vendredi 19 février 2016

Comment trouver des références photos pour nos dessins et illustrations


 
Comment trouver des références photos pour nos dessins et illustrations 
 
Un des éléments qui différencient le dessinateur professionnel du dessinateur amateur, est la facilité avec laquelle il parvient à Trouver et à utiliser des références photos pour ses illustrations.
La plupart du temps, les amateurs se contentent de recopier ce qu’ils voient, sans aucune idée derrière la tête.
C’est dommage car en fournissant un peu plus d’efforts, ils pourraient se démarquer davantage!
Pour réaliser une idée et la mettre en image, les experts cherchent des références photos, non pas pour les copier littéralement mais pour s’en inspirer et apporter de la crédibilité à leur travail.
Cela ne doit plus être un secret pour la plupart de mes lecteurs: on ne peut dessiner correctement d’imagination, si on n’a jamais pris le temps de se familiariser avec le dessin d’observation dans un premier temps, et en s’orientant vers du dessin d’inspiration dans un second.
Je le rappelle, le dessin d’inspiration est un mélange de dessin d’observation, de dessin de mémoire et de stylisation graphique.
C’est un premier pas vers un dessin plus autonome et plus imaginatif, et donc la transition idéale vers le dessin d’imagination.
Le dessin d’inspiration permet de se détacher de la copie bête, tout en gardant une référence sous le coude si besoin.
En gros, le dessinateur ne va pas poser son nez sur ses références toutes les dix secondes.
Il peut s’en détacher pendant un long moment, le temps d’apporter une touche personnelle à son dessin.
Bien sûr, le dessin d’inspiration n’est pas fait pour les dessinateurs qui débutent tout juste.
Mais les techniques de recherche que je vais exposer ici permettront aussi aux débutants de dessiner autre chose que la première image trouvée sur les moteurs de recherche, et que tout le monde a déjà utilisée.
Si je devais faire une équation du dessin d’imagination (qui reste pour moi le but ultime que souhaite atteindre la plupart des dessinateurs):

DESSIN D’IMAGINATION = DESSIN D’OBSERVATION + DESSIN D’INSPIRATION

Les meilleurs dessinateurs du monde ont acquis et maitrisent parfaitement les deux éléments de l’équation, parvenant ainsi à dessiner correctement d’imagination.
Le travail de documentation s’avère être une partie non négligeable du travail de tout bon illustrateur qui se respecte.
Et comme il n’y a rien de plus frustrant que de ne pas trouver les images que l’on veut pour s’y référer au moment opportun, j’ai eu l’idée d’écrire cet article qui montre certaines de mes techniques personnelles pour trouver facilement des images intéressantes et pertinentes
Imaginons maintenant que vous ayez trouvé un créneau dans votre emploi du temps pour dessiner, vous êtes plutôt motivés, et vous avez une bonne idée de ce que vous voulez poser sur le papier.
(si vous n’avez aucune idée de ce que vous allez dessiner, la relecture de cet article peut être utile pour trouver l’inspiration)
Cette fois vous êtes décidé à faire autre chose que de recopier une photo unique, et à enfin réaliser ce dont vous avez toujours rêvé:
Dessiner votre première illustration originale, dont vous pourrez être fier.
[Avertissement: je vous recommande de trouver d’abord votre idée, avant de chercher vos références photo. Si vous cherchez des idées comme vous cherchez des photos, non seulement vous allez perdre des heures de temps à divaguer sur le net, mais vos idées risquent de ne pas du tout s’avérer originales.]
[Avertissement 2: relire le premier avertissement 1 ci-dessus :) :) :) . Ne comptez pas sur le hasard pour accomplir l’impossible à votre place. L’idée est toujours plus forte que tout, quel que soit le style que vous adoptez.].
Sauf que, comme vous le savez, rien n’arrive par hasard, et même les pros utilisent des références photos pour s’inspirer. Il est extrêmement difficile de tout sortir de son imagination. Seule une poignée d’artistes dans le monde est capable d’accomplir cet exploit, et je n’en fais pas partie (peut-être dans quelques années?).
Là, manque de bol, vous ne trouvez pas les références photos qu’il vous manque en cherchant sur internet.
En effet, le premier réflexe est d’utiliser la barre de recherche google.
Par exemple, je cherche les photos d’un tigre.
Je tape « tigre » sur google et voici les images qu’on peut obtenir du moteur de recherche.
tigre-resultat-recherche
Pas très folichon… les images se ressemblent toutes les unes les autres.
En effet, google images est doté d’un algorithme de reconnaissance des formes et couleurs. Le problème c’est que ce système est très automatisé, et que des requêtes aussi simples ne pourront nous amener qu’à des résultats très stéréotypés et pas spécialement intéressants pour votre projet.
De plus, google ne montre que les 100 premiers résultats, ce qui s’avère assez restrictif à la longue.
La plupart des débutants et amateurs qui cherchent des sources d’inspiration arrêtent malheureusement leurs recherches à ce stade et c’est un des problèmes récurrents que je retrouve parmi mes lecteurs et élèves.
Je dis « problème » car si le dessinateur en question ne maîtrise pas du tout le dessin d’imagination, il va vite se retrouver à court de moyen pour poser son idée sur le papier.

mike-tyson-tiger

grat’! grat’! gentil minou!!!

Tout bon illustrateur sait que pour obtenir une illustration digne de ce nom, il est toujours nécessaire de choisir une ou plusieurs références photos spécifiques à son idée d’origine.
Evidemment, le mieux est de prendre en photo ses propres références.
Mais d’un autre côté ce n’est pas toujours possible de prendre en photo un gros félin dans son salon, à moins de s’appeler Mike Tyson.
Dans l’absolu, il est toujours bon de se référer à 3 ou 4 images minimum.
En premier lieu, ceci nous évitera de trop copier une même photo, surtout quand elle ne nous appartient pas.
Bon, pour une étude ça passe, mais au moment de vendre un tableau ou de diffuser un portfolio, ce n’est pas génial de s’être basé uniquement sur une photo prise par un inconnu.
Il n’est pas rare que certains illustrateurs professionnels passent toute une journée à dénicher les références qui leur conviennent avant de commencer à croquer leurs idées.
En tant que débutant avancé ou amateur,  ce n’est jamais perdre du temps que de créer sa propre image en mélangeant les inspirations de droite et de gauche, afin de la construire graphiquement.
En s’habituant à travailler de la sorte, même si le résultat final n’est pas parfait, on se conditionne à réfléchir intelligemment tout en créant sur une image personnelle.
Par conséquent, le mieux est de sélectionner plusieurs photos. Cela nous pousse à homogénéiser le rendu en utilisant nos connaissances de base (comme la perspective et la lumière), et à ne pas copier littéralement les sources de lumières et les détails de chaque photo.
Cela nous contraint aussi à disséquer et analyser toutes les images pour en tirer parti et à mélanger les ingrédients afin de produire une image unique et authentique.
Pour dire vrai, c’est souvent en mixant des dizaines de références photo et en y ajoutant des touches personnelles, tout en manipulant à bon escient la perspective et les sources de lumière, qu’un dessinateur pourra produire une illustration aussi bien stylisée que réaliste.
Voici une liste non exhaustive des différents éléments que nous pouvons tirer d’une référence photo :
– la configuration de la lumière : nombre de sources, nature de la lumière, direction, position
– le travail sur les matériaux : mat? réflectif ? texture ?
– l’angle de prise de vue
– la pose d’un personnage ou d’un animal
– la perspective de certains éléments
– les détails et formes d’un objet particulier ou d’un motif
– la palette de couleur
– la composition
– le message de l’image ou une idée particulière que l’on veut transmettre
– le rendu, le style ou un effet particulier
– l’émotion particulière qui se dégage de l’image
Il y aurait tellement de choses à dire sur le sujet que je pourrais en faire des dizaines d’articles. Si le métier d’illustrateur pouvait se résumer en une liste, ça se saurait ! 😉
Mais j’essaie d’aider les débutants et amateurs autant que possible, et il y a encore bien des sujets qu’il faut que j’aborde avant de parler des techniques plus avancées.
Tout ça pour en venir au sujet de cet article : trouver des références photo intéressantes et pertinentes!
Laissez-moi vous expliquer mes méthodes de recherche qui peuvent transformer le moteur de recherche google en un véritable missile à tête chercheuse.
Ce sont des techniques que j’ai développées au fil des années, et elles sont à la portée de tous. Avec ces techniques vous pourrez chercher aux quatre recoins du net sans trop d’effort.

vignette-tigre-chat

Commencer par une vignette dessinée d’imagination est toujours l’étape essentielle pour une illustration réussie.
Note avant de commencer : il est très facile de se perdre en cherchant des références photo. Bien sûr, de bonnes idées peuvent toujours survenir en cours de route, mais encore une fois, il est toujours essentiel d’avoir une bonne idée en tête avant de se lancer sur les moteurs de recherche. Je dirais même plus: il est préférable d’avoir déjà dessiné quelques vignettes très peu détaillées avant de se lancer.
Voici un exemple de vignette simpliste de l’idée que j’avais en tête.
J’ai préféré laisser les traits de contour car je ne souhaite pas un rendu réaliste pour mon illustration finale. Cela dépend du choix de l’artiste selon le projet, comme toujours.
Je n’ai pas utilisé  plus de 3 valeurs de gris, et comme je ne suis pas certain de ma composition finale, j’ai préféré laisser tel quel pour ne pas travailler pour rien.
Cette représentation me permettra de ne pas perdre de temps lors de mes recherches, en évitant les photos qui ne conviennent pas à mon image, et c’est bien le plus important.

étape 1: rédigez votre idée d’illustration et établissez vos besoins en références

L’idée du jour est de représenter un tigre qui rugit face à un petit chat qui ne sait pas ce qui lui arrive et qui regarde le gros félin d’un air curieux sans en avoir peur.
J’aimerais que la scène se passe dans une cuisine, à côté du plat à croquettes et de la litière du chat. L’idée est de montrer le tigre dans un environnement qui ne lui est pas naturel du tout, et où il se méfie de chaque chose qu’il ne connaît pas, contrairement au petit chat naïf qui découvre la vie.
Par exemple, je peux chercher une ou plusieurs références pour le tigre, pour le chat, pour la cuisine, pour la litière, pour l’ambiance colorée, pour la lumière…
Et pour cela je vais devoir préparer des expressions à chercher dans les moteurs de recherche, comme :
« rugissement tigre », « tigre gueule ouverte », « tigre en colère », « chat assis », « chat vu de dos », « cuisine lumineuse », « boite à litière »…

étape 2: traduisez vos idées

Avant de vous précipiter et de taper votre phrase en français, le premier réflexe est de se poser la question : « est-ce que je n’aurais pas plus intérêt à chercher dans une langue étrangère pour avoir plus de résultats? ».
En général je préfère taper en anglais car je trouve bien plus de références dans la langue internationale. Et comme vous le savez, il existe bien plus d’individus anglophones que d’individus francophones.
Si vous cherchez quelque chose en particulier, par exemple un monument en Asie, ou un animal que l’on ne trouve qu’en Finlande (je dis ce qui me passe par la tête), il est parfois judicieux de traduire dans la langue locale juste pour tester. On peut parfois avoir des surprises.
Pour cela on peut s’aider de l’outil de traduction google : https://translate.google.fr (ou un autre, peu importe)
Par exemple mes anciennes requêtes en français se transforment en :
« tiger roar », « tiger mouth open », « angry tiger », « sitting cat », « cat back view », « bright kitchen », « litter box »…

étape 3: rechercher les mots et expressions

Bon, maintenant, la partie la plus intéressante: nous allons rechercher nos images de références!
Je vais vous montrer des techniques méconnues du grand public pour décupler les forces de Google search.
En fait, je vais utiliser la syntaxe google pour mieux parler au moteur de recherche et trouver plus facilement ce que je veux.
Je peux aussi régler la taille de mes images si je cherche des détails pour certaines parties de l’image, mais en général il est préférable de rester avec le réglage de base, car il est extrêmement difficile de trouver exactement ce que l’on cherche en haute définition.
recherche-image

– Si par exemple je cherche un tigre mais pas un tigre blanc:
tiger roar –white
Le « – » va nous permettre d’ignorer les résultats avec le mot blanc.
– Si je cherche un rugissement de tigre sur le site deviantart , je tape:
tiger roar site:deviantart.com
Lorsque je tape le « site : » devant un nom de domaine, vous trouverez toutes les pages qui contiennent « tiger roar », de près ou de loin.

– Si je cherche des dessins déjà stylisés de chez disney, mais sans inclure le personnage tigrou (ami de winnie l’ourson), je tape:
tiger disney –tigger
Oui tigrou s’appelle « tigger » en anglais.
En tapant cette dernière requête, on tombe plus facilement sur certains personnages du livre de la jungle.

– En naviguant, j’ai pu voir une image qui montrait le corps entier d’un tigre avec une expression corporelle que j’ai trouvée plaisante. Mon réflexe: noter le nom de cette image pour chercher la requête qui correspond à ce langage corporel :
Le nom de l’image était : « Tiger Ready To Attack »
ce qui me permet d’en trouver d’autres tout aussi bien en tapant cette même requête dans la recherche google.
De fil en aiguille, on peut détailler de plus en plus sa recherche et trouver ce qu’il nous faut.



tigre-pret-a-attaquer

S’il est trop difficile pour moi de trouver des images de tigre ou de lion prêt à attaquer, ou sur la défensive, je peux partir sur d’autres requêtes portant sur n’importe quel félin, du guépard (toujours très expressif) jusqu’au chat domestique.
Il suffit parfois d’être un peu malin, et de trouver un mot ou une expression nouvelle pour arriver à nos fins.

J les attitudes des guépards.

J’ai toujours adoré le design naturel des guépards et leur attitude.
-Une autre idée plus générale et que j’utilise beaucoup est ce genre de requête :
inurl:stock site:deviantart.com tiger
De cette façon j’obtiens tous les résultats de recherche qui contiennent des « stock photography » (=banque d’images ) mais sur un site particulier (ici le bien connu deviantart.com).
On trouve bien souvent des pages intéressantes, et dont la recherche nous aurait pris des heures, avec le moteur de recherche interne du site.
– Je peux aussi améliorer encore ma requête:
inurl:stock site:deviantart.com tiger attack
Par exemple avec cette requête je suis tombé sur ce superbe stock (parmi d’autres): http://oniendra.deviantart.com/gallery
– Une technique efficace pour trouver une référence pour les attitudes du corps est de faire des arrêts sur image sur des vidéos youtube.
Même si notre premier réflexe est de chercher sur google images, youtube représente une banque d’images presque parfaite pour trouver des expressions corporelles d’animaux et d’humains  en tout genre. Il suffisait d’y penser… 😉

étape 4: cherchez sur des sites de galeries d’images

Pour vous donner un aperçu, voici une liste non exhaustive de sites dédiés aux images :
– https://www.flickr.com
– https://www.pinterest.com
– https://www.youtube.com/user/onairvideo (attention contient de la nudité)
– https://500px.com
http://deviantart.com
Et voici une liste non exhaustive de banques d’images libres de droit:
– http://www.freeimages.com
– http://www.morguefile.com
– http://publicphoto.org
– http://wikimediafoundation.org
Notez qu’une photo libre de droit ne signifie pas « exempt de droit ».
Les droits de ces images sont en fait réglementés par une licence d’utilisation qui autorise à la reproduire sous certaines conditions. Par respect pour l’auteur, il est préférable de bien prendre connaissance de ces conditions si vous souhaitez « copier » ces images littéralement et les diffuser sur internet.
Notez aussi que banque d’image se traduit par « stock photography » en anglais.
oce-droit-auteur

Et le droit d’auteur dans tout ça ?

Autant être franc avec vous, à l’heure d’internet, le droit d’auteur est plus lésé que jamais, et le fait que les moteurs de recherche affichent les images des sites transgresse déjà le droit d’auteur. Autant en être conscient !
La plupart des images que j’ai trouvées pour réaliser cet article proviennent de google search.
Encore une fois, si votre dessin final ressemble comme deux gouttes d’eau aux photos d’origine, pensez à citer vos sources ou au moins le site où vous avez trouvé la photo.
Dans la plupart des cas, si les images ne sont pas utilisées directement à but commercial et simplement pour s’entraîner, cette pratique est tolérée.

Les illustrateurs professionnels qui utilisent les références photos des autres, s’arrangent toujours pour s’inspirer de plusieurs photos existantes, plutôt que de copier bêtement une seule photo. De cette façon il se démarque en créant une illustration unique et qui ne ressemble plus beaucoup aux images de références.
Dans tous les cas, si votre image finale ne ressemble en rien ou très peu aux références photo, il s’agit là d’un dessin d’inspiration et rien ne vous oblige à montrer les photos dont vous vous êtes inspiré. Vous pouvez évidemment préciser que vous vous êtes inspirés de références, mais tant que vous n’avez pas fait de la copie presque littérale, nul besoin d’épiloguer.
Par contre, si vous avez copié (même en construisant votre dessin intelligemment), il est préférable de rester transparent sur la provenance de l’image. Les dessinateurs expérimentés ne sont pas dupes et sauront faire la différence entre ce que vous avez copié et ce que vous avez stylisé. 😉
Et vous, chers lecteurs, avez-vous des techniques particulières pour chercher vos images ?
Des sites d’images que vous appréciez en particulier?


Comment trouver l’inspiration? les secrets de la créativité artistique

Dans cet article, j’aimerais aborder la question de l’inspiration, car un grand nombre de lecteurs, en dehors des interrogations purement techniques sur le dessin et la peinture, me demandent s’il existe des techniques pour trouver l’inspiration.
A vrai dire la question est assez vaste ! chaque artiste  trouvera son inspiration et ses idées de façon différente des autres et dans des conditions différentes que les autres.
Ceci dit, je vais essayer de faire au mieux en apportant mon avis sur la question, et en essayant de rester le plus objectif possible.
Tout d’abord, je me dois de définir les termes pour y voir un peu plus clair.

Définition de l’inspiration artistique

Alors qu’est-ce que nous dit notre bon vieux Wikipédia….hum, ah oui…
« Une inspiration est une idée qui vient du plus profond de nous. Mais parfois, quelqu’un ou quelque chose peut inspirer une nouvelle idée. Enfin, on peut dire que l’on s’inspire de quelque chose d’existant pour ne pas dire que l’on a simplement copié une partie ou l’intégralité de l’œuvre. Toutefois, lorsque cette copie est personnalisée, il est difficile de savoir quand cela donne une nouvelle œuvre. »
Cette définition me donne l’impression que l’inspiration artistique est juste le fruit d’une espèce de miracle intérieur, d’expression divine. Si c’était le cas, je pense que l’on pourrait tous directement aller prendre un Xanax et se mettre au lit en priant bien fort pour que l’inspiration nous vienne* (*sarcasme ^^).
Désolé Mr Wiki, mais sur ce coup-là, mon esprit cartésien a encore son petit mot à dire ! je ne vais pas laisser croire à mes lecteurs que l’on n’a aucun moyen pour agir sur notre inspiration. Au contraire, je crois qu’on a tout à y faire.
Je veux bien admettre qu’une idée peut apparaître un peu n’importe quand, et spécialement pendant des périodes de relâchement ou de changements d’état du cerveau, ça d’accord. Mais croire que l’inspiration est un phénomène quasi extra-terrestre et que l’on n’ a aucun moyen de l’influencer,  là, Pit pas d’accord du tout ! :< Autant demander à Mulder et Scully d’investiguer tout de suite (ah mince, non, ils sont à la retraite ces deux-là…).
Faites une expérience : demandez à un enfant de trois ans de vous inventer une histoire inspirée de son propre vécu, il y a fort à parier que vous n’allez pas en tirer grand-chose. Quelqu’un qui n’a eu que très peu d’expérience dans sa vie, a très peu de chances d’être soudainement atteint d’une inspiration sans limite. J’espère vous avoir mis la puce à l’oreille: je suis persuadé que l’inspiration est en très grande partie liée à l’utilisation de notre cerveau sur le long terme, mais je vais y revenir dans un moment.

inspiration divine

Les différents types d’inspiration artistique

Pour ma part, j’aurais tendance à différencier trois types d’inspiration.
–       L’inspiration ponctuelle: c’est une idée qui vient d’un seul coup sans raison apparente. Elle peut d’ailleurs parfois s’évaporer aussi vite qu’elle est venue. Dans un premier temps, on est souvent très fier de son idée, puis avec un peu de recul on la laisse de côté car on la trouve grossière et inutilisable.
–       L’inspiration partagée: c’est en partageant avec mes amis ou ma famille, dans les moments les plus calmes généralement, que les meilleures idées me viennent. L’avantage de partager avec des personnes intéressantes, c’est qu’une succession d’idées peuvent apparaître rapidement,  grâce au travail collectif.
–       L’inspiration en cascade: Je ne sais pas si vous avez déjà ressenti ça (ça m’arrive une à deux fois par an), mais lorsque je suis extrêmement concentré sur un projet et que rien ne parasite ma concentration sur une demie-journée ou une journée entière, les idées coulent à flots et il me faut vite les noter. C’est rare mais quand ça arrive, mieux vaut avoir un ordinateur ou un carnet pour tout écrire. Ces états surviennent généralement quand mon cerveau est en pleine forme, lorsque j’ai bien dormi, bien mangé, et que rien ni personne ne me dérange.
Maintenant il me paraît nécessaire de préciser les conditions particulières dans lesquelles l’inspiration survient et les facteurs qui favorisent la génération d’idées.

stimulation creativité

Les facteurs qui favorisent la créativité

L’inspiration artistique est influencée par différents paramètres propres à chaque individu. J’ai essayé d’en tirer une liste plus ou moins exhaustive, et vous remarquerez que ces paramètres dépendent directement de nos acuités et de nos états cérébraux :
–       La motivation: la dure vérité c’est que si dans la vie nous ne sommes pas motivés pour trouver des idées, il y a peu de chances que ça nous arrive comme par enchantement.
–       Confiance en soi: si l’on n’a pas confiance en soi, si on a peur que les autres nous jugent, toutes ces pensées négatives risquent de parasiter irrémédiablement notre inspiration.
–       L’Expérience: si nous n’avons rien vécu dans notre vie ou si nous nous laissons aller à des automatismes et des routines jusqu’à notre dernier souffle, il y a fort à parier que nous ne trouverons pas notre vie passionnante et que l’inspiration ne viendra jamais.
–       La Sensibilité: voici un paramètre qui est très peu influençable, mais qui dépend tout de même fortement de nos expériences. Personnellement je pense que la sensibilité se développe très jeune, et qu’avec l’âge on se ferme à certaines possibilités de perception du monde. En clair, plus on vieillit, plus on évolue en société, et plus il est difficile de conserver nos yeux d’enfants. Et si nous n’étions pas très sensibles étant enfants, il y a de grandes chances que nous le soyons encore moins étant adultes. Malheureusement je n’ai aucun remède miracle de ce côté-ci. Chaque individu ne perçoit pas les choses de la même manière, il faut accepter qu’on ne puisse changer cette tendance de manière radicale.
–       La Mémoire / concentration: focaliser son attention sur les choses importantes, retenir l’essentiel, et filtrer le reste, doit être un effort quotidien. Il y a quelques années, j’ai lu un très bon livre écrit par le Docteur Vittoz, » la méthode Vittoz ». Grâce à cette méthode j’ai non seulement amélioré ma mémoire sélective mais j’ai aussi appris à mieux canaliser mes anxiétés et mes crises de colère. Couplé à une séance de sophrologie par semaine (1h30), j’ai réussi à devenir une personne plus rigoureuse, plus attentive, et plus concentrée en l’espace de deux ou trois ans. J’utilise encore aujourd’hui certaines techniques du Docteur Vittoz dans ma vie quotidienne. Si vous avez un tempérament impatient, dispersé, avec des difficultés de concentration et certains troubles de mémoire à court ou moyen terme, les techniques du docteur Vittoz sont simples à mettre en place. Je suis sûr que chacun a quelque chose à tirer de cette méthode. C’est une lecture très saine.
J’ai aussi remarqué que les personnes faisant du sport ont plus de mémoire. Il est possible que le sport joue un rôle sur l’oxygénation du cerveau et sur nos capacités cérébrales.
–       L’imagination: notre capacité à mélanger différents concepts à partir de notre mémoire est un gros avantage.
–       L’intuition/anticipation: au même titre que la sensibilité, l’intuition est en majeure partie innée. L’anticipation quant à elle peut évoluer grâce à un questionnement constant, par la curiosité et la logique.
–       Les objectifs:  il est toujours bon d’avoir des objectifs artistiques. Si vous ne savez pas trop vers quel style évoluer, notez sur papier toutes les qualités notables de vos 3 auteurs/peintres/dessinateurs favoris (ce que vous aimez dans leur style), et essayez d’évoluer en tendant vers leur style sans forcément copier leurs œuvres. Pour trouver votre style, l’important est de ne pas évoluer vers une seule direction, mais vers plusieurs, afin de trouver l’équilibre qui vous conviendra. Aussi, vos goûts et vos connaissances vont évoluer avec le temps, donc n’hésitez pas à refaire un point sur vos objectifs quand c’est nécessaire.
–       Le relâchement/ Etat de fatigue: essayer de sortir des idées alors que vous êtes épuisé physiquement ou moralement, c’est un peu comme pêcher des soles à l‘épuisette un jour de tempête.
–       L’échange: Le dessin est souvent une activité solitaire. Mes amis ou mes proches m’appellent bien souvent « l’ ours ». Je sors rarement de ma tanière, mais quand je le fais, j’ai appris à être extrêmement sociable et à engager des conversations enrichissantes avec n’importe qui. Il y a 10 ans j’en aurais été bien incapable. Comme quoi tout s’apprend avec un peu de patience et de volonté.
–       Environnement: j’ai remarqué que passer du temps dans un endroit simple dont on n’ a pas l’habitude, et le fait de n’avoir aucune occupation à disposition, comme un livre, la télé, internet etc…. peut parfois nous rendre plus créatif. Je me souviens de la dernière fois où j’ai passé mes vacances dans un camping sur la côte Espagnole, je n’avais rien à faire à part prendre le soleil et aller me baigner. J’avais mon carnet de croquis sous la main, et jour après jour, au fur et à mesure que je me détendais, des idées de dessin et de scénario de bandes dessinées ont commencé à apparaître. A la fin des vacances, je passais plus de temps à écrire des idées qu’à profiter de la plage, et j’avais même hâte de rentrer chez moi pour retrouver ma table à dessin.
–       Ouverture au monde: il va sans dire que plus on s’intéresse à tout ce qui nous entoure, plus on est « cultivé » dans notre domaine de compétence, et plus il y a de chances pour que notre créativité soit prolifique.
Il n’y a aucun hasard. Quelqu’un qui a préparé son esprit pendant longtemps à accueillir des idées aura bien plus de chances de trouver l’inspiration qu’un individu qui ne s’intéresse à rien, qui attend que des idées géniales tombent du ciel, et qui se contente d’observer ses congénères.

gustave klimt


Augmenter ses chances de trouver l’inspiration

Influencer sa propre créativité n’a rien d’extraordinaire ou de magique. C’est une tâche continue à laquelle il faut prêter la plus grande attention. Voyez l’inspiration comme une espèce très particulière d’intelligence, qu’il est nécessaire de développer tout au long de sa vie et de maintenir un maximum.
–       sortir de ses routines/automatismes de la vie quotidienne: il est très difficile de s’éloigner des sentiers de la vie courante. C’est comme arrêter la cigarette. La première étape est de se dire : « j’ai besoin d’arrêter ça ». Le reste vient naturellement.
–       apprendre de nouvelles choses chaque jour: personnellement j’en suis venu à un point où je ne parviens plus à me coucher la conscience tranquille lorsque je n’ai rien appris de la journée. Si c’est le cas, je vais faire un tour sur cette application « se coucher moins bête » que je lis en dernier recours avant de m’endormir. L’avantage de se cultiver avant de s’endormir est que le cerveau a bien plus de facilités à tout assimiler pendant le sommeil qu’en pleine journée. J’imagine que les connaissances « se tassent » pendant la nuit.
–       varier les activités: arrangez-vous pour faire quelque chose de nouveau au moins une fois par mois. Musées (souvent gratuits le dimanche), randonnées, activité associative… l’inspiration vient généralement lors d’un changement d’activité cérébrale.
–       sortir de sa zone de confort: apprendre à être créatif, c’est aussi apprendre à faire des choses qu’on n’ a pas l’habitude de faire. Par exemple, en parlant à des inconnus on peut entendre des histoires qui peuvent nous inspirer (véridique).
–       être curieux / s’intéresser à tout: C’est aussi en étant attentif aux petites choses qui paraissent négligeables et qu’on filtre trop souvent par automatisme qu’on peut trouver l’inspiration. Ceux qui ont vu et apprécié le film » Amélie Poulain » savent de quoi je veux parler. Pas besoin de partir à l’autre bout du monde pour être inspiré. 😉
–       changer d’air: si vous avez  l’occasion de voyager un peu, même pas très loin de chez vous et que vous vous sentez un peu las de votre vie quotidienne, foncez. L’inspiration vient au moment où l’on s’y attend le moins et dans des lieux incertains.
–       se donner du temps et de l’espace: sortir de chez soi sans but précis peut parfois débloquer la créativité. Une petite promenade à l’air frais ne peut pas faire de mal, et permet de casser le rythme quand on travaille trop.
–       regarder des albums photos: c’est parfois en se remémorant certains moments de sa vie que l’on peut en tirer les meilleures idées.
–       s’entourer d’outils créatifs: mon générateur d’idées eurekaaa peut être un bon point de départ en cas de blocage, une petite étincelle qui aide à allumer le feu de la création. Mais si vous n’avez pas mis toutes les chances de votre côté, cet outil ne sera qu’un gadget, rien de plus.
–       lire des histoires imaginaires: je n’ai pas souvent le temps de lire de bons romans, mais lorsque je le fais, je note certains passages marquants de certains livres fantastiques ou fantasy.
–       se reposer: le relâchement de l’esprit est souvent un très bon remède contre le manque d’idées.
–       développer une bibliothèque d’images: là, je parle spécialement à tous les dessinateurs et  apprentis-illustrateurs qui lisent mon blog. Lorsqu’une image vous plaît, sauvegardez-là sur votre ordinateur, sur une clé usb, sur disque dur externe, sur votre téléphone ou sur votre tablette. Cela fait plus de 10 ans maintenant que je construis mes dossiers d’images et j’ai des milliers d’aperçus que je peux visionner dès que l’envie m’en prend. Notez qu’il est toujours plus facile de s’appuyer sur quelque chose de déjà existant et de le transformer, que de vouloir démarrer de zéro.
Vous l’aurez certainement compris,  toutes les qualités que j’ai mis en évidence dans cet article relèvent directement du développement personnel. Le secret est de toujours vouloir s’améliorer et de s’intéresser un peu à tout. On peut vite y prendre goût. Attention, je ne dis pas qu’il va falloir changer radicalement de personnalité. Chaque personnalité est une richesse, et nous avons tous des empreintes psychologiques bien distinctes. Même l’adolescent qui joue à la console toute la journée aura toujours un potentiel à produire quelque-chose d’unique, même s’il empile des bouteilles de coca cola à longueur de journée sur son bureau sans jamais ranger sa chambre.
Si tout le monde était formaté à l’identique et pensait de la même façon, qu’est-ce qu’on s’ennuierait pas vrai ?! je crois sincèrement qu’il ne faut jamais sous-estimer les capacités de chacun, et surtout pas les siennes.

sortir du lot

Inspiration ou copie ?

Vient ensuite la question : « comment différencier l’inspiration du plagiat ? »
Et oui, quelles sont les limites à ne pas franchir pour ne pas produire une pâle copie, que ce soit en peinture ou en dessin ?
Pour ma part, je pense qu’on peut tout à fait s’inspirer d’un style graphique sans passer pour un copieur ou un « voleur ».
Cependant il est dangereux de faire une fixation sur le travail d’un seul artiste. Mieux vaut tirer son inspiration de plusieurs sources à la fois.
Aussi, je pense que la véritable originalité est dans l’idée, pas dans le coup de crayon, même si la qualité du style graphique reste importante.
Ce qui fait réellement l’authenticité d’une image, c’est ce qu’elle raconte avant tout. Donc on peut très bien faire de petits croquis afin d’étudier le style d’un ou plusieurs artistes, d’analyser et d’assimiler les particularités de chacun (ou en tous cas ce qu’on apprécie chez l’un ou chez l’autre), sans pour autant lui voler forcément son style et ses idées. Mais j’insiste encore sur le fait qu’il est préférable de travailler sur un mélange de styles provenant de cultures et d’origines différentes.
Si une idée est personnelle et authentique, elle en imprégnera forcément le résultat final de manière unique. Ce sera alors votre création et pas celle d’un autre !

style graphique

Le  style graphique

C’est en développant son esprit créatif au fil des années qu’on peut développer son style graphique.  L’aspect technique (outil, support, média, logistique…) reste assez négligeable par rapport à la force et à l’identité des idées.
La meilleure chose que peut faire un artiste, est de puiser dans son propre vécu, sa propre histoire et son propre ressenti pour, au final, produire une œuvre unique. Bien souvent, le style pictural ne tient pas à grand chose : la palette de couleur, la qualité du trait, le traitement du rendu, la particularité des formes, etc…
Je vais encore radoter mais lorsque vous vous intéressez à un artiste et que vous aimez particulièrement son style, ne soyez pas obsédé par l’aspect graphique, mais demandez-vous plutôt ce qui vous intéresse réellement dans ce style: le « pourquoi » de cette attraction.
Une fois que vous aurez identifié la raison pour laquelle vous êtes attiré par un style graphique plutôt qu’un autre, vous vous donnerez davantage de moyens pour aller au delà de la copie et faire quelque chose de plus personnel.
Pour résumer, trouver son style graphique, créer son langage pictural, est le produit puisé dans la source complexe des qualités intrinsèques et extrinsèques que possède tout un chacun:
  • l’imagination
  • la mémoire
  • la motivation
  • l’intuition
  • l’expérience/histoire personnelle
  • la sensibilité/intérêts/ouverture d’esprit
  • la connaissance/culture
  • l’environnement (sources d’inspiration, rapports humains, géographie…)
  • l’intelligence/capacités innées/objectivité/curiosité/éveil
  • l’état de relâchement/ sommeil/ repos/ épanouissement/ stress/ préoccupation/ nature soucieuse
  • action de drogue sur le cerveau: je n’ai pas trop expérimenté cette partie-là (que d’ailleurs je ne recommande pas) mais il paraît que ça fonctionne bien pour certains :/.
C’est en essayant de développer ou d’améliorer chacun de ces aspects (ceux sur lesquels on peut avoir une influence évidemment) que l’on pourra construire brique par brique les fondations de notre esprit créatif, et accéder à une inspiration et une créativité durables.
Vous l’avez compris, le message que je voulais vous transmettre dans cet article est principalement que l’inspiration n’est absolument pas liée au hasard, mais reste étroitement liée à la personnalité d’un individu et aux décisions qu’il prend dans sa vie pour toujours repousser les limites de son développement personnel.
Le mieux que vous puissiez faire est de ne jamais arrêter de vous poser des questions. Optez pour un développement personnel continu. Prenez goût à apprendre de nouvelles choses. Sortez de la routine et écrivez votre propre histoire, en sortant de chez vous, en vous efforçant de sortir de votre contexte quotidien régulièrement.
Même si vous avez un poste à responsabilités, des enfants à la maison…, il y a toujours des solutions pour découvrir de nouvelles activités, de nouvelles personnes, de nouveaux sites, de nouvelles œuvres, de nouveaux centres d’intérêts
Le plus drôle c’est que la plupart du temps on s’habitue à son environnement. Par exemple, on pense qu’en ayant habité pendant 10 ans dans la même ville, on connaît tout de cette dernière, alors que ce ne sont pas les constructions qui font une ville, mais les êtres humains qui y habitent et leurs histoires respectives. J’aime à penser que la véritable richesse est souvent là où l’on s’y attend le moins, et pas forcément à des kilomètres de chez soi.

Le mot de la fin

Une chose est sûre, j’ai remarqué que les personnes les plus paresseuses et les plus fatalistes que je connais sont toujours les moins inspirées.
Pour trouver l’inspiration, il est impératif d’avoir au minimum une bonne opinion de soi-même, croire un minimum en soi et surtout ne jamais se satisfaire des acquis.
Aussi je pense qu’il n’y a aucune honte à avoir dans le fait de se faire aider par quelqu’un si on en a besoin: coach de vie, comportementaliste, psychothérapeute, ami, membre de sa famille, connaissance… La honte serait de croire que tout est écrit et que l’on ne peut rien faire pour acquérir de l’expérience, pour développer ses connaissances, pour améliorer ses compétences et par conséquent ses talents créatifs.
Et toi qui me lis, quand est-ce que les meilleures idées te viennent ?
N’hésite pas à partager en commentaire  les techniques personnelles qui stimulent ta créativité.
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