lundi 21 décembre 2015

Le secret médical à l’épreuve de la radicalisation

Le secret médical à l’épreuve de la radicalisation 
 
 
 
Plus facile sera l’attitude à adopter vis-à-vis des jeunes, chez qui le médecin sera peut-être plus à même de dépister cette radicalisation. 
 

Le Conseil national de l’ordre des médecins a édité récemment une fiche destinée à répondre aux principales questions des médecins sur l’attitude à avoir face à la montée du phénomène de radicalisation. Contrairement à ce que la presse a parfois un peu hâtivement annoncé, les médecins ne sont en aucun cas déliés du secret professionnel et incités à devenir des « indics ». 

 Ce document du Conseil national de l’ordre ne fait que rappeler certaines définitions, ainsi que les règles auxquelles sont soumis les membres de la profession.

Lorsque le médecin est amené à suspecter un comportement dangereux de la part d’un patient radicalisé, il peut naturellement se poser la question de savoir s’il doit le signaler aux autorités compétentes, au mépris du secret professionnel. Ce secret, destiné à protéger le malade, est parfois bien encombrant pour un médecin, comme par exemple quand il apprend que le partenaire d’un couple est atteint d’une maladie hautement contagieuse ; il doit persuader le malade d’en informer son conjoint, mais ne peut le faire lui-même sans trahir le secret, et y déroger est une faute punie par la loi.

Dans le cas d’un patient radicalisé, la marge de manœuvre est très étroite entre le secret et le devoir civique. Sur quels critères juger de la dangerosité du patient que l’on a en face de soi ? C’est ce qu’essaie d’expliquer la note du conseil de l’ordre, qui prend soin de faire la différence entre les signes de radicalisation d’un individu et ceux qui peuvent ne ressortir que du fondamentalisme religieux. Elle définit la radicalisation comme étant « le processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d’actions directement liées à une idéologie extrémiste à contenu politique social ou religieux » par opposition aux fondamentalistes qui n’ont pas recours à la violence.

Certes, mais la différence n’est pas facile à faire ! Ce n’est donc que sur un faisceau de présomptions que le médecin pourra penser que l’individu s’est radicalisé, et non à partir des éléments qu’il aura pu recueillir lors de sa consultation, car il est peu probable que ce genre de patient tienne le médecin au courant de ses projets. Présomptions que l’entourage de l’individu aura également pu noter ! Alors pourquoi vouloir faire du médecin un délateur plus zélé que la moyenne de ses contemporains ? Ce n’est ni souhaitable, ni souhaité, par cette note. 

Plus facile sera l’attitude à adopter vis-à-vis des jeunes, chez qui le médecin sera peut-être plus à même de dépister cette radicalisation. Dans ce cas, il peut légitimement estimer que cette radicalisation met en danger « la santé, la sécurité, ou la moralité » de cet adolescent, ainsi que « son développement physique, affectif, intellectuel et social », critères qui permettent d’effectuer un signalement dans l’intérêt même du mineur. La loi autorise alors le médecin à demander une aide et une action de protection dont le mineur pourra bénéficier.

Par cette note « Prévention de la radicalisation, ce qu’il faut retenir », l’ordre rappelle les principes fondamentaux de notre profession face à la montée de cette nouvelle pathologie, et n’appelle nullement à la délation, même au cas par cas, comme pourrait le laisser penser la lecture de certains articles de presse.

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