dimanche 13 novembre 2016

Ce matin, j’ai regardé un reportage sur l’action des chercheurs pour enrailler l’infection.

Ce matin, j’ai regardé un reportage sur l’action des chercheurs  pour enrailler l’infection. C’est en Géorgie que vont certaines personnes atteintes du staphylocoque doré pour soigner leurs plaies et arrêter l’étendu du mal qui ronge le corps. Une bonne émission a visionner et à prendre conscience que l’antibiotique n’est pas automatique

COMMENT VAINCRE LA RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES ?
ÉMISSION DU 07/10/2016

Vous êtes médecin biologiste. Les antibiotiques marchent de moins en moins bien. En France, plus de 12 000 personnes meurent chaque année à cause de bactéries antibiorésistantes. C'est trois fois plus que le nombre de morts sur la route. C'est quoi, ce phénomène ? «  C'est un phénomène naturel amplifié par l'usage des antibiotiques. On le rencontre depuis des millénaires. Depuis un siècle, on a utilisé massivement dans la nature, dans la médecine et l'élevage des antibiotiques. Malheureusement, les bactéries se défendent. Elles développent des résistances. C'est pourquoi on parle de bactéries multirésistantes ».

Quand on a une bactérie que les antibiotiques n'arrivent pas à traiter, qu'est-ce qu'il y a, au bout ? Est-qu’il y a la mort ? «  Il y a de plus en plus de morts ».
Est-ce que cela va augmenter parce que les bactéries prennent le dessus sur les laboratoires ? « Parce qu'on vit de plus en plus vieux. Plus on vit vieux, plus on est sensible aux maladies. On a alors davantage affaire à la médecine. On vous met des cathéters, des prothèses et vous pouvez attraper des infections ».

Face à la prolifération de ces bactéries multirésistantes, vous prôner la phagothérapie. Qu'est-ce que c'est ? « Une thérapie antérieure à l'antibiothérapie. Elle existe depuis bientôt 100 ans. Elle a été utilisée pendant une bonne vingtaine d'années et même davantage en France pour traiter certaines infections. Il y a eu quelques échecs, mais il y a eu beaucoup de succès ».
Avant que les antibiotiques n'arrivent, pour traiter les bactéries ou les infections, utilisait-on la phagothérapie ? « Oui. En fait, on revient à la nature. C'est un combat qui existe dans la nature et partout, sur nous-mêmes et en nous-mêmes. Il y a des virus qui s'attaquent aux bactéries pour se multiplier. C'est un phénomène tout à fait naturel ».

Y a-t-il des virus qui arrivent à tuer les bactéries ? « Une bactérie peut être multirésistante, mais des virus dans la nature pourront quand même l'éliminer. Ça a été considéré comme une alternative. Elle a émergé à partir du moment où on s'est dit qu'il y avait un problème avec les antibiotiques ».
Comment trouve-t-on ces virus ? « Dans la nature, dans l'eau de la Seine, par exemple. Il suffit de les isoler. Quand on les a isolées, on les purifie, on les identifie, en les teste comme des antibiotiques in vitro. On se rend compte que tel ou tel virus est actif contre certaines bactéries ».

Sur Terre, il y a vraiment des pays qui pratiquent cette forme de thérapie ? « On la pratiquait jusqu'à la fin des années 90 en France et l'Institut Pasteur de Paris. J'ai travaillé avec ces instituts pour soigner les patients. Ensuite, ça a été abandonné, parce que les antibiotiques étaient rois. On a abandonné cette technique un peu archaïque et pas très facile à maîtriser du point de vue industriel. Certains pays qui n'avaient pas cette culture industrielle, comme l'URSS, à l'époque, et tous les pays satellites, comme la Géorgie... Tous les pays occidentaux collaborent aujourd'hui avec ces pays ».

La phagothérapie revient à la mode, face à la faillite des antibiotiques. Regardez l'exemple d'une Française qui avait une infection au pied et dont les antibiotiques classiques n'arrivaient pas à venir à bout. Elle a finalement évité l'amputation. La connaissez-vous ? « Oui, car elle s'est adressée à moi. Je l'ai aidée avec des produits que je suis allé chercher en Russie ».

Comment cela se passe-t-il ? Est-ce de l'eau avec le virus ? « Tout à fait. C'est un liquide en suspension avec des virus bactériophages. Elle avait un staphylocoque ».
Risquait-elle d'être amputée ? « C'est pour ça qu'elle est venue me voir ».
Avez-vous dû aller jusqu'en Russie pour aller chercher le virus ? « Non, j'en avais en réserve.
Ce n'est pas autorisé en France ? « Ce n'est pas interdit, mais ce n'est pas autorisé non plus. Il est interdit d'utiliser des produits qui ne sont pas »

Faut-il aller à Tbilissi, dans des cliniques qui pratiquent ce genre de thérapie ? Tout le monde connaît Tbilissi. Il y a même des associations en France qui se chargent d'aider les patients à aller là-bas pour se faire soigner avec succès. « Je connais très bien les Géorgiens. Je rapporte des bactériophages pour les patients de Russie ou de Géorgie à chaque fois ».

N’y a-t-il pas des effets secondaires ? Quand on s'inocule un virus, ce n'est jamais anodin. « C'est la question piège. Il y a eu des millions de traitements, des centaines de millions de traitements par le passé et il n'y a jamais d'effets secondaires. Le seul risque, c'est que ce soit mal appliqué, mal indiqué. Ça peut arriver, mais il n'y a aucun effet secondaire. Les bactériophages sont incapables de s'introduire dans une cellule humaine ».

Les bactéries qui ont contourné les antibiotiques ne vont-elles pas réussir à contourner vos virus ? « Bien sûr que si. C'est un combat permanent. Si la bactérie devient résistante, on ira chercher un autre virus dans la nature ».

C'est fantastique. C'est la médecine du XIXe siècle qui guérit les maladies du XXIe. « On aurait dû continuer à les utiliser en complémentarité des antibiotiques et non pas en alternative. C'est mon cheval de bataille »
L'INVITÉ



ADRESSES UTILES
LIVRES

DES VIRUS POUR COMBATTRE LES INFECTIONS
Alain Dublanchet
237 pages. 20,30 euros.
Depuis 70 ans, la découverte des antibiotiques puis leur développement avaient suscité un grand espoir dans la lutte contre les infections bactériennes. Mais aujourd'hui, devant le développement inexorable des résistances bactériennes aux antibiotiques, les impasses thérapeutiques peuvent avoir des conséquences dramatiques. Sans compter qu'un nouveau chapitre s'est ouvert avec les risques nosocomiaux qui peuvent concerner toute personne hospitalisée. Une réplique doit être trouvée. L'une d'entre elles pourrait être celle d'une pratique abandonnée et oubliée : la phagothérapie. Il y a plus de 90 ans, bien avant l'ère des antibiotiques, les infections bactériennes faisaient des ravages et durant plusieurs décennies, la phagothérapie a semblé répondre, au moins pour certaines infections bactériennes, à cette attente. Ce traitement implique d'utiliser des phages, qui sont des sortes de virus, pour combattre les bactéries. Avec l'aide du savoir-faire de certains instituts étrangers, aujourd'hui accessible à la recherche occidentale, il n'est plus utopique de mettre cette phagothérapie au service de la médecine moderne de notre pays. Ce livre fait découvrir ou redécouvrir une thérapie éprouvée et simple, qui a longtemps été négligée au profit des antibiotiques, et qu'il est grand temps de réintroduire au vu du nombre de décès provoqués par des bactéries résistantes aux antibiotiques.


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