dimanche 21 février 2016

L’inégalité humaine du transhumanisme


L’inégalité humaine du transhumanisme

cyborg

Regards Sur Le Numérique traite avec Marc Roux en invité de l’inégalité sociale et sociétale que pourrait engendrer le transhumanisme dont nous avions déjà parlé ici alors que le Dr Laurent Alexandre s’était déjà emparé du sujet.
La question du transhumanisme, une fois de plus, ne se pose  pas. Il n’est pas question de savoir si c’est bien ou si c’est pas bien, si on doit l’accepter ou pas, il arrive, point. Donc on doit l’accepter. Si on est pour, on est heureux, si on est contre, ben on fait avec, ce n’est pas un choix. 
…Mais où Marc Roux (et les transhumanistes) se trompe, c’est que le transhumanisme créera bel et bien de l’inégalité sociale et sociétale et ce même si les gains de productivité sont répartis dans la population. Cette inégalité viendra de l’Homme lui-même, de sa nature. 



La nature humaine commande et impose
Je suis, à titre personnel, intimement convaincu que le transhumanisme créera de l’inégalité, obligatoirement, même si la société est dûment organisée pour être équitable. Tout simplement parce que certains feront de la résistance, comme on peut le lire dans mon échange édifiant sur Facebook, ici et , refuseront d’être augmentés et, de fait se distanceront de ceux qui le seront qui, supérieurs, seront les maîtres de la société qu’ils organiseront en conséquences de leurs nouvelles capacités. De manière si complexe qu’elle se révélera de plus en plus inaccessible aux non-augmentés qui se marginaliseront et seront contraints de s’isoler et d’organiser leur propre micro-société.

Les transhumanistes sont passionnés et non objectifs
In fine, le transhumanisme est porté par des exaltés qui n’y voient que des avantages et se justifient en prônant l’égalité, mais en niant la nature humaine profonde.
Dans leur esprit, les transhumanistes se voient déjà augmentés (vu mon état de santé, je dois dire que je tends à songer à me transhumaniser, je n’ai pas encore tout fait sur cette Terre, même si aujourd’hui je suis isolé) et c’est avec cet esprit qu’ils jaugent la société de manière irrationnelle et, finalement, c’est plus pour défendre le transhumanisme qu’ils se posent en justiciers sociaux que pour défendre la justice sociale elle-même, parce que, de toute façon, cela fait 40 ans que les gains de productivité auraient dû être équitablement redistribués.

Le pékin moyen n’est pas -toujours- une lumière
Et, n’ayons pas peur des mots : l’Homme, en tous cas le non-augmenté, est con! Con jusqu’à préférer mourir plutôt que de risquer d’être augmenté et de vivre. Ceux qui me connaissent savent à quel point j’ai confiance en l’adaptabilité de l’humanité, mais quand je lis les commentaires des fils de Metronews ou BFMTV sur Facebook, honnêtement…je doute un peu quand même. J’ai beau savoir que la Loi de Pareto nous apprend que 80% de la valeur est constitué par 20% des stocks (et donc 80% de l’intelligence n’est représenté que par 20% de la population), ça pose quand même clairement le problème.

Des tensions naturelles grandiront
A partir de là, les non-augmentés, ceux que j’appelle « les basiques », devenant inférieurs et marginalisés concevront de la haine envers les augmentés et les combattront. En tant qu’augmenté, on ne périra plus de mort naturelle, mais notre immortalité sera compromise par les attentats des non-augmentés.
En réplique, les augmentés couperont les vivres aux basiques, installant de facto une inégalité économique, que les premiers justifieront par un moyen de légitime défense et les seconds par une oppression.

Exemples concrets, sociétalement très similaires
Pour avoir une petite idée du concept, il suffirait de prendre l’exemple d’Israël et la Palestine, un exemple que je ne choisis pas au hasard. Israël s’impose, il est là, on peut soit décider de l’accepter, soit décider de s’y opposer et subir. Les premiers, les israéliens, avec leur technologie et leur organisation occidentale, étant les augmentés et les seconds les basiques, les palestiniens, qui vivent du petit élevage, de la production d’olives selon des méthodes ancestrales. Israël est une société complexe, difficilement accessible au mortel palestinien qui vivait là avant de se faire coloniser. Israël aura beau tenter de tendre la main au colonisé (et je ne dis pas qu’il le fait, je ne porte pas de jugement de valeur en le cas d’espèce), confronté à la complexité de cette société qu’il refuse, le colonisé ne pourra que se sentir inférieur et refuser cette évolution qu’il n’a jamais demandé et qui le contraint dans sa vie, le poussant à se battre pour retarder autant que faire se peut l’inéluctable, risquant d’entraîner sa propre perte, Israêl étant le plus fort. Ceci hors de toute considération morale sur la légitimité ou non de l’Etat d’Israël. Au sein d’Israël, de nombreux arabes ont accepté, au nom de la paix et pour avancer, de vivre avec Israël plutôt que contre Israël mais ils représentent pour la plupart les couches inférieures de la société israélienne qui les domine et les écrase.

D’autres exemples ne manquent pas, comme les espagnols qui débarquèrent en Amérique centrale ou l’histoire des Peaux-rouges en Amérique du Nord. Les descendants de ces peuples existent toujours, les descendants de ceux qui ont accepté la présence occidentale. Les autres, qui ne l’ont pas acceptée, ont combattu l’envahisseur qui était beaucoup plus fort qu’eux. Les premiers ont survécu, mais constituent encore souvent aujourd’hui les couches les plus fragiles de la société et leur représentation devient chaque jour moins évidente, jusqu’à leur disparition complète, absorbé par un modèle de société qu’ils n’auront jamais pleinement intégré.

Tout comme pour le transhumanisme, la question ne se pose pas : il est là, c’est tout. Ceux qui l’acceptent s’intègrent dans ce nouvel environnement, ceux qui ne l’acceptent pas se marginalisent en tentant de survivre ou le combattent, jusqu’à extinction. De s’avouer vaincu et d’accepter serait plus simple pour tout le monde, mais ceux qui se perçoivent comme des victimes et ceux qui se perçoivent comme des vainqueurs ont toujours une autre vision de la chose.

Bien sûr, me direz-vous, les augmentés ne vont pas expulser les basiques, mais pourtant si, par une colonisation sourde de la société. Où les augmentés décideront de s’installer, même bien intentionnés envers les non-augmentés, ces derniers devront reculer. Les augmentés constituent une nouvelle société qui grandira au sein de la société existante qui marginalisera ceux qui refusent de l’être.

Le temps et l’évolution aggraveront la situation
Et comme toute cette transition se produira sur des décennies, voir des siècles, les augmentés se transformant progressivement en se rapprochant des machines, la peur s’ajoutera à la haine chez les basiques, de plus en plus faibles, physiquement et intellectuellement, creusant l’écart comme aujourd’hui le fait déjà le fossé riches-pauvres et donc de plus en plus solidaires entre eux et le conflit ne pourra qu’augmenter jusqu’à leur disparition. Homo Sapiensis a disparu depuis longtemps au profit d’Homo Urbanis, aujourd’hui remplacé par Homo Numericus qui fera place progressivement à Homo Cyberneticus. Les basiques seront alors à l’Homme du futur ce que hier Néandertal était à Sapiens.

Alors, oui, il faudra bien répartir les gains de productivité sur l’ensemble de la population et veiller à ce que tous accèdent à l’augmentation physiologique du transhumanisme…mais voilà, ils ne l’accepteront pas tous, même si la société se voulait équitable !

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