mercredi 25 novembre 2015

Impact du café sur la mortalité : résultats des plus grandes études de cohorte

 Pour un café parfait








 
Vous en consommez un, deux ou plus chaque matin. Il vous aide à vous réveiller, parfois à démarrer la journée du bon pied. Partout dans le monde, il gagne en popularité. On parle bien sûr du café.
Au Québec comme ailleurs, l’engouement pour le café s’apparente à celui observé pour le vin. On cherche une saveur, corsée ou veloutée, équitable ou non, qui saura exciter ses papilles ou qui aidera à se sentir plus alerte. Avez-vous l’âme d’un barista (1)?

Un bon café?

Mais pourquoi les gens cherchent-ils un très bon café? La réponse diffère d’une personne à l’autre.

Pour les uns, c’est ce coup de fouet matinal qui leur donne de l’énergie pour toute la journée. Pour d’autres, c’est la touche finale à un bon repas. Il y a aussi le café rassembleur, celui qu’on déguste avec des collègues de bureau ou avec son partenaire de vie, sur le balcon ou la terrasse, au petit matin. Certains optent pour le café stimulant qui permet d’allonger la journée de travail ou qui garde éveillé, lorsque le besoin s’en fait sentir. Enfin, il y a le café festif : celui qui se déguste entre amis. Il se doit d’être parfait pour faire ressortir le côté bon vivant de l’hôte et de ses invités.

Quel café?

Depuis quelques années, choisir son grain de café est pratiquement devenu un art. Ici, la méthode essai/erreur et les conseils de vos amis vous seront profitables.
Pour trouver « votre café », vous devrez sans doute en goûter plusieurs, vous contenter parfois d’un goût moyen, d’un café plus amer ou plus velouté, avec ou sans accent de noisette, avant de découvrir celui qui titillera vos papilles.
Puis, vous devrez sélectionner la mouture idéale, celle qui ne vous donnera un café ni trop faible, ni trop amer. Elle varie selon le type de graine et la machine utilisée.

Un grain précieux

Mais s’il est un aspect négligé, c’est bien l’entreposage de vos grains de café. Sachez que le café est un aliment. Il doit être traité comme tel. Dans un contenant hermétique, il se conserve 5 jours à la température ambiante, 15 jours au réfrigérateur et deux ans au congélateur. Hé oui, le froid bloque les arômes à l’intérieur même de la fève. Il vous suffit alors de prélever la quantité quotidienne nécessaire et de moudre la fève torréfiée.

L’art du café

Un bon café doit respecter quatre critères pour être équilibré :
  • l’arôme
  • la force
  • l’acidité
  • l’équilibre
Les experts recommandent donc plus ou moins 45 grammes de café pour un litre d’eau. Cette dernière doit être fraîche, non chlorée ni trop calcaire. Le café doit être servi rapidement. Il vous faut aussi nettoyer régulièrement votre cafetière ou votre machine à expresso, en évitant les produits ménagers qui pourraient laisser un goût amer.

Et la machine…

Il vous faut également choisir la bonne machine qui infusera votre café. Là encore, tout dépend de vos goûts personnels. Mais la diversité de modèles offerts sur le marché a de quoi surprendre.

La cafetière filtre (programmable ou non)

Pour les gros buveurs, les gens pressés et ceux qui aiment se réveiller avec l’odeur du café.

Le percolateur

De moins en moins utilisé, muni d’un filtre en aluminium qui surmonte une tige.

La cafetière à piston

Celle dans laquelle vous mettez un bon café moulu et de l’eau chaude (de type Bodum)

La cafetière à pression 

Fabriquée en deux parties, que vous mettrez sur le feu. Attention de ne pas vous brûler.

La machine à expresso

Offerte dans une multitude de modèles et à des prix qui varient d’une centaine à quelques milliers de dollars. Certaines sont munies d’une meule pour moudre la quantité exacte de café désirée. À considérer pour un expresso ou un cappuccino délectable.

La machine à dosette

La dernière née, la machine à dosette, vous offrira un café ayant toujours le même goût, sans qu’il soit nécessaire de le moudre. Elle ne demande ni connaissances particulières, ni manipulation compliquée. Toutefois, le prix des dosettes est nettement plus élevé que le prix du café acheté en vrac.
Boisson matinale par excellence, le café occupe une place de plus en plus grande dans la vie des êtres humains. Même les Chinois, pourtant grands amateurs de thé, n’échappent pas à l’engouement mondial. Qui plus est, des brûleries, des cafés, offrent même des cours de formation. On est bien loin du liquide brunâtre au goût d’eau de vaisselle servi dans certains restaurants.
Henri Michaud, rédacteur Canal Vie
Barista : utilisé en français et en anglais, le terme barista se réfère à celui qui a acquis un certain niveau de compétence dans la préparation de boissons au café à base d'expresso. Dans certains cercles, sa signification s'étend jusqu'à inclure ce qu'on pourrait appeler un sommelier de café : un professionnel hautement qualifié dans la préparation du café, avec une connaissance étendue du café, des mélanges de café, de l'expresso, de la qualité, des variétés de café, du degré de torréfaction, de l'appareil à expresso, de la préservation, du Latte art, etc.

Impact du café sur la mortalité : résultats des plus grandes études de cohorte

Vincent Richeux
Auteurs et déclarations|23 'novembre 2015

Boston, Etats-Unis -- Les bienfaits d'une consommation quotidienne de café semblent de plus en plus évidents. Conduite pendant plus de 20 ans auprès de 200 000 personnes, une nouvelle étude montre qu'une consommation quotidienne de 2 à 3 tasses de café, avec ou sans caféine, est associée à une mortalité réduite de près de 10% [1]. Pour les non-fumeurs, les bénéfices sont encore plus marqués.

Plusieurs travaux ont déjà souligné les effets bénéfiques d'une consommation quotidienne de café, notamment sur le risque de diabète de type 2 et la mortalité cardiovasculaire. Mais, par sa taille et sa durée de suivi, cette nouvelle étude se démarque du lot et vient ainsi renforcer les arguments en faveur du café.

Pas plus de 5 tasses par jour
 
Elle va également dans le sens des dernières recommandations du Comité consultatif en diététique du Département de la santé américain, qui a récemment émis un avis favorable envers une consommation modérée de café, présentée comme sans risque à long terme sur la santé. A condition qu'elle ne dépasse pas 5 tasses ou 400 mg de caféine par jour.
Publiée dans la revue Circulation, l'étude a porté sur trois cohortes rassemblant au total 160 000 femmes et 40 000 hommes, suivis pendant 20 à 30 ans. Tous les deux ans, les participants, initialement en bonne santé, ont été invités à répondre à un questionnaire pour décrire leur mode de vie et leur état de santé.

A la fin du suivi, Ming Ding et ses collègues de la Harvard School of Public Health de Boston (Etats-Unis) ont recensé près de 32 000 décès. Une première analyse montre, après ajustement sur l'âge, une corrélation entre une consommation de café quotidienne et une baisse de la mortalité, toutes causes confondues. Une association qui n'est toutefois pas linéaire, notent les auteurs.

Effet similaire avec le café décaféiné
Il apparait que les individus buvant une tasse de café par jour présentent un risque de décéder réduit de 5%, comparativement à ceux qui n'en consomment pas. En enchainant jusqu'à 3 tasses par jour, la réduction est de 9%. Elle passe ensuite à 7% pour 3 à 5 tasses par jour. Au-delà, la mortalité est accrue. Les résultats s'avèrent similaires avec le café décaféiné, indiquent les auteurs.

Risques relatifs de mortalité chez les consommateurs de café par rapport aux non consommateurs:
- Une tasse de café par jour: 0,95 (IC 95%, 0,91-0,99)

- Entre 1 et 3 tasses par jour: 0,91 (IC 95%, 0,88-0,95)

- Entre 3 et 5 tasses par jour: 0,93 (IC 95%, 0,89-0,97)

- Plus de 5 tasses par jour: 1,02 (IC 95%, 0,96-1,07)
 
Dans une deuxième analyse, les chercheurs ont effectué un ajustement sur le tabagisme et se sont penchés sur les diverses causes de mortalité. La corrélation est apparue beaucoup plus linéaire chez les non-fumeurs, qui semblent bénéficier pleinement des effets du café, même à haute dose, sans qu'ils ne soient contrebalancés par ceux du tabac.

Entre 1 et 3 tasses de café par jour, ceux qui n'ont pas fumé pendant la durée de l'étude présentent ainsi un risque de mortalité réduit de 15% (RR=0,85, 0,79-0,92). Et, au-delà de 5 tasses, le bénéfice se maintient puisqu'ils ont encore 12% (RR=0,88, 0,78-0,99) de risque en moins de décéder.

Moins de mortalité par suicide
Pour les buveurs de café non-fumeurs, les chercheurs rapportent également une mortalité d'origine cardiovasculaire nettement diminuée, avec un risque réduit de quasiment 20% (RR=0,81, IC 95%, 0,70- 0,95) pour 3 à 5 tasses par jour.

Risques relatifs de mortalité cardiovasculaire chez les consommateurs de café n'ayant jamais fumé, par rapport aux non consommateurs:
- Une tasse de café par jour: 0,95 (IC 95%, 0,85, 1,07)

- Entre 1 et 3 tasses par jour: 0,94 (IC 95%, 0,84, 1,05)

- Entre 3 et 5 tasses par jour: 0,81 (IC 95%, 0,70, 0,95)

- Plus de 5 tasses par jour: 0,91 (IC 95%, 0,71, 1,17)
  

Dans le cas de la mortalité liée à un accident vasculaire cérébral (AVC), les bénéfices sont aussi notables. Ils s'observent à partir de 3 tasses de café par jour, le risque d'AVC étant alors réduit de 24% (RR=0,76, 0,56-1,04).

Le risque de décéder en raison d'une maladie neurodégénérative est ainsi réduit de presque 40% pour 3 à 5 tasses de café par jour.

L'effet est plus marqué encore pour la mortalité liée aux troubles neurologiques, renforçant ainsi l'hypothèse de l'effet neuroprotecteur attribué au café. Le risque de décéder en raison d'une maladie neurodégénérative est ainsi réduit de presque 40% (RR=0,63, 0,39-1,01) pour 3 à 5 tasses de café par jour.

Enfin, toujours chez les buveurs de café n'ayant jamais fumé, une consommation quotidienne de café de plus de 1 tasse par jour est corrélée à une baisse significative de la mortalité par suicide, qui est réduite de 27% à 36%, pour 1 à 5 tasses de café par jour.

Probable effet des antioxydants
Selon les auteurs, les bénéfices de la boisson, qu'elle soit caféinée ou non, pourraient s'expliquer par la présence de composés antioxydants, comme l'acide chlorogénique. D'autres composés pourraient aussi avoir un effet antidépresseur, qui expliquerait les répercussions sur la mortalité par suicide.
Une consommation modérée de café peut parfaitement être incorporée à un mode de vie sain -- les auteurs

Toutefois, « l'étude étant observationelle, il n'est pas possible d'établir une relation de cause à effet entre le café et la mortalité », rappellent les chercheurs. Malgré la qualité de la méthode employée, celle-ci « repose sur des questionnaires, inévitablement sources d'erreurs », soulignent-ils.
Quoi qu'il en soit, l'étude est suffisamment puissante pour affirmer qu' « une consommation modérée de café peut parfaitement être incorporée à un mode de vie sain », concluent les auteurs.

Les auteurs n'ont pas déclaré de liens d'intérêt.

Liens
  • Le café délétère à long terme chez des adultes avec pression artérielle limite
  • Café : le nouvel aphrodisiaque ?
  • Moins de diabète chez les buveurs de café : que faire de cette info?
  • Au-delà de 4 tasses par jour, le café serait néfaste
  • Non, le café ne prolonge pas la survie : halte aux messages erronés !
  • Café et activité physique intense pourraient déclencher la rupture d'anévrisme intracrânien
  • Pas plus de FA chez les buveurs de café

    Le café délétère à long terme chez des adultes avec pression artérielle limite

    Aude Lecrubier
    Auteurs et déclarations|31 août 2015

    Londres, Royaume-Uni -- L'effet du café sur le risque cardiovasculaire ou sur celui de développer un diabète a fait l'objet de multiples études observationnelles aux résultats généralement assez neutres. Les résultats de l’étude italienne HARVEST, présentés au congrès de la Société Européenne de Cardiologie (ESC 2015) sont donc assez détonants, puisqu’ils montrent que, dans une population d’adultes jeunes avec une pression artérielle limite, la consommation de café a un effet délétère. Le suivi longitudinal de cette cohorte constate en effet que les buveurs de café (expresso bien sûr en Italie !) vont aggraver leur hypertension et présenter plus souvent que les non consommateurs une intolérance au glucose. [1]

    Jusqu’ici, la littérature (largement relayée par les médias) a plutôt montré que le café avait un effet protecteur dans le diabète de type 2 mais il est vrai qu’il n’existe pas de consensus pour le risque cardiovasculaire.

    L’expresso peut augmenter le risque d’infarctus en cas de prédisposition
    Plus précisément, cette étude italienne montre que boire plus d’un expresso par jour si l’on est jeune et légèrement hypertendu (stade 1) augmente fortement le risque cardiovasculaire, principalement d’infarctus du myocarde. Au cours des 12 ans de suivi, ce risque est quadruplé à partir de 4 expressos par jour et triplé entre une et trois tasses par jour.

    En outre, les auteurs, le Dr Lucio Mos et coll. (cardiologue à l’hôpital San Daniele del Friuli, Udine, Italie), observent que ces gros consommateurs d'expressos deviennent plus hypertendus et ont plus d'intolérance au glucose que les petits consommateurs.
    Ils suggèrent donc que l'augmentation du risque cardiovasculaire est à la fois médiée par les effets à long terme du café sur la pression artérielle (PA) et le métabolisme du glucose et par les prédispositions génétiques de ces patients avec une hypertension limite au départ.
    Une population ciblée et suivi sur le long terme
     
    Attention, il s'agit d'une population à risque d'HTA à l'entrée. Il y a donc une sélection génétique des sujets -- Lucio Mos.
     
    L’étude prospective HARVEST a suivi sur une période de 12 ans plus de 1200 patients non diabétiques, âgés de 18 à 45 ans [2]. Les patients avaient une hypertension de stade 1 non traitée (PAS entre 140 et 159 mmHg et ou PAD entre 90 et 99 mmHg).
    « Attention, il s'agit d'une population à risque d'HTA à l'entrée », précise Lucio Mos. « Il y a donc une sélection génétique des sujets ».

    Les buveurs de café dits « modérés » consommaient entre 1 et 3 expressos par jour, et les grands buveurs au moins 4. Parmi les participants, plus d’un quart ne buvaient pas de café, les deux tiers étaient des consommateurs « modérés » et 10 % étaient des grands consommateurs. Les consommateurs de café étaient plus âgés et avaient un indice de masse corporelle plus élevé que les non buveurs.

    Le risque cardiovasculaire accru à partir d’une tasse par jour
    Au cours des 12 années de suivi, les auteurs ont dénombré 60 événements cardiovasculaires dont 80 % d’infarctus.
    Les analyses multivariées incluant d’autres habitudes de vie, l’âge, le sexe, la morbidité cardiovasculaire parentale, l’indice de masse corporelle, le taux de cholestérol total, la pression artérielle ambulatoire mesurée sur 24h, le rythme cardiaque mesuré sur 24h et les changements de poids au cours du suivi, montrent que la consommation modérée et importante de café sont toutes deux prédictives de la survenue d’événements cardiovasculaires: RR=2,9 [1,04 à 8,2] et RR=4,3 [1,3 à 13,9] respectivement.

    Une relation linéaire entre la consommation de café et l’hypertension traitée
    En parallèle, les investigateurs trouvent une relation linéaire entre la consommation de café et le risque d’avoir recours à un traitement antihypertenseur au cours du suivi, avec un risque statistiquement significatif pour les grands buveurs.

    Plus de pré-diabète chez les grands buveurs de café
    En outre, comme les hypertendus développent souvent un diabète, l’équipe a également étudié l’effet d’une consommation à long terme de café sur le risque de développer une intolérance au glucose. Là encore, une relation linéaire est observée avec une augmentation du risque de pré-diabète de 100 % [30% à 210%] chez les grands buveurs de café.

    Un risque de pré-diabète fonction du type de métaboliseur du café
    Les auteurs constatent que le risque de pré-diabète associé à la consommation de café diffère en fonction du génotype CYP1A2, qui détermine si les personnes métabolisent le café lentement ou rapidement. Le risque de pré-diabète augmente significativement seulement chez les métaboliseurs lents (RR=2,78, IC 95 % [1,32 à 5,88, p=0,0076]) qui consomment des quantités importantes de café.
    « Les métaboliseurs lents de café sont exposés plus longtemps aux effets délétères de la caféine sur le métabolisme du glucose. Et, le risque est d’autant plus important que les participants sont en surpoids ou obèses et qu’ils consomment beaucoup de café. L’effet du café sur le pré-diabète dépend donc des quantités de café consommées chaque jour et des prédispositions génétiques », explique le Dr Mos.

    Un risque CV médié par les effets du café sur la PA et le métabolisme du glucose
    La relation semble partiellement médiée par les effets à long terme du café sur la pression artérielle et le métabolisme du glucose. 
     
    L’ajustement pour l’hypertension traitée atténue la force de l’association entre le café et les événements cardiovasculaires chez les grands buveurs de café (RR=3,9 [1,2 à 12,5]) et les consommateurs modérés (RR=2,8 [0,99 à 7,8]). En outre, après ajustement pour les futurs pré-diabètes, l’association est à la limite de la significativité pour les grands consommateurs de café et n’est plus significative pour les buveurs modérés.

    « Notre étude montre que la consommation de café est associée de façon linéaire à un risque accru d’événements cardiovasculaires chez les jeunes adultes avec une hypertension légère. La relation semble partiellement médiée par les effets à long terme du café sur la pression artérielle et le métabolisme du glucose. Ces patients devraient être informés que la consommation de café peut probablement augmenter leur risque de développer une hypertension et un diabète plus sévères plus tard dans la vie », conclut l’auteur.
    Le Dr Mos n’a pas de liens d’intérêt en rapport avec le sujet.                   
     

    Dysfonction érectile : une nouvelle « indication » pour la caféine ?

    Stéphanie Lavaud
    Auteurs et déclarations|22 mai 2015

    Houston, Etats-Unis – Les hommes qui consomment quotidiennement l’équivalent en caféine de 2 à 3 tasses de café seraient moins sujets aux pannes sexuelles, selon des chercheurs de l’Université de Houston [1]. Cette association est observée chez les hommes obèses et en surpoids et chez les hypertendus mais pas chez les diabétiques. Mais inutile de conseiller le thé, café, soda et autres boissons énergétiques, le lien de cause à effet demande encore à être exploré !

    Pas d’effet chez les diabétiques
    Pas une semaine sans qu’une nouvelle publication se penche sur les effets du café ou du thé. Mais si les vertus de ces boissons riches en antioxydants et en anti-inflammatoires ont été étudiées (et plus ou moins établis) dans le cancer du sein, de la prostate, les pathologies hépatiques, le diabète, la mortalité cardiovasculaire et même la sclérose en plaques, l’effet sur la fonction érectile n’avait encore pas été mise au crédit des bénéfices de la boisson millénaire.
    C’est aujourd’hui chose faite avec une étude issue de la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES). Celle-ci a interrogé 3724 hommes âgés de 49 ans en moyenne sur leur consommation journalière de différentes boissons susceptibles de contenir de la caféine, ainsi que sur leur capacité à avoir une érection satisfaisante pour avoir une relation sexuelle. Les réponses ont été les suivantes : le café représentait 55,4% des boissons caféinées, le thé (20,6%), les sodas (58,5%) et autres boissons énergétiques (3,1%). Après avoir ajusté sur de nombreux paramètres (activité physique, consommation d’alcool, de tabac, âge,…), les chercheurs Texans ont établi que ceux qui consommaient entre 85 and 170 milligrammes de caféine quotidienne avait 42% fois moins de risque de rapporter une dysfonction érectile (DE).
    Le risque était aussi réduit de 39% chez les hommes dont la consommation s’étageait entre 171 et 303 milligrammes quotidiennement par rapport aux hommes dont la consommation était de moins de 7 milligrammes par jour. Cette association était aussi retrouvée chez des hommes en surpoids (qui représentaient 40,9% des hommes de l’étude), chez ceux qui étaient obèses (soit 30,7%) et chez les participants hypertendus (51%), soit trois facteurs de risque de DE. En revanche, elle n’apparaissait plus chez les diabétiques (soit 12,4% des hommes de l’étude).

    L’équivalent de 2 à 3 tasses quotidiennes pour un effet maximum
    « Notre échantillon national représentatif montre que l’apport total de caféine est associé à un risque moindre de rapporter une dysfonction érectile (dans une analyse multivariée) » concluent les auteurs. L’effet était maximum avec une consommation entre 170 et 375 mg par jour, ce qui correspond à un équivalent de 2 à 3 tasses quotidiennes. Pour expliquer l’effet, – s’il existe réellement car les quelques études ayant exploré cette question sont discordantes -, les auteurs suggèrent que la caféine pourrait entrainer une série de réactions biochimiques aboutissant à une relaxation des artères hélicines et des cellules musculaires lisses des corps caverneux. Quant à l’absence d’effet chez les hommes diabétiques, il n’aurait rien de surprenant, commente le Dr David Lopez, puisqu’il s’agit d’un « facteur de risque majeur de la DE ».

    En dépit de ses points positifs – essai de grande taille et méthodologie solide -, l’étude a aussi des limites et « l’association trouvée ne permet pas de conclure à la causalité et encore moins de conduire à un changement des pratiques cliniques » précisent les auteurs. Donc pas d’emballement sur les boissons caféinées ! Si séduisante qu’elle soit, l’hypothèse devra être validée avant de pouvoir… conclure.


    Moins de diabète chez les buveurs de café : que faire de cette info?


    Vous avez probablement entendu dans les médias grand public que « le café protège du diabète » mais que devons-nous faire de cette information? Quel message transmettre à nos patients?

    Le piège serait certainement de recommander aux sujets en pré-diabète de boire du café, met en garde le Dr Boris Hansel, car il ne faut pas oublier que cet effet anti-diabète du café n’a été constaté que dans des études observationnelles.

    Le Dr Hansel revient sur deux études récemment publiées :

  • Une méta-analyse (Diabetes Care, février 2014) de  28 études prospectives qui quantifie l’incidence du diabète en fonction du nombre de tasses consommées/ jour et qui met en évidence une  relation dose/efficacité.
  • La deuxième publication (Diabetologia)  est une analyse issue des 3 cohortes de professionnels de santé américains. Elle montre une relation entre l'évolution de la consommation de café sur 4 ans et l'apparition ultérieure d'un diabète. Là encore, les résultats sont nets : l'augmentation de la consommation de café de 1 tasse/jour réduit le risque de survenue de diabète de 11%.
Attention, malgré leur bonne qualité méthodologique, ces études restent des études observationnelles, rappelle le Dr Hansel.

Auteur :
Le Dr Boris Hansel est endocrinologue-diabétologue et nutritionniste. Il est MCU-PH à l'université Paris 7 et à l'hôpital Bichat à Paris. Il exerce  dans le service de diabétologie-endocrinologie-nutrition où il est responsable de la prise en charge de l'obésité. Ses travaux de recherche concernent notamment le syndrome métabolique, les anomalies des lipoprotéines et l'épidémiologie nutritionnelle.


Le blog du Dr Boris Hansel - Diabétologue et nutritionniste


Café et activité physique intense pourraient déclencher la rupture d'anévrisme intracrânien

Une étude rétrospective hollandaise suggère que la consommation de café et l'activité physique intense notamment, pourraient provoquer la rupture d'anévrisme. Des hypothèses qu'il reste à valider. 12 mai 2011 
 
Utrecht, Pays-Bas — Des chercheurs hollandais ont identifié et quantifié huit possibles facteurs déclenchants de rupture d'anévrisme intracrânien, dont la consommation de café, ou de cola, la constipation, et l'activité physique intense.

« Réduire la consommation de caféine et traiter les patients constipés porteurs d'un d'anévrisme intracrânien non rompu avec des laxatifs pourrait diminuer le risque d'hémorragie subarachnoïde, » rapporte l'équipe du Dr Monique H. Vlak, principale investigatrice de l'étude (Centre Médical Universitaire d'Utrecht, Pays-Bas) dans l'édition en ligne du 5 mai de Stroke [1].

Toutefois, « nous ne leur conseillons pas de limiter leur activité physique, puisqu'elle permet de limiter le risque de maladies cardiovasculaires, » commente Monique Valk pour Medscape Medical News.

« Ces facteurs n'ont rien de surprenant, » explique le Dr Y. Jonathan Zhang, neurochirurgien à l'Institut Neurologique Méthodiste de Houston, Texas, qui a participé à l'étude. « Ce sont des anecdotes bien connues ».

Cependant, il appelle à la prudence. « Au plus, ces facteurs pourraient être associés à la rupture d'anévrisme, mais il est très prématuré de conclure qu'ils causent, en effet, la rupture ».

Découvertes fortuites
Autour de 2 % de la population est porteuse d'un anévrisme intracrânien, mais seulement quelques-uns se rompent. Or, grâce aux techniques de neuro-imagerie, le nombre d'anévrismes intracrâniens découverts par hasard augmente.

À ce jour, nous ne possédons que peu de connaissances sur les activités qui pourraient déclencher la rupture d'anévrisme. Pour cette raison, le Dr Vlak et son équipe ont demandé à 250 patients ayant fait une hémorragie subarachnoïde suite à une rupture d'anévrisme à quelle fréquence ils avaient été exposés à 30 possibles facteurs déclenchants dans l'année et dans l'heure précédant l'hémorragie.
Les chercheurs ont utilisé une méthode d'analyse cas-croisé pour évaluer les risques de rupture après exposition aux facteurs déclenchants et calculer les fractions de risques attribuables (PAR).
Risques relatifs pour les 8 facteurs déclenchants

Facteur de risque
RR (IC 95%)
PAR, %
Café
1,7 (1,2-2,4)
10,6
Cola
3,4 (1,5-7,9)
3,5
Mouchage
2,4 (1,3-4,5)
5,4
Difficultés à déféquer
7,3 (2,9-19)
3,6
Sursaut
23,3 (4,2-128)
2,7
Colère
6,3 (1,6-25)
1,3
Rapports sexuels
11,2 (5,3-24)
4,3
Exercice physique (MET > 6)
2,4 (1,4-4,2)
7,9

Au total, ils ont identifié huit facteurs qui augmenteraient le risque de rupture d'anévrisme. La consommation de café et l'activité physique intense avaient les plus fortes fractions de risques attribuables.

Un mécanisme non élucidé
Les chercheurs notent dans leur rapport que l'ensemble de ces facteurs déclenchants provoque une élévation soudaine de la pression artérielle pendant un court instant, « qui pourrait être une cause commune de rupture d'anévrisme ».

Mais le Dr Zhang reste circonspect. « La circulation cérébrale est hautement régulée, et à moins qu'un patient ait une anomalie sévère, nous savons que quand la pression systémique augmente, la pression cérébrale ne varie pas », explique-t-il.

Les limites de l'étude sont son design rétrospectif et la période de 3 semaines en moyenne entre la survenue de l'hémorragie et la réponse au questionnaire. Le Dr Zhang souligne également que « les éléments sont rapportés par les patients eux-mêmes, ce qui peut introduire un biais. »

D'autres travaux sont nécessaires avant de pouvoir tirer des conclusions de ces résultats et Y. Jonathan Zhang espère que, d'ici là, ces résultats n'entraîneront pas « une paranoïa médicale non justifiée chez les médecins de famille, ou même chez les neurologues généralistes et qu'elle n'exacerbera pas l'anxiété des patients ni ne limitera leur activité physique ou leur capacité à profiter de la vie. »

Cette étude a bénéficié d'un soutien financier du Julius Center for General Health and Primary Care et du département de neurologie du Centre Médical Universitaire d'Utrecht. Les auteurs de l'étude et le Dr Zhang n'ont pas déclaré de lien d'intérêts spécifiques.

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