa prodigieuse virtuosité à écrire des dialogues, de façon naturelle, véritable stakhanoviste usinant dans le sarcasme. "Le cinéma m'a fait vivre et je n'ai plus envie d'y aller. quelqu'un qui travaille toute la semaine chez Renault ne visite pas les usines le Dimanche".
    Réalisateur

    Michel Audiard franchit le pas le séparant de la réalisation à la fin des années soixante. De 1968 à 1974, il réalisera 9 films, aux titres qui semblaient tout droit sortis de ses dialogues. Un autre amateur de bons mots rendra l'un de ces titres célèbres, celui de son premier film, Faut pas prendre les enfant du bon Dieu pour des canards sauvages. Décrivant brièvement la crise qui mis sont régime en péril, le Général De Gaulle, durant sa conférence de presse du 9 Septembre 1968 au cours de laquelle il annonça notamment le référendum, ne ménage pas ses sarcasmes. Selon lui, les causes de cette crise étaient "le vertige qu'éprouve le pays devant sa transformaion rapide[..], l'esthétique de la contradiction [..], et l'étrange illusion que le néant allait, tout à coup, engendrer le renouveau, que les canards sauvages étaient les enfants du bon Dieu". A Gabin qui lui faisait remarquer que c'était un drôle de titre, Audiard répliquait "plus maintenant que le général l'a cité". Pourtant, ce n'était pas sans difficulté qu'il l'avait fourgué aux exploitants des salles de cinéma, furieux disait-il, de la longueur du titre.
    Après ce premier succès viendront d'autres films: Une veuve en or (1969), Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas...elle cause (1970), Le cri du cormoran le soir au dessus des jonques (1970), Le drapeau noir flotte sur la marmite (1972), Elle cause plus, elle flingue (1972), Vive la France (1973) - un documentaire montage avec la voix d'Audiard où il épingle notamment De Gaulle, Comment réussir quand on est con et pleurnichard (1973), Bons baisers, à lundi (1974).
    Considérés comme baroques et avant gardistes par certains, comme des délires imbuvables par d'autres, ces films remportèrent des succès différents auprès du public. Néanmoins, on peut considérer que leur entrée au Panthéon du cinéma français n'est pas à l'ordre du jour. Voici d'ailleurs comment Audiard parlait de son expérience de réalisateur: "Un malentendu. Je n'ai réalisé qu'un seul film que je voulais faire, le premier [..] Les autres, c'était des commandes imbéciles. A part des choses qui me tiennent vraiment à coeur, n'importe qui serait plus à même de tourner un film. Dès que j'ai plus de deux acteurs dans le champ, c'est la nage complète". Audiard abandonnera la réalisation pour retourner à ses premières aours, là ou personne ne pouvair rivaliser avec lui, les dialogues.

    Scénariste

    Sur l'ensemble de sa carrière, Michel Audiard ne construira qu'une vingtaine de scenarii. Amoureux de litterature, Michel Audiard ira puiser son inspiration dans les polars de la Série Noire notamment. Pour Audiard, le livre est un bon moteur de départ, et même si l'on en garde presque rien, on dispose de l'essentiel, l'épaisseur, la chaire. "Quand on me parle de crise des sujets, ça me fait marrer. Ils n'ont qu'à aller à la Bibliothèque Nationale, il y a vingt millions de sujets qui les attendent. Alexandre Dumas, c'est le meilleur scénariste du monde. Seulement, ça donne de la peine. [..] Un livre, c'est plus difficile, non seulement il faut le lire, mais encore comprendre ce qu'on peut en faire. Alors là, c'est toute une histoire...". Connaissant Simenon sur le bout des doigts, il adaptera plusieurs de ses romans, dont les fameux Maigret, réalisés par Jean Delannoy, avec Jean Gabin. Mais c'est avec son ami Antoine Blondin et Un singe en hiver
    qu'il réalisera l'une de ses plus belles adaptations. Un film ou la gouaille poétique du tandem Gabin/Belmondo se noie dans l'ivresse de leur éthylisme.
    La construction étant le talon d'Achille d'Audiard, il sait s'entourer de confrères qui lui fournissent la trame, le patron sur lequel il brodera ses perles. Parmi eux, Albert Simonin. Ce spécialiste de la langue verte et du roman noir, qui publia le Petit Simonin illustré en 1957, était déjà passé au cinéma en 1953 avec l'adaptation de l'un de ses romans, Touchez pas au grisbi, film où il collabore avec Audiard. Une expérience qui se renouvellera par la suite avec notamment Le cave se rebiffe (1961) et Les Tontons flingueurs(1963). Simonin ne se contente pas d'adapter ses propres romans. Scénariste à part entière, il devint un professionnel du film policier. Le trio Simenon (auteur), Simonin (scénariste) et Audiard (dialoguiste) fera même office de label dans les polars des années cinquante et soixante. Mais Simonin, qui considère que sa carrière au cinéma fait de l'ombre à ses livres, retournera à la litterature après Le pacha en 1968. Parmi les scénaristes avec lesquels Audiard travailla, on pouvait noter une certaine spécialisation : Alphone Boudard pour les histoires de truands, Alexandre Jardin pour les faits de société, France Roche pour les histoires de femmes.
    Livres
    • 1949: Priez pour elles
    • 1950: M
    éfiez vous des blondes
    • 1952: Massacre en dentelles
    • 1966: Ne nous f
    âchons pas (avec Marcel Jullian)
    • 1968: Le Terminus des pr
    étentieux
    • 1969: Mon petit livre rouge
    • 1973: Vive la France
    • 1975: R
    épète un peu ce que tu viens de dire
    • 1975: Le p'tit cheval de retour
    • 1978: La nuit, le jour et toutes les autres nuits
    Vie éternelle

    La vieillesse obsédait Audiard, le terrifiait même. Il avouait y penser sans arrêt, craignant qu'elle ne le surprenne un matin au reveil. Mais à la question "La mort vous fait-elle peur?", il y a longtemps qu'il
    répondait "plus maintenant". Car lui, il était déjà mort une fois, avec son fils François en 1978. C'est avec ce
    drame qu'il perdit sa foi en Dieu. Un Dieu avec qui il avait prit l'habitude de négocier, de parlementer. André Pousse s'en souvient: "On avait fait un pacte avec Dieu, tous les trois, Dieu Michel et moi,qu'on ne pourrait pas. Et puis y'a eu une couille dans l'ordinateur puisque lui, il est parti".
    Ce départ, il s'y préparait déjà depuis longtemps. Les détours près du manège de chevaux de bois du parc Montsouris lui permettaient de revenir parler avec ses vieux fantômes. Mais aussi de penser à la vie éternelle. "Quand j'y croyais, c'était du gâteau. Maintenant, je ne sais plus où je vais. Alors j'essaye d'imaginer un au-delà flou, flou, flou, mais confortable. Il me paraît impossible qu'on y rerouve pas un jour les gens qu'on a aimés".
    Refusant d'abandonner sa qualité de vie, il combattra le cancer qui le ronge à coup de fourchettes et de bons mots, gardant sa superbe et son sourire en coin jusqu'au bout, façon pudeur.
    Michel Audiard est mort dans la nuit du 27 au 28 juillet 1985, dans sa propriété de Dourdan. Pour la première fois de sa carrière, il n'aura pas eu le dernier mot.
    Il lègue au cinéma et à la littérature française un oeuvre unique qui mérite d'être redécouverte, au même titre que celle d'un Tristan Bernard ou d'un Sacha Guitry. Sa révérence, il nous l'avait tirée lui-même dans l'un de ses films :
    "Quand un type comme ça se retire,
    y'a pas de place à prendre,
    c'est la fin d'une époque."
    On aurait pas dit mieux.
    Filmographie en tant qu'acteur[modifier]
    • Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages en 1968
    • Une veuve en or en 1969
    • Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause ! en 1969
    • Sortie de secours de Roger Kahane en 1970
    • C'est jeune et
    ça sait tout de Claude Mulot en 1973
    • Comment r
    éussir quand on est con et pleurnichard en 1974
    • Chantons sous l'Occupation de Andr
    é Halimi en 1975
    • Tendre poulet de Philippe de Broca en 1977 (voix)
    Réalisations, dialogues et scénarios[modifier]
    (Les films dont Michel Audiard a signé réalisation scénario et dialogues)
    • 1951 : La Marche (moyen m
    étrage)
    • 1968 : Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages
    • 1969 : Une veuve en or
    • 1969 : Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause !
    • 1970 : Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques
    • 1971 : Le drapeau noir flotte sur la marmite
    • 1972 : Elle cause plus... elle flingue
    • 1973 : Vive la France (documentaire historique)
    • 1974 : Comment r
    éussir quand on est con et pleurnichard • 1974 : Bons baisers à lundi Films classés par nombre d'entrées :
    • 1953 : Les Trois Mousquetaires 5 534 739 entr
    ées
    • 1981 : Le Professionnel 5 243 511 entr
    ées • 1983 : Le Marginal 4 956 822 entrées
    • 1960 : Un Taxi pour Tobrouk 4 945 868 entr
    ées
    • 1959 : Babette s'en va-t-en guerre 4 657 610 entr
    ées
    • 1958 : Archim
    ède le clochard 4 073 891 entrées
    • 1958 : Les Grandes Familles 4 042 041 entr
    ées
    • 1978 : Flic ou voyou 3 950 691 entr
    ées
    • 1953 : L'ennemi public num
    éro un 3 754 112 entrées
    • 1983 : Les Morfalous 3 621 540 entr
    ées
    • 1963 : M
    élodie en sous-sol 3 518 083 entrées
    • 1960 : Les Vieux de la vieille 3 477 455 entr
    ées
    • 1963 : 100 000 dollars au soleil 3 436 161 entr
    ées • 1959 : Rue des prairies 3 412 201 entrées
    • 1963 : Les Tontons Flingueurs 3 321 121 entr
    ées
    • 1959 : Le Baron de l'
    écluse 3 160 233 entrées
    • 1977 : L'Animal 3 157 789 entr
    ées
    • 1955 : Gas-oil 3 096 411 entr
    ées
    • 1957 : Maigret tend un pi
    ège 3 076 005 entrées
    • 1960 : La Fran
    çaise et l'Amour (Sketch: L'Adultère) 3 056 737 entrées
    • 1955 : La Bande
    à papa 2 913 256 entrées
    • 1979 : Le Guignolo 2 876 016 entr
    ées
    • 1959 : Maigret et l'affaire Saint-Fiacre 2 868 465 entr
    ées
    • 1961 : Le Cave se rebiffe 2 812 814 entr
    ées
    • 1961 : Le Pr
    ésident 2 785 528 entrées
    • 1976 : L'Incorrigible 2 568 325 entr
    ées
    • 1950 : Garou-Garou Le Passe-Muraille 2 566 767 entr
    ées
    • 1950 : M
    éfiez-vous des blondes 2 525 659 entrées
    • 1964 : Les Barbouzes 2 430 611 entr
    ées
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jeudi 23 février 2012

réflexions

le jour où je me suis vraiment aimé

j'ai trouvé ce texte qui me correspond à merveille, avec l'âge on se résonne, se fortifie, se consolide, s'affirme tout en sachant qu'on apprend toujours. C' est le pétillant de la vie qui vous donne envie de vous lever chaque matin pour vivre une autre histoire chaque jour. La vie est une découverte, une friandise, un cadeau que l'on croque parcimonieusement.


Le jour où je me suis vraiment aimé
« le jour où je me suis aimé de vrai,
J’ai compris qu’en toutes circonstances,
J’étais à la bonne place,
Au bon moment.
Et, alors, j’ai pu me relaxer.
Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle l’estime de soi.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai pu percevoir que mon anxiété et ma souffrance émotionnelle,
N’étaient rien d’autre qu’un signal lorsque je vais à l’encontre de mes convictions.
Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle authenticité.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai cessé de vouloir une vie différente
Et j’ai commencé à voir que tout ce qui m’arrive contribue à ma croissance personnelle.
Aujourd’hui, je sais, ça s’appelle la maturité
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai commencé à percevoir l’abus
Dans le fait de forcer une situation, ou une personne,
Dans le seul but d’obtenir ce que je veux, sachant très bien que ni la personne, ni moi-même
Ne sommes prêts et que ce n’est pas le moment.
Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle respect.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai commencé à me libérer
De tout ce qui ne m’était pas salutaire,
Personnes, situations, tout ce qui baissait mon énergie.
Au début, ma raison appelait ça de l’égoïsme.
Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle amour propre
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai cessé d’avoir peur du temps libre
Et J’ai  arrêté de faire de grands plans,
J’ai abandonné les méga projets du futur.
Aujourd’hui, je fais ce qui est correct, ce que j’aime,
Quand ça me plaît et à mon rythme.
Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle simplicité
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai cessé de chercher
A toujours avoir raison et me suis rendu
Compte de toutes les fois où je me suis trompé.
Aujourd’hui, j’ai découvert l’humilité
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai cessé de revivre le passé et de me préoccuper de l’avenir.
Aujourd’hui, je vis au présent, là où toute ma vie se passe.
Aujourd’hui, je vis une seule journée à la fois, et ça s’appelle plénitude.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai compris que ma tête pouvait me tromper et me décevoir,
Mais si je la mets au service de mon cœur,
Elle devient un allié très précieux.


lundi 20 février 2012

cuisine


Frick à l’agneau

Depuis l’antiquité, la Tunisie a su tirer profil d’une terre fertile. Les romains firent de la région du Tell le plus grand grenier à blé du pays. Les Tunisiens savent cuisiner les céréales avec raffinement : ils grillent, ils tamisent, pilent et criblent les grains avec minutie ; Du blé à l’orge, du borghoul à la semoule, les petits grains sont mitonnés avec amour à la chaleur du kanoun


                                                 kanoun


Poterie creuse, en terre cuite, utilisée comme un brasero, pour la cuisson des aliments au charbon de bois. Sa forme, avec des bords échancrés, permet de poser sur cet outil de cuisson, des récipients pour la préparation des plats, ou des produits à cuire directement sur les braises (maïs), l'encens. Très répandue en Afrique de l'Ouest (Sénégal, Mali) et en Afrique du Nord : cuisine marocaine, algérienne, ou tunisienne. Il existe des formes simples ou décorées (peintes avec des arabesques). En Espagne, cet objet porte le nom de el anafe (terme hispano-arabe).

 Pierres posés sur le sol formant souvent un triangle, entre les pierres on peut allumer un feu, les pierres servent d'appuis pour poser un récipient afin de cuire des aliments.

Le frick est une préparation de blé vert : fauchés avant maturité, les grains sont concassés au mortier ou dans un moulin. Tamisés, ils donneront la farine de blé vert. Criblés, les fragments restant ou frick sont conservés et commercialisés pour la préparation des soupes et potages. Ils sont maintenant fabriqués de manière industrielle.

Rapide et délicieuse, cette soupe énergétique se prépare en un tour de main.

Préparation : 20mn

Cuisson : 2 h25
Difficulté : *

Pour 4 personnes il faut :
200g de viande d’agneau
1 branche de céleri
3 gousses d’ail
2 cuillères à soupe de concentré de tomate
1 cuillère à soupe de paprika doux
1 cuillère à café de coriandre séchée
5 cl (¼ tasse) d’huile d’olive
100 g de frick
50 g de pois chiche trempés
½ citron
Sel et poivre

Coupez la viande d’agneau en tranches. Retirez l’excès de graisse. Détaillez-la en petits dés de 1 cm. Versez les dés de viande dans un grand saladier.
Saupoudrez la viande de paprika doux, de sel, de la coriandre moulue et le poivre. Enrobez bien la viande d’épices, en la remuant à l’aide d’une spatule en bois.
Epluchez et pilez l’ail. Faites chauffer l’huile d’olive dans une grande marmite, et mettez l’ail à colorer. Ajouter les dés de viande. Mélangez. Laissez dorer 3 mn sur feu vif en remuant.
Délayez le concentré de tomate dans un verre d’eau. Versez-le sur la viande. Ajoutez la branche de céleri coupée en dés. Laissez mijoter 10 mn sur feu doux et à découvert.
Mouillez la sauce avec 2 l d’eau. Salez et poivrez. Portez à ébullition.
Versez le frick en pluie dans le bouillon en remuant, puis les pois chiches. Couvrrez et laissez cuire 2 h à feu doux.
Hors du feu, versez le jus de citron sur la soupe. Servez chaud dans des bols et éventuellement parsemé de coriandre fraîche.

mardi 14 février 2012










Pêche aux moules et bigorneaux

                                              

LE BONHEUR, C'EST LES AUTRES !


Voici l'ébauche d'un texte humaniste qui deviendra je l'espère un livre. Vous pouvez m'aider à l'écrire: je cherche des co-auteurs !
N'hésitez pas à m'envoyer des e-mails pour m'aider, pour commenter ou pour discuter.

dernière modification le 4 octobre 99








Comment faire pour être heureux ?


C'est LA question la plus importante pour chacun de nous, et que pourtant nous ne nous posons pas souvent. Très rares sont ceux qui y réfléchissent sérieusement à l'aide de leur expérience ou d'une théorie.

Cela paraît simple : " Il suffit d'avoir du plaisir ! " peut-on penser naïvement. Et cela conduit naturellement à l'égoïsme primaire : " je ferais tout pour m'approprier ce qui apporte du plaisir, même s'il faut marcher sur les autres pour y arriver ". L'argent étant le meilleur moyen de devenir propriétaire dans la société actuelle , le but de la vie devient donc être le plus riche possible. Et voilà des milliards d'êtres humains lancés dans la course au profit, les plus avancés empêchant, par abus de position dominante, les plus pauvres de les rattraper.
Or la recherche de l'argent ou du plaisir est souvent frustrante. On se lasse rapidement des sensations déjà éprouvées. Il faut donc en chercher de nouvelles. Et on est souvent déçu, après avoir fourni de gros efforts pour l'acquérir, par un objet très convoité ; il est rarement à la hauteur de ce que l'on imaginait.
Et si le bonheur n'était pas qu'un simple plaisir ? Et si la plupart des bons moments de notre existence étaient dus directement ou indirectement à la bienveillance des autres ? Se pourrait-il que nous soyons si nombreux à nous tromper ?




I : Un bonheur bienveillant


Un constat : il y a un lien direct ou indirect entre notre bonheur et l'intention des autres

C'est un constat qu'inconsciemment nous faisons très tôt : les sourires, les gazouillis et autres gesticulations d'un bébé traduisent dès le plus jeune âge l'influence bénéfique de ses parents et de son entourage. Le nourrisson semble heureux de la simple présence des autres, et il s'irrite de leur absence. On pourrait affirmer ,dans un premier temps, que ce bonheur est dû au plaisir fourni par ses parents : nourriture, chaleur, caresses, voire les changements de couche... Mais alors il ne devrait manifester son contentement de voir d'autres personnes qu'en cas de besoin, ce qui est loin d'être le cas. On peut dire sans trop s'avancer que le bébé a " enregistré " les personnes de son entourage comme étant des fournisseurs de plaisirs et qu'il se réjouit de leur proximité. A notre début , bonheur et plaisir se confondent.

Au cours de l'enfance on a encore souvent tendance à considérer ses parents comme des distributeurs : " Maman, Papa, je veux une glace ! ". " On fait un câlin ? " sont des exemples de phrases courantes.
Cependant la notion d'amitié et celle d'amour (non égoïste) apparaissent avec les premiers dons " désintéressés " à des personnes proches. On aime recevoir des surprises et donner des cadeaux.
Le même objet semble avoir plus de valeur s'il est donné par quelqu'un que si on le prend ou si on l'achète.




II : De bonnes surprises


Une explication : le bonheur est un plaisir inattendu

Pour l'enfant, il commence à devenir plus agréable de recevoir un objet si il ne s'y attend pas. Le jeu est aussi plus agréable avec les autres. La joie d'arriver à gagner à un jeu collectif est plus incertaine que celle de réussir tout seul un casse-tête, et elle n'en est que plus forte. Les discussions avec les camarades sont intéressantes : on apprend des astuces auxquelles on avait pas pensé. Le simple fait de les découvrir sans s'y attendre est une joie. 




III : Une adolescence tourmentée


Un constat : on ne peut pas forcer les autres à nous rendre heureux

S'il devient clair pour la conscience de l'adolescent que les autres sont une source de bonheur, il est moins évident de ne pas les considérer comme des objets. L'ancien enfant a été marqué par tous ces jouets et toutes ces friandises qui lui donnaient du plaisir. Pourquoi les autres ne seraient pas en quelque sorte une gâterie supplémentaire ? Le développement des caresses et de la sexualité fait penser que les autres peuvent nous donner des sensations agréables au niveau du corps, un peu comme les friandises le font au niveau des papilles gustatives. On devient possessif avec nos amis, comme on l'était avec nos jouets. Comme le bonheur procuré par nos amis est plus intense, la jalousie prend une ampleur démesurée. Mais il n'est pas agréable pour notre entourage d'être possédé comme des objets, et des conflits douloureux naissent de cette forme aiguë d'égoïsme.
Dans le même temps, nos parents cessent d'être des " distributeurs ". Ils nous demandent d'être utiles et de leur apporter quelque chose aussi. Décidément, les autres sont plus difficiles que ce que l'on croyait... Quelle déception !




IV : L'altruisme comme solution


Il faut donc faire des efforts pour rendre les autres heureux, si on espère qu'ils fassent de même pour nous.

Il y a bien des définitions du passage à l'âge adulte, la plus simple étant celle d'avoir 18 ans (ou 21).
" Faire plus attention au bonheur d'autrui " est une meilleure description de ce phénomène.
Par exemple, un jeune peut s'apercevoir à sa majorité que ses parents ne le garderont pas dans leur maison s'il leur rend la vie impossible. C'est peut-être par les conséquences négatives du malheur de notre entourage, par l'absence d'affection qui en résulte, que l'on se rend compte de leur importance.
Quand on a compris qu'engueuler sa petite amie n'est pas suffisant pour qu'elle ne nous quitte pas, on peut arriver à se remettre en cause : "  peut-être m'a-t-elle quitté parce que je ne la rendait pas heureuse ? "
De même, en l'expérimentant, on se rend compte que le meilleur moyen de se faire de bons amis est de leur rendre service, de les inviter, de les faire rire, etc...




V : Un paradoxe


On ne peut pas être heureux en " voulant " être heureux

Mais même avec la meilleur volonté du monde, on est souvent sujet à des déceptions avec les autres. Telle personne à qui on a offert un cadeau ne nous a pas remercié. Telle autre n'a même pas voulu nous rendre le même service qu'on lui avait rendu auparavant... L'investissement semble rarement rentable... Comme pour les objets très convoités, le résultat est rarement à la hauteur de nos espérances.
Et si le problème venait justement de nos expectatives ?
Si le bonheur est une surprise agréable, il vaut mieux éviter de le prévoir ! Sinon il n'y a plus d'effet de surprise. Un tour de magie est plus spectaculaire si on ne sait pas comment il fonctionne. Il n'est peut-être pas bon de calculer ce que vont nous apporter les autres et de quelle manière : au mieux, s'il arrive ce que l'on avait prévu, il n'y aura pas de surprise. Au pire, si cela n'arrive pas, on risque d'être déçu, et la déception est une forme aiguë de malheur.




VI : Une voie de sortie


Vouloir le bonheur des autres, sans contrepartie.

Comment faire pour que les autres me rendent heureux à leur tour, sans que je sois obsédé par cette question ?
Si je concentre mes gentillesses sur un individu, rien ne me dit que ce n'est pas un égoïste qui profitera au maximum tout en donnant le minimum.
Par contre je peux essayer de rendre heureux plusieurs personnes, en favorisant celles qui semblent les plus généreuses, un juste retour somme toute. Mais on peut se tromper : les personnes qu'on croyait généreuses peuvent s'avérer égoïstes... et on tombe de haut !
Comment éviter toutes ces déceptions ? En prenant le mal par la racine ! Si mes expectatives sont la source de mes maux, alors il ne faut plus présager du tout de mon bonheur.
Il s'agit ni plus ni moins d'essayer de rendre heureux les autres, sans imaginer quelles pourraient être les contreparties.
Mais si je n'y pense pas, la contrepartie viendra-t-elle quand même , par surprise ?
Peut-être !
Prenons la caricature d'un individu égoïste auquel je rend service: s'il s'aperçoit que je donne plus aux gens qui le méritent, il fera peut-être des efforts pour donner lui aussi.
Dans le cas d'un individu altruiste, le problème ne se pose pas.
Dans tous les cas il est possible d'avoir un retour. Mais si je ne veux pas être déçu, il vaut mieux que je n'évalue pas celui-ci : ni sa probabilité, ni son ampleur, ni sa nature.




VII : Le bonheur de l'humanité


Une conséquence logique.

Si mon bonheur dépend de celui des autres, il vaut mieux que je rende le maximum de gens heureux. Cela évitera d'ailleurs que je ne m'occupe que de quelques personnes qui ne le mériteraient pas...

Évidemment, peu de gens ont la possibilité d'améliorer sensiblement la condition de l'humanité. Quelques dirigeants peut-être, quelques philosophes (suivez mon regard)... Citons aussi les inventeurs, les artistes, les dignitaires religieux ou les organisateurs de révolutions (à condition que celles-ci soient positives et non destructrices)...
Cependant chacun participe à l'édifice, et tel membre d'une association de quartier, tel gardien d'immeuble, tel employé peut avoir une influence positive sur de nombreuses personnes autour de lui.
D'ailleurs la petite association peut grandir, inciter à la création d'autres organisations similaires et avoir une influence sur tout le pays, voire plusieurs pays !

En fait, par l'intermédiaire des médias, chacun de nous pourrait avoir un peu la parole et faire partager ses " bonnes idées " aux autres. Je pense aux courriers des lecteurs dans les journaux, aux libres antennes à la radio ou la télé, ou même à la possibilité de diffuser son point de vue au monde entier sur internet.
Les partis politiques démocratiques ont évidemment un rôle à jouer. Personne ne peut dire si les gens sont heureux, à part les gens eux-mêmes. C'est le principe des élections et des référendums : seul le peuple peut exprimer son rejet ou son contentement. On peut donc promouvoir la démocratie directe (élections plus fréquentes et référendums d'initiative populaires) en utilisant par exemple les techniques modernes de l'informatique (Internet, Minitel ) du téléphone (serveurs vocaux) du courrier (centres de lecture optique) ou plus classiquement des urnes.
En matière d'économie on peut lutter contre la concentration des capitaux : depuis des années, un peu partout dans le monde, une minorité de riches augmente sa fortune alors qu'une majorité voit son niveau de vie stagner ou diminuer. De même, une minorité de grandes entreprises rachètent ou poussent à la faillite les plus petites, aboutissant à des monopoles ou des quasi monopoles.
Rappelons la raison des lois antitrust : en cas de monopole une entreprise peut augmenter ses prix comme elle veut, diminuer la qualité de ses produits et enfin imposer à ses employés des salaires et des conditions de travail déplorables.
On peut même promouvoir des entreprises vraiment citoyennes dans lesquelles la majeure partie des décisions seraient prises démocratiquement. (les syndicats et les coopératives pourraient montrer le chemin...)
etc... etc...




VIII : Et Dieu dans tout ça ?


Une religion humaniste.

Si on est croyant, quelque soit la religion, on est forcément préoccupé par le bonheur des autres. Je ne citerais que les religions chrétiennes, les plus répandues en France :
" Le secret est de rendre les autres heureux " " Il ne faut pas faire aux autres ce qu'on aimerait pas qu'ils nous fassent, c'est la chose la plus importante "
" " il faut aider les pauvres "  " pardonner à ceux qui nous ont offensé "
(ne pas nuire plus qu'il est nécessaire pour se protéger) etc...

De fait, il est logique que notre créateur veuille notre bonheur ! Et si il a doté l'homme de la faculté d'éprouver du bonheur et du malheur, c'est sûrement pour que sa créature tienne compte de cette sensation et s'oriente vers les actions qui le rendent heureux.

Si on est athée, on en a pas moins de l'imagination !
On a vu précédemment qu'un bon moyen d'être heureux était de se préoccuper du bonheur de l'humanité. Mais pour nos actions de tous les jours cela semble bien abstrait... Pourtant si on imagine l'ensemble des êtres humains comme une seule et même personne, comme un Dieu en quelque sorte, il est parfois plus facile de voir quels sont nos actes que l'humanité jugerait bons et quels sont ceux qu'elle jugerait mauvais. " Dieu nous voit !" disent les croyants. De la même manière, un athée a le droit d'imaginer qu'un Dieu Humanité le regarde et le juge, si cela lui facilite ses choix .




Conclusion


Agir scientifiquement

Il ne nous reste donc plus qu'à agir concrètement pour le bien de l'humanité. Le paragraphe VII fournit quelques domaines d'action. Mais peut-on améliorer notre manière d'agir ?
Je crois utile de mentionner par quelle méthode je suis arrivé aux idées des paragraphes précédents. Il s'agit de la méthode scientifique ! Il peut sembler pompeux d'employer ce terme alors que je n'ai pas de diplôme de Docteur en Bonheur de l'Université, pourtant je crois que cette méthode est utile dans bien des domaines, y compris ceux touchant au sens de notre existence.
Rappelons en quoi consiste la méthode scientifique :

1 On se fixe un objectif ( par exemple et au hasard... " être heureux ")
2 On expérimente des actions concrètes pour atteindre cet objectif (par exemple... " manger une glace ")
3 On peut aussi faire appel à notre mémoire ou à celle des autres : conversations, livres, etc... (" j'ai lu que des gens étaient parfois heureux en regardant la télé, et souvent ils s'ennuient... ")
4 On tire ensuite de ces expérimentations des conclusions ( par exemple : " le plaisir rend heureux mais pas longtemps ")
5 On synthétise ces conclusions en une théorie pratique (" le bonheur est un plaisir nouveau ou inattendu ")
6 On déduit de cette théorie de nouvelles expérimentations qui seront peut-être plus efficaces (par exemple : " si j'achète quelque chose les yeux fermés, j'aurais peut-être un plaisir inattendu ")

Et on recommence à l'étape 4 jusqu'à être satisfait (par exemple " il vaut mieux rendre heureux les autres que d'acheter les yeux fermés... ")

On a ainsi obtenu une théorie qui dans la pratique peut donner de bons résultats. J'en profite pour donner tort à ceux qui ne jurent que par l'action, ou à ceux qui ne jurent que par la réflexion. Il faut les deux, et menées de concert.

Voilà... et maintenant au boulot !




Des liens humanistes et démocratiques:

Freud : il existe chez l’être humain des formations psychiques héritées, quelque chose d’analogue à l’instinct des animaux , c’est là ce qui constitue le noyau de l’inconscient et ailleurs s’il est vrai , en général que l’observation directe des enfants suffît. Cette remarque nous invite à observer toute espèce d’être vivants dans son milieu naturel, pour essayer de nous représenter le monde nécessaire à son existence.

C’est peut-être parce que l’observation est source de plaisir physique qu’elle a été combattue ? des philosophes du dix-septième siècle ont même été emprisonnés pour avoir vanté l’observation directe. Il a fallu Laennec, au dix-neuvième siècle, pour prétendre que certains signes, observés sur le corps d’un malade, pouvaient désigner une lésion en profondeur. Auparavant, le diagnostic de la maladie aveuglait la perception des signes.

Quand on n’aime pas observer, on cherche ses explications dans les mythes. Ce qui ne veut pas direqu’il suffit d’ouvrir les yeux pour observer. Pendant la guerre du Rif au Maroc, de 1920 à 1926, les soldats étaient devenus moroses, abattus et pleurnichards. Les médecins militaires venaient de découvrir que la parasitologie expliquait  un grand nombre de symptômes cliniques auparavant attribués à des humeurs toxiques. Ils sont donc partis, le plus logiquement du monde, à la recherche du parasite de la grinche, qui aurait pu expliquer pourquoi nos vaillants soldats étaient devenus grincheux.

On croit qu’il n’y a de savoir que par l’observation, alors qu’on observe que ce que l’on sait percevoir. Nos sens nous trompent, si bien qu’une observation sans méthode ne donne à voir que ce que l’on désire y trouver. De Clérambault, le maître-complice de Jacques Lacan, fut le seul psychiatre spécialiste du fétichisme des étoffes : lorsqu’il s’est suicidé, on a découvert qu’il collectionnait lui-même les étoffes et photos de drapés étranges. Il percevait électivement les formes auxquelles il était le plus sensible. Sa vision du monde reproduisait son monde intime. En fait, la perversion des étoffes n’existe pas, sinon toutes les femmes en seraient atteintes.

Lorsque certaines pièces de notre appareil à observer se détraquent, le monde perçu change de forme. Parfois, c’est l’alcool qui abîme les tubercules de Korsakoff, de petits ganglions qui constituent une sortes de relais dans les réseaux de la mémoire : alors, plus rien ne peut servir d’expérience au sujet sans mémoire, qui se transforme aussitôt en homme sans histoire.

Sous l’effet d’une insuffisance de circulation sanguine, une petite zone, enfouie sous le gros noyau du thalamus, peut s’abîmer : instantanément, l’organisme perd toute motivation. Le sujet déclare avec la plus grande sincèrité « que rien ne vaut la peine d’être vécu ». Mais une simple injection d’hormones, ou une simulation des neuromédiateurs de cette zone, lui fait s’exclamer aussitôt, avec autant de sincérité : « la vie est merveilleuse,  comment ai-je pu dire que rien ne valait la peine d’être vécu ? L’humeur qui donne au monde sa coloration affective, le goût de vivre, est très facile à manipuler.

La forme du monde perçu dépend de celle de l’appareil à percevoir. La destruction localisée  d’une toute petite zone du cortex latéral, qui traite l’image, donne au monde un dessin avec un « « trou », une lacune dans les informations à cet endroit. Si ce « trou » se situe à la pointe du lobe occipital, les informations visuelles sont correctement perçues mais ne s’agencent plus en image. Le sujet n’est pas aveugle et pourtant il ne voit rien !



            la plage de Tharon en pays de loire




















Tout ce que fait l'être humain est fait dans le but d'être heureux.
Directement ou indirectement.
Même si votre travail ne vous plaît pas, vous le faites dans le but de gagner de
l'argent et ainsi pouvoir entre autre vous payer des choses qui vous font plaisir.
L'humain recherche par tous les moyens le bonheur et tente par tous les
moyens d'échapper à la souffrance.
A part ceux qui y trouvent du plaisir et dans ce cas ils ressentent le bonheur
dans cette souffrance. C'est pour cette raison que c'est très difficile
d'accepter la souffrance. Même si vous cherchez à la fuir ou à l'étouffer,
vous n'y arrivez pas, elle est toujours présente même si vous la masquez.
Si vous souhaitez la dépasser, il vous faut y faire face en acceptant de la ressentir.
Ressentez-la et observez ce que vous ressentez sans analyser, sans vous laisser
entraîner par le mental vers les circonstances qui ont déclenché cette souffrance.
Si des pensées viennent, laissez-les être là sans les nourrir,
sans vous attacher à elles et reportez votre attention sur le corps.
Restez présent à tout ce que vous ressentez.
Le fait d'observer, va vous permettre d'être détaché.
Lorsqu'on est observateur, il se crée automatiquement une
distance entre l'observateur et le sujet observé (la souffrance).
On n'est plus à ce moment-là identifié à cette souffrance et on perçoit cela
comme une création que l'on crée soi-même à chaque instant et que l'on
maintient en vie par l'énergie qu'on lui insuffle au moyen de la pensée.
Autorisez-vous maintenant à lâcher prise, ne la nourrissez plus de vos pensées,
ne lui insuffler plus d'énergie, laissez cela se dissoudre.

Accepter est le premier pas vers le lâcher prise.