samedi 13 avril 2019

Essentielle Compassion




Il est dit que la compassion est cette force qui relie tout dans l’Univers et qui maintient uni l’ensemble. Elle est aussi une énergie qui nous permet de retrouver  un état d’être paisible et centré, dans lequel tout circule fluidement en nous ; un état qui soutient la santé de nos corps sur tous les plans.

La compassion pour nous-même n’est pas qu’une jolie chose à s’offrir. C’est une technique pour se libérer de schémas collectifs qui nous ont été transmis par nos parents, nos lignées, notre société… qui nous desservent. C’est une façon de cesser de transmettre ces modèles défaillants à nos enfants et ceux qui nous entourent.
En observant nos émotions et en œuvrant à leur transformation, nous prenons conscience que des habitudes réactionnelles nous accompagnent au quotidien et qu’elles ne nous appartiennent pas en réalité. Elles ne viennent pas de notre essence mais ont été empruntées à nos parents par mimétisme ou insufflées (plus ou moins consciemment) par un modèle éducatif, cherchant à appliquer une norme unique à tous -plutôt que de s’adapter aux particularités de chacun.

Chaque fois que nous laissons l’émotion réactionnelle guider notre réponse au monde nous renforçons le schéma appris décalé. Nous ne sommes plus nous-mêmes mais simplement un programme répondant selon un modèle type (utilisé collectivement et installé en tous)  s’exécutant automatiquement quand l’extérieur appuie sur la touche (émotionnelle) correspondante.

Aujourd’hui, nous avons la possibilité et le devoir de sortir de ces programmes automatiques pour notre propre bien-être et pour stopper la transmission d’une information désaxée à nos enfants. Pour ceci un rigoureux processus de désidentification est à réaliser au quotidien.  En observant de plus en plus nos émotions, nous prenons conscience qu’elles ne définissent pas qui nous sommes. Elles sont des énergies nous traversant. En conscientisant cela, nous pouvons éviter de nous attacher et de cultiver nos élans réactionnels qui auront alors moins d’emprise sur nous. Il existe en nous une position de témoin bienveillant, observateur et non jugeant de ce que nous vivons à l’intérieur (émotions, conflit mentaux…). Il ne tient qu’à nous de l’appeler.

Imaginer que vous rentriez en conflit avec quelqu’un et qu’une émotion forte de colère et de tristesse mélangées vous submerge. Vous êtes alors comme un nageur qui a oublié comment nager et qui commence à couler sous l’eau du lac. Il essaie de se débattre, pris de panique, pour rester en surface mais il sent qu’il n’a pas la force. Et soudain, vous apercevez au coin de l’œil une personne assise sur la berge. Elle semble calme et rassurante et elle vous tend le bras. Vous prenez sa main et vous accrochez à elle. Dans cet instant, à travers cette connexion faite entre ces deux personnes (ces deux vous) vous êtes à la fois la personne apeurée, agitée qui se débat sous les eaux et cette personne qui observe avec calme et confiance la scène. Celle-ci sait la personne dans l’eau en sécurité puisqu’elle la tient. Il vous est possible par là-même de faire basculer votre conscience de l’un à l’autre.

En revenant au conflit avec votre amie, cela signifie vous avez la capacité de vivre l’émotion qui vous traverse, sentant en votre corps tout ce que cela bouge, noue, pique… et écoutant les histoires qui se dessinent dans votre tête pour expliquer, justifier, alimenter ce qui vous arrive. En même temps, vous pouvez habiter le témoin en vous, assis à quelques centimètres au-dessus de votre tête, qui, calme, envoie amour et apaisement. Il pourrait vous souffler « Tout va aller. Reviens à ta respiration et invite le calme à circuler en toi ». Grâce à lui, vous pouvez vous rappeler de respirer et de faire circuler l’énergie, l’émotion (l’émotion est énergie en nous) avant d’offrir une réponse à l’extérieur.

Apprendre à se positionner en tant que témoin compassionnant est un outil très puissant à la découverte de soi ainsi que pour cultiver l’alignement et la paix intérieurs. Cette personne sur la berge s’apparente à la dimension parent en nous, aimante et sécurisante. La personne dans l’eau serait notre enfant intérieur. Le parent en nous qui sait observer attentivement la crise de son enfant voit la souffrance derrière et la tentative de communiquer un message. Il ne cherchera pas à crier plus fort que lui pour le faire taire ou imposer son autorité. Il ne pourra que venir avec amour et douceur lui offrir la protection de ses bras et l’accompagner à respirer profondément avec ce qu’il est en train de vivre en lui chuchotant qu’il est aimé. En nous offrant de la compassion, nous jouons ces deux rôles de l’adulte et l’enfant à la fois.

La compassion soutient ce processus de désidentificitation en nous aidant à observer, accueillir ce qui nous traverse et cesser de cultiver des habitudes qui nous desservent. Ceci nous accompagne à sortir des schémas réactionnels où nous déversons notre émotion brute sur l’extérieur. Ce travail intérieur permet de raffiner l’émotion telle une pierre à priori quelconque, qui après être polie laisse apparaître un diamant. Il existe des trésors derrière nos émotions. Elles sont comme des radars de notre intérieur nous indiquant où il est bon d’aller, ce qui nous fait du bien, ce qui est bon à changer... Derrière la colère se cache le pardon et la joie ; derrière la tristesse, la compassion et la paix, derrière la peur, la foi et l’abondance. Il n’y a qu’un pas à faire pour passer de l’un à l’autre. Pour cela, il est utile de développer nos capacités de raffinement par la désidentification. Nous pouvons alors décoller d’elles et commencer un dialogue et une écoute. Si nous sommes trop identifiés à nos émotions, nous ne pouvons écouter les messages qu’elles ont pour nous.

Le travail de compassion et de désidentification nous soutient à ne plus déverser nos émotions sur l’extérieur. Ceci dit, le chemin de la maîtrise des émotions est long et il nous arrivera certainement encore d’être dépassé par une émotion qui nous surprend et de la laisser sortir de nous brutalement. La compassion pour soi s’applique aussi pour ces instants où il semble que nous n’ayons pas réussi à éviter la réaction ni à en sortir vite. Car il n’est pas bénéfique d’alimenter la culpabilité. Retrouver ce parent en nous qui accueille, cœur ouvert, son enfant quand celui-ci sent qu’il a fait une bêtise. A chaque fois que je prends conscience que je suis tombée une fois de plus je peux ré-ouvrir mes bras à mon enfant intérieur et l’accueillir avec amour.




Exercice :

A faire soit quand une émotion vous submerge et que vous pouvez vous isoler pour prendre un temps de méditation ou bien plus tard, à n’importe quel moment quand vous vous retrouvez seul.
Si l’émotion de colère est très présente il peut aider de sauter sur le sol ou taper des pieds en imaginant que toute l’énergie redescend à la terre. Et vous pouvez demander à la Terre d’absorber toute cette énergie dont vous n’avez plus besoin.
Ensuite, trouvez une posture assise confortable. Concentrez-vous sur votre respiration. Sentez l’air qui entre et qui sort par vos narines. En parallèle sentez les mouvements de vagues de votre ventre. Puis déplacer votre conscience dans chaque partie de votre corps en commençant par les pieds, les jambes, et remontant par le buste, bras, mains, jusqu’à la tête. Prenez le temps de déposer votre présence dans chaque partie pour sentir ses contours, les zones de contact avec le sol, la chaise ou les vêtements, sa forme, sa densité et les sensations présentes.

En arrivant à la tête, terminez en posant votre attention à quelques centimètres au-dessus du crâne. Ici siège l’espace du témoin compatissant. Imaginez que de cet endroit vous pouvez observer sans jugement, ni analyse, ce qui bouge, ce qui est vivant à l’instant en vous. Vous l’observer de cette position de hauteur ; c’est-à-dire avec un certain recul.  Revenez à l’évènement vécu et observer ce qui vous traverse : sensations physiques, émotions, histoires, images…Prenez le temps dont vous avez besoin pour simplement observer.

Maintenant, imaginez une sphère lumineuse en face de vous et déversez-y tout ce qui est en lien avec l’émotion (senti et observé en vous), tout ce dont vous n’avez plus besoin. Imaginez ensuite une étoile bleue au centre de la sphère et faite la tourner sur elle-même de plus en plus vite jusqu’à ce qu’elle illumine tout le contenu émotionnel et mental déposé dans la sphère jusqu’à ce que celle-ci devienne claire et transparente comme du cristal. Enfin, condensez la sphère jusqu’à ce qu’elle rentre dans l’étoile bleue et ramenez l’étoile en vous, au cœur de votre enfant intérieur logé dans votre ventre.  Puis laissez l’étoile se dissiper en milliard de petites étoiles.
Enfin, vous pouvez mettre vos mains sur votre ventre et sentir que vous êtes ce parent bienveillant qui vient caresser votre enfant. Imaginez que vous le prenez dans vos bras et que vous le rassurez. Imaginez comme un manteau de paix qui vous entoure tous les deux.
Revenez à vous dans l’ici et maintenant quand vous le voulez.

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