mercredi 29 février 2012

biographie


  • Audiard
    Michel Audiard, sa vie, ses oeuvres.... j'adore !

    Il avait presque toujours une casquette vissée sur son crâne. Et question casquette il était imbattable. Il en avait si souvent changé au cours de sa carrière...
    Successivement soudeur à l'arc, opticien, livreur, cycliste puis journaliste, il entre dans le cinéma en 1949, presque par hasard, comme on pousse la porte d'un bistrot. Il n'en sortira que trente cinq ans et cent films plus tard. Par la grande porte cette fois-ci, et les pieds devant. Scénariste, dialoguiste, réalisateur et écrivain, il aura promené sa barque dans tous les méandres du septième art en lui donnant celui de la parole.
    Il nous laisse aujourd'hui, quinze ans après avoir appareillé vers de contrées plus célestes, ivre de bons mots, saoul de sa gouaille populaire et poétique, qui fait dire à certains de ses inconditionnels "Putain, ça c'est du Audiard".
    Famille

    Délaissé par ses parents dès son plus jeune age, le mot de famille ne prendra son véritable sens pour Michel Audiard, qu'avec son mariage, peu après la fin de la guerre. Le 3 Mai 1947, il épouse Marie-Christine Guibert en l'église Saint Dominique dans le 14ème arrondissement de Paris. Un mariage qu'il évoquera plus tard avec humour. "Je préfère le mariage à l'union libre. Si on se met en ménage avec une dame, on se prive d'un truc tout à fait charmant: la cérémonie, cet apparat un peu désuet, attendrissant, joyeux. Je parle bien sûr du mariage religieux. Parce que la mariage civil c'est de la dérision. On a flambé toutes nos économies dans la messe, la chanteuse, l'harmonium et les bougies". Cri-cri, c'est le surnom de sa femme, lui donnera deux enfants, deux garçon: françois et Jacques.
    Pour Audiard, le mot famille va prendre un tournant tragique, en même temps que la voiture de son fils François, le 19 janvier 1975. "J'étais chez moi, je l'attendais pour déjeuner. Un coup de fil. Je suis parti. Quand je suis arrivé à quinze kilomètres de la maison, j'ai vu sa voiture écrasé contre un pilier de l'autoroute du sud. Lui, on l'avais transporté à l'hôpital...". François Audiard avait vingt-six ans. Au risque de choquer, il racontait ce qu'il avait fait après l'accident. "Je suis rentré chez moi et, l'heure qui a suivi, sans réflechir, j'ai replongé dans le dialogue que j'étais en train d'écrire. Par une sorte de reflèxe animal". Philippe de Broca, présent ce jour là, se souvient de cet après-midi où ils inventèrent les gags et les déguisements de L'incorrigible.
    Sa détresse, Audiard l'exprimera trois ans plus tard dans son livre La nuit, le jour et toutes les autres nuits. "Je n'ai plus l'esprit à jouer. Un certain temps que je ne joue plus...à rien...depuis qu'une auto jaune a percuté une pile de pont sur l'autoroute du sud et qu'un petit garçon est mort". Il y mettra également en exergue cette citation tirée d'Une saison en enfer: "Tu verras. Je hurlerais dans les rues. Je veux bien devenir fou de rage". Un livre où ressortent tous les fantômes du dialoguiste, enfouis depuis son enfance sous l'Occupation. Audiard avouera que sans sa famille, son fils et son petit-fils Stéphane (fils de François), il aurait tout laissé tombé.
    Jacques Audiard suivra les traces de son père. Il débute une carrière de scénariste en 1983 avec Vive la sociale. Viendront ensuite Mortelle randonnée (co-signé avec son père), Baxter et Les confessions d'un barjo. A quarante deux ans il signe son premier film, Regarde les hommes tomber. Interprété par Jean yanne et Jean-Louis trintignant, ce film fait l'événement lors de la semaine de la critique au Festival de Cannes 1994. Un nouvel audiard pour le cinéma français? Certainement. Mais la filiation cinématographique s'arrête là. Jacques Audiard a su développer un style très personnel, plus proche du cinéma d'auteur. "Ce qu'il ma légué en tant que cinéaste, je ne le sais pas exactement. Il faisait partie de ces gens qui ne considérait pas le cinéma comme un art esentiel. c'était pour lui un travail. Il se voyait davantage comme un écrivain."
    Journalisme

    A la Libération Audiard retourne dans la presse, mais comme journaliste cette fois-ci, sur les conseils de son ami Gaston Servant, qui lui dit un jour: "Tes conneries, au lieu de les raconter, tu ferais mieux de les écrire". Ainsi il va rapidement délaisser le coup de pédale pour le coup de plume, espérant y rencontrer la gloire qu'il recherche. En 1946, il est rédacteur à L'Etoile du soir. André pousse se souvient:" Il était correspondant particulier à Pekin. Il a jamais foutu les pieds à Pekin, ni même à la frontière de la Chine. Il habitait Faubourg Saint-Jacques à l'époque, et il faisait ses papiers de là". Cela donnera sept articles, dont une interview exclusive de Mme Tchang Kaï Tchek, charmante personnne qu'il n'a jamais rencontré, bien entendu...
    Mais le départ est pris. Un destin qui va s'accélérer avec le coup de pousse de France Roche alors rédactrice en chef de Cinévie. Il la rencontre sur le premier festival de Cannes qu'il couvre en tant que simple pigiste. Collaborateur à Cinémonde et Cinévie, le cinéma n'est déjà pour lui qu'un moyen de gagner sa croûte: "J'étais journaliste et les journaux pour lesquels je travaillais avaient tous fait faillite, les uns après les autres, à la libération. Je m'étais glissé dans la presse de cinéma qui, à ce moment là, était très solide, de gros journaux idiots, mais costauds. Je cherchais surtout à travailler quelque part où on ne risquait pas de fermer le lendemain. Je rentre donc à Cinévie. Trois mois plus tard, le journal sombrait...". Cette expérience de courte durée lui permet néanmoins de découvrir Quai des Brumes et les dialogues de Prévert. Il est d'emblée séduit par ce language particulier, propre au cinéma. Mais le déclic, il le devra à Drôle de drame, q'uil considérera toujours comme une référence, un film d'avant-garde dans le domaine du burlesque et qu'il placera au sommet de ses goûts cinématographiques au même titre que les Marx Brothers, W.C Fields ou Orson Welles.
    Copains

    "L'enclos", la maison de Dourdan, une retraite où la table de travail est plus généralement recouverte de bouteilles de bon vin que de scenarii manuscrits. Comme il ne supporte pas la solitude, les amis d'Audiard tiennent une grande place dans la propriété de campagne. Durant le week-end, les chambres sont bien souvent toutes occupés par les membres de la "garnison Audiard": René Fallet, Jean Carmet, Maurice Biraud, Francis Blanche, Georges Brassens, Jean Gabin, Bernard Blier, Lino Ventura ou André Pousse en forment les premières lignes. Comme champ de bataille, la table offre un matériel propice aux confrontations. Gourmand, Audiard y siègeait de manière quasi-féodale. "Il avait le goût de la soupe chaude" disait de lui Jean Carmet, et il trépignait comme un bébé au moment des repas. Face à lui la résistance s'organisait avec des premières fourchettes come Gabin et des "quadrilles de machoîres" comme Ventura, prêt à buter le premier qui s'approchait trop près du civet.
    Les discussion d'après repas, réchauffées par les 12,5° des bouteilles vides, donnaient lieu à de véritables exécutions en place de Grève. Frédéric Dard se souvient du plaisir qu'ils avaient à jeter leur confrères en patûre à Audiard, dans le rôle du bourreau au vocable aussi acéré q'une lame de guillotine. Certains week-ends furent dignes de Stalingrad ou de Verdun. Henri Verneuil se refusait d'ailleurs toujours à quitter la table de peur de faire partie de ses victimes. A des heures avancées de la nuit, et visités par les muses, il leur arrivait de s'échapper vers les étoiles, comme ce soit de juillet 1969 où, éprouvant l'ivresse de l'altitude, ils rejoignirent Armstrong quelque part dans l'espace.
    Pourtant Audiard arrêtera de boire en 1973, et de fumer ses Gauloises en 1982. "Avant, je n'étais pas un alcoolique, j'étais un ivrogne. Je suis devenu complètement sobre au lendemain d'une cuite mémorable. En compagnie de Jean Carmet, j'avais bu sans désemparer pendant neuf heures. Quand j'ai vu toutes les bouteilles vides dans la cuisine, j'ai décider de décrocher. Chez nous, en France, toutes les occasions sont propices à la biture. On boit quand ça va, On boit quand ça ne va pas. Or, en fait, l'alcool ne procure pas la gaieté, mais la cirrhose".
    Carmet n'oubliera jamais Audiard et l'amitié qu'il savait dispenser. Il lui rendit hommage durant la nuit des Cesars en 1991. "C'est une bien bonne chose d'avoir un ami véritable, et je te remercie, Michel, de m'avoir fait connaître ce sentiment".
    Cycliste

    A 16 ans Michel Audiard décide de démarrer une carrière de coureur cycliste. une passion pour la petite reine qui lui est venue de ses échappées solitaires effectuées avec son premier vélo, cadeau de son parrain. Il s'inscrit au Vélo Club du XIVème arrondissement et durant sept ans, il participera à plusieurs courses autour de Paris, avant de choisir la piste. La piste qui possède une particularité de taille pour Michel: l'absence de côtes. "Si Audiard avait pu monter la côte d'Evreux à la même vitesse qu'un Bernard Hinault, on aurait jamais eu de dialoguiste," dira Gilles Grangier. Ecureuil sur la piste du Vel d'HIv, où il n'obtiendra là encore aucun trophée, il finit par abandonner le vélo qui, à défaut de le faire vivre, le fera rêver toute sa vie. Jean Gabin le surnommera même 'le p'tit cycliste' en référence à cette époque.
    C'est en fréquentant le milieu du braquet qu'il rencontrera ses amis de toujours dont André Pousse, alors amateur première catégorie (Audiard fut amateur quatrième catégorie), et qui deviendra professionnel par la suite. Séparés par la guerre, leurs chemins se croiseront quelques années plus tard. Audiard proposera alors à André Pousse un petit rôle de gangster dans Ne nous fâchons pas (1966). C'est ainsi que le champion cycliste passera du braquet au braquage. Avec sa gueule de mandat d'arrêt, Pousse interprétera en effet souvent le rôle de truand. Face à Gabin dans Le Pacha en 1968, il sera un magistral Quinquin, déssoudant sans le moindre sentiment la moitié du mitan.
    Bien qu'éloigné des pistes, Audiard n'en continue pas moins à chérir la p'tite reine. Avec Anquetil, Gabin et Belmondo, il partage une passion qui atteint des sommets au mois de juillet, en même temps que les coureurs du Tour de France. Collectionnant les maillots de champions, il demandait à Robert Chapatte d'en faire la collecte pour lui sur la Grande Boucle. Il envisagera même de tourner un film sur son sport favori avec Serge Leroy. Mais devant l'échec des films de ce genre, il renoncera. "Pendant le Tour de France, les gens sont massés au bord des routes, mais vous n'allez jamais les amener dans un cinéma voir passer le peloton."
    Nouvelle Vague

    Au début des années cinquante, naît un courant, un mouvement de révolte contre les films à papa. Leur bastion, Les Cahiers du Cinéma, où Godard, Chabrol et Truffaut tirent à boulets rouges sur le cinéma populaire, dont la valeur cinématographique est, selon leur propos, inversement proportionnelle au nombre de spectateurs. C'est mathématique.
    L'éternelle querelle entre le cinéma d'art et d'essai et le cinéma populaire est engagée. Les jeunes réalisateurs, en développant un cinéma plus personnel, voir élitiste, n'expriment que la révolte d'une jeunesse en mal d'idéaux et qui connaîtra son heure de gloire sur les pavés parisiens, un mois de mai 1968.
    Audiard, issu de l'ancienne école, est l'une des têtes de turc de la Nouvelle Vague, qui voit en lui les restes d'un cinéma rance et réactionnaire. Relayé par des critiques comme Henry Chapier dans Combat, chaque film d'Audiard essuie un tir de barrage systèmatique. Jean-Louis Bory le traitant de "Marivaux de bistrot", ce dont Audiard s'amusait: "D'abord, c'est moi qui ait commencé en le traitant de Goncourt F.F.I.. Ensuite j'adore Marivaux. Quand à l'association au bistrot, alors là, ça frise la flateerie". Il monta néanmoins en première ligne avec l'aide de Jacques Lanzmann, dans les colonnes de Lui ainsi que dans son ouvrage Mon petit livre rouge paru en 1969.
    Puis, le monde changea, les jeunes révoltés s'embourgeoisèrent. Les banderoles furent mises au placard et les critiques rebelles sur le petit écran. Le contraire eu peut-être été préférable... Bref, la terre tourna, la roue aussi. Elle tourna tellement que, lorsque les revues spécialisées se penchèrent sur le problème du scénario, tout le monde redécouvrit qu'Audiard disait des choses plus libres, plus lucides et plus interessantes qu'il n'y paraissait. Et le pestiféré de se retrouver interviewé par Les Cahiers du Cinéma et Cinématographe. Une reconnaissance tardive.
    Audiard faisait partie des gens qui, pour parler littérature, n'ont pas besoin de s'allonger sur un divan. Un zinc de bistrot lui suffisait. De plus Audiard ne considéra jamais le cinéma comme un art essentiel, et c'est peut-être là qu'il se différenciait du sérieux de la Nouvelle Vague, mais comme un divertissement, voir un gagne-pain. Seul la littérature avait de prix à ses yeux. Et quand il dévoilait, durant deux cents pages, ses qualités d'écrivain, ces deux cents pages suffisaient à recevoir un prix.
    Oseille

    Michel Audiard n'était pas seulement un amoureux du bon mot, mais du bon vivre en général. Devenu célèbre, ses dialogues deviennent un label, une garantie. Garantie qu'Audiard fait payer le prix fort. Au faîte de sa gloire, il touchera des cachets de quatre cent mille francs par film. Dans les contrats qu'il signe, il est stipulé que son nom figurera dans les mêmes caractères que la vedette du film. Pourtant, malgré une production parfois frénétique, il semblera toujours fauché. Car, s'il ne prétait guère d'intérêt à l'argent, il en dépensait beaucoup. Avec le train de vie qu'il mène, Audiard n'eprouve pas le besoins de satisfaire en plus aux exigences du fisc. Une passion qu'il partageait avec Henri Jeanson. Celui-ci demanda un jour à sa femme d'aller voir son percepteur pour lui dire qu'il ne payerait plus d'impôt. Ce qu'elle fit si bien qu'Henry Jeanson est mort en croyant ne plus payer d'impôts, dont sa femme s'acquittait dans son dos. Croyance à laquelle le fisc ne laissera pas Audiard s'abandonner. Poursuivi par des créanciers qu'il pensait moins tenaces, il sera contraint d'ecrire toujours plus vite comme en 1983. Pour la première fois depuis le début de sa carrière, Michel avait alors passé cinq mois sans écrire quand les impôts lui tombèrent dessus comme "des sauterelles sur un champ de maïs".
    "Si j'ai plus d'argent demain, je vivrai sans argent. Faudra bien que je bouffe, mais on trouve toujours un moyen honnête ou malhônnete de bouffer" disait il. L'argent ne servait qu'à mener la vie qu'il avait envie de mener. Et Michel Audiard était un grand seigneur. Devenu riche, il achètera une maison bourgeoise dans les Yvelines, à Dourdan, "L'enclos". Maison qui lui servira de retraite, mais surtout de lieu de rencontre avc ses principaux amis. La maison leur est ouverte et les week-ends prennent souvent des allures gargantuesques, car Michel sait recevoir en grandes pompes.
    Outre la bonne bouffe et les réunions entre potes, l'argent va permettre à Audiard d'assouvir sa passion pour les voitures, avec trois Porsche et trois Ferrari. D'autre part, malgré son style populo, il ne lésinera jamais sur les costumes et les casquettes, tant en quantité qu'en qualité. C'est bien lui qui disait "le prix s'oublie, la qualité reste".
    Trémoille

    Devenu celèbre, le pied-à-terre de Michel Audiard est un palace du quartier des Champs-Elysées, avec chasseur en livrée, lustres à pendeloques de cristal et mobilier d'époque assorti.
    Hôtel de la Trémoille, chambre 102. Cette chambre au ton beige et bleu ciel, avec un mini-bar toujours bien garni, il la louera régulièrement pour une semaine ou quinze jours. Un cadre propice à son inspiration. "Travailler à l'hôtel, c'est très pratique. Le barrage est absolu. Les standardistes ne font pas de sentiments. Chez moi, à la campagne, j'ai beau vivement conseiller à ma femme de dire aux copains que je ne suis pas là, si c'est Carmet qui m'appelle, elle craque. Ici, quand j'ai envie d'un café, j'appuie sur un bouton. Un hôtel à la campagne c'est encore mieux. [..] A Paris, dès qu'il y a une tentation d'amusement, j'y vais tout de suite. Des copains qui passent : tout ce qui m'arrache au travail est bon en soit. Et puis, ça me donne un alibi: je suis allé me documenter".
    Mais si Michel Audiard se laisse facilement distraire et aller riper sur un zinc, cela ne l'empêche pas d'écrire très vite. En général, un mois de travail, quatres heures par jour, pour les dialogues. Il écrit à la main, pas à la machine; il enregistre sur son magnetophone et il réécoute. Il lui arrive de bloquer sur le ton durant deux ou trois jours. "Parfois, je commence sur n'importe quoi : Bonjour, comment ça va? va te faire foutre. Je sais que ça va se décanter, il ne faut pas se demander comment démarrer, il faut le faire. Même mal : aucune importance puisque vous mettrez tout cela à la corbeille". A certaines périodes, Michel travaillera sur trois films en même temps : démarrant l'un, finissant l'autre et modifiant le troisième. Un rythme qui ne lui était permis que grâce à sa prodigieuse virtuosité à écrire des dialogues, de façon naturelle, véritable stakhanoviste usinant dans le sarcasme. "Le cinéma m'a fait vivre et je n'ai plus envie d'y aller. quelqu'un qui travaille toute la semaine chez Renault ne visite pas les usines le Dimanche".
    Réalisateur

    Michel Audiard franchit le pas le séparant de la réalisation à la fin des années soixante. De 1968 à 1974, il réalisera 9 films, aux titres qui semblaient tout droit sortis de ses dialogues. Un autre amateur de bons mots rendra l'un de ces titres célèbres, celui de son premier film, Faut pas prendre les enfant du bon Dieu pour des canards sauvages. Décrivant brièvement la crise qui mis sont régime en péril, le Général De Gaulle, durant sa conférence de presse du 9 Septembre 1968 au cours de laquelle il annonça notamment le référendum, ne ménage pas ses sarcasmes. Selon lui, les causes de cette crise étaient "le vertige qu'éprouve le pays devant sa transformaion rapide[..], l'esthétique de la contradiction [..], et l'étrange illusion que le néant allait, tout à coup, engendrer le renouveau, que les canards sauvages étaient les enfants du bon Dieu". A Gabin qui lui faisait remarquer que c'était un drôle de titre, Audiard répliquait "plus maintenant que le général l'a cité". Pourtant, ce n'était pas sans difficulté qu'il l'avait fourgué aux exploitants des salles de cinéma, furieux disait-il, de la longueur du titre.
    Après ce premier succès viendront d'autres films: Une veuve en or (1969), Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas...elle cause (1970), Le cri du cormoran le soir au dessus des jonques (1970), Le drapeau noir flotte sur la marmite (1972), Elle cause plus, elle flingue (1972), Vive la France (1973) - un documentaire montage avec la voix d'Audiard où il épingle notamment De Gaulle, Comment réussir quand on est con et pleurnichard (1973), Bons baisers, à lundi (1974).
    Considérés comme baroques et avant gardistes par certains, comme des délires imbuvables par d'autres, ces films remportèrent des succès différents auprès du public. Néanmoins, on peut considérer que leur entrée au Panthéon du cinéma français n'est pas à l'ordre du jour. Voici d'ailleurs comment Audiard parlait de son expérience de réalisateur: "Un malentendu. Je n'ai réalisé qu'un seul film que je voulais faire, le premier [..] Les autres, c'était des commandes imbéciles. A part des choses qui me tiennent vraiment à coeur, n'importe qui serait plus à même de tourner un film. Dès que j'ai plus de deux acteurs dans le champ, c'est la nage complète". Audiard abandonnera la réalisation pour retourner à ses premières aours, là ou personne ne pouvair rivaliser avec lui, les dialogues.

    Scénariste

    Sur l'ensemble de sa carrière, Michel Audiard ne construira qu'une vingtaine de scenarii. Amoureux de litterature, Michel Audiard ira puiser son inspiration dans les polars de la Série Noire notamment. Pour Audiard, le livre est un bon moteur de départ, et même si l'on en garde presque rien, on dispose de l'essentiel, l'épaisseur, la chaire. "Quand on me parle de crise des sujets, ça me fait marrer. Ils n'ont qu'à aller à la Bibliothèque Nationale, il y a vingt millions de sujets qui les attendent. Alexandre Dumas, c'est le meilleur scénariste du monde. Seulement, ça donne de la peine. [..] Un livre, c'est plus difficile, non seulement il faut le lire, mais encore comprendre ce qu'on peut en faire. Alors là, c'est toute une histoire...". Connaissant Simenon sur le bout des doigts, il adaptera plusieurs de ses romans, dont les fameux Maigret, réalisés par Jean Delannoy, avec Jean Gabin. Mais c'est avec son ami Antoine Blondin et Un singe en hiver
    qu'il réalisera l'une de ses plus belles adaptations. Un film ou la gouaille poétique du tandem Gabin/Belmondo se noie dans l'ivresse de leur éthylisme.
    La construction étant le talon d'Achille d'Audiard, il sait s'entourer de confrères qui lui fournissent la trame, le patron sur lequel il brodera ses perles. Parmi eux, Albert Simonin. Ce spécialiste de la langue verte et du roman noir, qui publia le Petit Simonin illustré en 1957, était déjà passé au cinéma en 1953 avec l'adaptation de l'un de ses romans, Touchez pas au grisbi, film où il collabore avec Audiard. Une expérience qui se renouvellera par la suite avec notamment Le cave se rebiffe (1961) et Les Tontons flingueurs(1963). Simonin ne se contente pas d'adapter ses propres romans. Scénariste à part entière, il devint un professionnel du film policier. Le trio Simenon (auteur), Simonin (scénariste) et Audiard (dialoguiste) fera même office de label dans les polars des années cinquante et soixante. Mais Simonin, qui considère que sa carrière au cinéma fait de l'ombre à ses livres, retournera à la litterature après Le pacha en 1968. Parmi les scénaristes avec lesquels Audiard travailla, on pouvait noter une certaine spécialisation : Alphone Boudard pour les histoires de truands, Alexandre Jardin pour les faits de société, France Roche pour les histoires de femmes.
    Livres
    • 1949: Priez pour elles
    • 1950: M
    éfiez vous des blondes
    • 1952: Massacre en dentelles
    • 1966: Ne nous f
    âchons pas (avec Marcel Jullian)
    • 1968: Le Terminus des pr
    étentieux
    • 1969: Mon petit livre rouge
    • 1973: Vive la France
    • 1975: R
    épète un peu ce que tu viens de dire
    • 1975: Le p'tit cheval de retour
    • 1978: La nuit, le jour et toutes les autres nuits
    Vie éternelle

    La vieillesse obsédait Audiard, le terrifiait même. Il avouait y penser sans arrêt, craignant qu'elle ne le surprenne un matin au reveil. Mais à la question "La mort vous fait-elle peur?", il y a longtemps qu'il
    répondait "plus maintenant". Car lui, il était déjà mort une fois, avec son fils François en 1978. C'est avec ce
    drame qu'il perdit sa foi en Dieu. Un Dieu avec qui il avait prit l'habitude de négocier, de parlementer. André Pousse s'en souvient: "On avait fait un pacte avec Dieu, tous les trois, Dieu Michel et moi,qu'on ne pourrait pas. Et puis y'a eu une couille dans l'ordinateur puisque lui, il est parti".
    Ce départ, il s'y préparait déjà depuis longtemps. Les détours près du manège de chevaux de bois du parc Montsouris lui permettaient de revenir parler avec ses vieux fantômes. Mais aussi de penser à la vie éternelle. "Quand j'y croyais, c'était du gâteau. Maintenant, je ne sais plus où je vais. Alors j'essaye d'imaginer un au-delà flou, flou, flou, mais confortable. Il me paraît impossible qu'on y rerouve pas un jour les gens qu'on a aimés".
    Refusant d'abandonner sa qualité de vie, il combattra le cancer qui le ronge à coup de fourchettes et de bons mots, gardant sa superbe et son sourire en coin jusqu'au bout, façon pudeur.
    Michel Audiard est mort dans la nuit du 27 au 28 juillet 1985, dans sa propriété de Dourdan. Pour la première fois de sa carrière, il n'aura pas eu le dernier mot.
    Il lègue au cinéma et à la littérature française un oeuvre unique qui mérite d'être redécouverte, au même titre que celle d'un Tristan Bernard ou d'un Sacha Guitry. Sa révérence, il nous l'avait tirée lui-même dans l'un de ses films :
    "Quand un type comme ça se retire,
    y'a pas de place à prendre,
    c'est la fin d'une époque."
    On aurait pas dit mieux.
    Filmographie en tant qu'acteur[modifier]
    • Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages en 1968
    • Une veuve en or en 1969
    • Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause ! en 1969
    • Sortie de secours de Roger Kahane en 1970
    • C'est jeune et
    ça sait tout de Claude Mulot en 1973
    • Comment r
    éussir quand on est con et pleurnichard en 1974
    • Chantons sous l'Occupation de Andr
    é Halimi en 1975
    • Tendre poulet de Philippe de Broca en 1977 (voix)
    Réalisations, dialogues et scénarios[modifier]
    (Les films dont Michel Audiard a signé réalisation scénario et dialogues)
    • 1951 : La Marche (moyen m
    étrage)
    • 1968 : Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages
    • 1969 : Une veuve en or
    • 1969 : Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause !
    • 1970 : Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques
    • 1971 : Le drapeau noir flotte sur la marmite
    • 1972 : Elle cause plus... elle flingue
    • 1973 : Vive la France (documentaire historique)
    • 1974 : Comment r
    éussir quand on est con et pleurnichard • 1974 : Bons baisers à lundi Films classés par nombre d'entrées :
    • 1953 : Les Trois Mousquetaires 5 534 739 entr
    ées
    • 1981 : Le Professionnel 5 243 511 entr
    ées • 1983 : Le Marginal 4 956 822 entrées
    • 1960 : Un Taxi pour Tobrouk 4 945 868 entr
    ées
    • 1959 : Babette s'en va-t-en guerre 4 657 610 entr
    ées
    • 1958 : Archim
    ède le clochard 4 073 891 entrées
    • 1958 : Les Grandes Familles 4 042 041 entr
    ées
    • 1978 : Flic ou voyou 3 950 691 entr
    ées
    • 1953 : L'ennemi public num
    éro un 3 754 112 entrées
    • 1983 : Les Morfalous 3 621 540 entr
    ées
    • 1963 : M
    élodie en sous-sol 3 518 083 entrées
    • 1960 : Les Vieux de la vieille 3 477 455 entr
    ées
    • 1963 : 100 000 dollars au soleil 3 436 161 entr
    ées • 1959 : Rue des prairies 3 412 201 entrées
    • 1963 : Les Tontons Flingueurs 3 321 121 entr
    ées
    • 1959 : Le Baron de l'
    écluse 3 160 233 entrées
    • 1977 : L'Animal 3 157 789 entr
    ées
    • 1955 : Gas-oil 3 096 411 entr
    ées
    • 1957 : Maigret tend un pi
    ège 3 076 005 entrées
    • 1960 : La Fran
    çaise et l'Amour (Sketch: L'Adultère) 3 056 737 entrées
    • 1955 : La Bande
    à papa 2 913 256 entrées
    • 1979 : Le Guignolo 2 876 016 entr
    ées
    • 1959 : Maigret et l'affaire Saint-Fiacre 2 868 465 entr
    ées
    • 1961 : Le Cave se rebiffe 2 812 814 entr
    ées
    • 1961 : Le Pr
    ésident 2 785 528 entrées
    • 1976 : L'Incorrigible 2 568 325 entr
    ées
    • 1950 : Garou-Garou Le Passe-Muraille 2 566 767 entr
    ées
    • 1950 : M
    éfiez-vous des blondes 2 525 659 entrées
    • 1964 : Les Barbouzes 2 430 611 entr
    ées
    • 1962 : Un singe en hiver 2 416 520 entrées

2 commentaires:

  1. Bonjour, enorme travail de ta part . Biographie trés interressante. Merci beaucoup.

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    1. merci, étant une inconditionnelle d'Audiard, j'ai voulu qu'il soit dans on journal. Vous êtes un lecteur assidu j'en suis très touchée. je vous souhaite une bonne journée.

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