mardi 22 décembre 2015

L’effondrement mondial des matières premières

L’effondrement mondial des matières premières montre qu’une crise financière déflationniste majeure est imminente

Si nous nous dirigeons réellement vers une crise financière mondiale déflationniste, nous pourrions nous attendre à voir les prix des matières premières s’effondrer violemment.

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C’est ce qui s’était passé juste avant le grand krach des marchés financiers en 2008, et c’est précisément ce qui se passe une fois de plus actuellement.
Le jeudi 10 décembre 2015, l’indice des matières premières « Dow-Jones UBS Commodity Index » a clôturé à 79,1544.

La dernière fois qu’il avait clôturé à un si faible niveau, c’était il y a 16 ans. Pas même pendant les pires moments lors de la dernière récession, il n’était allé aussi bas. Globalement, l’indice des matières premières « Dow-Jones UBS Commodity Index » est en baisse de plus de 28 % au cours des 12 derniers mois, et il a même chuté de plus de 50% depuis la mi-2011. A la suite de cet effondrement impressionnant des matières premières, de très grandes sociétés minières comme Anglo American sont en train d’imploser, des géants du négoce de matières premières telles que Glencore etTrafigura sont en pleine crise, et des pans entiers du système financier mondial menacent de s’effondrer.

Ces derniers jours, j’avais souligné qu’un bon nombre d’événements similaires dont nous avions été témoins juste avant le grand krach de 2008 des marchés financiers sont en train de se produire une fois de plus. Cela inclut cet énorme crash du prix des matières premières auquel nous assistons actuellement, et même CNN reconnaît qu’il existe des parallèles à ce que nous avions connu il y a sept ans…

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La dernière fois que les matières premières comme le cuivre et le pétrole étaient si bon marché et donc si peu cher, une dépression économique avait surgit juste après.
Ce n’est pas un secret de dire que les matières premières ont en général passé une horrible année 2015. Une mauvaise combinaison entre une offre surabondante et une demande atone a fait des ravages dans cette industrie.
Mais tous les prix des matières premières allant du pétrole brut aux métaux industriels comme l’aluminium, l’acier, le cuivre, le platine et le palladium se sont encore effondrés davantage ces derniers jours.
Comme je l’ai souligné ci-dessus, cette chute des prix frappent durement les sociétés minières. Juste cette semaine, la cinquième plus grande société minière au monde a annoncé une restructuration massive avec à la clé des milliers de licenciements parmi les salariés

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Le géant Anglo American a annoncé qu’il allait supprimer les deux tiers de ses emplois, soit 85.000 postes, d’ici 2018. C’est l’une des conséquences sociales de la chute des cours des métaux.
Le nombre d’actifs de l’entreprise sera réduit de 60%, les détails sur le futur portefeuille de l’entreprise devant être dévoilés en février.
Le groupe va suspendre le versement d’un dividende à ses actionnaires au titre du deuxième semestre et de 2016.

Dans l’ensemble, les Etats-Unis ont perdu environ 123.000 emplois bien rémunérés dans le secteur minier depuis la fin de 2014. Et si les prix des matières premières restent aussi faibles, ce secteur continuera de détruire des emplois bien rémunérés.

Parallèlement, les investisseurs se sont débarrassés des dettes d’entreprises qui ont un lien avec les matières premières. Tout cela a considérablement contribué à faire émerger une crise des junk bonds (obligations pourries / à haut risque), sujet que j’avais abordé dans mon dernier article. Alors que j’écris ces lignes, l’obligation à haut rendement dont le code est JNK a nettement chuté jusqu’à 34,31, il n’a jamais été aussi bas depuis la dernière récession. Pour beaucoup plus d’informations sur l’implosion des junk bonds, je voudrais vous encourager à lire un article que Wolf Richter vient de publier et qui s’intitule Bond King Gets Antsy as Junk Bonds, Which Lead Stocks, Spiral to Heck

Alors pourquoi les prix des matières premières baissent-ils aussi rapidement ?

De nombreux analystes pointent du doigt le ralentissement économique chinois comme étant la principale cause. Pendant des années, l’économie chinoise avait englouti avec voracité les matières premières venant du monde entier, mais maintenant les choses sont en train de changer. L’économie chinoise est vraiment, vraiment en train de ralentir, et certains chiffres publiés récemment nous donnent quelques indices quant à la véritable ampleur de ce ralentissement…
  • les exportations chinoises ont chuté de 6,8 % en novembre par rapport à l’année précédente après avoir été en baisse de 6,9 % au mois d’octobre(en glissement annuel).
  • Les importations chinoises étaient en baisse de 8,7 % au mois de novembre par rapport à il y a un an.
Et bien sûr, il ne s’agit pas seulement de la Chine. La Goldman Sachs vient de dire que la septième plus grande économie mondiale, le Brésil, a plongé dans une ” profonde dépression”. Et comme je le disais l’autre jour, sur les 93 plus grands indices financiers au monde, 47 d’entre eux, soit plus de la moitié sont en baisse d’au moins 10 % sur l’année en cours.

Même si les actions ont baissé aux États-Unis cette semaine, les principales d’entre-elles semblent encore assez stables. Mais c’est un peu une illusion. Oui, les plus grands noms de Wall Street évoluent toujours à des niveaux élevés pour le moment, mais les actions d’une multitude de petites et moyennes entreprises étaient en chute libre. A ce stade, près de 70 % de toutes les actions américaines sont déjà en dessous de leurs moyennes mobiles à 200 jours. Il s’agit là d’un exemple supplémentaire dont nous nous attendions voir juste avant d’assister à l’effondrement des marchés financiers.

Tout ce que je viens d’écrire cette semaine à ce sujet (voirici et ici) est parfaitement compatible avec tous mes avertissements donnés plus tôt cette année.
Nous plongeons dans une crise financière déflationniste de la même manière que dans un manuel scolaire. Et si la Réserve fédérale américaine ne décide pas d’aller de l’avant en relavant les taux d’intérêt la semaine prochaine, cela va tout simplement rendre les choses encore plus difficile.(Elle a remonté ses taux de 0,25% depuis)

Mais la plupart des gens n’ont pas assez de patience pour attendre et voir se jouer un processus. La plupart des gens qui écrivent à propos de “l’effondrement économique à venir” en font un énorme battage médiatique comme une sorte de superproduction hollywoodienne qui va se passer d’ici plus d’une semaine voire un mois et ensuite s’arrêter d’un coup. Or, ce n’est certainement pas de cette manière que je vois les choses.

Pour moi, “l’effondrement économique” est quelque chose qui se passe depuis des décennies dont le long processus se joue actuellement, et qui va continuer à se produire alors que nous avançons dans l’avenir. Les tendances à long terme qui impactent notre économie continuent de s’intensifier, et nos dirigeants ne font rien pour régler nos problèmes de fond.

Et la crise financière dont j’avais prévu le début pendant l’année 2015  et l’accélération en 2016 a déjà commencé. Plus de la moitié de tous les principaux indices financiers mondiaux sont en baisse d’au moins 10 % sur l’année en cours, et certains d’entre eux ont chuté de plus de 30 voire 40 %. En terme de richesse, depuis la mi-2015, des milliers milliards de dollars ont disparu des marchés financiers à l’échelle mondiale et ce n’est qu’un début.

Tous les chiffres nous racontent la même chose.
De terribles problèmes se profilent.
Mon travail est de vous informer sur ces faits. Ensuite ce que vous décidez de faire avec ces informations reste votre choix.

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