jeudi 15 mai 2014

Du nouveau dans la Fibromyalgie

Fibromyalgie : dans plusieurs cas il s'agirait d'une neuropathie parfois traitable

TEST: Rencontrez-vous les nouveaux critères diagnostiques de la fibromyalgie? Fibromyalgie: des chercheurs estiment avoir trouvé la pathologie sous-jacente ! Fibromyalgie : nouvelles lignes directrices pour le diagnostic et le traitement (Canada) Grande percée : un test sanguin pour le diagnostic de la fibromyalgie en développement Fibromyalgie: anomalie dans le traitement cérébral de la douleur

La fibromyalgie est visible: anomalie des régions du cerveau traitant la douleur

Des chercheurs français ont détecté, grâce à une technologie d'imagerie cérébrale, des anomalies dans le fonctionnement de certaines régions du cerveau chez les personnes atteintes defibromyalgie. Ces résultats renforcent l'idée que les symptômes de la maladie sont liés à une dysfonction des régions du cerveau traitant la douleur.La fibromyalgie est souvent considérée comme un syndrome invisible car les images musculosquelettiques sont négatives, dit Eric Guedj, principal auteur de la recherche.L'étude, rapportée dans The Journal of Nuclear Medicine, a été réalisée avec 20 femmes souffrant de la maladie et 20 femmes en santé.Des anomalies du cerveau étaient en directe proportion avec la sévérité des symptômes de la maladie. Une augmentation de l'activation dans une région impliquée dans la discrimination de la sévérité de la douleur et une diminution de l'activation dans une région impliquée dans la réponse émotionnelle à la douleur étaient observées. Dans le passé, certains chercheurs ont pensé que la douleur rapportée par les personnes souffrant de fibromyalgie pouvait être le résultat d'une dépression plutôt que les symptômes d'un trouble distinct. Mais cette recherche montre que les anomalies étaient indépendantes de la dépression et de l'anxiété. La fibromyalgie peut être reliée à une dysfonction globale du traitement de la douleur par le cerveau, considèrent les chercheurs. Voyez également:

Des lésions des fibres nerveuses de la peau et d'autres indices d'une maladie appeléepolyneuropathie des petites fibres (PNPF) nerveuses (1) ont été détectés chez environ la moitié d'un petit groupe de personnes atteintes de fibromyalgie, dans une étude publiée dans la revue Pain.
Contrairement à la fibromyalgie, qui n'a pas de causes connues et peu de traitements efficaces, la PNPF, disent les chercheurs, a une pathologie claire et est connue pour être causée par des conditions médicales spécifiques dont certaines peuvent être traitées et parfois guéries.
"Ces résultats contribuent à élaborer une première preuve objective d'un mécanisme à l'origine de cas de fibromyalgie, et l'identification d'une cause sous-jacente est la première étape en vue de trouver de meilleurs traitements", souligne Anne Louise Oaklander de l'Université Harvard.
La fibromyalgie a plusieurs symptômes en commun avec la PNPF qui est une cause reconnue de douleur chronique généralisée pour laquelle il existe des tests objectifs acceptés, disent les chercheurs.
La Dre Oaklander et ses collègues (2) ont mené cette étude avec 27 personnes ayant reçu un diagnostic de fibromyalgie et 30 personnes en santé. Elles ont passé une batterie de tests utilisés pour diagnostiquer la SFPN, incluant un examen physique et des réponses à un questionnaire, des biopsies de la peau pour évaluer le nombre de fibres nerveuses dans les jambes et des tests de fonctions nerveuses autonomes comme la fréquence cardiaque, la pression artérielle et la transpiration.
Les questionnaires, examens physiques et biopsies ont tous montré des niveaux de neuropathie chez certaines personnes atteintes de fibromyalgie mais pas dans le groupe contrôle. Sur les 27 personnes fibromyalgiques, 13 présentaient une réduction marquée de la densité des fibres nerveuses, des résultats anormaux aux tests de fonctions autonomes ou les deux, indiquant la présence d'une PNPF.
La fibromyalgie est une maladie de causes encore mal connues (bien que la recherche ait récemment réalisé des avancées encourageantes). Elle est caractérisée par des douleurs généralisées, des troubles du sommeil, une fatigue et souvent, une détresse psychologique. Plusieurs autres symptômes peuvent être présents.
Le diagnostic repose exclusivement sur l’information recueillie auprès des personnes atteintes car il n’existe pas d’examens de laboratoire pour confirmer la maladie.
Des premiers critères diagnostiques, qui demeurent largement utilisés internationalement, ont été proposés par l'American College of Rheumatology (ACR) en 1990.
Ils incluent le fameux critère des 11 points sur 18 douloureux à la pression. De nouveaux critères proposés par l'ACR en 2010 (1) et adoptés par les autorités de santé américaines, abandonnent cette évaluation des points sensibles. Des lignes directrices au Canada recommandent également l'abandon du critère des points douloureux. De son côté, la HAS française mentionne aussi ces nouveaux critères dans un rapport d'orientation (2).
Les nouveaux critères incluent notamment les résultats à deux brefs questionnaires: l'Index de douleurs généralisées et l'Échelle de sévérité des symptômes (3). Voyez, au moyen de ce test en ligne, si vous rencontrez ces nouveaux critères de 2010 :
FAITES LE TEST (Gratuit et sans inscription requise)
Veuillez noter que ce test n'est pas présenté dans un but d'autodiagnostic mais plutôt d'information. D'autres conditions de santé peuvent se manifester par des symptômes qui chevauchent ceux de la fibromyalgie. Seule une consultation médicale peut permettre d'éliminer certaines autres hypothèses.
Voyez également:

Les participants qui répondaient aux critères de la PNPF ont également passé des tests sanguins pour des causes connues de cette maladie, et alors qu'aucun d'entre eux n'ont obtenu de résultats évocateurs de diabète, une cause fréquente de la PNPF, deux se sont avérés avoir une infection par le virus de l'hépatite C, qui peut être traitée avec succès, et plus de la moitié présentaient des signes d'un certain type de dysfonctionnement du système immunitaire.
Nous avons ainsi des indications d'une cause pour certaines personnes atteintes de la fibromyalgie, dit la chercheuse, mais pas pour toutes. "La fibromyalgie est trop complexe pour qu'une seule explication pour tous soit possible", ajoute-t-elle.
La prochaine étape de confirmation indépendante de ces résultats par d'autres laboratoires est déjà en cours, indique-t-elle, et la recherche d'autres causes se poursuivra avec les participants fibromyalgiques qui ne répondent pas aux critères du PNPF. "Aider l'une de ces personnes à recevoir un diagnostic définitif et un meilleur traitement serait un grand accomplissement".
Le mois dernier, Psychomédia rapportait les travaux d'une équipe de chercheurs estimant avoir découvert une "pathologie neurovasculaire périphérique unique" présente dans la peau des femmes atteintes de fibromyalgie.

Des chercheurs estiment avoir "résolu l'énigme de la fibromyalgie". Leurs travaux sont rapportés dans la revuePain Medicine (de l'American Academy of Pain Medicine).
Frank Rice et Phillip J. Albrecht ont, avec leurs collègues de la firmeIntegrated Tissue Dynamics LLC (Intidyn) et du Albany Medical College, découvert une "pathologie neurovasculaire périphérique unique" présente de façon consistante dans la peau des femmes atteintes de fibromyalgie.
Plutôt que d'être située dans le cerveau, comme ont pu le suggérer des études précédentes, la pathologie serait caractérisée par une augmentation du nombre de fibres nerveuses sensorielles autour de structures spécialisées de vaisseaux sanguins situés dans les paumes des mains, expliquent les chercheurs.
Les sites spécifiques des vaisseaux sanguins de la peau concernés sont de minuscules valves musculaires, qui sont des barrières artérioles-veinules (voyez l'illustration).
L'innervation sensorielle excessive peut expliquer en elle-même pourquoi les personnes fibromyalgiques ont généralement les mains particulièrement sensibles et douloureuses, expliquent les chercheurs.
Mais, en plus, puisque les fibres sensorielles sont responsables de l'ouverture des barrières artérioles-veinules, elles deviennent particulièrement actives dans des conditions de froid, qui sont généralement très inconfortables pour les personnes atteintes de fibromyalgie.
En plus de son implication dans la régulation de la température, une énorme proportion du flux sanguin va normalement aux mains et aux pieds. Beaucoup plus que ce qui est nécessaire au métabolisme de ces derniers, expliquent les chercheurs. Les mains et les pieds agissent comme un réservoir à partir duquel le flux sanguin peut être détourné vers d'autres tissus du corps, tels que les muscles.
Par conséquent, la pathologie découverte dans les mains pourrait interférer avec le flux sanguin vers les muscles dans tout le corps. Ce qui pourrait être une source de douleurs musculaires et de courbatures, ainsi que d'un sentiment de fatigue qui semblent dus à une accumulation d'acide lactique et de faibles niveaux d'inflammation chez les fibromyalgiques. Ces derniers effets, à leur tour, pourraient contribuer à une hyperactivité dans le cerveau
Des modifications de la circulation sanguine peuvent expliquer d'autres symptômes de la fibromyalgie comme le sommeil non réparateur ou les dysfonctionnements cognitifs, ajoutent les chercheurs.
Ces données sont cohérentes avec les études qui ont montré des modifications du flux sanguin vers les centres supérieurs du cerveau et le cortex cérébral des personnes atteintes de fibromyalgie," soulignent-ils.
Selon Gary Bennett, du Alan Edwards Center for Pain Research à l'Université McGill, il est très stimulant que "quelque chose ait finalement été trouvé". Nous pouvons espérer, dit-il, que cette nouvelle découverte conduise à de nouveaux traitements pour les personnes atteintes de fibromyalgie qui reçoivent actuellement peu ou pas de soulagement de quelque médicament.
Une étude de l'Université McGill rendue publique la semaine dernièremontrait aussi un rôle des fibres nerveuses (sympathiques) assurant la régulation du débit sanguin des vaisseaux dans l'arthrite
Mary-Ann Fitzcharles de l'Université McGill et John Pereira de l'Université de Calgary ont publié une synthèse dans le JAMC (Journal de l'Association médicale canadienne) afin d'aider les médecins de famille à diagnostiquer et traiter la fibromyalgie. Un million de personnes souffrent de fibromyalgie au Canada, estiment les chercheurs.
"La fibromyalgie est un trouble chronique du système nerveux central. Elle se caractérise par des douleurs dans l'ensemble du corps qui sont souvent accompagnées de fatigue, de dépression et de problèmes de sommeil", indique le communiqué du Centre universitaire de santé McGill.
La maladie touche principalement les femmes, et les symptômes peuvent souvent se manifester pendant des années sans qu'un diagnostic ne soit posé et qu'un traitement ne soit prescrit.
Il n'existe actuellement pas de cure pour la maladie et la cause "est inconnue, mais il existe des indications d'une prédisposition génétique, des anomalies dans le système de réponse au stress (axe hypothalamo-hypophysaire) et des événements déclencheurs possibles", indiquent les chercheurs.
Les rhumatologues étaient auparavant considérés comme responsables du diagnostic et de la gestion de la maladie, mais la prévalence de 3% dans la population de cette dernière fait que les omnipraticiens sont les mieux placés pour assumer ce rôle, comme le recommandent les Lignes directrices canadiennes de 2012 pour la fibromyalgie.
Parce que la fibromyalgie ne peut être diagnostiquée par un test de laboratoire, les tests inutiles doivent être évités. Par ailleurs, un changement majeur est l'élimination du critère des points douloureux à la pression qui a "erronément" fait partie du diagnostic durant les vingt dernières années.
Les auteurs recommandent une combinaison d'interventions non pharmaceutiques (telles que l'exercice, les techniques de relaxation et la thérapie cognitivo-comportementale) et de médicaments adaptés aux besoins individuels. Le principal objectif du traitement est d'améliorer la qualité de vie en apaisant les symptômes les plus problématiques, la douleur étant le symptôme le plus courant et le plus grave.
Pour plus d'informations, voyez sur le site de la Société canadienne de rhumatologie : Lignes directrices canadiennes de 2012 pour la fibromyalgie
Bonne nouvelle pour les personnes atteintes du syndrome de fibromyalgie : un test sanguin s'est avéré efficace pour le diagnostic de la maladie dans des travaux dont les résultats sont publiés dans la revue Analyst.
Tony Buffington de l'Université d'État de l'Ohio et ses collègues (1) ont utilisé la microspectroscopie à infrarouge. Cette dernière fournit des indices sur les molécules présentes dans le sang sur la base de la façon dont les liaisons moléculaires vibrent quand elles sont frappées par la lumière. Le contenu d'un échantillon est identifié en fonction des pics qui apparaissent dans le spectre infrarouge.
Les chercheurs ont d'abord passé au microscope des échantillons de sang de personnes atteintes de fibromyalgie (14), de polyarthrite rhumatoïde (15) et d'arthrose (12). Ces autres maladies entraînent des symptômes similaires à la fibromyalgie, mais sont plus faciles à diagnostiquer.
Un programme informatique était ensuite "entraîné" à reconnaître les motifs moléculaires associés à chaque maladie. Lorsque des échantillons de sang étaient ensuite soumis au système, chaque maladie était identifiée avec exactitude. La technique s'est avérée très efficace, souligne le chercheur, aucune erreur n'ayant été commise par le système.
"Nous souhaitons, dit-il, "que cela conduise à un test objectif que les médecins omnipraticiens pourraient utiliser, ce qui permettrait de poser un diagnostic jusqu'à 5 ans plus rapidement que ce qui se produit habituellement".
Le diagnostic de la fibromyalgie est actuellement difficile à poser. Les principaux symptômes de la maladie qui sont la douleur persistante et la fatigue sont aussi présents dans d'autres maladies, de telle sorte que les médecins ont tendance à écarter les autres causes possibles avant de diagnostiquer la fibromyalgie, un processus qui est très long. Les autres symptômes incluent une perturbation du sommeil et des problèmes de mémoire ou d'autres problèmes cognitifs.
Des études supplémentaires sont nécessaires pour identifier les molécules qui sont responsables des modèles spectraux observés.
Malgré le coût d'un microscope à infrarouge, indique Buffington, le test pourrait être abordable si un laboratoire central effectuait toutes les analyses d'échantillons. La méthode utilisant des échantillons de sang séché, ces derniers pourraient légalement être expédiés par la poste. L'université a obtenu un brevet pour cette méthode de diagnostic des troubles dits fonctionnels.
La douleur ressentie par les personnes atteintes de fibromyalgie pourrait être causée par une anomalie dans la façon dont les stimuli douloureux sont traités dans le cerveau, selon une étude présentée au congrès annuel de l'American College of Rheumatology. Le traitement anormal du signal de douleur pourrait également être lié à un manque de réponse aux médicaments analgésiques opiacés.
La fibromyalgie provoque des douleurs et une sensibilité généralisées. Des études ont indiqué que les personnes fibromyalgiques ont une sensibilité accrue à la température, au toucher et à la pression. Des symptômes concomitants sont la fatigue chronique, des troubles cognitifs et des troubles du sommeil.
Richard E. Harris de l'Université du Michigan à Ann Arbor et ses collègues ont montré, dans des travaux précédents, que les personnes atteintes de fibromyalgie produisent une quantité accrue d'opioïdes endogènes (endorphines) qui agissent sur les récepteurs mu-opioïdes du cerveau et réduisent naturellement la douleur. Ils ont aussi montré que, chez les personnes atteintes de la maladie, le cerveau présente une réponse plus importante aux stimuli douloureux.
La présente étude visait à déterminer si ces deux facteurs, la fonction altérée de récepteurs mu-opioïdes et la réponse accrue du cerveau à la douleur sont liées.
Les chercheurs ont mesuré l'activité cérébrale de 18 personnes atteintes de fibromyalgie suite à un stimulus douloureux, en utilisant l'imagerie par résonance magnétique. Ils ont également mesuré la disponibilité de liaison des récepteurs opioïdes (pour se lier aux endorphines naturelles ou aux médicaments opiacés). Ces données ont été recueillies avant et après un traitement d'acupuncture destiné à réduire la douleur et un traitement d'acupuncture simulée (acupuncture placebo).
Une plus faible disponibilité de liaison des récepteurs mu-opioïdes était fortement liée à une plus grande réponse du cerveau à la douleur (en particulier dans le cortex préfrontal dorsolatéral droit), ce qui était également lié à une plus grande sensation de douleur rapportée par les participants.
Les chercheurs font l'hypothèse que certaines personnes atteintes de fibromyalgie peuvent présenter une diminution de l'activité des récepteurs mu-opioïdes, ce qui peut exacerber la sensibilité à la douleur. Ces mêmes personnes sont susceptibles de ne pas bénéficier de médicaments opioïdes.
"Ces données peuvent aussi expliquer pourquoi certains états douloureux chroniques présentent des similitudes avec sensibilité paradoxale à la douleur induite par les opioïdes", souligne le chercheur.
    Fibromyalgie: la douleur indiquée par l'activité cérébrale
    Une nouvelle étude, publiée dans la revue Arthritis & Rheumatism, montre un lien entre l'activité du cerveau et l'intensité de la douleur de la fibromyalgie. 
    Vitaly Napadow de l'Université du Michigan et ses collègues ont mené cette étude avec 36 participantes, dont 18 atteintes de la maladie et 18 en santé, âgées en moyenne de 37 ans. Celles qui souffraient de fibromyalgie rapportaient la présence de douleurs plus que 50 % du temps, tous les jours.Des images cérébrales par résonance magnétique étaient prises pendant que les participantes étaient au repos. Avant de subir le scan, les participantes évaluaient leur douleur sur une échelle de 0 à 10.Les participantes atteintes de la maladie présentaient une plus grande connectivité entre plusieurs circuits du cerveau et le cortex insulaire (ou insula), une région du cerveau qui a déjà été associée à la douleur et l'hyperexcitabilité de la fibromyalgie, explique Napadow. Une plus grande connectivité était aussi observée à l'intérieur du circuit de l'attention de l'hémisphère droit. Ces résultats permettent une meilleure compréhension des mécanismes cérébraux sous-jacents à la douleur de la fibromyalgie et peuvent potentiellement conduire à des marqueurs de la progression de la maladie, disent les auteurs.

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