lundi 16 mai 2016

Et si on cessait de fumer rien qu’en stimulant le cerveau ?

Et si on cessait de fumer rien qu’en stimulant le cerveau ?

Cesser de fumer en stimulant le cerveau ? C’est une découverte qui repose sur une méthode déjà connue consistant en une technique de stimulation magnétique transcrânienne répétitive (SMTr). Ayant la propriété de stimuler le cerveau de manière non invasive (autrement dit sans effraction de la peau autre que pour prélever du sang ou pour injecter un produit) donc non agressive, la  SMTr amplifie ou bloque les comportements induits par l’activité du cerveau dans une région donnée.



Partant de ce fait, le Dr Xingbao Li et ses collègues de l’Université de Caroline du Sud ont donc fait participer 16 individus, fumeurs dépendants à la nicotine et non, à la recherche de traitement. Ceux-ci ont soit eu une séance de SMTr , soit une séance factice au niveau de la région préfrontale dorsolatérale gauche, impliquée dans divers processus cognitifs.

Les scientifiques en ont conclu qu’une séance de SMTr à haute fréquence (10 Hz) de cette région précise du cerveau ( en comparaison des résultats des séances factices) réduit de manière significative l’envie subjective de fumer, quoique temporairement, chez les fumeurs dépendants.
Le plus surprenant est que, dans cette expérience, la réduction de l’envie de fumer était positivement corrélée au degré de dépendance et de l’importance de la consommation de cigarettes pour ces individus.

Dans une étude similaire dont les résultats ont été publiés le 28 janvier 2013 dans la revue  Proceedings of the National Academy of Sciences , les chercheurs ont constaté qu’une communication anormale entre ces deux zones du cerveau pourrait vraisemblablement être à l’origine de la dépendance.

Le choix de la stimulation du cortex préfrontale dorsolatérale par SMTr n’a donc pas été fait au hasard.  Car, en effet, cette région du cerveau semble être impliquée dans le comportement de la maîtrise de soi, plus précisément dans la planification d’actions dans l’atteinte d’un objectif. L’autre région du cerveau (le cortex orbitofrontal médian) avec laquelle communique le cortex préfrontal dorsolatéral, joue un rôle dans le fameux « circuit de récompense ».

Ce « circuit », un réseau neuronal complexe, retrouvé dans divers types de dépendances (à l’alcool, le cannabis, la cocaine etc.), est également stimulé par la nicotine qui active en sa présence certains récepteurs. Cela débouche sur une cascade de réactions qui au final aboutissent à la libération de la dopamine qui n’est autre que l’hormone du plaisir. Ainsi en mettant en action le « circuit de la dépendance » la nicotine inhalée par le fumeur procure aussitôt une sensation de satisfaction.
En conclusion, Dr Alain Dagher, médecin neurologue et chercheur spécialisé en toxicomanie à l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal , ajoute que « cela cadre bien avec l’opinion voulant que la toxicomanie soit une pathologie de la prise de décisions ».

Reste à savoir, à l’avenir, comment développer cette méthode expérimentale de manière à donner des effets sur le long terme voire définitifs en tenant compte des différentes zones du cerveau impliquées dans les processus de dépendance. De ce fait, l’auteur suggère des études complémentaires afin d’ explorer la SMTr et de l’optimiser pour qu’elle puisse constituer un moyen d’aide efficace au sevrage tabagique.

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