lundi 5 décembre 2016

Justice au Singulier: Justice

Justice au Singulier: Justice



L'école de la vie ou la vie de l'école ?

Depuis l'élection de François Hollande, les politiques mises en oeuvre pour l'Education nationale ont plus suscité de trouble et de contestation que favorisé l'adhésion. En substance, au nom de l'égalité, elles ont porté atteinte à l'excellence en préférant une grisaille pour tous parce que l'idée même d'une inégalité, aussi évidente et justifiable qu'elle soit, leur était insupportable.
Aussi on comprendra avec quel enthousiasme j'ai vu surgir le débat sur la fin des devoirs à la maison (Le Parisien).
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Parce qu'il y a là enfin la possibilité de combattre la véritable inégalité, qui ne tient pas aux dons et aux mérites mais aux conditions familiales et sociales.
De la même manière que je suis partisan de l'uniforme à l'école pour occulter l'intolérable culte des apparences et le contraste entre celles-ci, du brillant, de l'incongru jusqu'au simple et au modeste et en favorisant ainsi la concentration exclusive sur le lieu et l'essence de l'enseignement, ne plus faire les devoirs à la maison représenterait un immense facteur de progrès, bien davantage que la volonté perverse de châtier les meilleurs pour que les mauvais ou les moins bons ne soient plus tout seuls.
Il y a quelques années quand mes enfants étaient au collège ou au lycée, j'étais infiniment sensible au fait que des milieux étaient foncièrement démunis par rapport à d'autres dès lors que l'essentiel du travail à la maison imposait des recherches personnelles et par conséquent de quoi pouvoir les effectuer - livres, encyclopédies, internet.
Sans mentionner que des parents offraient une assistance et des lumières que d'autres étaient culturellement incapables de prodiguer.
La diversité sociale, les inégalités dans les modes d'existence, la disparité entre le bagage et l'environnement des uns et ceux des autres, la pauvreté ici, la richesse là - l'école de la vie dans toutes ses facettes - m'ont toujours persuadé de l'obligation, pour assurer tant bien que mal une homogénéité scolaire, de rapatrier l'extérieur dans la vie de l'école. Seuls des devoirs faits à l'école créeront au moins une égalité sur le plan des conditions. La hiérarchie des savoirs et des capacités n'en sera pas bouleversée pour autant mais au moins, rassemblée dans ce lieu unique de l'école, la société n'ajoutera pas ses dommages aux difficultés intrinsèques au monde scolaire, déjà assez nombreuses.
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Ce changement serait d'autant plus utile que, malgré une circulaire officielle de 1956, les devoirs à l'école primaire n'ont pas cessé.
Contre l'argumentation plaidant pour la concentration maximale à l'école des tâches externes, la présidente de la PEEP (Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public) affirme que "l'enfant a besoin d'être face à lui-même". Dans un monde idéal, ce serait un excellent principe mais, pour celui réaliste que j'ai décrit et qui se caractérise par trop d'écarts, les enfants ne seraient évidemment pas à égalité "pour être face à eux-mêmes".
Il est clair que la vie de l'école sera de nature à atténuer les différences choquantes et en tout cas de garantir à la catégorie la plus perfectible qu'elle disposera d'un accompagnement qui, fondé sur la relation exclusive entre le maître et l'élève, abolira tous les autres handicaps.
La tendance qui vise à quitter, voire à répudier les chemins classiques de l'enseignement, du savoir et de la maîtrise des matières fondamentales me paraît dangereuse précisément parce qu'elle met trop l'accent sur les foyers, les vivacités individuelles, les forces culturelles, une égalité sociale fantasmée pour justifier une désertion de l'école.
L'Education nationale - c'est un ministère portant un nom magnifique - devrait se sentir honorée par cette aspiration à lui confier le sort d'enfants et d'adolescents qui, sans elle, serait gangrené par la lutte et les inégalités de classe !

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